8 Lorsque Samuel fut devenu vieux, il établit ses fils comme juges pour Israël.
n C’est un tournant important dans l’histoire politique et religieuse d’Israël. Le sanctuaire de l’arche à Silo a été détruit et l’unité est menacée, en face du péril philistin qui grandit. Renouvelant l’offre faite à Gédéon, Jg 8.22s, et la tentative d’Abimélek, Jg 9.1s, une partie du peuple demande un roi, « comme les autres nations », mais un autre courant d’opinion s’y oppose, laissant à Yahvé, seul maître d’Israël, le soin de susciter les chefs que les circonstances exigent, comme il faisait au temps des Juges. Ces deux courants trouvent leur expression dans les récits juxtaposés de l’institution monarchique. Mais il est abusif de parler d’une « version antimonarchiste », 8 ; 10.17-24 ; 12, et d’une « version monarchiste », 9.1—10.16 ; 11. Ces traditions diverses, provenant de différents sanctuaires, s’accordent sur le rôle historique et religieux de Samuel. Son importance est d’avoir fait prévaloir une royauté qui respectait les droits de Dieu sur le peuple. Après l’échec du règne de Saül, cela se réalisera sous David. Sa grande personnalité conciliera l’aspect religieux et l’aspect profane de la monarchie en Israël et, en lui, le chef politique ne manquera pas aux devoirs de l’Oint de Yahvé. Mais cet idéal ne sera plus atteint par ses successeurs, et David restera la figure du Roi de l’avenir, par qui Dieu opérera le salut de son peuple, l’Oint du Seigneur, le Messie.
o Ce récit est originaire du sanctuaire de Rama. Samuel s’oppose au mouvement du peuple qui veut un roi « comme les autres nations », cf. v. 5, mais il n’est pas contre une monarchie qui reconnaîtrait les prérogatives de Yahvé.
p Israël oublie qu’il n’est pas un peuple comme les autres, il se profane en suivant leur exemple, et en rejetant son véritable roi, Yahvé, cf. v. 7 et 12.12.
10 Samuel répéta toutes les paroles de Yahvé au peuple qui lui demandait un roi.
q Ce « droit du roi » a longtemps été considéré comme reflétant les abus du pouvoir royal sous Salomon et ses successeurs. Mais les textes récemment découverts indiquent qu’il représente la pratique des royaumes cananéens antérieurs à Israël.
12 Il les établira chefs de mille et chefs de cinquante ; il leur fera labourer son labour, moissonner sa moisson, fabriquer ses armes de guerre et les harnais de ses chars.
r En hébreu le mot « serviteur » désigne quelqu’un qui est soumis à un autre. Ici le terme désigne, comme au v. 15, les fonctionnaires royaux, mais suggère un autre statut au v. 16 à cause du parallélisme avec le mot « servantes » ; au v. 17 il désigne les sujets d’un roi.
19 Le peuple refusa d’écouter la voix de Samuel et dit : « Non ! Nous aurons un roi
s La fin du v., rédactionnelle, permet d’insérer 9.1—10.16, le récit de l’onction de Saül.
9 Il y avait un homme de Benjamin qui s’appelait Qish, fils d’Abiel, fils de Çeror, fils de Bekorat, fils d’Aphiah, fils d’un Benjaminite, un homme vaillant.
t Le récit 9.1—10.16 est sans lien avec ce qui précède. Il provient de Rama, et suppose que Saül a été oint encore jeune et que cette onction est restée secrète, comme pour David, 16. Mais l’onction est associée à la prise de pouvoir. Il est sûr que Saül a été oint, 24.7, 11 ; 26.9, 11, 16, 23 ; 2 S 1.14-15, il est vraisemblable qu’il l’a été par Samuel, mais nous ne savons pas dans quelles circonstances. L’histoire est centrée sur Saül, et Samuel est présenté non comme un juge mais comme un prophète que Saül rencontre par hasard. La royauté est voulue par Yahvé, le premier roi est son élu.
u Nom qui signifie « demandé » (à Dieu). La précision sur la haute taille de Saül en fin de v. vient de 10.23.
