4 L’homme connut Ève, sa femme ; elle conçut et enfanta Caïn et elle dit : « J’ai acquis un homme de par Yahvé. »p
o Dans ce chapitre, le récit, vv. 1-16, aussi bien que les généalogies, vv. 17-26, appartiennent aux traditions yahvistes. Le récit suppose une civilisation un peu évoluée dans le domaine religieux, un culte avec les offrandes des produits (peut-être les prémices) du sol et des premiers-nés du troupeau, vv. 3-4. On suppose aussi l’existence d’hommes qui pourraient tuer Caïn et d’autres pouvant le venger, vv. 14-15. Ce récit a pu se rapporter d’abord, non aux enfants du premier homme, mais à l’ancêtre éponyme des Qénites (Caïnites cf. Nb 24.21). Reporté aux origines de l’humanité, il reçoit une portée générale d’une part, Caïn et Abel sont à l’origine de deux modes de vie, l’agriculteur sédentaire et le pasteur nomade ; d’autre part, ces deux frères personnifient la lutte de l’Homme contre l’Homme. À côté de la révolte de l’homme contre Dieu, il y a aussi la violence du « frère » contre son « frère ». Le double commandement de l’amour, Mt 22.40, viendra montrer les exigences fondamentales de la volonté de Dieu.
p Jubilation de la première femme qui, de servante d’un époux, devient mère d’un homme. Un jeu de mots rapproche le nom de Caïn (Qayn) du verbe qanah « acquérir ».
3 Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Yahvé,
q Première apparition du thème du cadet préféré à l’aîné, par lequel se manifeste le libre choix de Dieu, son mépris pour les grandeurs terrestres et sa prédilection pour les humbles ; ce thème revient souvent à travers la Genèse (Isaac préféré à Ismaël, 21, Jacob à Ésaü, 25.23 ; 27 ; Rachel à Léa, 29.15-30 ; de même les enfants de celles-ci...) et dans toute la Bible, 1 S 16.12 ; 1 R 2.15, etc.
r Traduction approximative d’un texte corrompu. Littéralement « N’est-ce pas que, si tu agis bien, élévation, et si tu n’agis pas bien, à ta porte le péché (fém.) couchant (masc.) et vers toi sa (masc.) convoitise et tu le domineras. » Le texte paraît décrire la tentation qui menace une âme mal disposée.
s « Dire » introduit normalement un discours direct, qui ne se trouve pas dans le texte hébreu. Les versions, probablement en suppléant ce qui semblait manquer plutôt qu’en traduisant deux mots disparus ensuite, lisent « Allons dehors ».
9 Yahvé dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Il répondit : « Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère ? »
t Le « signe de Caïn » n’est pas un stigmate infamant, mais une marque qui le protège en le désignant comme membre d’un clan où s’exerce durement la vengeance du sang.
u Le pays est inconnu et son nom rappelle l’épithète donnée à Caïn, « errant », nad, au pays de Nôd.
17 Caïn connut sa femme, qui conçut et enfanta Hénok. Il devint un constructeur de ville et il donna à la ville le nom de son fils, Hénok.
v Débris d’une généalogie à caractère anecdotique. Les mêmes noms paraîtront, avec des variantes, dans la généalogie sacerdotale de Seth, entre Qénân et Lamek, 5.12-28. Cette liste n’est rattachée qu’artificiellement à Caïn, fils d’Adam, condamné à la vie errante ; ici Caïn est le constructeur de la première ville, l’ancêtre des éleveurs, des musiciens, des forgerons et peut-être des filles de joie, cf. v. 22, qui subviennent aux commodités et aux plaisirs de la vie urbaine. Ces progrès sont attribués à la lignée de Caïn le maudit ; la même condamnation de la vie urbaine se trouvera dans le récit de la tour de Babel, 11.1-9.
w « L’ancêtre de tous les forgerons » Targ., cf. vv. 20 et 21 ; « le forgeron de tous les ouvriers » hébr. — Les trois castes des éleveurs de bétail, des musiciens et des forgerons ambulants sont rattachées à trois ancêtres dont les noms font assonance et rappellent les métiers de leurs descendants Yabal (ybl « conduire ») ; Yubal (yôbel « trompette ») ; Tubal (nom d’un peuple du Nord, 10.2, au pays des métaux) ; Caïn signifie « forgeron » en d’autres langues sémitiques. Naama, « la jolie », « l’aimée », pourrait être l’éponyme d’une autre « profession », cf. note e, sur laquelle le texte se tait.
23 Lamek dit à ses femmes :
« Ada et Çilla, entendez ma voix,
femmes de Lamek, écoutez ma parole :
J’ai tué un homme pour une blessure,
un enfant pour une meurtrissure.
24 C’est que Caïn est vengé sept fois,
mais Lamek, septante-sept fois ! »x
x Ce chant sauvage composé à la gloire de Lamek, un héros du désert, est recueilli ici comme un témoignage de la violence croissante des descendants de Caïn.
25 Adam connut sa femme ; elle enfanta un fils et lui donna le nom de Seth, car, dit-elle, « Dieu m’a accordéz une autre descendance à la place d’Abel, puisque Caïn l’a tué. »
y Débris d’une autre généalogie primitive.
z Le nom de Seth (hébr. Shet) est expliqué par shat « il a accordé ».
a Grec et Vulg. précisent « Celui-ci fut le premier à invoquer le nom de Yahvé ». D’autres passages, de tradition élohiste ou sacerdotale, retardent jusqu’à Moïse la révélation du nom de Yahvé, Ex 3.14 (cf. 3.13) ; 6.2s.
5 Voici le livret de la descendance d’Adam : Le jour où Dieu créa Adam, il le fit à la ressemblance de Dieu.
b Généalogie de tradition sacerdotale qui conduit de la création au déluge, comme la généalogie de Sem, 11.10-32, couvrira le temps qui sépare le déluge d’Abraham. Il ne faut y chercher ni une histoire ni une chronologie ; les noms appartiennent à la tradition. Ils sont en partie les mêmes en 4.17-32. L’expression suit un schéma qui se répète l’âge du patriarche au moment d’engendrer son premier-né, les années vécues ensuite, l’indication générale qu’il engendra encore des fils et des filles et la durée totale de sa vie. Ce n’est qu’au début, vv. 1-2 (introduction), à la fin (le v. 32 ne contient que le premier élément à propos de Noé) et lorsqu’une notice importante doit être introduite, vv. 22, 24 et 29, que le schéma est brisé. Les chiffres sont différents dans le Pentateuque samaritain et dans le grec. On estimait que la vie humaine avait diminué suivant les grands âges du monde elle ne sera que de 200 à 600 ans après le déluge et inférieure à 200 ans pour les patriarches. La diminution de cette longévité extraordinaire, qui reste pourtant bien en deçà de l’âge attribué aux rois sumériens d’avant et d’après le déluge, est en relation avec le progrès du mal dans le monde, 6.3, car une longue vie est une bénédiction de Dieu, Pr 10.27, et sera l’un des privilèges de l’ère messianique, Isa 65.20.
3 Quand Adam eut cent trente ans, il engendra un fils à sa ressemblance, comme son image,c et il lui donna le nom de Seth.
c La similitude divine, exprimée par les termes « image » et « ressemblance », n’est donc pas une caractéristique exclusive du premier homme et de la première femme, 1.26s, puisqu’elle est transmise par le premier couple à leur descendance.
6 Quand Seth eut cent cinq ans, il engendra Énosh.
9 Quand Énosh eut quatre-vingt-dix ans, il engendra Qénân.
12 Quand Qénân eut soixante-dix ans, il engendra Mahalaléel.
15 Quand Mahalaléel eut soixante-cinq ans, il engendra Yéred.
18 Quand Yéred eut cent soixante-deux ans, il engendra Hénok.
20 Toute la durée de la vie de Yéred fut de neuf cent soixante-deux ans, puis il mourut.
21 Quand Hénok eut soixante-cinq ans, il engendra Mathusalem.
d « Hénok vécut » grec luc., Vulg. ; omis par hébr.
e Hénok se distingue des autres Patriarches par plusieurs traits sa vie est plus courte, mais elle atteint un chiffre parfait, le nombre des jours d’une année solaire ; il « marche avec Dieu » comme Noé, 6.9 ; il disparaît mystérieusement, emporté par Dieu comme Élie, 2 R 2.11s. Il devint une grande figure de la tradition juive, qui donna en exemple sa piété, Si 44.16 ; 49.14, et de la tradition apocalyptique. Celle-ci lui attribua des ouvrages apocryphes (cf. Jude 14-15).
25 Quand Mathusalem eut cent quatre-vingt-sept ans, il engendra Lamek.
28 Quand Lamek eut cent quatre-vingt-deux ans, il engendra un fils.
f L’utilisation du nom de Yahvé, contrairement à l’usage des traditions sacerdotales avant Ex 6.2-3 (mais voir 17.1), suggère l’idée que l’explication du nom est un débris de tradition yahviste inséré en contexte sacerdotal, surtout à cause de la référence évidente à 3.17. Par ailleurs, le nom de Noé, Noah, s’explique mal par la racine nhm, « consoler » ; le passage a pu concerner un autre nom, comme Menahem ou Nahum, même si les deux premières consonnes s’y trouvent.
32 Quand Noé eut atteint cinq cents ans,g il engendra Sem, Cham et Japhet.
g L’âge de Noé étonne, car dans tous les cas antérieurs l’âge du patriarche se trouvait entre soixante-cinq, vv. 15 et 21, et cent quatre-vingt-sept ans, v. 25. La raison probable de cette différence est que tous les patriarches antérieurs seraient morts avant le déluge !
