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Bible de Jérusalem

1 Maccabées 9.23-12.53

IV. Jonathan chef des Juifs et grand prêtre (160-143 av. J.-C.)

Triomphe du parti grec. Jonathan chef de la résistance.

23 Après la mort de Judas, les sans-loi se montrèrent sur tout le territoire d’Israël et tous les artisans d’iniquité reparurent. 24 Comme en ces jours-là sévissait une très grande disette, le pays passa de leur côté. 25 Bacchidès choisit à dessein les hommes impies pour administrer le pays. 26 Ceux-ci exerçaient sur les amis de Judas perquisitions et enquêtes, puis les faisaient comparaître devant Bacchidès qui les punissait et les tournait en dérision. 27 Il sévit alors en Israël une oppression telle qu’il ne s’en était pas produite de pareille depuis le jour où l’on n’y avait plus vu de prophète.

28 Alors tous les amis de Judas se rassemblèrent et dirent à Jonathan : 29 « Depuis que ton frère Judas est mort, il ne se trouve plus d’homme semblable à lui pour s’opposer à nos ennemis, les Bacchidès et quiconque hait notre nation.

30 Nous te choisissons donc aujourd’hui même pour être à sa place notre chef et notre guide dans la lutte que nous avons entreprise. » 31 C’est à ce moment-là que Jonathan prit le commandement et la succession de son frère Judas.

Jonathan au désert de Thékoé. Épisodes sanglants autour de Médaba.

32 Bacchidès, l’ayant appris, cherchait à faire périr Jonathan. 33 Celui-ci, en ayant eu connaissance, ainsi que son frère Simon et tous ceux qui l’accompagnaient s’enfuirent au désert de Thékoé et campèrent près de l’eau de la citerne Asphar.c

c « Thékoé » ou Téqoa, patrie du prophète Amos, au sud-est de Bethléem, domine une région aride, 2 Ch 20.20 ; ses wadis qui descendent à la mer Morte avaient servi de refuge aux partisans de David, 1 S 24 ; 26, et seront de même utilisés par les partisans de Bar Kokhéba lors de la seconde révolte juive (132-135 ap. J.-C.). — Le toponyme « Asphar » n’est pas identifié.

34 (Bacchidès le sut le jour du sabbat et vint lui aussi avec toute son armée au-delà du Jourdain.)d

d Doublet du v. 43.

35 Jonathan envoya son frère qui commandait à la troupe demander à ses amis les Nabatéens de mettre en dépôt chez eux ses bagages qui étaient considérables. 36 Mais les fils de Amrai,e ceux de Médaba, sortirent, s’emparèrent de Jean et de tout ce qu’il avait et partirent avec leur butin.

e « Amrai » d’après Josèphe et syr. ; « Ambrei » ou « Iambri » grec, lat. — Les Benê-Amrai sont une tribu arabe, différente des Nabatéens.

37 Après ces événements, on annonça à Jonathan et à Simon, son frère, que les fils de Amrai célébraient une grande noce et amenaient en grande pompe depuis Nabathaf la fiancée, fille d’un des grands personnages de Canaan.

f « Nabatha » d’après Josèphe ; « Gabadan » ou « Nabadath » grec, lat. — C’est sans doute une place forte araméenne de Nébo, Nb 32.3, en bordure de la plaine de Moab appelée ici « Canaan », terme qui englobe tous les indigènes païens.

38 Ils se souvinrent alors de la fin sanglante de leur frère Jean, et montèrent se cacher sous l’abri de la montagne. 39 En levant les yeux ils virent paraître, au milieu d’un bruit confus, un nombreux équipage, puis le fiancé, ses amis et ses frères s’avançant au-devant du cortège avec des tambourins, des musiques et un riche équipement guerrier. 40 De leur embuscade les Juifs se jetèrent sur eux et les massacrèrent, faisant de nombreuses victimes, tandis que les survivants fuyaient vers la montagne, et que toutes leurs dépouilles étaient emportées. 41 Ainsi les noces se changèrent en deuil et les accents musicaux en lamentations. 42 Ayant vengé de la sorte le sang de leur frère, ils revinrent aux rives fangeuses du Jourdain.

Le passage du Jourdain.

43 Bacchidès, l’ayant appris, vint le jour du sabbat jusqu’aux berges du Jourdain avec une nombreuse armée. 44 Alors Jonathan dit à ses gens :
« Debout ! Luttons pour nos vies, car aujourd’hui ce n’est pas comme hier et avant-hier. 45 Voici que nous avons le combat en face de nous et derrière nous, ici l’eau du Jourdain, là le marais et le fourré, il n’y a pas où battre en retraite. 46 Maintenant donc, criez vers le Ciel afin d’échapper au pouvoir de vos ennemis. » 47 Le combat s’engagea et Jonathan étendit la main pour frapper Bacchidès, mais ce dernier lui échappa en se rejetant en arrière. 48 Alors Jonathan et ses compagnons sautèrent dans le Jourdain et atteignirent l’autre bord à la nage, mais les adversaires ne franchirent pas le fleuve à leur suite.g

g Avec Josèphe, nous situons l’engagement sur la rive ouest du Jourdain, où Jonathan aura dressé son camp avec l’intention de regagner la région occidentale de la mer Morte. Bacchidès l’oblige à regagner la rive orientale du fleuve, que lui-même ne franchit pas.

49 En cette journée, environ mille hommes restèrent sur le terrain du côté de Bacchidès.

Fortifications de Bacchidès. Mort d’Alkime.

50 De retour à Jérusalem, Bacchidès se mit à construire des villes fortes en Judée : la forteresse qui est à Jéricho, Emmaüs, Bethoron, Béthel, Tamnatha, Pharathôn et Tephôn,h avec de hautes murailles, des portes et des verrous,

h « Tamnatha, Pharathôn » lat., syr., Josèphe ; grec et mss lat. en font un seul nom. — Tamnatha est la Timna de Jos 19.50 ; Pharathôn est Pireatôn, Jg 12.15, et Tephôn doit être Tappuah, Jos 12.17. — Les fouilles archéologiques pratiquées à Gézer, Bethsour, Béthel et Jéricho confirment l’occupation séleucide.

51 laissant en chacune d’elles une garnison pour sévir contre Israël. 52 Il fortifia la ville de Bethsour, Gazara et la Citadelle ; il y plaça des hommes armés et des dépôts de vivres. 53 Il prit comme otages les fils des chefs du pays et les fit mettre sous garde dans la Citadelle de Jérusalem.

54 Et en l’année cent cinquante-trois, au deuxième mois,i Alkime ordonna d’abattre le mur de la cour intérieure du sanctuaire ; il détruisit les travaux des prophètes,j il commença à démolir.

i Avril-mai 159.

j Sans doute ceux du retour de l’Exil, comme Aggée et Zacharie. Ce mur répond peut-être à la balustrade qui séparera le parvis des Gentils de celui des Juifs dans le Temple d’Hérode, cf. Ez 44.9, mais les deux cours que suppose le texte sont peut-être celles qui existaient déjà sous Manassé, 2 R 21.5.

