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Bible de Jérusalem

Sagesse 3-5

Sort comparé des justes et des impies.

3 Les âmes des justes sont dans la main de Dieu.n
Et nul tourment ne les atteindra.

n C’est-à-dire sous sa protection, cf. Dt 33.3 ; Isa 51.16 ; Jn 10.28-29, et sa dépendance, cf. Jb 12.10.

2 Aux yeux des insensés ils ont paru bien morts,
leur départ a été tenu pour un malheur
3 et leur voyage loin de nous pour un anéantissement,
mais eux sont en paix.o

o La « paix » ne signifie pas seulement l’absence de tout mal, Isa 57.2 ; Jb 3.17-18, mais un état de sécurité ou de bonheur sous la protection (v. 1) ou dans l’intimité (v. 9) de Dieu.

4 S’ils ont, aux yeux des hommes, subi des châtiments,
leur espérance était pleine d’immortalité ;p

p L’espérance, Rm 5.2, se voit assigner un rôle capital dans la vie des justes et elle a pour objet l’immortalité, athanasia. Ce mot, inusité jusque-là dans l’AT, mais familier aux Grecs, désignait, soit l’immortalité du souvenir, cf. 8.13, soit celle de l’âme. L’auteur l’emploie ici dans le second sens, mais pour signifier l’immortalité bienheureuse dans la société de Dieu en récompense de la justice, 1.15 ; 2.23. Il précise de la sorte les espérances du Psalmiste qui ne se résignait pas à perdre par la mort l’intimité de Dieu, Ps 16.10.

5 pour une légère correction ils recevront de grands bienfaits.
Dieu en effet les a mis à l’épreuveq
et il les a trouvés dignes de lui ;

q Sur l’épreuve, pierre de touche et moyen de purification du juste, cf. Gn 22.1 ; Tb 12.13 ; Jb 1.2 ; Ps 66.10 ; Si 2 ; 1 P 1.6-7.

6 comme l’or au creuset, il les a éprouvés,
comme un parfait holocauste, il les a agréés.
7 Au temps de leur visite,r ils resplendiront,
et comme des étincelles à travers le chaumes ils courront.

r Le mot, cf. Ex 3.16, désigne ici une intervention favorable de Dieu, susceptible de coïncider avec un jugement général ou partiel. L’expression elle-même, qui reproduit litt. Jr 6.15 ; 10.15 (LXX), cf. aussi Isa 44.22, indique une phase ultérieure dans la condition des âmes justes. Le verbe suivant doit signifier leur glorification définitive ; si la notion de « resplendissement » s’applique ailleurs aux élus ressuscités, Dn 12.3 ; Mt 13.43, cette doctrine d’une résurrection corporelle ne s’explicite nulle part dans le livre.

s Dans plusieurs textes bibliques, cf. Isa 1.31 ; 5.24 ; Na 1.10 ; Abd 18 ; Za 12.6 ; Ml 3.19, l’image symbolise les effets de la colère vengeresse de Dieu ou la revanche d’Israël sur ses ennemis. Elle est ici transposée et signifie peut-être la participation des justes glorifiés à l’extermination du mal, comme prélude à l’établissement du règne de Dieu, auquel ils sont associés (v. 8).

8 Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples,
et le Seigneur régnera sur eux à jamais.
9 Ceux qui mettent en lui leur confiance comprendront la véritét
et ceux qui sont fidèles demeureront auprès de lui dans l’amour,u
car la grâce et la miséricorde sont pour ses saints
et sa visite est pour ses élus.

t Une « vérité » qui justifiera leur confiance et leur révélera tout le dessein de Dieu.

u Ou bien, en coupant la phrase autrement « et ceux qui sont fidèles dans l’amour demeureront auprès de lui ». Selon la traduction adoptée, le bonheur des élus est donc fait à la fois de connaissance et d’amour.

10 Mais les impies auront un châtiment conforme à leurs pensées,
eux qui ont négligé le justev et se sont écartés du Seigneur.

v Ou « ce qui est juste ».

11 Car malheur à qui méprise sagesse et discipline :w
vaine est leur espérance,
sans utilité leurs fatigues,
sans profit leurs œuvres ;

w Formule empruntée à Pr 1.7. Le mot « sagesse » désigne la sagesse pratique qui fait vivre selon la vertu ; le mot « discipline », traduit ailleurs par « éducation » 1.5 ; 2.12, ou « instruction » 6.17 ; 7.14, résume les moyens nécessaires pour l’acquérir.