3 Les ânesses appartenant à Qish, père de Saül, s’étant égarées, Qish dit à son fils Saül : « Prends avec toi l’un des jeunes gens. Lève-toi, pars à la recherche des ânesses. »
v Sans doute Rama, la ville de Samuel, 7.17.
7 Saül dit au jeune homme : « Si nous y allons, qu’apporterons-nous à l’homme de Dieu ? Le pain a disparu de nos sacs et nous n’avons pas de présent à apporter à l’homme de Dieu. Qu’avons-nous ? »w
w On ne consultait pas un prophète sans lui faire un présent, Nb 22.7 ; 1 R 14.3 ; 2 R 4.42 ; 5.15 ; 8.8. Cf. Am 7.12 ; Mi 3.11 ; Ez 13.19.
x Terme rare pour désigner un prophète. Le v. 9, glose mal insérée dans le texte, explique l’équivalence entre « voyant » et « prophète » afin de préparer le v. 11.
11 Comme ils gravissaient la montée de la ville, ils rencontrèrent des jeunes filles qui sortaient pour puiser l’eau et ils leur demandèrent : « Le voyant est-il ici ? »
y Les hauts lieux étaient des sanctuaires établis sur une hauteur au voisinage des villes. Ils existaient dans la tradition cananéenne, Yahvé y remplaça Baal, Jg 6.25s, et le culte légitime les toléra longtemps, 1 R 3.4s, jusqu’à ce qu’ils soient interdits par la loi sur l’unité du sanctuaire, Dt 12.2.
Maintenant, montez, car lui, vous le trouverez sur-le-champ. »
z Le repas est un élément essentiel du sacrifice de communion, cf. Lv 3.1.
14 Ils montèrent donc à la ville. Comme ils entraient dans la ville, Samuel sortait à leur rencontre pour monter au haut lieu.
a Littéralement « avait découvert l’oreille ». Image assez fréquente qui traduit l’idée d’un message ou avertissement d’une personne à une autre, cf. 20.2 12-13 ; 22.8 17.
b La fin du v. s’inspire d’Ex 3.7, 9, ce que le grec a bien vu en parlant de « la misère de mon peuple ».
c Première annonce de l’élévation de Saül.
22 Samuel prit Saül et le jeune homme. Il les introduisit dans la salle et leur donna une place en tête des invités, qui étaient une trentaine.
d Texte difficile. Il semble qu’une part de choix a été prélevée pour faire de Saül le président du repas, lui attribuant ainsi le droit de se dire le convocateur des invités. L’action et la parole mettent en relief le futur rôle de Saül et anticipent sur ce que fera et dira Samuel le lendemain.
25 Ils descendirent du haut lieu à la ville. Il parla avec Saül sur la terrasse.e
e La terrasse est à la fois le lieu de l’entretien entre Samuel et Saül et celui où Saül a dormi et où il est interpellé par Samuel. La narration est ici très habile.
Or, dès que monta l’aurore, Samuel appela Saül sur la terrasse en lui disant : « Lève-toi, je vais te laisser partir. » Saül se leva, et tous les deux, lui et Samuel sortirent au-dehors.
f Les rois d’Israël étaient oints par un homme de Dieu (prêtre ou prophète), cf. 16.13 ; 1 R 1.39 ; 2 R 9.6 ; 11.12. Ce rite donnait au roi un caractère sacré et faisait de lui le vassal de Yahvé : il était « l’oint de Yahvé », cf. 2.35 ; 24.7, 11 ; 26.9, 16, et voir Ex 30.22.
10 Samuel prit la fiole d’huile, la versa sur la tête de Saül, puis il l’embrassa et dit : « N’est-ce pas Yahvé qui t’a oint comme chef sur son héritage ? C’est toi qui jugeras le peuple de Yahvé et le délivreras de la main de ses ennemis d’alentour. Et voici pour toi le signe que Yahvé t’a oint comme chef sur son héritage.
g Nom de lieu de localisation incertaine.
h « deux pains » hébr. ; le grec précise « deux offrandes de pain ». Le mot « offrandes » a été supprimé parce qu’à une époque tardive il désignait ce qui était destiné aux prêtres alors que Saül était laïc, cf. Lv 23.17 20.