55 En ce temps-là, Alkime eut une attaque et ses entreprises se trouvèrent empêchées. Sa bouche s’obstrua et fut paralysée de sorte qu’il lui fut désormais impossible de prononcer une seule parole et de donner des ordres concernant sa maison. 56 Alkime mourut à cette époque au milieu de vives souffrances. 57 Voyant qu’Alkime était mort, Bacchidès revint chez le roi et le pays de Juda fut en repos durant deux ans.

Le siège de Bethbassi.

58 Tous les sans-loi tinrent conseil : « Voici, disaient-ils, que Jonathan et les siens vivent tranquilles en toute confiance ; nous ferons donc venir maintenant Bacchidès et il les arrêtera tous en une seule nuit. » 59 Étant allés le trouver, ils en délibérèrent avec lui. 60 Bacchidès se mit en route avec une forte armée et écrivit en secret à tous ses alliés de Judée pour leur demander de se saisir de Jonathan et de ses compagnons, mais ils ne le purent, leur dessein ayant été éventé. 61 Ceux-là, par contre, appréhendèrent parmi les hommes du pays, auteurs de cette scélératesse, une cinquantaine d’individus, et les massacrèrent.

62 Jonathan et Simon se retirèrent ensuite avec leurs partisans à Bethbassik dans le désert, ils relevèrent ce qui était ruiné de cette place et la consolidèrent.

k La liste des rapatriés de Babylonie mentionne les Fils de Béçaï, Esd 2.17, qui auront donné leur nom à notre localité, aujourd’hui Beit-Baçça, entre Bethléem et Téqoa.

63 Bacchidès, en ayant eu connaissance, rassembla tous ses gens et fit appel à ses partisans de Judée. 64 Il vint camper près de Bethbassi, l’attaqua durant de nombreux jours et fit construire des machines. 65 Laissant son frère Simon dans la ville, Jonathan sortit dans la campagne et marcha avec une poignée de gens. 66 Il battit Odoméra et ses frères ainsi que les fils de Phasirôn dans leur campement ;l ces gens se mirent à combattre eux aussi et à monter avec les troupes.

l Tribus arabes qui devaient collaborer avec Bacchidès.

67 Simon et ses hommes firent une sortie et incendièrent les machines. 68 Ils combattirent Bacchidès qui, écrasé par eux, tomba dans un accablement profond parce que son plan et son attaque n’avaient pas réussi.

69 Il entra en fureur contre les mécréants qui lui avaient conseillé de venir dans le pays, il en tua beaucoup et, avec ses gens, il décida de retourner chez lui.

70 À cette nouvelle, Jonathan lui envoya des députés pour conclure avec lui la paix et la reddition des prisonniers. 71 Il accepta et fut fidèle à ses engagements : il lui jura de ne pas chercher à lui faire du mal durant tous les jours de sa vie. 72 Après avoir rendu les prisonniers qu’il avait faits auparavant au pays de Juda, Bacchidès s’en retourna chez lui et ne revint plus sur le territoire des Juifs. 73 L’épée se reposa en Israël et Jonathan s’installa à Machmas où il se mit à jugerm le peuple, et il fit disparaître les impies du milieu d’Israël.

m Comme Judas, Jonathan est assimilé à un Juge, cf. 3.10 ; 4.4, etc. Machmas ou Mikmas, au sud-est de Béthel, était célèbre par l’exploit de Jonathan, fils de Saül, 1 S 14.

Compétition d’Alexandre Balas. Il institue Jonathan grand prêtre.

10 L’an cent soixante, Alexandre, fils d’Antiochus Épiphane,n se mit en marche et vint occuper Ptolémaïs. Il fut reçu et c’est là qu’il inaugura son règne.o

n Cette épithète se lit sur les monnaies, mais l’histoire le connaît sous le nom d’Alexandre Balas. Il se prétendait le fils d’Antiochus Épiphane.

o La défection de Ptolémaïs en faveur de Balas eut lieu en 152. Au début de la même année, il avait reçu l’assentiment du Sénat.

2 À cette nouvelle, le roi Démétrius rassembla une très forte armée et marcha contre lui pour le combattre. 3 Démétrius envoyait d’autre part à Jonathan une lettre des plus pacifiques lui promettant de l’élever en dignité. 4 Il se disait en effet : « Hâtons-nous de faire la paix avec ces gens-là avant qu’ils ne la fassent avec Alexandre contre nous, 5 car Jonathan se souviendra de tous les maux que nous avons causés à sa personne, à ses frères et à sa nation. »

6 Il lui donna même l’autorisation de lever des troupes, de fabriquer des armes, de se dire son allié, et prescrivit de lui rendre les otages qui étaient dans la Citadelle.

7 Jonathan s’en vint à Jérusalem et lut le message en présence de tout le peuple et des gens de la Citadelle. 8 Une grande crainte les saisit lorsqu’ils entendirent que le roi lui avait accordé la faculté de lever des troupes. 9 Les gens de la Citadelle rendirent les otages à Jonathan qui les remit à leurs parents.

10 Jonathan habita Jérusalem et se mit à rebâtir et à restaurer la ville. 11 Il ordonna en particulier aux entrepreneurs des travaux de reconstruire le rempart et d’entourer le mont Sion de pierres de taillep pour le fortifier, ce qui fut exécuté.

p « de taille », Littéralement « à quatre faces », grec luc., lat. ; « à quatre pieds » grec.

12 Les étrangers qui étaient dans les forteresses que Bacchidès avait bâties prirent la fuite : 13 chacun d’eux abandonna son poste pour retourner en son pays. 14 À Bethsour seulement on laissa quelques-uns de ceux qui avaient abandonné la Loi et les préceptes, car c’était leur refuge.

15 Le roi Alexandre apprit les promesses que Démétrius avait mandées à Jonathan. On lui raconta aussi les guerres et les exploits dans lesquels lui et ses frères s’étaient signalés et les peines qu’ils avaient endurées. 16 « Trouverons-nous jamais, s’écria-t-il, un homme pareil ? Faisons-nous donc de lui un ami et un allié ! » 17 Il lui écrivit une lettre et la lui envoya libellée en ces termes : 18 « Le roi Alexandre à son frère Jonathan, salut. 19 Nous avons appris à ton sujet que tu es un homme puissant et que tu mérites d’être notre ami. 20 Aussi, nous t’établissons aujourd’hui grand prêtre de ta nationq et te donnons le titre d’ami du roi — et il lui envoyait en même temps une chlamyde de pourpre et une couronne d’or — afin que tu embrasses notre parti et que tu nous gardes ton amitié. »

q Jonathan est descendant de Ioiarib, chef d’une des classes sacerdotales, cf. 2.1, 54, et Alexandre, souverain reconnu, avait le droit de le nommer, cf. 7.9 ; 2 M 4.24. Ainsi était évincée la famille des Oniades qui donnait traditionnellement les grands prêtres. C’est sans doute à cette occasion que le fils d’Onias III se réfugia en Égypte où il fonda le temple de Léontopolis, cf. 2 M 1.1, et qu’un autre prêtre, le « Maître de Justice » dont parle l’écrit essénien dit Document de Damas, se réfugia à Qumrân. — Jonathan inaugure une dynastie de princes-prêtres, comme il en existait d’autres à l’époque. Avec ses successeurs (les Asmonéens), les préoccupations politiques l’emporteront sur les préoccupations religieuses.