12 leurs femmes sont insensées,
pervers leurs enfants,
maudite leur postérité !

Mieux vaut la stérilité qu’une postérité impie.

13 Heureuse la femme stérilex qui est sans tache,
celle qui n’a pas connu d’union coupable ;y
car elle aura du fruit à la visite des âmes.z

x La stérilité était tenue pour un déshonneur ou un châtiment, la fécondité était le signe de la bénédiction divine. À la femme stérile mais fidèle est reconnue ici une fécondité spirituelle.

y Littéralement « qui n’a pas connu la couche dans l’infidélité ». L’auteur envisage avant tout le cas d’une Juive fidèle, mariée à un Juif fidèle, conformément aux prescriptions de la Loi. Il écarte donc non seulement l’adultère et la fornication, cf. He 13.4, mais aussi les relations conjugales à l’intérieur de mariages mixtes, Dt 7.3 ; Esd 9.1-2.

z Var. de nombreux mss lat. « de leurs âmes » ou « des âmes saintes ». — Cette « visite » doit être la même que celle mentionnée au v. 7.

14 Heureux encore l’eunuquea dont la main ne commet pas de forfait
et qui ne nourrit pas de pensées perverses contre le Seigneur :
il lui sera donné pour sa fidélité une grâce de choix,
un lot très délicieux dans le Temple du Seigneur.b

a L’eunuque était exclu de l’assemblée cultuelle d’Israël, Dt 23.2, mais Isa 56.3-5 avait annoncé sa réhabilitation au temps messianique, s’il observait fidèlement la Loi de Dieu. L’auteur prolonge et transpose ici ce dernier texte.

b C’est-à-dire dans le ciel, Ps 11.4 ; 18.7 ; Mi 1.2-3, etc. ; Ap 3.12 ; 7.15, où l’on partage la société de Dieu.

15 Car le fruit de labeurs honnêtes est plein de gloire,
impérissable est la racine de l’intelligence.c

c « L’intelligence » désigne le sage discernement des vrais biens qui fait vivre selon la vertu et assure la conformité aux exigences divines, cf. 4.9 ; 6.15 ; 7.7 ; 8.6, 18, 21. C’est une racine stable, Pr 12.3, et féconde, portant des fruits pour l’éternité, 1.15 ; 2.23.

16 Mais les enfants d’adultèresd n’atteindront pas leur maturité,
la postérité issue d’une union illégitime disparaîtra.

d Dans l’usage biblique, le mot « adultère » est appliqué à Israël ou aux Israélites infidèles à Dieu, cf. Isa 57.3 ; Jr 9.1 ; Ez 23.37 ; Os 3.1. On peut donc l’entendre de Juifs apostats ou de Juifs ayant contracté mariage avec une partie païenne, cf. 13, et non pas seulement des adultères au sens précis du terme. Cf. encore 4.3, 6.

17 Même si leur vie se prolonge, ils seront comptés pour rien
et, à la fin, leur vieillesse sera sans honneur,
18 s’ils meurent tôt, ils n’auront pas d’espérance
ni de consolation au jour de la décision,
19 car la fin d’une race injuste est cruelle !e

e Dans ce développement (cf. déjà v. 12) sur le sort misérable d’une descendance impie, l’auteur rejoint des motifs bibliques anciens les parents sont punis dans leurs enfants et ceux-ci, rendus solidaires dans le mal et le châtiment (cf. pourtant Ez 18.14-20), mourront soudainement ou ne connaîtront pas une vieillesse honorable (cf. pourtant Jb 21.7-33). La perspective d’un jugement sévère, v. 18, lorsque Dieu décidera en dernier ressort, rend le tableau plus sombre encore. Cf. 4.3-5.