i Autre nom de Gibéa, la patrie de Saül, vv. 10s ; 11.4 ; 15.34.
j Ce pluriel est curieux et les versions ont lu le sing. Cette précision prépare 13.3.
k Ces « prophètes », vivant en groupes, demandaient à la musique et à la gesticulation une extase qui devenait contagieuse, 19.20-24 ; 1 R 22.10s. On leur a comparé les confréries de derviches modernes. Les voisins d’Israël connaissaient (ainsi les prophètes de Baal, 1 R 18.25-29) cette forme inférieure de vie religieuse que le culte de Yahvé toléra longtemps, 1 R 18.4. On les retrouve, assagis, dans l’entourage d’Élisée, 2 R 2.3. Les grands prophètes d’Israël seront d’une autre classe, voir l’Introduction aux Prophètes.
6 Alors l’esprit de Yahvé fondra sur toi, tu entreras en transe avec eux et tu seras changé en un autre homme.
l Près de Jéricho, cf. Jos 4.19. Le v. 8 est une insertion préparant 13.8-15, qui vient d’une source différente.
9 Dès qu’il eut tourné le dos pour quitter Samuel, Dieu lui changea le cœur et tous ces signes s’accomplirent le jour même.
m Le récit ne s’attarde pas sur l’accomplissement des deux premiers signes. Le troisième est d’ailleurs de nature différente et s’appuie sur un proverbe que l’on retrouve en 19.18-24.
n La question laisse entendre que ce groupe ne peut se réclamer d’un fondateur ou d’un ancêtre prestigieux. Ce jugement négatif rejaillit sur Saül dont la présence étonne.
13 Lorsqu’il fut sorti de transe, Saül arriva en haut lieu.
15 L’oncle de Saül lui dit : « Raconte-moi donc ce que Samuel vous a dit. »
16 Saül dit à son oncle : « Il nous a bien raconté que les ânesses étaient retrouvées », mais il ne lui raconta pas l’affaire de la royauté, que Samuel avait dite.
17 Samuel convoqua le peuple auprès de Yahvé à Miçpa
o Tradition du sanctuaire de Miçpa, cf. 7.5, parallèle à celle de l’onction, 9.26—10.16. Pour ce tirage au sort, cf. Jos 7.14-18.
20 Samuel fit approcher toutes les tribus d’Israël et la tribu de Benjamin fut désignée par le sort.
p Le processus de tirage au sort est ici très simplifié.
22 On consulta encore Yahvé : « Est-il venu ici quelqu’un d’autre ? » Et Yahvé dit : « Le voici caché parmi les bagages. »
25 Samuel exposa au peuple le droit de la royautéq et il l’écrivit dans le livre qu’il déposa devant Yahvé. Samuel renvoya tout le peuple, chacun chez soi.
q Ce « droit de la royauté », cf. 8.11-13, est ici un texte écrit, une « constitution », un traité qui lie le roi et le peuple, cf. 2 R 11.17.
r Littéralement « il fut comme silencieux ».
11 Nahash l’Ammonite monta assiéger Yabesh de Galaad. Tous les gens de Yabesh dirent à Nahash : « Conclus avec nous un traité et nous te servirons. »
s Tradition de Gilgal indépendante des précédentes rien n’indique que Saül ait déjà été oint, ni acclamé roi par le peuple. Le récit rappelle ceux des « grands » Juges. Mais la différence est qu’après la victoire, Saül n’est pas reconnu comme juge, il est proclamé roi ; et la différence est considérable.
5 Or, voici que Saül revenait des champs derrière ses bœufs. Saül dit : « Qu’a donc le peuple à pleurer ainsi ? » On lui raconta les propos des hommes de Yabesh,
t L’action de Saül est ici placée sous l’autorité de Samuel le juge, cf. 7.2.
u L’énormité des chiffres et la distinction entre Israël et Juda trahissent une main tardive.
v On ne sait à quoi s’adresse la réponse. À Nahash ? C’est ce que l’on peut comprendre à la suite du v. 3. Elle peut aussi s’adresser aux envoyés de Saül.
w Les gens de Yabesh jouent sur le mot qui peut signifier « attaquer » ou « se rendre » (comme au v. 3).