6 Lorsque les hommes commencèrent d’être nombreux sur la face de la terre et que des filles leur furent nées,
h Tout n’est pas clair pour nous dans ce bref épisode de tradition yahviste, mais l’auteur reprend sans doute des éléments d’une tradition populaire à caractère mythologique. La difficulté vient d’abord de l’identité des « fils de Dieu » (cf. Dt 32.8), puis de la relation qu’il peut y avoir entre leur union avec les filles des hommes et les nephilîm du v. 4. On pourrait penser que ces derniers (on songe ici à Ez 32.17-32, où l’on parle précisément de ceux qui sont « tombés », signification de nephilîm, et qui ont été placés ou sont couchés, malgré leur vaillance, parmi les victimes de l’épée, de même que dans le mythe grec des Titans) sont le résultat de l’union des « fils de Dieu » avec les filles des hommes, mais le texte dit seulement que les nephilîm habitaient sur la terre à ce moment-là. Ils pourraient être les Géants (ou Titans) sémitiques, mais ailleurs on les nomme « fils d’Anaq » ou Anaqîm (cf. Nb 13.28.33 ; Dt 1.28). Sans se prononcer sur la valeur de cette croyance et en voilant son aspect mythologique, il rappelle seulement ce souvenir d’une race insolente de surhommes, comme un exemple de la perversité croissante qui va motiver le déluge. Le judaïsme postérieur et presque tous les premiers écrivains ecclésiastiques ont vu des anges coupables dans ces « fils de Dieu ». Mais, à partir du IVe siècle, en fonction d’une notion plus spirituelle des anges, les Pères ont communément interprété les « fils de Dieu » comme la lignée de Seth et les « filles des hommes » comme la descendance de Caïn.
i « ...ne soit pas indéfiniment responsable » (texte). La signification du verbe est inconnue c’est seulement d’après le contexte (cf. grec et Vulg.), qu’on lui donne le sens de « demeurer ».
j Durée maximale à laquelle, selon l’auteur sacré, Dieu réduisit alors la vie de l’homme. Il faut y voir un châtiment pour sa faute l’union des filles des hommes aux « fils de Dieu » aurait été pour les hommes le moyen de se procurer l’immortalité.
5 Yahvé vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais desseins à longueur de journée.
k Il y a dans cet ensemble beaucoup de répétitions, à commencer par la motivation du déluge, 6.5-8 et 9-13, et des différences notables (comparer 6.19-20 et 7.15-17 avec 7.2, 3), y compris celle de la chronologie face à 7.12 et 8.13, 14 (avec certaines données intermédiaires, notamment les deux périodes de 150 jours), d’autres passages (7.4, 10, 12 ; 8.6-12) supposent une plus courte durée. En fait, il y a ici deux récits pratiquement complets, le plus ancien de tradition yahviste, le plus récent de tradition sacerdotale. Le récit yahviste est plein de couleur et de vie ; celui de la tradition sacerdotale est plus détaillé, notamment pour la chronologie, et plus réfléchi. Les éléments des deux traditions ont été réunis sans chercher à faire disparaître les différences qui existent entre eux. Ici ou là, surtout en 7.3, les rédacteurs ont cependant tenté de faire disparaître une différence trop accentuée. Les rédacteurs sont aussi les responsables du plus grand morcèlement de la narration yahviste, peut-être même de l’absence des données concernant les préparatifs et la sortie de l’arche. La narration sacerdotale semble complète ; elle a été même conservée en grands blocs homogènes au début, 6.9-22, et à la fin, 9.1-17. À titre d’indication de lecture on peut signaler les passages de tradition yahviste (6.5-8 ; 7.1-2, 3-5, 7 ,10, 12, 16, 17, 22-23 ; 8.2-3 ,6-12, 20-22) et sacerdotale (6.9-22 ; 7.6, 11, 13-16, 17, 18-21, 24 ; 8.1-2, 3-5, 13, 14-19 ; 9.1-17), de même que ceux qui trahissent plus clairement la présence des rédacteurs (7.3, 8-9 et, en partie, 6.7 ; 7.7, 23 ; 8.20). Le thème d’un déluge est présent dans toutes les cultures, mais les récits de l’ancienne Mésopotamie ont un intérêt particulier à cause des ressemblances avec le récit biblique. Celui-ci n’en dépend pas directement (mais tel passage peut trahir ce type d’influence ; ainsi 8.6-12 et la tablette XI de l’Épopée de Gilgamesh). L’auteur sacré a chargé ces traditions d’un enseignement éternel sur la justice et la miséricorde de Dieu, sur la malice de l’homme et le salut accordé au juste (cf. He 11.7). C’est un jugement de Dieu, qui préfigure celui des derniers temps, Lc 17.26s ; Mt 24.37s, comme le salut accordé à Noé figure le salut par les eaux du baptême, 1 P 3.20-21.
l Ce repentir de Dieu exprime sous un mode humain l’exigence de sa sainteté, qui ne peut pas supporter le péché. 1 S 15.29 écartera une interprétation trop littérale. Beaucoup plus fréquemment, le « repentir » de Dieu signifie l’apaisement de sa colère et le retrait de sa menace, voir Ex 32.11-14 et Jr 26.3.
9 Voici l’histoire de Noé :
Noé était un homme juste, intègre parmi ses contemporains, et il marchait avec Dieu.
13 Dieu dit à Noé : « La fin de toute chair est arrivée, je l’ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes et je vais les faire disparaître de la terre.
m La traduction latine porte arca (« coffre »), d’où le français « arche ». — « bois résineux » trad. approximative. — « roseaux » (comme la nacelle de Ex 2.3) conj. ; « nids » (cabines ?) hébr.
n Sens incertain. D’après la traduction adoptée, le toit aurait une pente d’une coudée pour l’écoulement des eaux du ciel, 7.11.
17 « Pour moi, je vais amener le déluge, les eaux, sur la terre, pour exterminer de dessous le ciel toute chair ayant souffle de vie :o tout ce qui est sur la terre doit périr.
o Le mot ruah désigne l’air en mouvement, soit le souffle du vent, Ex 10.13 ; Jb 21.18 ; soit celui qui sort des narines, 7.15, 22, etc. Il désigne donc la force vitale et les pensées, sentiments ou passions où elle s’exprime, 41.8 ; 45.27 ; 1 S 1.15 ; 1 R 21.5, etc. Chez l’homme il est un don de Dieu, 6.3 ; Nb 16.22 ; Jb 27.3 ; Ps 104.29 ; Qo 12.7. Il est aussi la puissance par laquelle Dieu agit, Ex 31.3 ; Jb 33.4 ; Ps 104.29-30, en particulier par l’organe des prophètes, Jg 3.10 ; Ez 36.28, et du Messie, Isa 11.2. Cf. Rm 1.9.
p Non pas un pacte bilatéral, mais un engagement gracieux que Dieu prend vis-à-vis de ceux qu’il a discernés. D’autres alliances suivront celle-ci, avec Abraham, 15 ; 17, avec tout le peuple, Ex 19.1 en attendant la « nouvelle alliance » conclue à la plénitude des temps, Mt 26.28 ; He 9.15.
q Les êtres non raisonnables sont associés, pour le châtiment et pour le salut, à la destinée de l’homme dont la méchanceté a corrompu toute la création, 6.13 ; nous sommes déjà proches de saint Paul, Rm 8.19-22.
7 Yahvé dit à Noé : « Entre dans l’arche, toi et toute ta famille, car je t’ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération.
4 Car encore sept jours et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits et j’effacerai de la surface du sol tous les êtres que j’ai faits. »
5 Noé fit tout ce que Yahvé lui avait commandé.
6 Noé avait six cents ans quand arriva le déluge, les eaux sur la terre.
r Addition qui combine les deux récits, distinguant animaux purs et impurs avec la tradition yahviste, comptant une paire de chacun avec la tradition sacerdotale.
11 En l’an six cent de la vie de Noé, le second mois, le dix-septième jour du mois, ce jour-là jaillirent toutes les sources du grand abîme et les écluses du ciel s’ouvrirent.s
s Les eaux d’en bas et les eaux d’en haut rompent les digues que Dieu leur avait posées, 1.7 c’est le retour au chaos. D’après le récit yahviste, le déluge est causé par une pluie torrentielle, 7.4, 12.
13 Ce jour même, Noé et ses fils, Sem, Cham et Japhet, avec la femme de Noé et les trois femmes de ses fils, entrèrent dans l’arche,
Et Yahvé ferma la porte sur Noé.
17 Il y eut le déluge pendant quarante jours sur la terre ; les eaux grossirent et soulevèrent l’arche, qui fut élevée au-dessus de la terre.
23 Ainsi disparurent tous les êtres qui étaient à la surface du sol, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, aux bestioles et aux oiseaux du ciel : ils furent effacés de la terre et il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l’arche.
8 Alors Dieu se souvint de Noé et de toutes les bêtes sauvages et de tous les bestiaux qui étaient avec lui dans l’arche ; Dieu fit passer un vent sur la terre et les eaux désenflèrent.
6 Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu’il avait faite à l’arche
13 C’est en l’an six cent un,t au premier mois, le premier du mois, que les eaux séchèrent sur la terre.
Noé enleva la couverture de l’arche ; il regarda, et voici que la surface du sol était sèche !
t Grec « de la vie de Noé », addition probablement faite en fonction de 7.6-13.