4 Mieux vaut ne pas avoir d’enfants et posséder la vertu,f
car l’immortalité s’attache à sa mémoire,g
elle est en effet connue de Dieu et des hommes.

f La plupart des mss latins portent pour ce stique « Oh ! qu’elle est belle la race chaste avec éclat ». Cette leçon ne doit pas être la traduction primitive, mais elle témoigne de la tendance à retrouver dans le texte grec l’éloge de la chasteté, et une tradition patristique ancienne l’entend de la virginité. Cette interprétation ne s’impose pas, car l’auteur continue apparemment d’opposer la stérilité vertueuse (cf. 3.13) à la fécondité impie.

g L’immortalité dans le souvenir se prolonge en une immortalité personnelle conférée par Dieu, cf. 3.4.

2 Présente, on l’imite,
absente, on la regrette ;
dans l’éternité, ceinte de la couronne, elle triomphe,
pour avoir vaincu dans une compétition aux luttes sans tache.h

h Ou « dans une lutte dont les prix sont sans tache ». L’image est empruntée aux jeux athlétiques grecs. Le vainqueur y recevait une couronne et on lui faisait un cortège d’honneur. Cf. 1 Co 9.24.

3 Mais la nombreuse postérité des impies ne profitera pas ;
issue de rejetons bâtards, elle ne poussera pas de racines profondes,
elle n’établira pas de base solide.
4 Même si pour un temps elle monte en branches,
mal affermie, elle sera ébranlée par le vent,
déracinée par la violence des vents ;
5 ses rameaux seront brisés avant d’être formés,
leur fruit sera sans profit, n’étant pas mûr pour être mangé,
impropre à tout usage.
6 Car les enfants nés de sommeils coupables
témoignent, lors de leur examen,i de la perversité des parents.

i C’est-à-dire du jugement, cf. 1.9 ; 3.18 auquel seront soumis les enfants ; mais « leur » peut se rapporter également aux parents.

La mort prématurée du juste.j

7 Le juste, même s’il meurt avant l’âge, trouvera le repos.

j Une longue vie devait être la part du juste ici-bas, cf. Dt 4.40 ; 5.16 ; Jb 5.26 ; Ps 91.16 ; Pr 3.2, 16 ; 4.10 ; Si 1.12, 20, etc., tandis que l’impie était voué à une mort soudaine ou violente, Jb 15.20-23 ; 18.5-20 ; Ps 37 ; 73.18-20, etc., mais de telles affirmations étaient souvent contredites par les faits, cf. 2 R 23.29 ; Jb 21.7 ; Qo 8.12-14. L’auteur envisage ici un cas extrême, la mort d’un juste dans sa jeunesse (cf. v. 16), et il identifie la longévité avec une maturité intérieure qui atteint la vraie fin de la vie humaine et prédispose à l’immortalité bienheureuse.

8 La vieillesse honorable n’est pas celle que donnent de longs jours,
elle ne se mesure pas au nombre des années ;
9 c’est cheveux blancs pour les hommes que l’intelligence,
c’est un âge avancé qu’une vie sans tache.
10 Devenu agréable à Dieu, il a été aimé,
et, comme il vivait parmi des pécheurs, il a été transféré.k

k L’expression s’inspire du récit de l’enlèvement d’Hénok, Gn 5.24 ; Si 44.16 ; He 11.5.

11 Il a été enlevé, de peur que la malice n’altère son jugement
ou que la fourberie ne séduise son âme ;
12 car la fascination de ce qui est vil obscurcit le bien
et le tourbillon de la convoitise gâte un esprit sans malice.
13 Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière.
14 Son âme était agréable au Seigneur,
aussi est-elle sortie en hâtel du milieu de la perversité.

Les foulesm voient cela sans comprendre,
et il ne leur vient pas à la pensée

l Ou « est-il (le juste) sorti en hâte »; ou « l’a-t-il (Dieu) retirée en hâte ».

m « Les foules », litt. « les peuples » (var. « les autres ») :ce mot, repris plus loin par « impies » (v. 16), étonne quelque peu. D’autre part la construction de la phrase est compliquée par une anacoluthe. Il est possible que l’ordre primitif des vv. dans cette section ait été troublé.