11 Le lendemain, Saül disposa le peuple en trois corps. Ils pénétrèrent au milieu du camp à la veille du matin, et ils battirent les Ammonites jusqu’au plus chaud du jour. Les survivants se dispersèrent, il n’en resta pas deux ensemble.
12 Le peuple dit à Samuel : « Qui donc disait : « Saül régnera-t-il sur nous ? » Livrez ces gens, que nous les mettions à mort. »
x La suite originelle du v. 11 est au v. 15 ; au lendemain de la victoire, le peuple acclame Saül comme roi. Mais, d’après le récit parallèle, Saül a déjà été proclamé roi à Miçpa, 10.24. Les vv. 12-14 accordent les deux récits Saül n’a pas été reconnu par tous, cf. 10.27, il faut « renouveler » son intronisation.
14 Puis Samuel dit au peuple : « Venez et allons à Gilgal et nous y renouvellerons la royauté. »
15 Tout le peuple alla à Gilgal et là on fit Saül roi devant Yahvé. Là on offrit des sacrifices de communion devant Yahvé. Là Saül et tous les hommes d’Israël se livrèrent à de grandes réjouissances.
12 Samuel dit à tout Israël : « Voici que je vous ai écouté en tout ce que vous m’avez dit et j’ai fait régner un roi sur vous.
y À ce « discours d’adieux » de Samuel, comparer ceux de Moïse, Dt 29.30, et de Josué, Jos 23. Au début de chaque nouvelle étape de l’histoire — la conquête, les juges, la monarchie, — le grand personnage de l’époque qui s’achève rappelle les grandes actions de Dieu dans le passé et promet son assistance pour l’avenir, à condition que le peuple reste fidèle. Pour Moïse et pour Josué, ces « adieux » sont liés à un renouvellement de l’alliance, Dt 31 ; Jos 24, qui est implicite ici, vv. 7-15. Le lieu est probablement Gilgal, comme en 11.15.
z Le début de ce discours, v. 6-15, est dans le style deutéronomique.
a Ce rappel historique ne reprend pas toutes les étapes de l’histoire d’Israël avec Dieu, mais en offre un raccourci.
b Nom d’un juge inconnu par ailleurs.
12 « Cependant, lorsque vous avez vu Nahash, le roi des Ammonites, marcher contre vous, vous m’avez dit : « Non ! Il faut qu’un roi règne sur nous. » Pourtant, Yahvé votre Dieu, c’est lui votre roi !
14 Si vous craignez Yahvé et le servez, si vous écoutez sa voix et ne vous révoltez pas contre les ordres de Yahvé, vous ainsi que le roi qui règne sur vous, vous suivrez Yahvé, votre Dieu, c’est bien !
c Le châtiment à l’égard des pères, à première vue étonnant, peut s’exercer selon la mentalité ancienne par la violation de leur sépulture.
16 « Maintenant encore, présentez-vous et voyez cette grande chose que Yahvé opère sous vos yeux.
d Une époque où il ne pleut jamais en Palestine.
18 Samuel invoqua Yahvé et celui-ci fit tonner et pleuvoir le jour même, et tout le peuple eut une grande crainte de Yahvé et de Samuel.
20 Samuel dit au peuple : « Ne craignez pas. Vous avez commis tout ce mal. Seulement, ne vous écartez pas de Yahvé et servez-le de tout votre cœur.
e Le mot « idoles » n’est pas prononcé, mais le pronom pluriel (hemmah en hébr.) suffit à les évoquer pour les condamner.