21 Et Jonathan revêtit les ornements sacrés le septième mois de l’an cent soixanter en la fête des Tentes ; il rassembla des troupes et fabriqua beaucoup d’armes.

r Octobre 152.

Lettre de Démétrius Ier à Jonathan.

22 Instruit de ces faits, Démétrius en fut contrarié et dit : 23 « Qu’avons-nous fait pour qu’Alexandre ait capté avant nous l’amitié des Juifs pour affermir sa position ? 24 Je leur écrirai moi aussi en termes persuasifs avec des offres de situation élevée et de richesses, afin qu’ils soient une aide pour moi. » 25 Et il leur écrivit en ces termes :
« Le roi Démétrius à la nation des Juifs, salut. 26 Vous avez gardé les conventions passées avec nous et persévéré dans notre amitié, vous n’êtes pas passés du côté de nos ennemis, nous l’avons appris et nous nous en sommes réjouis. 27 Continuez donc encore à nous conserver votre fidélité et nous récompenserons par des bienfaits ce que vous faites pour nous. 28 Nous vous accorderons beaucoup de remises et nous vous ferons des faveurs. 29 Dès à présent je vous libère et je décharge tous les Juifs des contributions, des droits sur le sel et des couronnes. 30 Et du tiers des produits du sol et de la moitié du fruit des arbres qui me revient,s je fais dès aujourd’hui et pour toujours la remise au pays de Juda et aux trois nomes qui lui sont annexés de la Samarie-Galilée...t à partir de ce jour pour tout le temps.

s « Et du tiers » Vet. Lat., Vet. Syr. ; « et en échange du tiers » grec. — Les « droits sur le sel » (Littéralement « le prix du sel ») sont la contrevaleur du sel de la mer Morte dû au roi, cf. 11.35. Les « couronnes » (« palmes » ou « rameaux d’oliviers », 13.37 ; 2 M 14.4) sont des présents offerts au souverain, faits en réalité d’espèces sonnantes. — Ces lourdes taxes qui, depuis 165, avaient remplacé le tribut, cf. 3.36, s’expliquent par la prétention que les Séleucides avaient, comme les Ptolémées d’Égypte, d’être les propriétaires de toutes les terres, qu’ils affermaient en quelque sorte aux indigènes. Mais le tribut semble bien être rétabli il faudrait suppléer dans le texte « en échange de 300 talents », cf. 11.28.

t Les districts conquis par Judas, que les Juifs considéraient comme leurs et que Bacchidès avait d’ailleurs inclus dans la Judée, cf. 9.50.

31 Que Jérusalem soit sainte et exempte ainsi que son territoire, ses dîmes et ses droits.

32 Je renonce à la possession de la Citadelle qui est à Jérusalem et je la cède au grand prêtre pour qu’il y établisse des hommes qu’il choisira lui-même pour la garder. 33 Toute personne juive emmenée captive hors du pays de Juda dans toute l’étendue de mon royaume, je lui rends la liberté sans rançon. Je veux que tous soient exempts d’impôts, même pour leurs bêtes. 34 Que toutes les solennités, les sabbats, les néoménies, les jours prescrits et les trois jours qui précèdent et qui suivent soient des jours de rémission et de franchiseu pour tous les Juifs qui sont dans mon royaume,

u Généralisation de la coutume qui voulait que les dettes et droits d’octroi soient suspendus pendant les fêtes de pèlerinage.

35 et personne n’aura la faculté d’exiger un paiement ni d’inquiéter quelqu’un d’entre eux pour n’importe quelle affaire.

36 On enrôlera des Juifs dans les armées du roi jusqu’au nombre de trente mille soldats et il leur sera donné la solde qui revient à toutes les troupes du roi.

37 Il en sera aussi placé dans les forteresses royales les plus importantes et il en sera établi dans les emplois de confiance du royaume ; que leurs préposés et leurs chefs sortent de leurs rangs et vivent selon leurs lois, comme le roi l’a ordonné pour le pays de Juda.

38 Quant aux trois nomes ajoutés à la Judée aux dépens de la province de Samarie, qu’ils soient annexés à la Judée et considérés comme relevant d’un seul homme, n’obéissant à nulle autre autorité qu’à celle du grand prêtre. 39 Je donne en présent Ptolémaïs et le territoire qui s’y rattache au sanctuaire de Jérusalem pour couvrir les dépenses exigées par le culte.v

v C’était inviter les Juifs à faire un raid contre la base d’opérations de Balas, 10.1 ; ils avaient précisément un compte à régler avec les Ptoléméens, 2 M 6.8 ; 5.15, 22.

40 Pour moi, je donne chaque année quinze mille sicles d’argent à prendre sur la liste royale dans les localités convenables. 41 Et tout le surplus, que les fonctionnaires n’ont pas versé comme dans les années antérieures, ils le donneront dorénavant pour les travaux du Temple. 42 En outre, les cinq mille sicles d’argent, somme qu’on prélevait sur les profits du sanctuaire dans le compte de chaque année, même cela est abandonné comme revenant aux prêtres qui font le service liturgique.

43 Quiconque se sera réfugié dans le Temple de Jérusalem et dans toutes ses limites, redevable des impôts royaux et de toute autre dette, sera libre avec tous les biens qu’il possède dans mon royaume. 44 Pour les travaux de construction et de restauration du sanctuaire, les dépenses seront aussi prélevées sur le compte du roi. 45 Pour reconstruire les murs de Jérusalem et fortifier son enceinte, les dépenses seront encore prélevées sur le compte du roi, ainsi que pour relever les murs des villes en Judée. »

Jonathan repousse les offres de Démétrius. Mort du roi.

46 Lorsque Jonathan et le peuple eurent entendu ces paroles, ils n’y crurent pas et refusèrent de les admettre, parce qu’ils se souvenaient des grands maux que Démétrius avait causés à Israël, et de l’oppression qu’il avait fait peser sur eux.

47 Ils se décidèrent en faveur d’Alexandre parce qu’il l’emportait à leurs yeux en gratifications,w et ils furent ses constants alliés.

w « il l’emportait à leurs yeux en gratifications » conj. ; le grec « il devint pour eux prince de paroles pacifiques » n’a guère de sens. Le traducteur aura confondu shillûm « gratification » avec shalom « paix ».

48 Alors le roi Alexandre rassembla de grandes forces et s’avança contre Démétrius. 49 Les deux rois ayant engagé le combat, l’armée d’Alexandre prit la fuite. Démétrius se mit à sa poursuite et l’emporta sur ses soldats. 50 Il mena fortement le combat jusqu’au coucher du soleil. Mais ce jour-là même Démétrius succomba.

Mariage d’Alexandre avec Cléopâtre. Jonathan stratège et gouverneur.