15 que la grâce et la miséricorde sont pour ses élus
et sa visite pour ses saints.
16 Le juste qui meurt condamne les impies qui vivent,
et la jeunesse vite consommée, la longue vieillesse de l’injuste.
17 Ils voient la fin du sage,
sans comprendre les desseins du Seigneur sur lui,
ni pourquoi il l’a mis en sûreté ;
18 ils voient et méprisent,
mais le Seigneur se rira d’eux.
19 Après cela ils deviendront un cadavre méprisé,
un objet d’outrage parmi les morts à jamais.n
Car il les brisera, précipités, muets, la tête la première.
Il les ébranlera de leurs fondements,
jusqu’à la fin ils seront dévastés,
en proie à la douleur,
et leur mémoire périra.

n Parce qu’il n’aura pas reçu les honneurs d’une sépulture, ce qui est un terrible châtiment. Cf. Isa 14.19 ; Jr 22.19 ; 36.30 ; Ez 29.5.

Les impies comparaîtront en jugement.o

20 Et quand s’établira le compte de leurs péchés, ils viendront pleins d’effroi ;
et leurs forfaits les accuseront en face.

o C’est bien une scène de jugement, lorsque Dieu « fera le compte » des péchés ou lorsqu’il faudra « rendre compte » de ceux-ci. Mais ce jugement concerne les seuls impies, car les justes sont déjà admis auprès de Dieu, cf. 5: 4-5. L’auteur s’intéresse moins au prononcé de la sentence qu’à l’état d’âme des pécheurs, torturés par une conscience coupable, cf. 17.10. Leur confession, 5.4-13, contraste avec les propos tenus jadis, 2.1-20.

5 Alors le justep se tiendra debout, plein d’assurance,
en présence de ceux qui l’opprimèrent,
et qui, pour ses labeurs, n’avaient que mépris.

p Le terme doit avoir la même portée qu’en 2.12s, cf. 2.20. Il semble même généraliser davantage. Cependant certains critiques relèvent ensuite des correspondances avec le Serviteur, Isa 53, voire même avec le Maître de justice des textes de Qumrân. Le développement fait penser à une figure exemplaire, représentant tous ceux qui subissent des épreuves semblables et connaîtront la même revanche dans l’au-delà.

2 À sa vue, ils seront troublés par une peur terrible,
stupéfaits de le voir sauvé contre toute attente.
3 Ils se diront entre eux, saisis de regrets
et gémissant,q le souffle oppressé :

q « gémissant » lat., copte ; « ils gémiront » grec.

4 « Le voilà, celui que nous avons jadis tourné en dérision
et dont nous avons fait un objet d’outrage, nous, insensés !
Nous avons tenu sa vie pour folie,
et sa fin pour infâme.
5 Comment donc a-t-il été compté parmi les fils de Dieu ?
Comment a-t-il son lot parmi les saints ?r

r « fils de Dieu » et « saints » peuvent désigner les anges :cf. d’une part Jb 1.6 ; Ps 29.1 ; 82.1 ; 89.7 ; d’autre part Jb 5.1 ; 15.15 ; Ps 89.6, 8 ; Si 42.17 ; Dn 4.14 ; Za 14.5. Mais à cause de 2.18, plusieurs identifient les « fils de Dieu » avec les élus qui partagent dans le ciel l’intimité de Dieu et qui sont susceptibles également d’être appelés « saints » cf. Ps 16.3 ; 34.10 ; Isa 4.3 ; Dn 7.18, 21, 22 ; 8.24.

6 Oui, nous avons erré hors du chemin de la vérité ;
la lumière de la justice n’a pas brillé sur nous,
le soleil ne s’est pas levé pour nous.
7 Nous nous sommes rassasiés dans les sentiers de l’iniquité et de la perdition,
nous avons traversé des déserts sans chemins,
et la voie du Seigneur, nous ne l’avons pas connue !
8 À quoi nous a servi l’orgueil ?
Que nous ont valu richesse et jactance ?
9 Tout cela a passé comme une ombre,
comme une nouvelle fugitive.
10 Tel un navire qui parcourt l’onde agitée,
sans qu’on puisse découvrir la trace de son passage
ni le sillage de sa carène dans les flots ;
11 tel encore un oiseau qui vole à travers les airs,
sans que de son trajet on découvre un vestige ;
il frappe l’air léger, le fouette de ses plumes,
il le fend en un violent sifflement,
s’y fraie une route en remuant les ailes,
et puis, de son passage on ne trouve aucun signe ;
12 telle encore une flèche lancée vers le but ;
l’air déchiré revient aussitôt sur lui-même,
si bien qu’on ignore le chemin qu’elle a pris.
13 Ainsi de nous : à peine nés, nous avons disparu,s
et nous n’avons à montrer aucune trace de vertu ;
dans notre malice nous nous sommes consumés ! »t

s Entre ces deux extrêmes aucune valeur durable n’a rempli leur existence.

t La plupart des mss latins ajoutent « Voilà ce que disent dans l’enfer ceux qui ont péché ». Cette glose ancienne, passée dans le texte, est comptée par la Vulgate comme v. 14.