14 Au second mois, le vingt-septième jour du mois, la terre fut sèche.
15 Alors Dieu parla ainsi à Noé :
20 Noé construisit un autel à Yahvé, il prit de tous les animaux purs et de tous les oiseaux purs et offrit des holocaustes sur l’autel.
u Littéralement « l’odeur apaisante ». Cet anthropomorphisme passera dans le langage technique du rituel, cf. Ex 29.18, 25 ; Lv 1.9, 13 ; Nb 28.1, etc.
v Le cœur est l’intérieur de l’homme distingué de ce qui se voit et surtout de la « chair », 2.21. Il est le siège des facultés et de la personnalité, d’où naissent pensées et sentiments, paroles, décisions, action. Dieu le connaît à fond, quelles que soient les apparences, 1 S 16.7 ; Ps 17.3 ; 44.22 ; Jr 11.20. Le cœur est le centre de la conscience religieuse et de la vie morale, Ps 51.12, 19 ; Jr 4.4 ; 31.31-33 ; Ez 36.26. C’est dans son cœur que l’homme cherche Dieu, Dt 4.29 ; Ps 105.3 ; 119.2, 10 ; qu’il l’écoute, 1 R 3.9 ; Si 3.29 ; Os 2.16 ; cf. Dt 30.14 ; qu’il le sert, 1 S 12.20, 24, le loue, Ps 111.1, l’aime, Dt 6.5. Le cœur simple, droit, pur, est celui que ne divisent aucune réserve ou arrière-pensée, aucun faux-semblant, à l’égard de Dieu ou des hommes. Cf. Ep 1.18. Ce passage signale un tournant décisif dans la conduite de Dieu envers l’homme Yahvé, qui avait maudit la terre à cause de la désobéissance de l’homme et de la femme, 3.17, s’engage maintenant à ne plus détruire la terre par le déluge. Et, si le péché de l’homme était la raison du châtiment exemplaire, 6.5, maintenant il explique pourquoi Yahvé s’engage à ne plus jamais maudire la terre. Il y a là une transition pour que la malédiction du sol se change en bénédiction pour Abraham et, en lui, pour sa descendance et pour tous les clans de la terre, 12.1-3.
22 Tant que durera la terre, semailles et moisson, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit ne cesseront plus. »w
w Les lois du monde sont rétablies pour toujours. Dieu sait que le cœur de l’homme reste mauvais mais il sauve sa création et, malgré l’homme, la conduira où il veut.
9 Dieu bénit Noé et ses fils et il leur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre.
x L’homme est de nouveau béni et consacré roi de la création, comme aux origines, mais ce n’est plus un règne pacifique. Le nouvel âge verra la lutte des animaux avec l’homme et des hommes entre eux. La paix paradisiaque ne refleurira qu’aux derniers temps, Isa 11.6.
6 Qui verse le sang de l’homme, par l’homme aura son sang versé. Car à l’image de Dieu l’homme a été fait.y
y Tout sang appartient à Dieu, cf. Lv 1.5, mais éminemment le sang de l’homme fait à son image. Dieu le vengera, voir déjà 4.10, et il délègue à cet effet l’homme lui-même la justice d’État, et aussi les « vengeurs du sang », Nb 35.19.
7 Pour vous, soyez féconds, multipliez, pullulez sur la terre et la dominez. »z
z « dominez » redû conj., cf. 1.28 ; « multipliez » rebû hébr.
8 Dieu parla ainsi à Noé et à ses fils :
a L’alliance « noachique », dont le signe est l’arc-en-ciel, s’étend à toute la création ; l’alliance avec Abraham, dont le signe sera la circoncision, n’intéresse plus que les descendants du Patriarche, 17 ; sous Moïse, elle se limitera au seul Israël, avec, en contrepartie, l’obéissance à la loi, Ex 19.5 ; 24.7-8 ; 34.27-28 et, notamment, l’observance du sabbat, Ex 31.16-17.
12 Et Dieu dit : « Voici le signe de l’alliance que j’institue entre moi et vous et tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à venir :
17 Dieu dit à Noé : « Tel est le signe de l’alliance que j’établis entre moi et toute chair qui est sur la terre. »
18 Les fils de Noé qui sortirent de l’arche étaient Sem, Cham et Japhet ; Cham est le père de Canaan.
b Ensemble formé par une notice généalogique, vv. 18-19, un récit plus développé, vv. 20-27, et des indications chronologiques sur la durée de la vie de Noé après le déluge, vv. 28-29, qui pourraient être le début de la table des nations, 10. Ces deux derniers versets sont de tradition sacerdotale, le reste de tradition yahviste. Les noms des trois fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, et l’ordre même semblent une donnée fixe de la tradition ; cf. 5.32 ; 6.10 ; 7.13 ; 10.1. L’incise « Cham, père de Canaan », v. 19 (cf. 22), de la notice initiale prépare le récit de 20-27 et donc finalement sa malédiction, v. 25.
20 Noé, le cultivateur, commença de planter la vigne.
c Cham ne sera plus nommé et Canaan sera le sujet de la malédiction des vv. 25-27. Probablement son nom figurait seul dans le récit traditionnel. D’après le récit, v. 24, Canaan était le plus jeune des trois fils de Noé, si bien que l’ordre aurait dû être Sem, Japhet et Canaan.
« Maudit soit Canaan ! Qu’il soit pour ses frères l’esclave des esclaves ! »
d Les bénédictions et les malédictions des Patriarches, cf. 27 et 49, sont des paroles efficaces qui atteignent un chef de lignée et se réalisent en ses descendants la race de Canaan sera soumise à Sem, ancêtre d’Abraham et des Israélites, placés sous la protection spéciale de Yahvé, et à Japhet dont les descendants s’étendront aux dépens de Sem. La situation à partir de laquelle le récit s’est développé a pu être celle du règne de Saül et du début du règne de David, où Israélites et Philistins dominaient sur Canaan, et où les Philistins avaient envahi une partie du territoire d’Israël. Beaucoup de Pères ont vu ici l’annonce de l’entrée des Gentils (Japhet) dans la communauté chrétienne issue des Hébreux (Sem).
26 Il dit aussi :
« Béni soit Yahvé, le Dieu de Sem, et que Canaan soit son esclave !
27 Que Dieu mette Japhet au large,e qu’il habite dans les tentes de Sem, et que Canaan soit son esclave ! »
e L’hébreu joue sur les mots Yaphet et yapht « qu’il mette au large ».
28 Après le déluge, Noé vécut trois cent cinquante ans.
10 Voici la descendance des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, auxquels des fils naquirent après le déluge :
f Sous la forme d’un tableau généalogique, ce ch. donne une table des peuples, groupés moins selon leurs affinités ethniques que d’après leurs rapports historiques et géographiques les fils de Japhet peuplent l’Asie Mineure et les îles de la Méditerranée ; les fils de Cham les pays du Sud Égypte, Éthiopie, Arabie, et Canaan leur est rattaché en souvenir de la domination égyptienne sur cette contrée ; entre ces deux groupes sont les fils de Sem Élamites, Assyriens, Araméens, et les ancêtres des Hébreux. Le tableau est de tradition sacerdotale, mais il intègre des éléments de tradition yahviste, vv. 18-19, 21 et 24-30, dont la perspective est un peu différente plutôt qu’un aperçu systématique, nous trouvons là, comme au chap. 4 (vv. 17-26), quelques notices en rapport avec les noms traditionnels. Pour ce qui est de l’ensemble sacerdotal, on y trouve le résumé des connaissances sur le monde habité qu’on pouvait avoir parmi les Judéens exilés à Babylone. Par ailleurs, il y a ici une affirmation importante, celle de l’unité de l’espèce humaine, divisée en groupes à partir d’une souche commune. Cette dispersion apparaît, 10.32, comme accomplissant la bénédiction de 9.1. Le récit yahviste de la Tour de Babel, 11.1-9, rendra un son moins favorable ; mais tels sont les aspects complémentaires d’une histoire du monde à laquelle concourent la puissance de Dieu et la malice des hommes.
2 Fils de Japhet : Gomer, Magog, les Mèdes, Yavân, Tubal, Moshek, Tiras.
3 Fils de Gomer : Ashkenaz, Riphat, Togarma.
Tels furent les fils de Japhet,h d’après leurs pays et chacun selon sa langue, selon leurs clans et d’après leurs nations.
g Les îles et les côtes de la Méditerranée.
h Ces mots, omis par hébr., sont restitués d’après les vv. 20 et 31.
6 Fils de Cham : Kush, Miçrayim, Put, Canaan.
8 Kush engendra Nemrod,i qui fut le premier potentat sur la terre.
i Figure populaire (le v. 9 énonce un proverbe) derrière laquelle se cache un héros de Mésopotamie, dont l’identification est incertaine.
j Akkad, ville située près du site de Babylone son nom sert à désigner la partie nord de la Basse-Mésopotamie par opposition au pays de Sumer, plus au sud, et plus généralement, toujours par opposition aux Sumériens, la langue et les peuples sémitiques de cette région.
k Explication qui peut se rapporter à Kalah ou à Ninive. Kalah, l’actuelle Nimrud, est devenue la capitale de l’Assyrie au IXe s. av. J.-C. ; Ninive sera capitale avec Sennachérib, environ deux siècles plus tard.
13 Miçrayim engendra les gens de Lud, de Anam, de Lehab, de Naphtuh,
14 de Patros, de Kasluh et de Kaphtor, d’où sont sortis les Philistins.l
l Le texte rejette « et de Kaphtor » après « Philistins », mais c’est de Kaphtor que les Philistins étaient originaires, cf. Jos 13.2.
15 Canaan engendra Sidon, son premier-né, puis Hèt,
20 Tels furent les fils de Cham, selon leurs clans et leurs langues, d’après leurs pays et leurs nations.
21 Une descendance naquit également à Sem, l’ancêtre de tous les fils de Éber et le frère aîné de Japhet.
22 Fils de Sem : Élam, Ashshur, Arpakshad, Lud, Aram.
24 Arpakshad engendra Shélah et Shélah engendra Éber.
31 Tels furent les fils de Sem, selon leurs clans et leurs langues, d’après leurs pays et leurs nations.
32 Tels furent les clans des descendants de Noé, selon leurs lignées et d’après leurs nations. Ce fut à partir d’eux que les peuples se dispersèrent sur la terre après le déluge.