51 Alexandre envoya à Ptolémée, roi d’Égypte, des ambassadeurs, avec ce message : 52 « Puisque je suis revenu dans mon royaume, que je me suis assis sur le trône de mes pères, que je me suis emparé du pouvoir, puisque j’ai écrasé Démétrius, que j’ai pris possession de notre pays, 53 puisque je lui ai livré bataille et qu’il a été écrasé par nous, lui et son armée, et que nous sommes monté sur son siège royal, 54 faisons donc amitié l’un avec l’autre et donne-moi donc ta fille pour épouse, je serai ton gendre et je te donnerai, ainsi qu’à elle, des présents dignes de toi. »

55 Le roi Ptolémée répondit en ces termes : « Heureux le jour où tu es rentré dans le pays de tes pères et où tu as occupé leur siège royal ! 56 Maintenant je ferai pour toi ce que tu as écrit, mais viens à ma rencontre à Ptolémaïs afin que nous nous voyions l’un l’autre, et je serai ton beau-père comme tu l’as dit. »

57 Ptolémée partit d’Égypte, lui et Cléopâtre, sa fille, et vint à Ptolémaïs en l’an cent soixante-deux.x

x En automne 150 av. J.-C. — Cléopâtre Théa, fille de Ptolémée VI Philométor, épousera successivement Alexandre Balas (de qui naîtra Antiochus VI), Démétrius II, 11.12, et le frère de celui-ci, Antiochus VII.

58 Le roi Alexandre vint au-devant de Ptolémée ; celui-ci lui donna sa fille Cléopâtre et célébra son mariage à Ptolémaïs avec grande magnificence, comme il sied à des rois. 59 Le roi Alexandre écrivit à Jonathan de venir le trouver. 60 Ce dernier se rendit à Ptolémaïs avec apparat et rencontra les deux rois ; il leur donna de l’argent et de l’or ainsi qu’à leurs amis, il fit de nombreux présents et trouva grâce à leurs yeux. 61 Alors s’unirent contre lui des vauriens, la peste d’Israël, pour se plaindre de lui, mais le roi ne leur prêta aucune attention ;y

y Les Juifs du parti grec trouvaient, non sans raison, qu’ils étaient mal récompensés de leur adhésion à l’hellénisme. Certains ne voyaient pas sans déplaisir rejeter les droits d’autres familles sacerdotales.

62 il ordonna même d’ôter à Jonathan ses habits et de le revêtir de la pourpre, ce qui fut exécuté. 63 Le roi le fit asseoir auprès de lui et dit à ses dignitaires : « Sortez avec lui au milieu de la ville et publiez que personne n’élève de plainte contre lui sur n’importe quelle affaire et que nul ne l’inquiète pour quelque raison que ce soit. » 64 Quand ils virent les honneurs qu’on lui rendait, à la voix du héraut, et la pourpre sur ses épaules, tous ses accusateurs prirent la fuite. 65 Le roi lui fit l’honneur de l’inscrire au rang des premiers amis et de l’instituer stratège et méridarque.z

z Le méridarque gouvernait une méride (cf. Ac 16.12), c’est-à-dire une « part » de territoire plus grande qu’une stratégie, ici celle de Judée avec en plus les trois nomes, v. 30. Voir le cas analogue d’Apollonius le Mysarque, 3.10 ; 2 M 5.24. Pour le titre de « premier ami », cf. 2.18 ; 2 M 8.9.

66 Aussi Jonathan revint-il à Jérusalem dans la paix et la joie.

Démétrius II. Apollonius, gouverneur de Cœlé-Syrie, battu par Jonathan.

67 En l’an cent soixante-cinq, Démétrius, fils de Démétrius, vint de Crète dans le pays de ses pères.a

a En 147 av. J.-C., mais en fait il ne fera commencer son règne qu’en 145, après la mort d’Alexandre, 11.17. Il régnera jusqu’en 125, avec une interruption de 138 à 129, quand, prisonnier des Parthes, il sera remplacé par son frère Antiochus VII, cf. 14.3 ; 15.1s.

68 Le roi Alexandre, l’ayant appris, en fut très contrarié et revint à Antioche. 69 Démétrius confirma Apollonius qui était gouverneur de la Cœlé-Syrie,b lequel rassembla une grande armée et, étant venu camper à Iamnia, envoya dire à Jonathan le grand prêtre :

b Sans doute l’Apollonius qui aida Démétrius Ier à s’évader de Rome, cf. 7.1. Il porte le même nom que son père qui fut aussi gouverneur de Cœlé-Syrie et de Phénicie, 2 M 3.5.

70 « Tu es absolument seul à t’élever contre nous, et moi je suis devenu un objet de dérision et d’injure à cause de toi. Pourquoi exerces-tu ton autorité contre nous dans les montagnes ? 71 Si donc tu as confiance dans tes forces, descends maintenant vers nous dans la plaine et là mesurons-nous l’un avec l’autre, car avec moi se trouve la force des villes. 72 Informe-toi et apprends qui je suis et quels sont les autres qui nous prêtent leur concours. Ils disent que vous ne pourrez pas nous résister puisque deux fois tes pères ont été mis en fuite dans leur pays.c

c Cette allusion à l’histoire des « pères », cf. 1 S 4.2, 10, est sans doute rédactionnelle. De même l’allusion à la faiblesse des Hébreux en pays plat, 1 R 20.23, 28.

73 Et maintenant tu ne pourras pas résister à la cavalerie ni à une grande armée dans cette plaine où il n’y a ni rocher, ni caillasse, ni endroit pour fuir. »

74 Lorsque Jonathan eut entendu les paroles d’Apollonius, son esprit fut tout remué ; il fit choix de dix mille hommes et partit de Jérusalem, et Simon son frère le rejoignit avec une troupe de secours. 75 Il dressa son camp contre Joppé ; les gens de la ville lui avaient fermé ses portes parce qu’il y avait une garnison d’Apollonius dans Joppé, et l’attaque commença. 76 Pris de peur, les habitants ouvrirent les portes et Jonathan fut maître de Joppé. 77 Mis au courant, Apollonius rangea en ordre de bataille trois mille cavaliers et une nombreuse infanterie, et se dirigea sur Azôtos comme pour traverser le pays, tandis qu’en même temps il s’enfonçait dans la plaine, parce qu’il avait un grand nombre de cavaliers en qui il avait confiance. 78 Jonathan se mit à le poursuivre du côté d’Azôtos, et les deux armées en vinrent aux mains. 79 Or Apollonius avait laissé mille cavaliers cachés derrière eux. 80 Jonathan sut qu’il y avait une embuscade derrière lui. Les cavaliers entourèrent son armée et lancèrent leurs traits sur la troupe depuis le matin jusqu’au soir. 81 La troupe tint bon, comme l’avait ordonné Jonathan, tandis que leurs chevaux se fatiguèrent. 82 Simon entraîna ses forces et attaqua la phalange une fois la cavalerie épuisée, et les ennemis furent écrasés par lui et prirent la fuite. 83 La cavalerie se débanda à travers la plaine et les fuyards gagnèrent Azôtos et entrèrent dans Beth-Dagôn, le temple de leur idole, afin d’y trouver le salut.