14 Oui,u l’espoir de l’impie est comme la bale emportée par le vent,
comme l’écumev légère chassée par la tempête ;
il se dissipe comme fumée au vent,
il passe comme le souvenir de l’hôte d’un jour.

u L’auteur conclut maintenant cette confession des damnés avec d’autres images :l’impie voit son espoir de bonheur (cf. 3.11, 18) frustré à jamais, car il s’est attaché à des biens inconsistants.

v « écume » lat., syr. ; « givre » grec (sauf quelques mss qui lisent « toile d’araignée »).

Destinée glorieuse des justes et châtiment des impies.w

15 Mais les justes vivent à jamais,x
leur récompense est auprès du Seigneur,y
et le Très-Haut a souci d’eux.

w L’auteur évoque, par contraste, la vie des justes, assurés d’une récompense éternelle, vv. 15-16-b, protégés par Dieu, v. 16c-d, contre les fléaux déchaînés pour le châtiment final des impies, vv. 17-23. Ce châtiment est décrit en termes d’apocalypse, avec la reprise des images d’un grand combat, Ez 38-39 ; Isa 24-26, et de bouleversements cosmiques, Am 8.8-9. Cette section fait peut-être allusion à un événement eschatologique distinct.

x De la vraie vie dans l’intimité avec Dieu. Commencée sur terre, cette vie ne finit jamais.

y Ou « leur récompense est dans le Seigneur », qui est leur « part », Ps 16.5-6 ; 73.26.

16 Aussi recevront-ils la couronne royale magnifique
et le diadème de beauté, de la main du Seigneur ;
car de sa droite il les protégera,
et de son bras, comme d’un bouclier, il les couvrira.

17 Pour armure,z il prendra son ardeur jalouse,
il armera la création pour repousser ses ennemis ;

z Cette « armure », inspirée d’Isa 59.16-17, symbolise les attributs du Dieu justicier qui s’enferme dans sa volonté de châtier et la met à exécution en déchaînant les éléments.

18 pour cuirasse il revêtira la justice,
il mettra pour casque un jugement irrévocable,
19 il prendra pour bouclier la sainteté invincible ;
20 de sa colère inexorable il fera une épée tranchante,a
et l’univers ira au combat avec lui contre les insensés.b

a Sur cette « épée » divine, cf. Dt 32.41 ; Isa 66.16 ; Ez 21.

b Dans la Bible, Dieu utilise souvent la nature pour exercer ses jugements. L’auteur accentue ici cette idée et il le fera davantage encore en revenant sur les événements de l’Exode (cf. en particulier 16 et 19). La description suivante reprend divers motifs anciens, transposés déjà en contexte eschatologique.

21 Traits bien dirigés, les éclairs jailliront,c
et des nuages, comme d’un arc bien bandé, voleront vers le but ;

c L’orage est la représentation traditionnelle de l’intervention divine, cf. Ex 19.16. Sur les « traits », cf. Ps 18.15 ; Ha 3.11 ; Za 9.14.

22 une baliste lancera des grêlonsd chargés de courroux,
les flots de la mer contre eux feront rage,
les fleuves les submergeront sans merci,e

d Comme au temps de l’Exode, Ex 9.23-25, et de Josué, Jos 10.11, et comme dans les jugements de Dieu annoncés par les prophètes, Isa 28.17 ; Ez 13.13 ; 38.22 ; cf. Ap 8.7 ; 11.19 ; 16.21.

e Comme la mer des Roseaux engloutit les Égyptiens, Ex 14.26s, et comme le Qishôn roula les cadavres des soldats de Sisera, Jg 5.21. Le déchaînement des eaux est le symbole des grandes calamités, Ps 18.5.

23 un souffle puissant se lèvera contre eux
et les vannera comme un ouragan.
Ainsi l’iniquité dévastera la terre entière
et la malfaisance renversera des trônes de puissants.