11 Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots.
m Ce récit de tradition yahviste semble être le résultat de l’amalgame de différentes traditions construction d’une tour et d’une ville, dispersion des hommes après le déluge, cf. 9.19 ; 10.32. L’ironie n’y manque pas voici des hommes qui voudraient bâtir une tour dont le sommet pénètre les cieux, v. 4, mais qui sont incapables de se servir de la pierre et du mortier ! La narration donne de la diversité des peuples et des langues une autre explication. C’est le châtiment d’une faute collective qui, comme celle des premiers parents, 3, est encore une faute de démesure, cf. v. 4. L’union ne sera restaurée que dans le Christ sauveur miracle des langues à la Pentecôte, Ac 2.5-12, assemblée des nations au ciel, Ap 7.9-10.
n La Babylonie, cf. 10.10 ; Isa 11.11 ; Dn 1.2.
o La tradition s’est attachée aux ruines de l’une de ces hautes tours à étages, d’une ziggurât, que l’on construisait en Mésopotamie comme un symbole de la montagne sacrée et un reposoir de la divinité. Les constructeurs y auraient cherché un moyen de rencontrer leur dieu. Mais l’auteur du récit biblique y voit l’entreprise d’un orgueil insensé. Ce thème de la tour se combine avec celui de la ville c’est une condamnation de la civilisation urbaine, cf. 4.17.
5 Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties.
p « Babel » est expliqué par la racine bll « confondre ». Le nom de Babylone signifie en réalité « porte du dieu ».
10 Voici la descendance de Sem :
Quand Sem eut cent ans, il engendra Arpakshad, deux ans après le déluge.
q Les vv. 10-27, 31-32 reprennent la tradition sacerdotale, abandonnée depuis 10.32. C’est la suite de la généalogie du chap. 5. L’horizon se restreint aux ascendants directs d’Abraham.
11 Après la naissance d’Arpakshad, Sem vécut cinq cents ans et il engendra des fils et des filles.
12 Quand Arpakshad eut trente-cinq ans, il engendra Shélah.
14 Quand Shélah eut trente ans, il engendra Éber.
16 Quand Éber eut trente-quatre ans, il engendra Péleg.
18 Quand Péleg eut trente ans, il engendra Réu.
20 Quand Réu eut trente-deux ans, il engendra Serug.
22 Quand Serug eut trente ans, il engendra Nahor.
24 Quand Nahor eut vingt-neuf ans, il engendra Térah.
26 Quand Térah eut soixante-dix ans, il engendra Abram, Nahor et Harân.
27 Voici la descendance de Térah :
Térah engendra Abram, Nahor et Harân. Harân engendra Lot.
r L’histoire de la race élue va commencer et le tableau généalogique se détaille pour présenter les parents de toute la race, Abram et Saraï dont les noms seront changés en Abraham et Sara, 17.5, 15, et aussi Nahor, le grand-père de Rébecca, 24.24, et Lot, l’ancêtre des Moabites et des Ammonites, 19.30-38. Les vv. 28-30 sont de tradition yahviste.
29 Abram et Nahor se marièrent : la femme d’Abram s’appelait Saraï ; la femme de Nahor s’appelait Milka, fille de Harân, qui était le père de Milka et de Yiska.
31 Térah prit son fils Abram, son petit-fils Lot, fils de Harân, et sa bru Saraï, femme d’Abram. Il les fit sortirs d’Ur des Chaldéens pour aller au pays de Canaan, mais, arrivés à Harân, ils s’y établirent.t
s « Il les fit sortir » versions ; « Ils sortirent avec eux » hébr.
t Première migration sur la route de la Terre promise. Ur est en Basse-Mésopotamie, Harân au nord-ouest de la Mésopotamie. L’historicité de cette première migration est contestée. Elle est cependant attestée par des traditions probablement anciennes en 11.28 ; 15.7, rédigées à une époque où Ur était tombée dans l’oubli. Elle était au contraire un centre important au début du IIe millénaire et avait déjà des liens religieux et commerciaux avec Harân. Il faut au moins reconnaître la possibilité de cette première migration ; seule la mention des Chaldéens serait une précision ajoutée à l’époque néo-babylonienne.
32 La durée de la vie de Térah fut de deux cent cinq ans,u puis il mourut à Harân.
u Seulement cent quarante-cinq d’après le Pentateuque samaritain, ce qui ne fait quitter Harân par Abraham qu’à la mort de son père (d’après 11.26 ; 12.4) ; cf. Ac 7.4.
12 Yahvé dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t’indiquerai.
v Titre à comprendre d’une façon neutre récits au sujet des patriarches.
w Les récits sur Abraham, tels qu’ils se présentent dans la Genèse, sont une « théologie de la promesse » la double promesse divine de descendance et du don du pays sont les deux axes centraux autour desquels s’organise d’une manière ou d’une autre tout ce que les écrivains sacrés ont à dire sur le patriarche.
x Les chap. 12-13 appartiennent pour l’essentiel aux traditions yahvistes, mais tout ne se situe pas au même niveau de la tradition ou de sa fixation écrite. Fort probablement, une courte notice de départ de Harân et d’arrivée en Canaan, sorte d’itinéraire, avec l’ordre divin de quitter Harân, 12.1.4, et un premier point d’attache autour de Béthel, 12.8 ; 13.3, sont le noyau de la tradition. L’itinéraire est continué par le récit de la séparation d’Abraham et de Lot, 13.3s. Des promesses de descendance et de bénédiction, 12.2-3, puis du don du pays, 12.7, ont pu être ajoutées à un stade relativement ancien de la tradition, de même que le récit de la descente en Égypte, 12.10-20, récit qui ne parle pas de Lot, avec 13.1-4. Un développement plus récent peut être la promesse solennelle de 13.14-17. Les auteurs sacerdotaux sont responsables de quelques compléments où l’on insiste sur la richesse d’Abraham et de Lot, raison de leur séparation, 12.4-5 ; 13.2.4-5. Si tel a pu être le développement des deux chapitres, la double promesse de descendance et du don du pays vient occuper une place de plus en plus prépondérante. Rompant toutes ses attaches terrestres, Abraham part pour un pays inconnu, avec sa femme stérile, 11.30, parce que Dieu l’a appelé et lui a promis une postérité. Premier acte de la foi d’Abraham que l’on retrouvera lors du renouvellement de la promesse, 15.5-6, et que Dieu mettra à l’épreuve en redemandant Isaac, fruit de cette promesse, 22. L’existence et l’avenir du peuple élu dépendent de cet acte absolu de foi, He 11.8-9. Il ne s’agit pas seulement de sa descendance charnelle, mais de tous ceux que la même foi rendra fils d’Abraham, comme le montre saint Paul, Rm 4 ; Ga 3.7.
3 Je bénirai ceux qui te béniront, je réprouverai ceux qui te maudiront. Par toi se béniront tous les clans de la terre. »y
y La formule revient (avec le mot « clan » ou « nation ») en 18.18 ; 22.18 ; 26.4 ; 28.14. Au sens strict, elle signifie (cf. v. 2 et 48.20 ; Jr 29.22) « les clans se diront l’un à l’autre Béni sois-tu comme Abraham ». Mais Si 44.21, la trad. des LXX et le NT ont compris « en toi seront bénies toutes les nations ».
4 Abram partit, comme lui avait dit Yahvé, et Lot partit avec lui. Abram avait soixante-quinze ans lorsqu’il quitta Harân.
6 Abram traversa le pays jusqu’au lieu saint de Sichem, au Chêne de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays.
z Don de la Terre sainte.
10 Il y eut une famineb dans le pays et Abram descendit en Égypte pour y séjourner, car la famine pesait lourdement sur le pays.
a Cette histoire, dont le thème se retrouve en 20 (encore Sara) et 26.1-11, célèbre la beauté de l’aïeule de la race, l’habileté du Patriarche, la protection que Dieu accorde à tous deux. Elle porte la marque d’un âge moral où la conscience ne réprouvait pas toujours le mensonge et où la vie du mari valait plus que l’honneur de la femme. L’humanité, guidée par Dieu, n’a pris de la loi morale qu’une conscience progressive.
b C’est aussi à cause d’une famine que les frères de Joseph iront en Égypte, 42.1-5. Elle conduit à la descente en Égypte de Jacob et tous ses fils, 46.
c On a rapproché une coutume de Haute-Mésopotamie dans l’aristocratie hurrite, un mari pouvait adopter fictivement son épouse comme « sœur » et celle-ci jouissait alors d’une considération accrue et de privilèges spéciaux. Telle aurait été la condition de Saraï, et Abram s’en serait vanté devant les Égyptiens qui s’y seraient mépris, v. 19, tout comme l’auteur biblique qui ne connaissait plus la coutume. L’explication est incertaine.
16 Celui-ci traita bien Abram à cause d’elle : il eut du petit et du gros bétail, des ânes, des esclaves, des servantes, des ânesses, des chameaux.