84 Mais Jonathan mit le feu à Azôtos et aux villes des alentours, il prit leurs dépouilles et livra aux flammes le sanctuaire de Dagôn et ceux qui s’y étaient réfugiés. 85 Ceux qui tombèrent sous l’épée, avec ceux qui furent brûlés, se trouvèrent au nombre de huit mille. 86 Jonathan partit de là pour aller camper près d’Ascalon ; les habitants de cette ville sortirent à sa rencontre en grand apparat. 87 Jonathan revint ensuite à Jérusalem avec les siens, chargés d’un grand butin. 88 Lorsque le roi Alexandre apprit ces événements, il accorda de nombreux honneurs à Jonathan. 89 Il lui envoya une agrafe d’or comme il est d’usage de l’accorder aux parents des rois,d et lui donna en propriété Akkarôn et tout son territoire.

d Alexandre, en mal de surenchère, n’hésite pas à faire de Jonathan son « parent », cf. 3.32. La fibule d’or qui agrafait la cape de pourpre était l’insigne de ce rang, plus élevé encore que celui de « premier ami », v. 65.

Ptolémée VI soutient Démétrius II. Il meurt ainsi qu’Alexandre Balas.

11 Le roi d’Égypte rassembla des forces nombreuses comme le sable qui est sur le bord de la mer, ainsi que beaucoup de vaisseaux, et il chercha à s’emparer par ruse du royaume d’Alexandre pour l’ajouter à son propre royaume. 2 Il s’en vint en Syrie avec des paroles de paix, les gens des villes lui ouvraient leurs portes et venaient à sa rencontre parce que l’ordre du roi Alexandre était de le recevoir, car il était son beau-père. 3 Mais dès qu’il entrait dans les villes, Ptoléméee casernait des troupes en garnison dans chaque ville.

e « Ptolémée » mss, grec luc., lat. ; « de Ptolémaïs » ensemble du grec.

4 Lorsqu’il approcha d’Azôtos, on lui montra le sanctuaire de Dagôn incendié, Azôtos et ses environs ravagés, les cadavres épars, et les restes calcinés de ceux que Jonathan avait brûlés dans la guerre, car ils en avaient fait des tas sur le parcours du roi. 5 Et ils racontèrent au roi ce qu’avait fait Jonathan pour qu’il le blâmât, mais le roi garda le silence. 6 Et Jonathan vint à la rencontre du roi à Joppé avec apparat, ils échangèrent des salutations et couchèrent en ce lieu. 7 Jonathan accompagna le roi jusqu’au fleuve appelé Éleuthère,f puis revint à Jérusalem.

f Autant pour faire sa cour à Ptolémée que pour montrer aux Juifs et aux païens la faveur dont il jouissait auprès de lui. — Le fleuve Éleuthère est au nord de Tripoli.

8 Quant au roi Ptolémée, il se rendit maître des villes de la côte jusqu’à Séleucie-sur-Mer ;g il méditait de mauvais desseins contre Alexandre.

g Le port d’Antioche.

9 Il envoya des ambassadeurs au roi Démétrius pour lui dire : « Viens, concluons ensemble un traité : je te donnerai ma fille que possède Alexandreh et tu régneras sur le royaume de ton père.

h Certains mss lisent « que possédait ». Il est difficile de savoir si, comme le pense Josèphe, il avait déjà enlevé sa fille à Alexandre.

10 Je me repens de lui avoir donné ma fille, car il a cherché à me tuer. » 11 Il lui reprochait cela parce qu’il convoitait son royaume.i

i Cet attentat à la vie de Ptolémée nous est rapporté par Josèphe mais, tout comme l’historien Diodore, l’auteur de 1 M, qui connaît cette tradition, n’y croit pas.

12 Ayant enlevé sa fille, il la donna à Démétrius ; il changea d’attitude avec Alexandre et leur inimitié devint manifeste. 13 Ptolémée fit son entrée à Antioche et ceignit le diadème de l’Asie, de sorte qu’il mit à son front deux diadèmes, celui d’Égypte et celui d’Asie.j

j D’après Diodore, Tryphon, qui était passé dans le camp de Balas et tenait Antioche en son nom, offrit le diadème à Ptolémée. Celui-ci n’aurait gardé que la Cœlé-Syrie, qu’il considérait comme l’héritage de sa mère, Cléopâtre Ire, et aurait laissé l’Asie à Démétrius II.

14 Le roi Alexandre se trouvait en Cilicie en ce temps-là, parce que les gens de cette contrée s’étaient révoltés. 15 Alexandre, instruit de tout cela, s’avança contre lui pour livrer bataille ; Ptolémée de son côté se mit en mouvement, marcha à sa rencontre avec une forte armée et le mit en fuite.k

k Bataille de l’Oinoparos (qui coule dans la plaine d’Antioche), fin août ou septembre 145. Ptolémée VI y reçut une blessure qui l’emporta quatre jours après.

16 Alexandre s’enfuit en Arabie pour y trouver un refuge, et le roi Ptolémée triompha. 17 L’Arabe Zabdiell trancha la tête d’Alexandre et l’envoya à Ptolémée.

l Diodore l’appelle Dioclès, de son nom grec, et précise qu’Alexandre lui avait confié son fils Antiochus, cf. v. 39.

18 Le roi Ptolémée mourut le surlendemain et les Égyptiens qui étaient dans ses places fortes furent tués par les habitants de celles-ci. 19 Démétrius devint roi en l’année cent soixante-sept.

Premiers rapports entre Démétrius II et Jonathan.

20 En ces jours-là, Jonathan réunit ceux de la Judée pour attaquer la Citadelle qui est à Jérusalem et ils dressèrent contre elle de nombreuses machines.m

m L’article de 10.32 était donc resté lettre morte.

21 Alors des gens haïssant leur nation, des vauriens, s’en allèrent trouver le roi pour lui annoncer que Jonathan faisait le siège de la Citadelle. 22 À cette nouvelle, le roi fut irrité et, aussitôt averti, il partit sans retard et vint à Ptolémaïs. Il écrivit à Jonathan de cesser le siège et de venir le trouver pour conférer avec lui à Ptolémaïs le plus vite possible. 23 Dès qu’il eut reçu cet avis, Jonathan ordonna de poursuivre le siège, choisit pour compagnons des anciens d’Israël et des prêtres, et se livra lui-même au danger. 24 Prenant avec lui de l’argent, de l’or, des vêtements et autres cadeaux en quantité, il se rendit auprès du roi à Ptolémaïs et trouva grâce à ses yeux. 25 Certains mécréants de la nation portaient contre lui des accusations, 26 mais le roi agit avec lui comme avaient agi ses prédécesseurs et il l’exalta en présence de tous ses amis. 27 Il lui confirma la grand-prêtrise et toutes les autres distinctions qu’il avait auparavant, et il le fit compter parmi les premiers amis. 28 Jonathan demanda au roi d’exempter d’impôts la Judée, ainsi que les trois toparchies de la Samaritide, lui promettant en retour trois cents talents.n

n Le montant traditionnel du tribut annuel dû par le grand prêtre, cf. 2 M 4.8. Jonathan demande au roi de remplacer l’impôt foncier par le tribut, ce qu’avait déjà accordé son père, cf. 10.30. Démétrius II y consentira, semble-t-il, mais exclura les trois nomes de cette faveur, vv. 34s.

