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Bible de Jérusalem

Romains 1.3-4.9

3 concernant son Fils, issu de la lignée de David selon la chair,
4 établic Fils de Dieu avec puissance selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection des morts,d
Jésus Christ notre Seigneur,

c Vulg. : « prédestiné ».

d Paul attribue toujours la résurrection du Christ à l’action de Dieu, 1 Th 1.10 ; 1 Co 6.14 ; 15.15 ; 2 Co 4.14 ; Ga 1.1 ; 4.24 ; 10.9 ; Ac 2.24 ; 1 P 1.21, qui y a manifesté sa « puissance », 2 Co 13.4 ; 6.4 ; Ph 3.10 ; Col 2.12 ; Ep 1.19s ; He 7.16. C’est par l’Esprit Saint qu’il a été ramené à la vie, 8.11, et placé dans son état glorieux de « Kyrios », Ph 2.9-11 ; Ac 2.36 ; 14.9, où il mérite à un titre nouveau, messianique, son nom éternel de « Fils de Dieu » Ac 13.33 ; He 1.1-5 ; 5.5. Cf. 8.11 ; 9.5.

5 par qui nous avons reçu grâce et apostolat
pour prêcher, à l’honneur de son nom, l’obéissance de la foie
parmi toutes les nations,f

e Moins sans doute l’obéissance due au message évangélique que celle qui est adhésion de foi. Cf. Ac 6.7 ; 6.16-17 ; 10.16 ; 15.18 ; 16.19, 26 ; 2 Co 10.5-6 ; 2 Th 1.8 ; 1 P 1.22 ; He 5.9 ; 11.8.

f Le terme grec « ethnè » peut avoir une connotation négative (païens, ceux qui adorent les idoles) ou une connotation neutre ; il désigne alors les peuples autres que le peuple juif, autrement dit les non-juifs. En Rm, il faut traduire par « nations », et non par « païens » dans la mesure où Paul applique le terme aux croyants, certes venus du paganisme, mais qui ne sont plus païens, adorateurs des divinités païennes ; les seuls passages où le terme a été rendu par « païens » sont 2.14-24.

6 dont vous faites partie, vous aussi, appelés de Jésus Christ,
7 à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome,
aux saints par vocation,
à vous grâce et paix
de par Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ.

Action de grâces et prière.

8 Et d’abord je remercie mon Dieu par Jésus Christ à votre sujet à tous, de ce qu’on publie votre foi dans le monde entier. 9 Car Dieu m’est témoin, à qui je rends un culteg spirituelh en annonçant l’Évangile de son Fils, avec quelle continuité je fais mémoire de vous

g Littéralement « je rends un culte en mon esprit ». Le ministère apostolique est un acte de culte rendu à Dieu, cf. 15.16, comme aussi toute vie chrétienne animée par la charité, 12.1 ; Ph 2.17 ; 3.3 ; 4.18 ; Ac 13.2 ; 2 Tm 1.3 ; 4.6 ; He 9.14 ; 12.28 ; 13.15 ; 1 P 2.5.

h L’esprit (pneuma) désigne parfois chez Paul la partie supérieure de l’homme, 1.9 ; 8.16 ; 1 Co 2.11 ; 16.18 ; 2 Co 2.13 ; 7.13 ; Ga 6.18 ; Ph 4.23 ; Phm 25 ; 2 Tm 4.22 ; cf. Mt 5.3 ; 27.50 ; Mc 2.8 ; 8.12 ; Lc 1.47, 80 ; 8.55 ; 23.46 ; Jn 4.23s ; 11.33 ; 13.21 ; 19.30 ; Ac 7.59 ; 17.16 ; Ac 18.25 ; 19.21, qui se distingue de sa partie inférieure, la chair (1 Co 5.5 ; 2 Co 7.1 ; Col 2.5 ; cf. Mt 26.41 ; 1 P 4.6 ; 7.5), le corps (1 Co 5.3s ; 7.34 ; cf. Jc 2.26 ; 7.24), voire la psychè (1 Th 5.23 ; cf. He 4.12 ; Jude 19), et qui correspond d’une certaine manière au noûs (7.25 ; Ep 4.23). Comparer le sens analogue de « disposition d’esprit », 1 Co 4.21 ; 2 Co 12.18 ; Ga 6.1 ; Ph 1.27. En adoptant ce terme de préférence au noûs de la philosophie grecque, la tradition biblique, cf. Gn 6.17 ; Isa 11.2, laisse entendre la correspondance profonde entre l’esprit de l’homme et l’Esprit de Dieu qui le suscite et le dirige, 5.5 ; Ac 1.8. Cette correspondance est telle qu’en plusieurs des textes cités et en d’autres encore, cf. 12.11 ; 2 Co 6.6 ; Ep 4.3, 23 ; 6.18 ; Ph 3.3 var. ; Col 1.8 ; Jude 19, etc., il est malaisé de dire de quel esprit il s’agit, naturel ou surnaturel, personnel ou participé.