13 D’Égypte, Abram avec sa femme et tout ce qu’il possédait, et Lot avec lui, remonta au Négeb.
5 Lot, qui accompagnait Abram, avait également du petit et du gros bétail, ainsi que des tentes.
10 Lot leva les yeux et vit toute la Plaine du Jourdaind qui était partout irriguée — c’était avant que Yahvé ne détruisît Sodome et Gomorrhe — comme le jardin de Yahvé, comme le pays d’Égypte, jusque vers Çoar.e
d Littéralement le « cercle », employé ici comme nom géographique désignant la basse vallée du Jourdain jusqu’au sud de la mer Morte, laquelle est censée ne pas exister encore, cf. 14.3 ; 19.24s.
e Au sud de la mer Morte, cf. 19.20-22.
f Préparation de 18.20-21 ; 19.4-11. C’est l’introduction à une tradition sur Lot, qui était originaire de Transjordanie et centrée sur l’histoire de Sodome et Gomorrhe, 18-19. Elle peut avoir des origines assez lointaines, mais elle fait partie de l’histoire d’Abraham et de Lot, noyau de la tradition sur Abraham. — Lot a préféré la vie facile et un climat de péché ; il en sera cruellement puni, 19. Mais la générosité d’Abraham qui a laissé le choix à son neveu va être récompensée par le renouvellement de la Promesse, 12.7.
14 Yahvé dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : « Lève les yeux et regarde, de l’endroit où tu es, vers le nord et le midi, vers l’orient et l’occident.
15 Tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours.
16 Je rendrai ta postérité comme la poussière de la terre : quand on pourra compter les grains de poussière de la terre, alors on comptera tes descendants !
17 Debout ! Parcours le pays en long et en large, car je te le donnerai. »
g Grec, syr. au singulier, cf. 18.4. Le pluriel se trouve aussi en 14.13 et 18.1.
14 Au temps d’Amraphel roi de Shinéar, d’Aryok roi d’Ellasar, de Kedor-Laomer roi d’Élam et de Tidéal roi des Goyim,
h Ce chap. n’appartient à aucune des trois grandes traditions de la Genèse. Sa valeur est très diversement appréciée. Il semble qu’il soit une composition tardive pastichant l’antique les noms des quatre rois de l’Orient ont des formes anciennes, mais ils ne sont identifiables à aucun personnage connu, et il est historiquement impossible que l’Élam ait jamais dominé sur les villes du sud de la mer Morte, et ait pris la tête d’une coalition qui aurait réuni un roi amorite (Amraphel), un roi hurrite (Aryok) et un roi hittite (Tidéal). Le caractère factice du récit est perceptible dans les noms des rois de Sodome et Gomorrhe Béra et Birsha sont les rois « en malice » et « en méchanceté », nouvelle allusion au péché des deux villes. Le récit a voulu rattacher Abraham à la grande histoire et ajouter à sa figure une auréole de gloire militaire.
i Sur Sodome et Gomorrhe, voir chap. 19 ; sur Adma et Çeboyim, Dt 29.22 ; Os 11.8.
3 Ces derniers se liguèrent dans la vallée de Siddim (c’est la mer du Sel).j
j L’auteur se représente la mer Morte comme n’existant pas encore, cf. 13.10 ; ou bien la vallée de Siddim (le nom ne se rencontre qu’ici) n’occupait que la partie méridionale de la mer Morte qui est un affaissement récent.
k « la treizième année » versions ; « treize ans » hébr.
l Rephaïm, Zuzim (ou Zamzumim), Émim et Horites anciennes populations légendaires de Transjordanie, cf. Dt 2.10 ; 2.12 ; leurs villes jalonnent la grande route qui descend vers la mer Rouge.
12 Ils prirent aussi Lot et ses biens (le neveu d’Abram), et s’en allèrent ; il habitait Sodome.
17 Quand Abram revint après avoir battu Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome alla à sa rencontre dans la vallée de Shavé (c’est la vallée du Roi).m
m Mentionnée en 2 S 18.18, elle se trouvait, d’après Josèphe, à moins de 400 m de Jérusalem.
n Après le Ps 76.3, toute la tradition juive et beaucoup de Pères ont identifié Shalem avec Jérusalem. Son roi-prêtre, Melchisédech (nom cananéen, cf. Adonisédech, roi de Jérusalem, Jos 10.1), adore le Dieu Très Haut, El `Elyôn, nom composé dont chaque élément est attesté comme deux divinités distinctes du panthéon phénicien. `Elyôn est employé dans la Bible (surtout Ps) comme un titre divin. Ici, v. 22, El `Elyôn est identifié au vrai Dieu d’Abraham. Ce Melchisédech, qui fait dans le récit sacré une brève et mystérieuse apparition, comme roi de Jérusalem où Yahvé choisira d’habiter, comme prêtre du Très Haut dès avant l’institution lévitique, est présenté par le Ps 110.4 comme une figure de David, qui est lui-même une figure du Messie, roi et prêtre. L’application au sacerdoce du Christ est développée en He 7. La tradition patristique a exploité et enrichi cette exégèse allégorique, voyant dans le pain et le vin apportés à Abraham une figure de l’Eucharistie, et même un véritable sacrifice, figure du sacrifice eucharistique, interprétation reçue dans le Canon de la Messe. Plusieurs Pères avaient même admis qu’en Melchisédech était apparu le Fils de Dieu en personne. Ici les vv. 18-20 pourraient être postérieurs au reste du chapitre. Melchisédech y est l’image du grand prêtre d’après l’Exil, héritier des prérogatives royales et chef du sacerdoce, à qui les descendants d’Abraham payent la dîme.
« Béni soit Abram par le Dieu Très-Haut
qui créa ciel et terre,
o La bénédiction est une parole efficace, 9.25, et irrévocable, 27.33 ; 48.18, qui, même prononcée par un homme, transmet l’effet qui s’y exprime, puisque c’est Dieu qui bénit, 1.27, 28 ; 12.1 ; 28.3-4 ; Ps 67.2 ; 85.2, etc. Mais l’homme aussi, en retour, bénit Dieu, loue sa grandeur et sa bonté en même temps qu’il souhaite les voir s’affirmer et s’étendre, 24.48 ; Ex 18.10 ; Dt 8.10 ; 1 S 25.32, 39, etc. Ici les deux bénédictions sont associées. Le culte israélite comportait les unes et les autres, Nb 6.22 ; Dt 27.14-26 ; Ps 103.1-2 ; 144.1 ; Dn 2.19-23, etc. Cf. Lc 1.68 ; 2 Co 1.3 ; Ep 1.3 ; 1 P 1.3.
20 et béni soit le Dieu Très-Haut
qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui donna la dîme de tout.
21 Le roi de Sodome dit à Abram : « Donne-moi les personnes et prends les biens pour toi. »
p Omis par grec et syr.
15 Après ces événements, la parole de Yahvé fut adressée à Abram, dans une vision :
« Ne crains pas, Abram ! Je suis ton bouclier, ta récompense sera très grande. »
q Récit de tradition yahviste, mais avec des indices d’origine récente et des additions très tardives. La foi d’Abraham est mise à l’épreuve, les promesses tardent à se réaliser. Elles sont alors renouvelées et scellées par une alliance. La promesse de la terre est en première place. — C’est à ces promesses faites aux Pères, dans lesquelles Dieu a engagé sa miséricorde et sa fidélité, que le NT rattachera la personne et l’œuvre de Jésus Christ, cf. Ac 2.39 ; Rm 4.13.
2 Abram répondit : « Mon Seigneur Yahvé, que me donnerais-tu ? Je m’en vais sans enfant... »r
r Texte corrompu « et le fils de... (un mot incompréhensible) ma maison, c’est Damas Éliézer ». Le v. 4 semble indiquer qu’il y avait là la mention de quelqu’un. Pour la première fois, Abraham répond à Dieu pour exprimer une inquiétude. Le v. 3 semble être une addition il redit la même plainte.
s La foi d’Abraham est la confiance en une promesse humainement irréalisable. Dieu lui reconnaît le mérite de cet acte (cf. Dt 24.13 ; Ps 106.31), il le met au compte de sa justice, le « juste » étant l’homme que sa rectitude et sa soumission rendent agréable à Dieu. Saint Paul utilise le texte pour prouver que la justification dépend de la foi et non des œuvres de la Loi ; mais la foi d’Abraham commande sa conduite, elle est principe d’action et saint Jacques peut invoquer le même texte pour condamner la foi « morte », sans les œuvres de la foi.
7 Il lui dit : « Je suis Yahvé qui t’ai fait sortir d’Ur des Chaldéens, pour te donner ce pays en possession. »
12 Comme le soleil allait se coucher, une torpeur tomba sur Abram et voici qu’un grand effroit le saisit.
t Le texte ajoute ici « une obscurité », glose peut-être destinée au mot rare « ténèbres », v. 17.
u Les vv. 13-16 sont une addition au récit de base, mais tout n’est pas homogène le v. 13 parle de quatre cents ans et le v. 16 de quatre générations.
17 Quand le soleil fut couché et que les ténèbres s’étendirent, voici qu’un four fumant et un brandon de feu passèrent entre les animaux partagés.v
v Vieux rite d’alliance (Jr 34.18) les contractants passaient entre les chairs sanglantes et appelaient sur eux le sort fait à ces victimes, s’ils transgressaient leur engagement. Sous le symbole du feu (cf. le buisson ardent, Ex 3.2 ; la colonne de feu, Ex 13.21 ; le Sinaï fumant, Ex 19.18), c’est Yahvé qui passe, et il passe seul car son alliance est un pacte unilatéral, voir 9.9. C’est un engagement solennel, scellé par un serment imprécatoire (le passage entre les animaux partagés).
« À ta postérité je donne ce pays,
du Fleuve d’Égypte jusqu’au Grand Fleuve,
w L’expression idéalisée des limites du pays de la promesse (comparer avec « De Dan à Bersabée ») et la liste des peuples sont une addition au récit de base. Et il n’y a pas d’homogénéité entre les deux éléments ajoutés les peuples sont ceux de Canaan seulement.
