2 Le jour de la Pentecôte étant arrivé,w ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu,x
w C’est-à-dire la période de cinquante jours entre Pâque et Pentecôte étant terminée. D’abord fête de la moisson, Ex 23.14, la Pentecôte était aussi devenue la fête du renouvellement de l’Alliance, cf. 2 Ch 15.10-13 ; Jubilés 6.20 ; Qumrân. Cette nouvelle valeur liturgique a pu inspirer la mise en scène de Luc, qui évoque le don de la Loi au Sinaï.
x Non pas l’assemblée des cent vingt de 1.15-26, mais le groupe apostolique présenté à 1.13-14.
y Il y a une affinité entre l’Esprit et le vent le même mot signifie « esprit » et « souffle », cf. Jn 3.8.
3 Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu ;z elles se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux.
z La forme des flammes (Isa 5.24 ; cf. Isa 6.6-7) est mise ici en relation avec le don des langues.
a Suivant un de ses aspects, vv. 4, 11, 13, le miracle de la Pentecôte s’apparente au charisme de glossolalie fréquent dans les débuts de l’Église : voir 10.46 ; 11.15 ; 19.6 ; 1 Co 12—14 ; cf. Mc 16.17. On en trouve les antécédents dans l’ancien prophétisme israélite, cf. Nb 11.25-29 ; 1 S 10.5-6, 10-13 ; 19.20-24 ; 1 R 22.10. Cf. Joël (Jl 3.1-5), citée par Pierre, vv. 17s.
5 Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévotsb de toutes les nations qui sont sous le ciel.
b « des hommes dévots » Sin. Le texte occ. « Or les Juifs qui résidaient à Jérusalem étaient des hommes venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. » Les autres textes combinent « hommes dévots » et « Juifs ».
c La glossolalie utilisait des mots en langues étrangères pour chanter les louanges de Dieu, v. 11 ; cf. 1 Co 14.2. Luc voit dans ce parler en toutes langues du monde la restauration de l’unité perdue à Babel, cf. Gn 11.1-9, symbole et anticipation merveilleuse de la mission universelle des apôtres.
7 Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ?
d Les « prosélytes » sont ceux qui, non juifs d’origine, ont embrassé la religion juive et accepté la circoncision, et sont ainsi devenus membres du peuple élu ; voir encore 6.5 ; 13.43 ; Mt 23.15. « Juifs » et « prosélytes » ne sont donc pas de nouvelles dénominations de peuples ces mots qualifient ceux qu’on vient d’énumérer.
e Cette énumération des peuples du monde méditerranéen, qui va en gros de l’est à l’ouest et du nord au sud, s’inspire sans doute d’un ancien calendrier astrologique, connu par ailleurs, où les peuples étaient rattachés aux signes du zodiaque et énumérés selon leur ordre. Luc l’aura adopté comme une description commode de l’oikoumenè d’alors. La mention de la Judée s’explique mal et a suscité dès l’Antiquité plusieurs essais de correction.
14 Pierre alors, debout avec les Onze,f éleva la voix et leur adressa ces mots : « Hommes de Judée et vous tous qui résidez à Jérusalem, apprenez ceci, prêtez l’oreille à mes paroles.
f Pierre agit en chef du groupe apostolique et apparaît au premier plan, cf. 1.15 ; 2.37 ; 3.4, 6, 12 ; 4.8, 13 ; 5.3, 8, 9, 15, 29 ; 10—11. Voir Mt 16.19 ; Lc 22.32. Jean lui est souvent associé, mais un peu comme une doublure, 3.1, 3, 4, 11 ; 4.13, 19 ; 8.14 ; cf. Lc 22.8.
g Environ neuf heures du matin.
h Add. « Joël ». — Pour la citation des vv. 17-21, texte occ. ; le texte alexandrin tend à revenir aux LXX.
17 Il se fera dans les derniers jours,i dit Dieu,
que je répandrai de mon Esprit sur toute chair.
Alors vos fils et vos filles prophétiseront,
vos jeunes gens auront des visions
et vos vieillards des songes.
i Les temps messianiques.
18 Et moi, sur mes serviteurs et sur mes servantes
je répandrai de mon Esprit.
19 Et je ferai paraître des prodiges là-haut dans le ciel
et des signes ici-bas sur la terre.
20 Le soleil se changera en ténèbres et la lune en sang,
avant que vienne le Jour du Seigneur, ce grand Jour.j
j Le jour de l’avènement glorieux du Seigneur, le « Jour de Yahvé », Am 5.18. Dans la prédication évangélique, ce jour est celui du retour de Jésus, Mt 24.1 ; 1 Co 1.8.
21 Et quiconque alors invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.k
k Les chrétiens se désignent eux-mêmes comme « ceux qui invoquent le nom du Seigneur », 9.14, 21 ; 22.16 ; 1 Co 1.2 ; 2 Tm 2.22 ; le nom de « Seigneur » s’applique non plus à Yahvé, mais à Jésus, cf. Ph 2.11 ; 3.16. Celui qui invoque ce nom — c’est-à-dire qui reconnaît Jésus comme Seigneur — sera sauvé voir 4.12 et Rm 10.9.