10 et demande constamment dans mes prières d’avoir enfin une occasion favorable, si Dieu le veut, d’aller jusqu’à vous. 11 Car j’ai un vif désir de vous voir, afin de vous communiquer quelque don spirituel, pour vous affermir, 12 ou plutôt éprouver le réconfort parmi vous de notre foi commune à vous et à moi. 13 Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que j’ai souvent projeté de me rendre chez vous — mais j’en fus empêché jusqu’ici — afin de recueillir aussi quelque fruit parmi vous comme parmi les autres nations.

14 Je me dois aux Grecsi comme aux barbares, aux savants comme aux ignorants :

i Les « Grecs », opposés aux « barbares », désignent tous les hommes « cultivés », y compris les Romains (qui avaient adopté la culture grecque) : opposés aux « Juifs », ils désignent tous les païens, 1.16 ; 2.9-10 ; 3.9 ; 10.12 ; 1 Co 1.22-24, etc.

15 de là mon empressementj à vous porter l’Évangile à vous aussi, habitants de Rome.

j On peut aussi traduire : « Aussi, autant qu’il est en moi, suis-je prêt ».

La thèse de l’épître.

16 Car je ne rougis pas de l’Évangile : il est force de Dieu pour le salut de tout croyant,k du Juif d’abord,l puis du Grec.

k La foi est un acte par lequel l’homme s’en remet à Dieu, à la fois vérité et bonté, comme en la source unique du salut. Elle s’appuie sur sa véracité et sa fidélité dans ses promesses (3.3s ; 1 Th 5.24 ; 2 Tm 2.13 ; He 10.23 ; 11.11), et sur sa puissance à les exécuter (4.17-21 ; He 11.19). Après la longue préparation de l’AT (He 11), Dieu ayant parlé par son Fils (He 1.1), c’est lui désormais qu’il faut croire (cf. Mt 8.10 ; Jn 3.11) et après lui le « kérygme » (10.8-17 ; 1 Co 1.21 ; 15.11, 14 ; cf. Ac 2.22) de l’Évangile (1.16 ; 1 Co 15.1-2 ; Ph 1.27 ; Ep 1.13) annoncé par les apôtres (1.5 ; 1 Co 3.5 ; cf. Jn 17.20), à savoir que Dieu a ressuscité Jésus des morts et l’a fait Kyrios (4.24s ; 10.9 ; Ac 17.31 ; 1 P 1.21 ; cf. 1 Co 15.14, 17), offrant par lui la vie à tous ceux qui croiront en lui (6.8-11 ; 2 Co 4.13s ; Ep 1.19s ; Col 2.12 ; 1 Th 4.14). La foi au Nom de Jésus (3.26 ; 10.13 ; cf. Jn 1.12 ; Ac 3.16 ; 1 Jn 3.23), Christ (Ga 2.16 ; cf. Ac 24.24 ; 1 Jn 5.1), Seigneur (10.9 ; 1 Co 12.3 ; Ph 2.11 ; cf. Ac 16.31) et Fils de Dieu (Ga 2.20 ; cf. Jn 20.31 ; 1 Jn 5.5 ; Ac 8.37 ; 9.20), est ainsi la condition indispensable du salut (10.9-13 ; 1 Co 1.21 ; Ga 3.22 ; cf. Isa 7.9 ; Ac 4.12 ; 16.31 ; He 11.6 ; Jn 3.15-18). La foi n’est pas pure adhésion intellectuelle, mais confiance, obéissance (1.5 ; 6.17 ; 10.16 ; 16.26 ; cf. Ac 6.7) à une vérité de vie (2 Th 2.12s) qui engage tout l’être dans l’union au Christ (2 Co 13.5 ; Ga 2.16, 20 ; Ep 3.17) et lui donne l’Esprit (Ga 3.2, 5, 14 ; cf. Jn 7.38s ; Ac 11.16-17) des fils de Dieu (Ga 3.26 ; cf. Jn 1.12). Parce qu’elle ne compte que sur Dieu, la foi exclut toute suffisance (3.27 ; Ep 2.9) et s’oppose au régime de la Loi (7.7) et à sa vaine recherche (10.3 ; Ph 3.9) d’une justice méritée par des œuvres (3.20, 28 ; 9.31s ; Ga 2.16 ; 3.11s) : la vraie justice que seule elle procure est la Justice salvifique de Dieu (ici ; 3.21-26) reçue comme un don gratuit (3.24 ; 4.16 ; 5.17 ; Ep 2.8 ; cf. Ac 15.11). Aussi rejoint-elle la promesse faite à Abraham (4 ; Ga 3.6-18) et ouvre-t-elle le salut à tous, même aux païens (1.5, 16 ; 3.29s ; 9.30 ; 10.11s ; 16.26 ; Ga 3.8). Elle s’accompagne du baptême (6.4), s’exprime par une profession ouverte (10.10 ; 1 Tm 6.12) et fructifie par la charité (Ga 5.6 ; cf. Jc 2.14). Encore obscure (2 Co 5.7 ; He 11.1 ; cf. Jn 20.29) et accompagnée d’espérance (5.2), elle doit croître (2 Co 10.15 ; 1 Th 3.10 ; 2 Th 1.3) dans la lutte et les souffrances (Ph 1.29 ; Ep 6.16 ; 1 Th 3.2-8 ; 2 Th 1.4 ; He 12.2 ; 1 P 5.9), la fermeté (1 Co 16.13 ; Col 1.23 ; 2.5, 7) et la fidélité (2 Tm 4.7 ; cf. 1.14 ; 1 Tm 6.20) jusqu’au jour de la vision et de la possession (1 Co 13.12 ; cf. 1 Jn 3.2).