16 La femme d’Abram, Saraï, ne lui avait pas donné d’enfant. Mais elle avait une servante égyptienne, nommée Agar,
x Récit de tradition yahviste avec des éléments de tradition sacerdotale (vv. 1, 3, 15-16).
y D’après le droit mésopotamien, une épouse stérile pouvait donner à son mari une servante pour femme et reconnaître comme siens les enfants nés de cette union. Le cas se reproduira pour Rachel, 30.1-6, et pour Léa, 30.9-13.
3 Ainsi, au bout de dix ans qu’Abram résidait au pays de Canaan, sa femme Saraï prit Agar l’Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à son mari, Abram.
7 L’Ange de Yahvéz la rencontra près d’une certaine source au désert, la source qui est sur le chemin de Shur.
z Dans les textes anciens, l’Ange de Yahvé, 22.11 ; Ex 3.2 ; Jg 2.1, etc., ou l’Ange de Dieu, 21.17 ; 31.11 ; Ex 14.19, etc., n’est pas encore clairement un ange créé distinct de Dieu, Ex 23.20, mais ce n’est pas non plus, semble-t-il, une façon de parler de Dieu en tant qu’il se manifeste. Si l’identification semble se dégager du texte, ici au v. 13, le propre d’un « envoyé », comme chez les hommes, est de parler au nom de celui qui l’envoie. Dans d’autres textes, l’Ange de Yahvé est l’exécuteur de ses vengeances, Ex 12.23. Cf. également Tb 5.4 ; Mt 1.20 ; Ac 7.38.
« Tu es enceinte et tu enfanteras un fils,
et tu lui donneras le nom d’Ismaël,
car Yahvé a entendua ta détresse.
a Le nom d’Ishma`el signifie « Que Dieu entende » ou « Dieu entend ».
12 Celui-là sera un onagre d’homme,
sa main contre tous, la main de tous contre lui,
il s’établira à la face de tous ses frères. »b
b Les descendants d’Ismaël sont les Arabes du désert, indépendants et vagabonds comme l’onagre (Jb 39.5-8).
13 À Yahvé qui lui avait parlé, Agar donna ce nom : « Tu es El-Roï », car, dit-elle, « Ai-je encore vu ici après celui qui me voit ? »c
c El Roï signifie « Dieu de vision » ; le texte des paroles d’Agar doit être corrompu. Lahaï Roï peut s’interpréter le puits « du Vivant qui me voit » ; Isaac y séjournera, 24.62 ; 25.11.
15 Agar enfanta un fils à Abram, et Abram donna au fils qu’enfanta Agar le nom d’Ismaël.
17 Lorsqu’Abram eut atteint quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahvé lui apparut et lui dit :
« Je suis El Shaddaï,e marche en ma présence et sois parfait.
d Nouveau récit de l’alliance, de tradition sacerdotale. L’alliance scelle les mêmes promesses que dans la tradition yahviste du chap. 15, mais impose cette fois à l’homme des obligations de perfection morale, v. 1, un lien religieux avec Dieu, vv. 7, 19, et une prescription positive, la circoncision. Comparer, dans la même tradition, l’alliance avec Noé, 9.9.
e Ancien nom divin de l’époque patriarcale, 28.3 ; 35.11 ; 43.14 ; 48.3 ; 49.25, spécialement retenu par la tradition sacerdotale, cf. Ex 6.3, rare en dehors du Pentateuque, sauf dans Job. La traduction commune, « Dieu Tout-Puissant », est inexacte. Le sens est incertain ; on a proposé « Dieu de la montagne », d’après l’akkadien shadû ; il serait préférable de comprendre « Dieu de la steppe », d’après l’hébreu sadeh et un autre sens du mot akkadien. C’est une appellation divine qui correspond au mode de vie des nomades.
Dieu lui parla ainsi :
4 « Moi, voici mon alliance avec toi : tu deviendras père d’une multitude de nations.
f D’après la conception antique, le nom d’un être ne le désigne pas seulement, il détermine sa nature. Un changement de nom marque donc un changement de destinée, cf. v. 15 et 35.10. En fait, Abram et Abraham semblent être deux formes dialectales du même nom et signifier également « Il est grand quant à son père, il est de noble lignée. » Mais Abraham est expliqué ici par l’assonance avec ’ab hamôn « père de multitude ».
9 Dieu dit à Abraham : « Et toi, tu observeras mon alliance, toi et ta race après toi, de génération en génération.
g La circoncision était primitivement un rite d’initiation au mariage et à la vie du clan, 34.14s ; Ex 4.24-26 ; Lv 19.23. Elle devient ici un « signe », qui rappellera à Dieu (comme l’arc-en-ciel, 9.16-17) son alliance, et à l’homme son appartenance au peuple choisi et les obligations qui en découlent. Cependant, les lois ne font que deux allusions à cette prescription, Ex 12.44 ; Lv 12.3 ; cf. Jos 5.2-8. Elle ne prit toute son importance qu’à partir de l’Exil, cf. 1 M 1.60s ; 2 M 6.10. Saint Paul l’interprète comme le « sceau de la justice de la foi », Rm 4.11. Sur la « circoncision du cœur », voir Jr 4.4.
15 Dieu dit à Abraham : « Ta femme Saraï, tu ne l’appelleras plus Saraï, mais son nom est Sara.h
h Sara et Saraï sont deux formes du même nom, qui signifie « princesse » ; et Sara sera mère de rois, v. 16.
i Au rire d’Abraham feront écho le rire de Sara, 18.12, et celui d’Ismaël, 21.9 (voir encore 21.6), autant d’allusions au nom d’Isaac, forme abrégée de Yçhq-El, qui signifie « Que Dieu sourie, soit favorable » ou « a souri, s’est montré favorable. » Le rire d’Abraham exprime l’incrédulité, d’où la demande pour Ismaël, v. 18, mais aussi l’étonnement devant l’énormité de la promesse. Au moins veut-il une confirmation, qu’il sollicite en rappelant l’existence d’Ismaël, qui pourrait être l’héritier promis.
j L’indication du nom que l’enfant devra porter fait partie des annonces de naissance ; cf. 16.11.
k Texte difficile où le dernier « et » est ajouté dans la traduction. Une partie du grec lit « j’établirai mon alliance avec lui, comme alliance perpétuelle, pour être son Dieu et celui de sa descendance après lui ».
21 Mais mon alliance, je l’établirai avec Isaac, que va t’enfanter Sara, l’an prochain à cette saison. »
23 Alors Abraham prit son fils Ismaël, tous ceux qui étaient nés dans sa maison, tous ceux qu’il avait acquis de son argent, bref tous les mâles parmi les gens de la maison d’Abraham, et il circoncit la chair de leur prépuce, ce jour même, comme Dieu le lui avait dit.
18 Yahvé lui apparut aux Chênes de Mambré, tandis qu’il était assis à l’entrée de la tente, au plus chaud du jour.
l Dans leur forme finale, les chap. 18-19 sont un récit de tradition yahviste qui narre une apparition de Yahvé (vv. 1, 10-11, 13, 22) accompagné de deux « hommes » qui, d’après 19.1, 15, sont deux anges. Mais la forme primitive du récit a pu parler simplement de « trois hommes », ou même « trois anges » représentant Dieu, dont ils seraient les envoyés, 19.14, pour parler et agir en son nom, ce qui expliquerait le « Yahvé dit » aux moments clés du récit. Malgré cette pluralité, il y aurait à la base une conception semblable à celle du chap. 16 (cf. 13) et cela expliquerait le changement entre pluriel et singulier. Si actuellement Yahvé est l’un des trois, cela tient à des additions, 18.17-19 ; 19.1 (noter le « deux »), 27, et surtout 18.22-33, l’intercession d’Abraham. Dans ces trois hommes auxquels Abraham s’adresse au singulier, beaucoup de Pères ont vu l’annonce du mystère de la Trinité, dont la révélation est réservée au NT. Le récit prépare celui du chap. 19. Le Yahviste a recueilli et transformé une vieille légende sur la destruction de Sodome, dans laquelle interviennent trois personnages divins. Cette histoire formait le noyau d’un cycle de Lot qui fut rattaché au cycle d’Abraham.
m Ce n’est pas une « adoration », un acte de culte, mais une simple marque d’hommage. Abraham ne reconnaît d’abord dans les visiteurs que des hôtes humains, et leur témoigne une magnifique hospitalité. Leur caractère divin ne se manifestera que progressivement, vv. 2, 9, 13, 14.
6 Abraham se hâta vers la tente auprès de Sara et dit : « Prends vite trois boisseaux de farine, de fleur de farine, pétris et fais des galettes. »
9 Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit « Elle est dans la tente. »
11 Or Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes.
n Allusion au nom d’Isaac, voir 17.17. Ce rire n’est pas un manque de foi Sara ne connaît pas encore l’identité de l’hôte, qu’elle devinera au v. 15, d’où alors sa crainte.
16 Les hommes se levèrent de là et se dirigèrent vers Sodome. Abraham marchait avec eux pour les reconduire.
17 Yahvé s’était dit : « Vais-je cacher à Abraham ce que je vais faire,
o « tout » kullah conj. ; « anéantissement » kalah hébr.