29 Le roi consentit et écrivit à Jonathan sur tout ceci une lettre tournée de cette manière :

Nouvelle charte en faveur des Juifs.o

30 « Le roi Démétrius à Jonathan, son frère, et à la nation des Juifs, salut.

o Cette charte reprend en partie celle de Démétrius Ier, qui avait été refusée par Jonathan. — Le titre de « frère » appliqué ici à Jonathan, v. 30, suggère qu’il a été nommé « parent du roi » et non plus seulement « premier ami », v. 27, titre que lui avait aussi donné Balas, 10.89. — L’original de la lettre est adressé au Crétois Lasthène, le ministre de Démétrius.

31 La copie de la lettre que nous avons écrite à votre sujet à Lasthène notre parent, nous vous l’adressons aussi afin que vous en preniez connaissance : 32 Le roi Démétrius à Lasthène, son père, salut. 33 À la nation des Juifs qui sont nos amis et observent ce qui est juste envers nous, nous sommes décidés à faire du bien à cause des bons sentiments qu’ils ont à notre égard. 34 Nous leur confirmons et le territoire de la Judée et les trois nomes d’Aphéréma, de Lydda et de Ramathaïm.p Ils ont été ajoutés de la Samarie à la Judée, ainsi que toutes leurs dépendances, en faveur de tous ceux qui sacrifient à Jérusalem, en échange des redevances régaliennes que le roi y percevait auparavant chaque année sur les produits de la terre et les fruits des arbres.

p Ces trois nomes, cf. 10.30, 38 ; 11.28, sont les territoires d’Éphraïm (ou Ophra), Jos 18.23 ; 2 S 13.23, à 20 km au nord-est de Jérusalem, de Lod, 1 Ch 8.11, et de Rama, 1 S 1.1 (l’Arimathie de Mt 27.57). Ils sont rattachés à la Judée, mais les impôts sur les récoltes restent dus au roi, contrairement à la demande de Jonathan, v. 28.

35 Quant aux autres droits que nous avons sur les dîmes et les impôts qui nous reviennent, sur les marais salants et les couronnes qui nous étaient dues, à dater de ce jour nous leur en faisons remise totale.q

q Mais le tribut de 300 talents n’est sûrement pas inclus dans cette remise, v. 28. La charte de Démétrius II est moins avantageuse que celle de son père ; ainsi, il n’est plus question de rendre la Citadelle, ni de dons pour reconstruire Jérusalem ou pourvoir au culte.

36 Il ne sera dérogé en rien à toutes ces faveurs, désormais et en aucun pays. 37 Ayez donc soin d’en faire une copie qui soit donnée à Jonathan et placée sur la montagne sainte en un lieu apparent. »

Démétrius II secouru par les troupes de Jonathan à Antioche.

38 Le roi Démétrius, voyant que le pays était en repos sous sa direction et que rien ne lui offrait de résistance, renvoya toute son armée, chacun dans son foyer, sauf les forces étrangères qu’il avait recrutées dans les îles des nations.r Aussi toutes les troupes qu’il tenait de ses pères se mirent à le haïr.

r Mesure d’économie, probablement dictée par Lasthène qui ne garde que les mercenaires, dont un grand nombre étaient crétois.

39 Or Tryphon, ancien partisan d’Alexandre, s’apercevant que toutes les troupes murmuraient contre Démétrius, se rendit chez Iamlikou,s l’Arabe qui élevait Antiochus, le jeune fils d’Alexandre.

s « Iamlikou » d’après syr. et Diodore ; « Imalkoué » ou « Simalkoué » grec. — C’est peut-être le fils de Zabdiel, v. 17. Ce prince arabe résidait sans doute à Chalcis, au sud d’Alep, où Antiochus VI sera couronné, v. 54.

40 Il lui demandait avec insistance de lui livrer l’enfant pour qu’il régnât à la place de son père. Il le mit au courant de tout ce qu’avait ordonné Démétrius et de la haine que lui portaient ses armées. Il resta là de longs jours.

41 Cependant Jonathan envoyait demander au roi Démétrius de faire sortir de la Citadelle de Jérusalem et des autres forteresses leurs garnisons toujours en guerre avec Israël. 42 Démétrius envoya dire à Jonathan : « Non seulement je ferai cela pour toi et pour ta nation, mais je te comblerai d’honneurs ainsi que ta nation dès que j’en trouverai l’occasion favorable. 43 Pour le moment tu ferais bien d’expédier des hommes à mon secours, car toutes mes armées ont fait défection. » 44 Jonathan lui envoya à Antioche trois mille hommes aguerris ; quand ils arrivèrent chez le roi, celui-ci se réjouit de leur venue. 45 Les gens de la ville se massèrent au centre de la ville au nombre de près de cent vingt mille dans l’intention de faire périr le roi. 46 Celui-ci se réfugia dans le palais tandis que les citadins occupaient les rues de la ville et commençaient l’attaque.

47 Aussi le roi appela-t-il à son aide les Juifs, qui se rassemblèrent tous auprès de lui, pour se répandre à travers la ville et y tuer ce jour-là jusqu’à cent mille habitants. 48 Ils incendièrent la ville, faisant en même temps un butin considérable : c’est ainsi qu’ils sauvèrent le roi. 49 Lorsque les gens de la ville virent que les Juifs s’étaient rendus maîtres de la ville comme ils voulaient, ils perdirent courage et firent entendre au roi des cris suppliants : 50 « Donne-nous la main droite et que les Juifs cessent de combattre contre nous et contre la ville ! » 51 Ils jetèrent leurs armes et firent la paix. Les Juifs furent couverts de gloire en présence du roi et devant tous ceux qui font partie de son royaume. S’étant fait un nom dans ses états, ils revinrent à Jérusalem chargés d’un riche butin. 52 Le roi Démétrius s’affermit sur le trône royal et le pays fut en repos sous sa direction. 53 Mais il manqua à toutes les paroles données, devint tout autre à l’égard de Jonathan, ne reconnut plus les services que celui-ci lui avait rendus et lui infligea mille vexations.t

t Selon Josèphe, Démétrius II exigea le versement du tribut traditionnel, mais cela est conforme à la charte, vv. 28, 35. Il doit donc s’agir d’autre chose, mais nous ignorons quoi.

Jonathan contre Démétrius II. Simon reprend Bethsour. Affaire d’Asor.

54 Après cela Tryphon revint et avec lui Antiochus,u tout jeune enfant, qui commença à régner et ceignit le diadème.

u Antiochus VI Dionysos (144-142).

55 Et toutes les troupes dont Démétrius s’était débarrassé se groupèrent autour de lui et firent la guerre à Démétrius, qui fut mis en fuite et en déroute. 56 Tryphon prit les éléphants et s’empara d’Antioche.

57 Le jeune Antiochus écrivit à Jonathan en ces termes : « Je te confirme dans le souverain sacerdoce et je t’établis sur les quatre nomesv et veux que tu sois parmi les amis du roi. »

v Le quatrième nome doit être Akrabatta, cf. 5.3.

58 Il lui envoyait en même temps des vases d’or et un service de table, lui donnait l’autorisation de boire dans des coupes d’or, de porter la pourpre et l’agrafe d’or.w

w Antiochus renouvelle les faveurs accordées par son père Alexandre, cf. 10.89 (et par son rival Démétrius II). Il nommera également Jonathan stratège de Cœlé-Syrie, v. 60, tandis que son frère Simon sera stratège de la zone maritime, v. 59. Cette surenchère des rois de Syrie montre que la principauté asmonéenne représentait une réelle puissance.