l Les Juifs sont les premiers dans l’économie historique du salut. Cf. 2.9-10 ; Mt 10.5s ; 15.24 ; Mc 7.27 ; Ac 13.5, Jn 4.22.

17 Car en lui la justicem de Dieu se révèle de la foi à la foi,n comme il est écrit : Le juste vivra de la foi.o

m En Rm, Paul ne définit pas ce qu’il entend par « justice de Dieu », mais les onze premiers chapitres présentent progressivement les composantes : de rétributive (punition et récompense selon les œuvres, impartialité, etc.), elle va ensuite se manifester comme justifiante, c’est-à-dire rendant juste, transformant quiconque accepte de croire.

n L’expression obscure sera précisée à partir de 3.21.

o Les vv. 16-17 forment ce que la rhétorique d’alors nommait une prothesis, c’est-à-dire une thèse que l’argumentation subséquente doit prouver et expliquer. Dans un premier temps, Paul montrera que la justice de Dieu opère par la foi seule pour tous, sans exception ni privilège, juifs et non-juifs (1.18 — 4.25). Il va ensuite insister sur la grâce surabondante accordée à tous ceux qui sont en Christ (5-8), ce qui va soulever une nouvelle difficulté : si personne (le juif comme le non-juif) n’est exclu de l’élection et de la filiation divine, pourquoi Dieu a-t-il élu le peuple d’Israël et pourquoi ce dernier semble-t-il être exclu des grâces accordées en Christ (9-11) ?

Le salut par la foip

1. COMMENT L’HOMME EST-IL JUSTIFIÉ ?

A. TOUS LES HOMMES SANS EXCEPTION
  SOUS LE JUGEMENT DE DIEU

Le jugement déjà effectué.

18 En effet, la colère de Dieuq se révèle du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui tiennent la vérité captive dans l’injustice ;

p On peut s’étonner qu’après avoir présenté l’Évangile comme force salvifique de Dieu et manifestation ultime de sa justice, Paul, sans transition, parle de la colère divine. En réalité, cette section de l’épître est essentielle à la démonstration, car elle permet à Paul de commencer avec les catégories et espérances des juifs pieux, qui attendaient la manifestation finale de la justice divine — châtiment des impies et délivrance d’Israël. Mais, en 2, l’Apôtre va progressivement s’éloigner des positions acquises, pour montrer que les différences entre circoncis et incirconcis, juif et non-juif, ne sont pas là où on le pensait. Toute son argumentation vise à niveler les statuts, pour insister sur la situation égale, sans privilège aucun, dans laquelle tous se trouvent, incapables de justice et donc objets de la colère divine.

q Déjà dans l’AT, il est dit que Dieu réagit par la colère contre l’injustice humaine. Même si cette colère n’est jamais explicitement qualifiée de juste, elle n’est pourtant pas opposée à la justice divine, et certains textes semblent indiquer qu’elle en est une composante nécessaire ; cf. Ps 7.7-12. Par « colère divine », les écrivains sacrés désignent la punition infligée pour l’injustice grave. Une telle réaction ne reflète pas une nature divine irascible, mais une incompatibilité totale entre Dieu et l’injustice, qui ne peut finir que par la destruction du mal.