22 Les hommes partirentp de là et allèrent à Sodome. Abraham se tenait encore devant Yahvé.
p Les deux « hommes », distingués de Yahvé qui reste avec Abraham. On dira plus loin, 19.1, qu’ils sont des Anges.
q Problème de tous les temps les bons doivent-ils souffrir avec les méchants, et à cause d’eux ? Si fort était, dans l’ancien Israël, le sentiment de la responsabilité collective, qu’on ne se demande pas ici si les justes pourraient être individuellement épargnés. En fait, Dieu sauvera Lot et sa famille, 19.15-16 ; mais le principe de la responsabilité individuelle ne sera dégagé que dans Dt 7.10 ; 24.16 ; Jr 31.29-30 ; Ez 14.12s et 18, voir les notes. Abraham demande seulement, tous devant subir le même sort, si quelques justes n’obtiendront pas le pardon de beaucoup de coupables. Les réponses de Yahvé sanctionnent le rôle sauveur des saints dans le monde. Mais, dans son marchandage de miséricorde, Abraham n’ose pas descendre au-dessous de dix justes. D’après Jr 5.1 et Ez 22.30, Dieu pardonnerait à Jérusalem s’il n’y trouvait qu’un juste. Enfin, en Isa 53, c’est la souffrance du seul Serviteur qui doit sauver tout le peuple, mais cette annonce ne sera comprise que lorsqu’elle sera réalisée par le Christ.
r Cf. Rm 3.6. Il y a plus d’injustice à condamner quelques innocents qu’à épargner une multitude de coupables.
27 Abraham reprit : « Je suis bien hardi de parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre.
30 Abraham dit : « Que mon Seigneur ne s’irrite pas et que je puisse parler : peut-être s’en trouvera-t-il trente », et il répondit : « Je ne le ferai pas, si j’en trouve trente. »
33 Yahvé, ayant achevé de parler à Abraham, s’en alla, et Abraham retourna chez lui.s
s Il reviendra le lendemain, pour voir, 19.27.
19 Quand les deux Anges arrivèrent à Sodome sur le soir, Lot était assis à la porte de la ville. Dès que Lot les vit, il se leva à leur rencontre et se prosterna, face contre terre.
t Ce récit se relie au chap. 18, où il est préparé, 18.16-32. Le même mystère enveloppe les protagonistes les « deux Anges » de 19.1 sont les « hommes » qui étaient partis d’auprès d’Abraham, 18.22, 33. L’addition de l’intercession d’Abraham réduit leur nombre à deux, v. 1, puisque Yahvé est resté avec Abraham, 18.22b-33a. Le reste du chapitre parle encore d’« hommes », sauf au v. 15. Ils parlent, ou on leur parle, tantôt au pluriel et tantôt au singulier comme représentants de Yahvé, qui n’intervient pas en personne. Dans ce vieux texte s’affirment déjà le caractère moral de la religion d’Israël et le pouvoir universel de Yahvé. La terrible leçon sera souvent évoquée, voir en particulier Dt 29.22 ; Isa 1.9 ; 13.19 ; Jr 49.18 ; 50.40 ; Am 4.11 ; Sg 10.6-7 ; Mt 10.15 ; 11.23-24 ; Lc 17.28s ; 2 P 2.6 ; Jude 7.
4 Ils n’étaient pas encore couchés que la maison fut cernée par les hommes de la ville, les gens de Sodome, depuis les jeunes jusqu’aux vieux, tout le peuple sans exception.
u Le vice contre nature, qui tire son nom de ce récit, était abominable aux Israélites, Lv 18.22, et puni de mort, Lv 20.13, mais il était répandu autour d’eux, Lv 20.23. Cf. Jg 19.22s.
6 Lot sortit vers eux à l’entrée et, ayant fermé la porte derrière lui,
v L’honneur d’une femme avait alors moins de prix, 12.13, cf. 12.10, que le devoir sacré de l’hospitalité.
12 Les hommes dirent à Lot : « As-tu encore quelqu’un ici ? Un gendre, tes fils, tes filles, tous les tiens qui sont dans la ville, fais-les sortir de ce lieu.
15 Lorsque pointa l’aurore, les Anges insistèrent auprès de Lot, en disant : « Debout ! prends ta femme et tes deux filles qui se trouvent là, de peur d’être emporté par le châtiment de la ville. »
17 Comme ils le menaient dehors, il dit : « Sauve-toi, sur ta vie ! Ne regarde pas derrière toi et ne t’arrête nulle part dans la Plaine, sauve-toi à la montagne, pour n’être pas emporté ! »
19 Ton serviteur a trouvé grâce à tes yeux et tu as montré une grande miséricorde à mon égard en m’assurant la vie. Mais moi, je ne puis pas me sauver à la montagne sans que m’atteigne le malheur et que je meure.
w On rattache ici Çoar à miçe`ar « peu de chose, un rien ». La ville existait au sud-est de la mer Morte, 13.10 ; Dt 34.3 ; Isa 15.5 ; Jr 48.34. À l’époque romaine, un nouveau séisme livra aux eaux la ville, qui fut reconstruite plus haut et habitée jusqu’au Moyen Âge.
23 Au moment où le soleil se levait sur la terre et que Lot entrait à Çoar,
x Le texte permet de situer le cataclysme dans la région méridionale de la mer Morte. De fait, l’affaissement de la partie sud de la mer Morte est géologiquement récent, et la région est restée instable jusqu’à l’époque moderne. Outre Sodome et Gomorrhe (Am 4.11 ; Isa 1.9, 10), les villes maudites sont Adma et Çeboyim (14 ; Dt 29.22 ; Os 11.8).
y Explication populaire d’un roc de forme capricieuse ou d’un bloc salin.
27 Levé de bon matin, Abraham vint à l’endroit où il s’était tenu devant Yahvé
28 et il jeta son regard sur Sodome, sur Gomorrhe et sur toute la Plaine, et voici qu’il vit la fumée monter du pays comme la fumée d’une fournaise !
29 Ainsi, lorsque Dieu détruisit les villes de la Plaine, il s’est souvenu d’Abraham et il a retiré Lot du milieu de la catastrophe, dans le renversement des villes où habitait Lot.z
z Ce v. est de tradition sacerdotale (voir 8.1 Dieu se souvient) ou rédactionnel.
30 Lot monta de Çoar et s’établit dans la montagne avec ses deux filles, car il n’osa pas rester à Çoar. Il s’installa dans une grotte, lui et ses deux filles.
a Cet appendice reproduit une tradition des Moabites et des Ammonites, cf. Nb 20.23, qui pouvaient tirer gloire d’une telle origine. Comme Tamar, 38, les filles de Lot ne sont pas présentées comme impudiques ; elles veulent avant tout perpétuer la race. Le v. 31 suppose que Lot et ses filles sont les seuls survivants de la catastrophe. L’histoire de Sodome, détruite pour le péché de ses habitants, peut avoir été primitivement un parallèle transjordanien au récit du déluge.
31 L’aînée dit à la cadette : « Notre père est âgé et il n’y a pas d’homme dans le pays pour s’unir à nous à la manière de tout le monde.
b Étymologies populaires Moab est expliqué me’ab « issu du père » ; ben`ammi « fils de mon parent » est rapproché de Benê `Ammôn « les fils d’Ammon ».
20 Abraham partit de là pour le pays du Négeb et demeura entre Cadès et Shur. Il vint séjourner à Gérar.
c Doublet de tradition élohiste de 12.10-20 (voir aussi 26.1-11), adouci par plusieurs traits d’une morale plus évoluée.
d Texte corrigé avant « un innocent », on supprime « nation » introduit par dittographie.
e Au sens large d’homme ayant des relations privilégiées avec Dieu, qui font de lui une personne inviolable, Ps 105.15, et un intercesseur puissant, cf. Dt 34.10 ; Nb 11.2 ; 21.7.
f Littéralement « avec tout ce qui t’appartient ».
8 Abimélek se leva tôt et appela tous ses serviteurs. Il leur raconta toute cette affaire et les hommes eurent grand-peur.
12 Et puis, elle est vraiment ma sœur, la fille de mon père mais non la fille de ma mère, et elle est devenue ma femme.
14 Abimélek prit du petit et du gros bétail, des serviteurs et des servantes et les donna à Abraham, et il lui rendit sa femme Sara.
g Le texte de la fin du v. est corrompu ; en changeant le texte on propose souvent de traduire « et en tout cela tu es justifiée ». La somme d’argent est une réparation.
h Abimélek et son harem avaient été frappés d’impuissance et de stérilité. — Le v. 18 est une glose.
21 Yahvé visita Sara comme il avait dit et il fit pour elle comme il avait promis.
i Passage complexe où sont probablement unifiés des éléments de tradition yahviste (vv. 1a, 2a et 7, suite de 18.15), élohiste (1 et 6) et sacerdotale (vv. 2 et 3-5, continuation de 17.21).
j Toujours le jeu de mots sur le nom d’Isaac, cf. 17.17 ; c’est maintenant un rire de joie.
« Qui aurait dit à Abraham
que Sara allaiterait des enfants !
car j’ai donné un fils à sa vieillesse. »
8 L’enfant grandit et fut sevré, et Abraham fit un grand festin le jour où l’on sevra Isaac.
k Si ce récit continuait celui de 16, on devrait conclure de 16.16 ; 21.5 qu’Ismaël avait plus de quinze ans, alors qu’il paraît ici comme un petit enfant à peine plus âgé qu’Isaac. Ce récit est un parallèle élohiste au récit yahviste de 16. Les deux se rattachent à un puits du désert de Bersabée et expliquent les rapports de parenté entre les Ismaélites et les Israélites descendants d’Isaac. Mais les circonstances du renvoi d’Agar et l’attitude de tous les personnages sont différents.
l Encore une allusion au nom d’Isaac, cf. 17.17, le même verbe signifiant « rire » et « jouer ». Grec et Vulg. ajoutent « avec son fils Isaac ».
m Sam. et les versions anciennes lisent « une grande nation » ; cf. v. 18.
Elle s’en fut errer au désert de Bersabée.
17 Dieu entendit les cris du petit et l’Ange de Dieu appela du ciel Agar et lui dit : « Qu’as-tu, Agar ? Ne crains pas, car Dieu a entendun les cris du petit, là où il était.
n Allusion au nom d’Ismaël, voir 16.11.