59 Il institua Simon, son frère, stratège depuis l’Échelle de Tyr jusqu’aux frontières d’Égypte. 60 Jonathan partit et se mit à parcourir la Transeuphratène et les cités. Toutes les troupes de Syrie se rangèrent auprès de lui pour combattre avec lui ; arrivé à Ascalon, les habitants de la ville vinrent le recevoir magnifiquement. 61 Il se rendit de là à Gaza.x Gaza ferma ses portes, aussi en fit-il le siège, livrant sa banlieue au feu et au pillage.

x La plus méridionale des cités de l’antique Pentapole philistine, 1 S 6.17, Gaza était un centre hellénistique particulièrement hostile aux Juifs. Alexandre Jannée s’en emparera vers 100 av. J.-C., après un siège d’un an, et livrera la ville au pillage et au massacre.

62 Les gens de Gaza implorèrent Jonathan, qui leur accorda la paix mais prit comme otages les fils de leurs chefs qu’il envoya à Jérusalem. Il parcourut ensuite la contrée jusqu’à Damas.

63 Jonathan apprit que les généraux de Démétrius étaient arrivés à Kédès de Galiléey avec une nombreuse armée, pour l’écarter de sa charge,

y La Qédesh de Jos 12.22, à 36 km de Tyr où les généraux avaient pu débarquer.

64 et il s’en alla à leur rencontre, tout en laissant son frère Simon dans le pays. 65 Simon assiégea Bethsour, la combattit durant de longs jours et en bloqua les habitants

66 qui lui demandèrent de faire la paix, ce qu’il leur accorda. Leur ayant fait évacuer la place, il prit possession de la ville et y plaça une garnison.z

z Jonathan, stratège de Cœlé-Syrie, a le droit de contrôler cette importante place royale. (La victoire de Simon sera comptée parmi les jours fastes.)

67 De son côté, Jonathan avec son armée était venu camper près des eaux du Gennèsar et de grand matin il atteignit la plaine d’Asor.a

a L’ancienne métropole cananéenne de Haçor, Jos 11.10, qui n’était plus qu’une forteresse, située à une dizaine de km au nord des « eaux du Gennèsar » (le lac de Tibériade).

68 L’armée des étrangers s’avança à sa rencontre dans la plaine, après avoir détaché une embuscade contre Jonathan dans les montagnes. Tandis que cette armée marchait directement sur les Juifs, 69 les hommes de l’embuscade surgirent de leur cachette et engagèrent le combat. 70 Tous les soldats de Jonathan prirent la fuite, personne ne resta, à l’exception de Mattathias, fils d’Absalom, et de Judas, fils de Chalfi, généraux de ses troupes. 71 Alors Jonathan déchira ses vêtements, répandit de la poussière sur sa tête et pria. 72 Revenu au combat il mit en déroute l’ennemi, qui prit la fuite. 73 À cette vue, ceux des siens qui fuyaient retournèrent vers lui et ils poursuivirent ensemble l’ennemi jusqu’à Kédès où était son camp, et eux-mêmes campèrent en ce lieu. 74 Il périt en cette journée-là trois mille hommes des troupes étrangères et Jonathan retourna à Jérusalem.

Relations de Jonathan avec Rome et Sparte.

12 Jonathan, voyant que les circonstances lui étaient favorables, choisit des hommes qu’il envoya à Rome pour confirmer et renouveler l’amitié avec les Romains.b

b Ces renouvellements d’alliance sont caractéristiques de l’époque, cf. 14.18, 22. Pour le texte du traité renouvelé, cf. 8.22s.

2 Aux Spartiates et en d’autres lieux il envoya des lettres dans le même sens. 3 Ils se rendirent donc à Rome, entrèrent au Sénat et dirent : « Jonathan le grand prêtre et la nation des Juifs nous ont envoyés renouveler l’amitié et l’alliance avec eux telles qu’elles étaient auparavant. » 4 Le Sénat leur donna des lettres pour les autorités de chaque pays, recommandant de les acheminer en paix jusqu’au pays de Juda. 5 Voici la copie de la lettre que Jonathan écrivit aux Spartiates :

6 « Jonathan, grand prêtre, le sénat de la nation, les prêtres et le reste du peuple des Juifs aux Spartiates leurs frères, salut ! 7 Déjà au temps passé, une lettre fut envoyée au grand prêtre Onias de la part d’Areiosc qui régnait parmi vous, attestant que vous êtes nos frères, comme le montre la copie ci-dessous.

c « Areios » conj. d’après Josèphe ; « Darius » grec. — Areios II étant mort à huit ans, il ne peut s’agir que d’Areios Ier (309-265) et donc d’Onias Ier, contemporain d’Alexandre. La réponse à la lettre a donc tardé un siècle et demi (cf. v. 10) ! Josèphe, qui n’a pas vu que ce premier document n’est qu’une fiction diplomatique, situe l’affaire sous Onias III (mort en 174).

8 Onias reçut avec honneur l’homme qui était envoyé et prit la lettre, qui traitait clairement d’alliance et d’amitié. 9 Pour nous, quoique nous n’en ayons pas besoin, ayant pour consolation les saints livresd qui sont en nos mains,

d Les « saints livres » représentent un groupe plus large que « le livre de la Loi », 3.48, ou « le livre saint », 2 M 8.23 ; ce sont tous les livres auxquels on reconnaît une autorité divine. Le canon de l’AT se constitue alors un Psaume est cité comme « Écriture », 7.17, et le Prologue de l’Ecclésiastique (132 av. J.-C.) connaît la division en Loi, Prophètes et « autres livres » (cf. 2 M 2.13) qui restera celle de la Bible hébraïque, cf. Rm 1.2 ; 2 Tm 3.15.

10 nous avons essayé d’envoyer renouveler la fraternité et l’amitié qui nous lient à vous afin que nous ne devenions pas des étrangers pour vous, car bien des années se sont écoulées depuis que vous nous avez envoyé une missive. 11 Quant à nous, nous ne cessons pas, en toute occasion, de faire mémoire de vous aux fêtes et aux autres jours fériés, dans les sacrifices que nous offrons et dans nos prières, comme il est juste et convenable de se souvenir de ses frères.

12 Nous nous réjouissons de votre gloire. 13 Mais pour nous, tribulations et guerres se sont multipliées et les rois nos voisins nous ont combattus. 14 Nous n’avons pas voulu vous être à charge à propos de ces guerres, ni à nos autres alliés et amis, 15 car du Ciel nous vient un secours qui nous sauve. Aussi avons-nous été arrachés à nos ennemis, et ceux-ci ont été humiliés. 16 Nous avons donc choisi Nouménios, fils d’Antiochos, et Antipater, fils de Jason, et nous les avons envoyés aux Romains pour renouveler l’amitié et l’alliance qui nous unissaient à eux auparavant. 17 Nous leur avons mandé d’aller aussi chez vous, de vous saluer et de vous remettre notre lettre concernant le renouvellement de notre fraternité. 18 Et maintenant vous ferez bien de nous répondre à ce sujet. »

19 Voici la copie de la lettre qu’on avait envoyée à Onias :

20 « Areios,e roi des Spartiates, à Onias, grand prêtre, salut.

e « à Onias Areios » conj. d’après Josèphe ; « à Oniarès » grec.