22 « Hommes d’Israël, écoutez ces paroles.l Jésus le Nazôréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous, ainsi que vous le savez vous-mêmes,
l Le contenu de la prédication apostolique primitive (kérygme), dont on a ici un premier exposé, nous a été schématiquement transmis dans cinq discours de Pierre, 2.14-39 ; 3.12-26 ; 4.9-12 ; 5.29-32 ; 10.34-43, et un de Paul, 13.16-41. Au centre, un témoignage, 1.8, portant sur la mort, la résurrection du Christ, 2.24, et son exaltation, 2.33 ; 2.36. Puis des détails sur sa mission, annoncée par Jean-Baptiste, 10.37 ; 13.24, préparée par son enseignement et ses miracles, 2.22 ; 10.38, achevée par les apparitions du Ressuscité, 10.40, 41 ; 13.31, et l’effusion de l’Esprit, 2.33 ; 5.32. Enfin, des perspectives plus larges, plongeant dans le passé par les prophéties de l’AT, 2.23 ; 2.25, et regardant l’avenir avènement des temps messianiques et appel des Juifs et des païens à la pénitence, 2.38, pour hâter le Retour glorieux du Christ, 3.20-21. C’est le schéma que suivent les évangiles, développements de la prédication primitive.
m Les prophéties de l’AT prouvent ce dessein de Dieu ; 3.18 ; 4.28 ; 13.29, cf. 8.32-35 ; 9.22 ; 10.43 ; 17.2-3 ; 18.5, 28 ; 26.22-23, 27 ; 28.23 ; Lc 18.31 ; 22.22 ; 24.25-27, 44.
n Ici les Romains. La prédication primitive, v. 22, contient des accusations analogues contre les Juifs, auxquels on oppose l’intervention de Dieu ressuscitant Jésus, 2.32, 36 ; 3.13-17 ; 4.10 ; 5.30-31 ; 7.52 ; 10.39-40 ; 13.27-30 ; 17.31 ; cf. Rm 1.4 ; 1 Th 2.14.
24 mais Dieu l’a ressuscité, le délivrant des affres de l’Hadès.o Aussi bien n’était-il pas possible qu’il fût retenu en son pouvoir ;
o « de l’Hadès » texte occ. ; « de la mort » texte reçu. Cf. vv. 27 et 31. — L’« Hadès » dans les LXX correspond au shéol, Nb 16.33 ; Sg 2.1 ; Mt 16.18.
Je voyais sans cesse le Seigneur devant moi,
car il est à ma droite, pour que je ne vacille pas.
p Cité d’après les LXX. Le texte hébreu n’exprimait que le souhait d’échapper à une mort menaçante « Tu ne laisseras pas ton fidèle voir la fosse. » L’argument suppose l’emploi de la version grecque, qui introduit une autre idée en traduisant « fosse » (= tombeau) par « corruption ».
26 Aussi mon cœur s’est-il réjoui
et ma langue a-t-elle jubilé ;
ma chair elle-même reposera dans l’espérance
27 que tu n’abandonneras pas mon âme à l’Hadès
et ne laisseras pas ton Saint voir la corruption.
28 Tu m’as fait connaître des chemins de vie,
tu me rempliras de joie en ta présence.
29 « Frères, il est permis de vous le dire en toute assurance : le patriarche David est mort et a été enseveli, et son tombeau est encore aujourd’hui parmi nous.q
q Sur l’ancienne colline de Sion, en contrebas du Temple, 1 R 2.10. Une interprétation abusive de ce verset a donné naissance à la légende du tombeau de David que l’on vénère aujourd’hui à l’emplacement traditionnel du Cénacle, sur la colline occidentale qui, dès les premiers siècles chrétiens, a reçu le nom de Sion.
30 Mais comme il était prophète et savait que Dieu lui avait juré par serment de faire asseoir sur son trône un descendant de son sang,
r Mots inspirés du Ps 118 (v. 16 LXX « La droite du Seigneur m’a exalté »), que la prédication apostolique utilise, le considérant comme messianique : 4.11 ; 1 P 2.7 ; Mt 21.9, 42 ; 23.39 ; Lc 13.35 ; Jn 12.13 ; He 13.6. — Mais on pourrait aussi traduire « Ayant été exalté à la droite de Dieu », et voir là l’introduction de la citation (v. 34) du Ps 110.1, autre thème de la prédication apostolique Mt 22.44 ; 26.64 ; Mc 16.19 ; 7.55, 56 ; Rm 8.34 ; 1 Co 15.25 ; Ep 1.20 ; Col 3.1 ; He 1.3, 13 ; 8.1 ; 10.12 ; 12.2 ; 1 P 3.22.
s Le don de l’Esprit était annoncé par les prophètes pour les temps messianiques, Ez 36.27. C’est par cet Esprit, « répandu », selon l’annonce de Jl 3.1-2, par le Christ ressuscité, que Pierre explique le miracle dont ses auditeurs sont témoins.