13 Saül était âgé de... ans lorsqu’il devint roi, et il régna deux ans sur Israël.g
f Les chap. 13-14 présentent de manière rapide le règne de Saül, avec introduction, 13.1, et conclusion, 14.47-52. Mais ils ne racontent que l’assassinat d’un préfet philistin, la réaction des Philistins et la bataille de Mikmas, qui ne dure qu’un jour. Le chap. 13 est composite. Les vv. 16-18 et 23 appartiennent au récit ancien, qui se continue au chap. 14. Les vv. 7-15 sont une composition plus récente. Aucune allusion ne sera faite ensuite à ce premier rejet de Saül, qui paraît être une anticipation du chap. 15, où ce rejet devient le sujet principal. Après le chap. 15, le roi Saül demeure présent dans les récits regroupés dans les chap. 16-31, mais le héros principal en est David.
g L’âge de Saül à son avènement n’était sans doute pas connu et il est resté en blanc dans les manuscrits. La durée de son règne est réduite à deux ans mais ceci est sans doute dû à une considération théologique, cette durée passant pour être celle de mauvais roi, cf. Ishboshet, 2 S 2.10.
2 Saül se choisit trois mille hommes d’Israël : il y en eut deux mille avec Saül à Mikmas et dans la montagne de Béthel, il y en eut mille avec Jonathan à Gibéah de Benjamin, et Saül renvoya le reste du peuple chacun à sa tente.i
h L’hébr. alterne les noms de Gibéa et de Géba, mais l’exacte transmission de ces noms est une difficulté des chap. 13-14. — Jonathan est le fils aîné de Saül ; lorsqu’il est fait mention de lui, c’est déjà un guerrier, apte à d’heureux coups de main.
i Débris d’une tradition indépendante.
3 Jonathan frappa le préfet des Philistins qui se trouvait à Géba et les Philistins l’apprirent. Saül fit sonner du cor dans tout le pays en disant : « Que les Hébreuxj l’apprennent ! »
j Le mot « Hébreux » semble désigner une population plus large que les seuls Israélites, population qui hésite à se ranger du côté de Saül, tantôt fuyant le pays (13.7), tantôt se mettant du côté des Philistins (14.21). Ce sont souvent des étrangers qui appellent les Israélites Hébreux (14.11 ; cf. 4.6, 9).
k Interprété « maison de vanité » est devenu un sobriquet de Béthel, cf. Am 5.5. Mais ici et dans d’autres passages, ce nom doit désigner une ville différente, non localisée.
Saül était encore à Gilgal et derrière lui le peuple tremblait.
l C’est le drame du règne de Saül choisi par Yahvé, il a sauvé son peuple, 11 et 14 ; cependant il est rejeté par Yahvé, 13 et 15. Depuis la préférence accordée à Jacob sur Ésaü, Gn 25.23, cf. Rm 9.13, et l’élection d’Israël, Dt 7.6 ; Am 3.2, jusqu’à la vocation des Apôtres, celle de saint Paul, celle de tout chrétien, toute l’Histoire Sainte proclame la gratuité des choix divins. Mais elle proclame aussi que le maintien de la grâce dépend de la fidélité de l’élu. Saül a été infidèle à sa vocation.
10 Comme il achevait d’offrir l’holocauste, voici que Samuel arriva. Saül sortit à sa rencontre pour le saluer.
m On voit mal quelle fut la faute de Saül. Il a attendu sept jours, selon l’ordre donné. Il a lui-même offert un sacrifice, mais cela ne choquait pas la conception ancienne, cf. 14.32-35. La raison du rejet sera plus clairement donnée au chap. 15.
n Il s’agit de David.
o On suit le grec ; hébr. a sauté du premier au deuxième « Gilgal ».
16 Saül, son fils Jonathan et le peuple qui était avec eux demeuraient à Géba de Benjamin et les Philistins campaient à Mikmas.q
p Au v. 16 commence le récit ancien de la bataille de Mikmas. Les vv. 19-22 sont une parenthèse.
q Séparés par le profond Wadi Suweinit, que traversa Jonathan, 14.4s.
r Ces trois bandes vont ravager tout le pays occupé par la tribu de Benjamin.
19 On ne trouvait plus de forgeron dans tout le pays d’Israël, car les Philistins s’étaient dit : « Il ne faut pas que les Hébreux fabriquent des épées ou des lances. »
s L’abondance des termes techniques pour désigner des outils rend la traduction incertaine.
23 Un poste de Philistins sortit vers la passe de Mikmas.
14 Un jour le fils de Saül, Jonathan, dit à son écuyer :t « Viens, traversons jusqu’au poste des Philistins qui est de l’autre côté », mais il n’avertit pas son père.
t Littéralement « le jeune homme qui portait ses armes », cf. 14.6, 7, 12.
u Localité benjaminite, cf. Isa 10.28.