20 Dieu fut avec lui, il grandit et demeura au désert, et il devint un tireur d’arc.
21 Il demeura au désert de Parân et sa mère lui choisit une femme du pays d’Égypte.
22 En ce temps-là, Abimélek et Pikol, chef de son armée, dirent à Abraham : « Dieu est avec toi en tout ce que tu fais.
o Récit de tradition élohiste sauf peut-être le v. 33 qui combine deux explications du nom de Bersabée Be’er Sheba`, « le Puits du Serment » ou « le Puits des Sept (brebis) » ; cf. encore 26.33. La mention des Philistins, vv. 32 et 34, reflète une époque où ceux-ci habitent le sud de la plaine côtière, cf. Jos 13.2.
25 Abraham fit reproche à Abimélek à propos du puits que les serviteurs d’Abimélek avaient usurpé.
32 Ils conclurent une alliance à Bersabée. Abimélek et Pikol, chef de son armée, se levèrent et ils retournèrent au pays des Philistins.
34 Abraham séjourna longtemps au pays des Philistins.
22 Après ces événements, il arriva que Dieu éprouva Abraham et lui dit : « Abraham ! »q Il répondit : « Me voici ! »
p Récit probablement de tradition élohiste, vv. 1-14 et 19, où, par respect de la tradition, on garde le nom de Yahvé, vv. 11 et 14. Les vv. 15-18 sont une addition. À l’origine peut se trouver un récit de fondation de sanctuaire israélite où, à la différence des sanctuaires cananéens, on n’offrait pas de victimes humaines. Le récit actuel justifie la prescription rituelle du rachat des premiers-nés d’Israël ceux-ci, comme toutes les prémices, appartiennent à Dieu, toutefois ils ne doivent pas être sacrifiés mais rachetés, Ex 13.11. Le récit implique donc la condamnation, maintes fois prononcée par les Prophètes, des sacrifices d’enfants, voir Lv 18.21. Il y ajoute une leçon spirituelle plus haute l’exemple de la foi d’Abraham qui trouve ici son point culminant. Les Pères ont vu dans le sacrifice d’Isaac la figure de la Passion de Jésus, le Fils unique.
q Sam. et les versions anciennes ont un double appel, assez habituel (cf. v. 11 ; Ex 3.4 ; etc.).
r 2 Ch 3.1 identifie Moriyya avec la colline où s’élèvera le Temple de Jérusalem. La tradition postérieure a adopté cette localisation, mais le texte parle d’un pays de Moriyya dont le nom n’apparaît pas ailleurs ; le lieu du sacrifice reste inconnu.
3 Abraham se leva tôt, sella son âne et prit avec lui deux de ses serviteurs et son fils Isaac. Il fendit le bois de l’holocauste et se mit en route pour l’endroit que Dieu lui avait dit.
6 Abraham prit le bois de l’holocauste et le chargea sur son fils Isaac, lui-même prit en mains le feu et le couteau et ils s’en allèrent tous deux ensemble.
9 Quand ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham y éleva l’autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois.
11 Mais l’Ange de Yahvé l’appela du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! »
s On s’attendrait à « Yahvé pourvoit », lecture du grec pour qu’il y ait correspondance avec le nom donné peu avant, lui-même en rapport avec ce que, d’avance, Abraham avait dit, v. 8.
15 L’Ange de Yahvé appela une seconde fois Abraham du ciel
t C’est-à-dire leurs villes, comme interprète le grec ; cf. 24.60.
19 Abraham revint vers ses serviteurs et ils se mirent en route ensemble pour Bersabée. Abraham résida à Bersabée.
20 Après ces événements, on annonça à Abraham que Milka elle aussi avait enfanté des fils à son frère Nahor :
u Liste, probablement de tradition yahviste, des fils de Nahor, 11.29 ; cf. les douze fils d’Ismaël, 25.13, et de Jacob, 29.32-30.24 ; 35.22s. Ce sont peut-être les ancêtres des Araméens, mais le v. 21 dit seulement que Qemuel, l’un des douze, est le père d’Aram. Une autre tradition, donnée en 10.23, parle de quatre fils d’Aram, fils de Sem, mais Uç est le seul nom commun aux deux listes.
23 (et Bétuel engendra Rébecca). Ce sont les huit enfants que Milka donna à Nahor, le frère d’Abraham.
23 La vie de Sara fut de cent vingt-sept answ — durée de la vie de Sara —
v Récit de tradition sacerdotale. Si Abraham obtient un titre de propriété et un droit de cité en Canaan, la promesse de la terre, 17.8 ; Ex 6.4, mais aussi 12.7 ; 13.15 ; 15.7s, commence à se réaliser. Sauf pour qualifier Éphrôn, le texte parle systématiquement des « fils de Hèt ». On s’interroge sur leur relation avec les Hittites, peuple qui habitait l’Asie Mineure au IIe millénaire ; les « royaumes néo-Hittites », au début du premier millénaire, s’étendaient à la Syrie du Nord. Mais, ailleurs, l’Ancien Testament mentionne les Hittites avec d’autres peuples de Canaan (cf. 15.20 ; Dt 7.1) que Dieu dépossède pour donner leur pays à la descendance d’Abraham.
w La précision « durée de la vie de Sara » est une surcharge absente du grec et de la Vulgate.
3 Puis Abraham se leva de devant son mort et parla ainsi aux fils de Hèt :
7 Abraham se leva et s’inclina devant les gens du pays, les fils de Hèt,
12 Abraham s’inclina devant les gens du pays
17 Ainsi le champ d’Éphrôn, qui est à Makpéla, vis-à-vis de Mambré, le champ et la grotte qui y est sise, et tous les arbres qui sont dans le champ, dans sa limite,
24 Abraham était alors un vieillard avancé en âge, et Yahvé avait béni Abraham en tout.
x Dernier récit sur Abraham, de tradition yahviste, mais quelques incohérences manifestent que le texte a été retravaillé. Les vv. 1-9 permettent de supposer que le patriarche est sur son lit de mort, cf. 47.29-31, et le serviteur, à son retour, vv. 62-67, ne trouve plus qu’Isaac ; il habite à un autre endroit. Rébecca, d’après le v. 48 (cf. 29.5), est la fille de Nahor, mais une autre tradition en fait la fille de Bétuel, 25.20 ; 28.2, 5, fils de Nahor, 22.22-23. C’est pourquoi Bétuel a été introduit dans le récit, vv. 15, 24, 47 et 50. Mais c’est Laban, frère de Rébecca, v. 29, et fils de Nahor, 29.5, qui agit comme chef de famille.
y Même geste 47.29, pour rendre le serment infrangible par un contact avec les parties vitales. Le serviteur anonyme est identifié par la tradition avec Éliézer, 15.2, mais ce texte est corrompu.
4 Mais tu iras dans mon pays, dans ma parenté, et tu choisiras une femme pour mon fils Isaac. »
10 Le serviteur prit dix des chameaux de son maître et, emportant de tout ce que son maître avait de bon, il se mit en route pour l’Aram Naharayim,z pour la ville de Nahor.
z C’est-à-dire « l’Aram des Fleuves » la Haute-Mésopotamie, où se trouvait Harân, résidence des parents d’Abraham, 11.31.
14 « La jeune fille à qui je dirai : « Incline donc ta cruche, que je boive » et qui répondra : « Bois et j’abreuverai aussi tes chameaux », ce sera celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac, et je connaîtrai à cela que tu as montré ta bienveillance pour mon maître. »
15 Il n’avait pas fini de parler que sortait Rébecca, qui était fille de Bétuel, fils de Milka, la femme de Nahor, frère d’Abraham, et elle avait sa cruche sur l’épaule.
22 Lorsque les chameaux eurent fini de boire, l’homme prit un anneau d’ora pesant un demi-sicle et, à ses bras, deux bracelets pesant dix sicles d’or,
a Le sam. ajoute « qu’il mit à ses narines », peut-être d’après le v. 47.
b C’est l’expression hesed we’emet, cf. v. 49 ; 32.11 ; 47.29 ; Ex 34.6 ; Jos 2.14 ; 2 S 2.6 ; 15.20, etc., litt. « grâce (ou miséricorde) et fidélité (ou loyauté) », qui exprime l’amour fidèle, la bienveillance sans retour de Dieu pour les hommes, la piété persévérante de l’homme envers Dieu, ou la loyauté dans l’amour de l’homme pour son prochain, cf. Os 2.21.
28 La jeune fille courut annoncer chez sa mère ce qui était arrivé.
33 On lui présenta à manger, mais il dit : « Je ne mangerai pas avant d’avoir dit ce que j’ai à dire », et Laban répondit : « Parle. »
50 Laban et Bétuel prirent la parole et dirent : « La chose vient de Yahvé, nous ne pouvons rien dire en bien ou en mal.
54 Ils mangèrent et ils burent, lui et les hommes qui l’accompagnaient, et ils passèrent la nuit. Le matin, quand ils furent levés, il dit : « Laissez-moi aller chez mon maître. »
58 Ils appelèrent Rébecca et lui dirent : « Veux-tu partir avec cet homme ? » Et elle répondit : « Je veux bien. »
« Notre sœur, ô toi, deviens
des milliers de myriades !
Que ta postérité conquière
la porte de ses ennemis ! »
61 Rébecca et ses servantes se levèrent, montèrent sur les chameaux et suivirent l’homme. Le serviteur prit Rébecca et partit.
62 Isaac était revenu du puits de Lahaï-Roï, et il habitait au pays du Négeb.
63 Or Isaac sortit pour se promenerc dans la campagne, à la tombée du soir, et, levant les yeux, il vit que des chameaux arrivaient.
c Mot unique de sens incertain.
66 Le serviteur raconta à Isaac toute l’affaire qu’il avait faite.