Le Seigneur a dit à mon Seigneur :
Siège à ma droite,
t Le raisonnement paraît être celui-ci David, déposé au tombeau, n’est pas monté au ciel ; ce n’est donc pas à lui que s’adresse l’invitation divine, mais à celui qui est sorti du tombeau. Une var. « lui-même dit en effet », au lieu de « or il dit lui-même », ramène le raisonnement à celui de Mt 22.43-45.
35 jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis un escabeau pour tes pieds.
36 « Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ,u ce Jésus que vous, vous avez crucifié. »
u Conclusion de l’argumentation scripturaire c’est par sa résurrection que Jésus a été fait le « Seigneur » dont parle le Ps 110 et le « Messie » (Christ) à qui se rapporte le Ps 16. Argumentation analogue à partir du Ps 2.7 (Fils de Dieu) en 13.33 ; He 1.5 ; 5.5 ; Rm 1.4. Cf. aussi 5.31 (Chef et Sauveur) ; 10.42 et Rm 14.9 (Juge et Seigneur des vivants et des morts) ; Ph 2.9-11 (Seigneur en gloire).
37 D’entendre cela, ils eurent le cœur transpercé, et ils dirent à Pierre et aux apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? »
v Chaque grand discours apostolique se termine par un appel au repentir (cf. Mt 3.2), pour obtenir le pardon des péchés : 3.19, 26 ; 5.31 ; 10.43 ; 13.38 ; cf. 17.30 ; 26.20 ; Lc 1.77 ; 3.8 ; 5.32 ; 13.3.
w Le baptême est donné « au nom de Jésus Christ » (cf. 1.5), on le reçoit « en invoquant le nom du Seigneur Jésus » (cf. 2.21 ; 3.16) 8.16 ; 10.48 ; 19.5 ; 22.16 ; 1 Co 1.13, 15 ; 6.11 ; 10.2 ; Ga 3.27 ; Rm 6.3, cf. Jc 2.7. Cette manière de parler ne vise peut-être pas tant la formule rituelle du baptême, cf. Mt 28.19, que la signification du rite lui-même profession de foi au Christ, prise de possession par le Christ de ceux qui désormais lui seront consacrés.
x La promesse concerne d’abord les Juifs, 3.25-26 ; 13.46 ; Rm 1.16 ; 9.4.
y C’est-à-dire les païens, par allusion à Isa 57.19, cité et expliqué, Ep 2.13-17 ; cf. aussi 22.21.
z Ou « il rendait son témoignage », cf. 8.25 ; 28.23.
a Luc a le souci constant de marquer l’accroissement numérique de l’Église : v. 47 ; 4.4 ; 5.14 ; 6.1, 7 ; 9.31 ; 11.21, 24 ; 16.5 ; cf. 12.24 ; 13.48-49 ; 19.20.
42 Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres,c fidèles à la communiond fraternelle, à la fraction du paine et aux prières.f
b À comparer à 4.32-35 et 5.12-16. Ces trois « sommaires », de rédaction composite, décrivent en traits analogues la vie de la première communauté chrétienne.
c Instructions aux nouveaux convertis, où l’on expliquait les Écritures à la lumière des faits chrétiens, et non plus proclamation de la Bonne Nouvelle aux non-chrétiens. Cf. 15.35.
d « Communion », 1 Co 1.9, est employé ici sans complément, cf. Ga 2.9. Il faut y entendre certainement la mise en commun des biens, v. 44 ; 4.32-35, qui exprime et renforce l’union des cœurs, v. 46 ; 4.32, résultant du partage de l’Évangile et de tous les biens reçus de Dieu par Jésus-Christ dans la communauté apostolique. Le sens ne se limite pas à une entraide sociale, ni à une idéologie commune ou à un sentiment de solidarité.
e Voir v. 46 ; 20.7, 11 ; 27.35 ; Lc 24.30, 35. Prise en elle-même, l’expression évoque un repas juif, où celui qui préside prononce une bénédiction avant de partager le pain. Mais dans la langue chrétienne, elle vise le rite eucharistique, 1 Co 10.16 ; 11.24 ; Lc 22.19 ; 24.35. Celui-ci, v. 46, était célébré non au Temple, mais dans quelque maison ; il n’était pas séparé d’un véritable repas, cf. 1 Co 11.20-34.
f Les prières en commun, présidées par les apôtres, 6.4. Un exemple : 4.24-30. Cf. 1.14, 24 ; 12.5.
43 La crainte s’emparait de tous les esprits : nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres.g
g Add. « à Jérusalem, et une grande crainte pesait sur tous ».
44 Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ;
46 Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresseh et simplicité de cœur.
h La joie qui suit la foi 8.8, 39 ; 13.48, 52 ; 16.34 ; cf. 5.41 ; Lc 1.14 ; Rm 15.13 ; Ph 1.4.
i Cf. 3.8, 9 ; 4.21 ; 21.20 ; Lc 2.20.
j Le salut lors du Jugement est assuré pour les membres de la communauté chrétienne, 2.21 ; cf. 13.48 et les épîtres pauliniennes. L’Église s’identifie ainsi avec le « Reste d’Israël », Isa 4.3 Cf. Rm 9.27.