4 Parmi les passages que Jonathan cherchait à traverser pour attaquer le poste des Philistins, l’un d’eux avait une dent de rocher d’un côté et une dent de rocher de l’autre ; l’une s’appelait Boçèç, et l’autre Senné.
v Jonathan procède à une sorte de consultation divine, car il demande un présage pour connaître la volonté de Dieu qui seul donne la victoire, cf. Jg 7.9-15. D’ailleurs le récit montre la disproportion entre l’action humaine et son résultat.
11 Ils se laissèrent donc découvrir tous les deux par le poste des Philistins. Les Philistins dirent : « Voici des Hébreux qui sortent des trous où ils se cachaient. »
12 Les hommes du poste, s’adressant à Jonathan et à son écuyer, dirent : « Montez vers nous, que nous vous apprenions quelque chose. » Alors Jonathan dit à son écuyer : « Monte derrière moi, car Yahvé les a livrés aux mains d’Israël. »
14 Ce premier coup porté par Jonathan et son écuyer frappa une vingtaine d’hommes sur environ la moitié d’un champ de labour, un arpent de terre.w
w La fin du v. est de traduction difficile.
15 Ce fut la terreur dans le camp, dans la campagne et dans tout le peuple ; le poste et le corps de destruction furent terrifiés eux aussi, la terre trembla et ce fut une terreur de Dieu.
18 Alors Saül dit à Ahiyya : « Apporte l’arche de Dieu. » En effet ce jour-là l’arche de Dieu était avec les Israélites.x
x L’arche de Dieu qui est entre les mains du prêtre Ahiyya est ici une boîte qui contient les jetons divinatoires. Un rédacteur tardif l’a confondue avec l’arche prise par les Philistins (5-6), d’où l’incise qui suit l’ordre de Saül.
y Le prêtre va tirer les sorts ; Saül l’arrête et, sans plus consulter, marche au combat.
Le combat s’étendit au-delà de Bet-Avén.a
z Deux traditions sont mêlées. 1° Saül a ordonné un jeûne jusqu’au soir, v. 24, le peuple l’observe puis se jette sur le butin sans observer les prescriptions rituelles, vv. 31-35. 2° Saül a ordonné un jeûne, v. 24 ; Jonathan, ignorant l’interdit, le transgresse, vv. 25-30, il est désigné comme coupable par le sort, vv. 36-46.
a Hébr., cf. 13.5 ; versions « Bet-Horôn ».
b Ce jeûne de circonstance est un moyen d’obtenir la victoire, qui est donnée par Dieu.
25 Tout le peuple était entré dans la forêt. À la surface du sol il y avait du miel.c
c Le v. forme doublet avec le v. suivant, signe probable de la dualité des traditions.
26 Le peuple était entré dans la forêt et voici qu’il y coulait du miel, mais personne ne porta la main à sa bouche, car le peuple redoutait le serment juré.
27 Cependant Jonathan n’avait pas entendu son père imposer le serment au peuple. Il avança le bout du bâton qu’il avait à la main et le plongea dans le rayon de miel, puis il ramena la main à sa bouche ; alors ses yeux s’éclairèrent.d
d Affamé, Jonathan ne voit plus très bien ; en mangeant du miel sa vue redevient normale.
28 Mais quelqu’un du peuple prit la parole et dit : « Ton père a imposé ce serment au peuple : « Maudit soit l’homme, a-t-il dit, qui mangera de la nourriture aujourd’hui. Et le peuple est épuisé. » »
31 Ce jour-là, on battit les Philistins depuis Mikmas jusqu’à Ayyalône et le peuple était complètement épuisé.
e Les Philistins sont refoulés par leur route ordinaire d’invasion. C’est vraiment une grande victoire la montagne, cœur du royaume, est libérée.
f La pratique de manger au-dessus du sang est un interdit ancien, cf. Lv 19.26 ; elle était liée à la divination et à la communication avec le monde infernal.
g Cette pierre va servir d’autel, cf. 6.14 ; Jg 6.20 ; 13.19 pour faire de l’abattage une immolation rituelle, cf. Lv 17.1.