21 Il a été trouvé dans un récit au sujet des Spartiates et des Juifs qu’ils sont frères et qu’ils sont de la race d’Abraham.f

f Cette légende, conforme aux fictions diplomatiques du temps, existait déjà à Sparte lorsque Jason y chercha refuge, 2 M 5.9.

22 Maintenant que nous savons cela, vous ferez bien de nous écrire au sujet de votre prospérité. 23 Quant à nous, nous vous écrivons : Vos troupeaux et vos biens sont à nous et les nôtres sont à vous.g En conséquence nous ordonnons qu’on vous apporte un message en ce sens. »

g Ce tableau idyllique trahit l’auteur de l’écrit un Juif qui trouve son idéal dans les récits sur les Patriarches.

Jonathan en Cœlé-Syrie, Simon en Philistie.

24 Jonathan apprit que les généraux de Démétrius étaient revenus avec une armée plus nombreuse qu’auparavant pour lui faire la guerre. 25 Il partit de Jérusalem et se porta à leur rencontre dans le pays de Hamath, car il ne leur donna pas le loisir d’entrer dans son territoire. 26 Il envoya des espions dans leur camp ; ceux-ci revinrent et lui annoncèrent qu’ils étaient disposés à tomber, la nuit, sur les Juifs. 27 Au coucher du soleil, Jonathan ordonna aux siens de veiller et d’avoir les armes sous la main pour être prêts au combat toute la nuit, et disposa des avant-postes tout autour du camp. 28 À la nouvelle que Jonathan et les siens étaient prêts au combat, les ennemis eurent peur et, le cœur pénétré d’épouvante, allumèrent des feux dans leur camp et s’esquivèrent.h

h « et s’esquivèrent » 2 Mss, grec luc., syr., Josèphe ; omis par le reste du grec et le lat.

29 Mais Jonathan et sa troupe ne s’aperçurent de leur départ qu’au matin, car ils voyaient briller les feux. 30 Jonathan se mit à leur poursuite mais ne les atteignit pas, parce qu’ils avaient franchi le fleuve Éleuthère.i

i L’actuel Nahr el-Kebir, qui sépare le Liban de la Syrie. C’était sans doute la frontière nord de la province de Cœlé-Syrie et Phénicie dont Jonathan était le stratège.

31 Jonathan se tourna contre les Arabes appelés Zabadéens,j les battit et s’empara de leurs dépouilles,

j Ce nom se retrouve encore dans des toponymes de l’Antiliban, par exemple Zebdâni.

32 puis, ayant levé le camp, il vint à Damas et parcourut toute la province. 33 Quant à Simon, il était parti et avait marché jusqu’à Ascalon et aux places voisines. Il se détourna sur Joppé et l’occupa. 34 Il avait appris en effet que les habitants voulaient livrer cette place forte aux partisans de Démétrius ; il y plaça une garnison pour la garder.k

k Simon agit donc en tant que stratège nommé par Antiochus VI, 11.59, mais dans son éloge de Simon, l’auteur soulignera toute l’importance que revêtait pour les Juifs la prise de ce port si disputé, 14.5.

Travaux à Jérusalem.

35 Une fois revenu, Jonathan réunit l’assemblée des anciens du peuple et décida avec eux d’édifier des forteresses en Judée, 36 de surélever les murs de Jérusalem, de dresser une haute barrière entre la Citadellel et la ville pour séparer celle-là de la ville et pour qu’elle fût isolée, afin que ses gens ne pussent ni acheter ni vendre.

l Toujours entre les mains des mercenaires de Démétrius, 11.20, que rien n’empêchait de sortir dans la ville.

37 Ils se réunirent pour rebâtir la ville : il était tombé une partie du mur du torrent qui est au levant ; il remit à neuf le quartier appelé Chaphénatha.m

m Terme à rapprocher de l’araméen kaphelta, « la double » c’est la traduction de l’hébr. ha-mishneh qui désigne le nouveau quartier, au nord-ouest du Temple, cf. 2 R 22.14. — Le « torrent » est le Cédron.

38 Quant à Simon, il rebâtit Adidan dans le Bas-Pays, la fortifia et y déposa des portes munies de verrous.

n La Hadid d’Esd 2.33, à 6 km au nord-est de Lydda, dont Simon semble avoir fait sa base, 13.13.

Jonathan tombe aux mains de ses ennemis.

39 Tryphon songeait à régner sur l’Asie, à ceindre le diadème et à mettre la main sur le roi Antiochus. 40 Redoutant que Jonathan ne le laissât pas faire et qu’il ne lui fît au besoin la guerre, il cherchait un biais pour l’appréhender et le faire périr ; s’étant mis en mouvement, il vint à Bethsân.

41 Jonathan sortit à sa rencontre avec quarante mille hommes choisis pour la bataille rangée, et vint à Bethsân. 42 Tryphon, voyant qu’il était venu avec une armée nombreuse, se garda de mettre la main sur lui. 43 Il le reçut même avec honneur, le recommanda à tous ses amis, lui fit des cadeaux et ordonna à ses amis et à ses troupes de lui obéir comme à lui-même. 44 Il dit à Jonathan : « Pourquoi as-tu fatigué tout ce peuple alors qu’il n’y a pas entre nous menace de guerre ? 45 Renvoie-les donc chez eux, choisis-toi quelques hommes pour t’accompagner et viens avec moi à Ptolémaïs. Je te livrerai cette ville ainsi que les autres forteresses, le reste des troupes et tous les fonctionnaires,o puis, prenant le chemin du retour, je m’en irai, car c’est dans ce but que je suis venu ici. »

o Tryphon reconnaît donc à Jonathan (ou fait semblant de reconnaître) sa qualité de stratège de Cœlé-Syrie et Phénicie.

46 Lui faisant confiance, Jonathan agit suivant ses dires : il renvoya ses troupes, qui regagnèrent le pays de Juda. 47 Il garda avec lui trois mille hommes dont il détacha deux mille en Galilée, et mille allèrent avec lui. 48 Lorsque Jonathan fut entré à Ptolémaïs, les Ptolémaïtes fermèrent les portes, se saisirent de sa personne et passèrent tous ceux qui étaient entrés avec lui au fil de l’épée. 49 Tryphon envoya des troupes et de la cavalerie en Galilée et dans la Grande Plaine pour exterminer tous les partisans de Jonathan. 50 Ceux-ci comprirent qu’il avait été pris et qu’il était perdu comme ceux qui se trouvaient avec lui ; ils s’encouragèrent les uns les autres et marchèrent en rangs serrés, prêts au combat. 51 Ceux qui les poursuivaient, voyant qu’ils luttaient pour leur vie, s’en retournèrent. 52 Ils arrivèrent tous sains et saufs au pays de Juda, pleurèrent Jonathan et ses compagnons et furent en proie à une grande frayeur ; tout Israël mena un grand deuil. 53 Toutes les nations d’alentour cherchèrent à les exterminer : « Ils n’ont pas de chef, disaient-ils, ni d’aide, il est temps de les attraper et nous effacerons leur souvenir du milieu des hommes. »