36 Saül dit : « Descendons de nuit à la poursuite des Philistins et pillons-les jusqu’au lever du jour ; nous ne leur laisserons pas un homme. » On lui répondit : « Fais tout ce qui te semble bon. » Mais le prêtre dit : « Approchons-nous ici de Dieu. »h
h Le prêtre invite à consulter Dieu selon la technique suggérée en 14.18. La réponse semble bien avoir été négative.
38 Alors, Saül dit : « Approchez ici, vous tous, chefs du peuple ! Comprenez et voyez en quoi a consisté le péché d’aujourd’hui.
41 Saül dit à Yahvé : « Yahvé, Dieu d’Israël, pourquoi n’as-tu pas répondu à ton serviteur aujourd’hui ? Si la faute est sur moi ou sur Jonathan, mon fils, Yahvé, Dieu d’Israël, donne urim ; si la faute est sur ton peuple Israël, donne tummim. »i Saül et Jonathan furent désignés et le peuple mis hors de cause.
i La parole de Saül à Dieu est presque totalement reconstituée à partir du grec, car l’hébr. a fait un saut du premier « Israël » au 3e. Le texte montre comment on consultait Dieu à partir de deux dés contenus dans une boîte ou éphod ; on les appelait urim et tummim (la valeur des mots est incertaine) et on leur donnait une signification conventionnelle. C’était donc une réponse par oui ou par non, cf. 23.10-12, et la consultation était parfois longue. Le maniement des sorts était réservé aux prêtres lévites, Nb 27.21 ; Dt 33.8. L’usage tomba en désuétude après le règne de David et ne fut pas rétabli, cf. Esd 2.63 = Ne 7.65. Mais le nom resta attaché à un détail du costume du grand prêtre, cf. Ex 28.30 ; Lv 8.8 et Ex 28.6.
43 Alors Saül dit à Jonathan : « Raconte-moi ce que tu as fait. » Jonathan le lui raconta. Il lui dit : « Vraiment j’ai goûté avec le bout du bâton que j’avais en main un peu de miel. Je suis prêt à mourir. »
46 Saül remonta, délaissant les Philistins et les Philistins gagnèrent leur pays.
47 Saül avait pris la royauté sur Israël et fit la guerre de tous côtés contre tous ses ennemis, contre Moab, les Ammonites, Édom, le roi de Çoba et les Philistins ; où qu’il se tournât, il agissait en sauveur.k
j Sommaire analogue à 7.13-15 (Samuel) et 2 S 8 (David). Cf. aussi 2 S 3.2-5 ; 5.13-16 ; 20.23-26.
k « agissait en sauveur », en supposant l’hébr. yoshîa`. Le TM (yarshîa` « faisait le mal ») et, dans une moindre mesure, les versions (était « victorieux ») veulent atténuer le fait que Saül était désigné comme « sauveur », ce qui était démenti par le chap. 15.
49 Saül eut pour fils Jonathan, Ishyol et Malki-Shua. Les noms de ses deux filles étaient Mérab pour l’aînée et Mikal pour la cadette.
l C’est-à-dire « l’homme de Yahvé ». C’est le même personnage qui est appelé Ishbaal, « l’homme du Maître » en 1 Ch 8.33, et Ishboshet, « l’homme de honte » dans l’hébr. de 2 S 2.8, etc., où « honte » remplace « Baal », nom du Dieu cananéen. Comparer la liste des fils de Saül en 31.2.
52 Il y eut une guerre acharnée contre les Philistins tant que vécut Saül. Saül voyait-il quelque homme brave ou vaillant, il se l’attachait.m
m Début d’une armée de métier différente du ban ou levée en masse du peuple.
15 Samuel dit à Saül : « C’est moi que Yahvé a envoyé pour t’oindre comme roi sur son peuple Israël. Et maintenant écoute les paroles que prononce Yahvé :
n Le chap. 15 ignore le premier rejet de Saül, 13.8-15, et il condamne seulement Saül, non pas l’institution royale. Mais il souligne l’opposition, inhérente à la monarchie israélite, entre la politique profane et les exigences de Yahvé, opposition qui se traduit par la lutte entre le Roi et le Prophète, ici Saül et Samuel, plus tard Achab et Élie, Ézéchias et Isaïe, Sédécias et Jérémie.
4 Saül convoqua le peuple et le passa en revue à Télaïm : fantassins et dix mille hommes de Juda.
7 Saül frappa Amaleq depuis Havila jusqu’à l’entrée de Shur, qui est face à l’Égypte.
o L’anathème est l’offrande faite à Dieu de tout le butin acquis par la victoire. Or Saül et le peuple ont manqué à l’anathème qui doit frapper tous les êtres vivants. Offrir le meilleur du butin en sacrifice (v. 15) ne répond pas à la prescription. Saül a agi sans prendre au sérieux l’ordre de Dieu, et c’est là le drame sa faute est d’avoir choisi, pour complaire au peuple, une autre manière d’honorer Dieu. Entre Yahvé qui l’a élu et le peuple qui l’a acclamé et reconnu, Saül a cherché un compromis, il ne s’est pas décidé exclusivement pour Yahvé.
10 La parole de Yahvé fut adressée à Samuel en ces termes :
12 De bon matin, Samuel se leva pour aller à la rencontre de Saül. On lui donna cette information : « Saül est allé à Karmelp pour s’y dresser un monument, puis il est reparti plus loin et il est descendu à Gilgal. »
p Ville au sud d’Hébron, cf. 25.2s. Le site se trouve sur la route de Saül, du Négeb vers Gilgal.
16 Mais Samuel dit à Saül : « Cesse donc, je vais t’annoncer ce que Yahvé m’a déclaré cette nuit. » Il lui dit : « Parle. »
21 Dans le butin, le peuple a pris petit et gros bétail, prémices de l’anathème, pour le sacrifier à Yahvé ton Dieu à Gilgal. »
« Yahvé se plaît-il aux holocaustes et aux sacrifices
comme à l’obéissance à la parole de Yahvé ?
Oui, l’obéissance vaut mieux que le sacrifice,
la docilité, plus que la graisse des béliers.
q Samuel ne condamne pas le culte sacrificiel en général. Mais c’est l’obéissance intérieure qui plaît à Dieu, non le seul rite extérieur. Accomplir celui-ci contre le gré de Dieu, c’est apporter son hommage à un autre que Dieu, c’est tomber dans l’idolâtrie, ici évoquée par la sorcellerie et les téraphim, ces idoles auxquelles on confiait la garde des maisons et des biens, Gn 31.19, 30s ; 19.13.
23 Car c’est une rébellion le péché de divination,
le méfait des téraphim,r c’est de la présomption !
Parce que tu as rejeté la parole de Yahvé, il t’a rejeté ; tu n’es plus roi ! »
r La condamnation des téraphim comme moyen de sorcellerie n’apparaît qu’à une époque tardive.
24 Saül dit à Samuel : « J’ai péché en transgressant l’ordre de Yahvé et de tes paroles, parce que j’ai eu peur du peuple et je lui ai obéi.
s Incise théologique reprenant Nb 23.19.
t Le rejet de Saül par Dieu ne sera pas immédiatement effectif et Saül continue à exercer la charge royale. Samuel accepte de confirmer l’autorité de Saül en paraissant avec lui au sanctuaire.
32 Puis Samuel dit : « Amenez-moi Agag, le roi d’Amaleq. » Agag vint à lui l’air satisfait et dit : « Vraiment, l’amertume de la mort s’est écartée ! »u
u Puisque l’anathème ne lui a pas été appliqué, Agag croit avoir échappé à la mort.
« Comme ton épée a privé des femmes de leurs enfants,
de même, parmi les femmes, que ta mère soit privée de son enfant ! »
Et Samuel exécuta Agagv devant Yahvé à Gilgal.
v Samuel accomplit ce qui avait dû être fait par Saül.
34 Samuel partit pour Rama et Saül remonta chez lui à Gibéa de Saül.
w Cf. pourtant 19.22-24, d’une autre tradition.