19 car ce qu’on peut connaître de Dieu est pour eux manifeste : Dieu en effet le leur a manifesté. 20 Ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité, en sorte qu’ils sont inexcusables ; 21 puisque, ayant connu Dieu,r ils ne lui ont pas rendu comme à un Dieu gloire ou actions de grâces, mais ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements et leur cœur inintelligent s’est enténébré :

r Connaissance d’un Dieu unique et personnel, impliquant la conscience d’une obligation de prière et d’adoration.

22 dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous 23 et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible contre une représentation, simple image d’hommes corruptibles, d’oiseaux, de quadrupèdes, de reptiles.s

s Ce verset, qui reprend la critique biblique et juive de l’idolâtrie, fait aussi allusion à l’épisode du veau d’or et à l’idolâtrie passée d’Israël (Ps 106.20 ; cf. Ex 32) ; Paul indique ainsi implicitement que ses réflexions ne touchent pas que les païens, mais une tendance constante de l’humanité.

24 Aussi Dieu les a-t-il livrést selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps ;

t Jusqu’à la fin du chap. 1, Paul ne fait que reprendre les critiques que le judaïsme d’alors faisait des païens et de leurs mœurs. Cf. Sg 11-12.

25 eux qui ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de préférence au Créateur, qui est béni éternellement ! Amen.u

u Le mot hébreu Amen, hérité de l’AT, cf. Ps 41.14, passe dans l’usage de l’Église chrétienne, 9.5 ; 11.36 ; 1 Co 14.16 ; Ap 1.6-7 ; 22.20-21, etc. Déjà employé par Jésus, Mt 5.18, il lui est ensuite donné comme un nom propre, à titre de témoin véritable des promesses de Dieu, 2 Co 1.20 ; Ap 1.2, 5 ; 3.14.

26 Aussi Dieu les a-t-il livrés à des passions avilissantes : car leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature ; 27 pareillement les hommes, délaissant l’usage naturel de la femme, ont brûlé de désir les uns pour les autres, perpétrant l’infamie d’homme à homme et recevant en leurs personnes l’inévitable salaire de leur égarement.

28 Et comme ils n’ont pas jugé bon de garder la vraie connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement,v pour faire ce qui ne convient pas :

v Jeu d’expression : pour ne s’être pas exercé comme il le devait (« ils n’ont pas jugé bon »), le jugement moral, inclus dans la connaissance de Dieu (v. 21), se trouve aboli ou faussé, v. 32.

29 remplis dew toute injustice, de perversité, de cupidité, de malice ;x ne respirant qu’envie, meurtre, dispute, fourberie, malignité ; diffamateurs,

w Paul s’inspire, ici et souvent ailleurs, de listes de vices qui circulaient dans la littérature contemporaine, païenne et surtout juive : 13.13 ; 1 Co 5.10-11 ; 6.9-10 ; 2 Co 12.20 ; Ga 5.19-21 ; Ep 4.31 ; 5.3-5 ; Col 3.5-8 ; 1 Tm 1.9-10 ; 6.4 ; 2 Tm 3.2-5 ; Tt 3.3. Cf. encore Mt 15.19 ; 1 P 4.3 ; Ap 21.8 ; 22.15.

x Add. : « de fornication ».

30 détracteurs, ennemis de Dieu,y insulteurs, orgueilleux, fanfarons, ingénieux au mal, rebelles à leurs parents,

y Autre traduction : « haïs de Dieu », mais cf. 5.10 ; 8.7.

31 insensés, déloyaux, sans cœur,z sans pitié ;

z Add. (Vulg.) : « implacables », cf. 2 Tm 3.3.

32 connaissant bien pourtant le verdict de Dieu qui déclare dignes de mort les auteurs de pareilles actions, non seulement ils les font, mais ils approuvent encore ceux qui les commettent.a

a La tradition latine a lu : « Connaissant bien que Dieu est juste, ils ne comprirent pas que les auteurs de pareilles actions sont dignes de mort ; et non seulement leurs auteurs, mais encore ceux qui les approuvent. »

La colère à venir, pour tous.b

2 Aussi es-tu sans excuse, qui que tu sois, toi qui juges. Car en jugeant autrui, tu juges contre toi-même : puisque tu agis de même, toi qui juges,

b Paul ne décrit plus les effets déjà visibles de la colère divine. Il s’adresse maintenant à ceux qui s’en croient à l’abri, parce qu’ils critiquent idolâtres et débauchés, alors qu’ils se trouvent dans la même situation, étant en contradiction avec leurs principes : les censeurs, quelle que soit leur origine, ne sont pas davantage épargnés s’ils font le mal. En mettant à nu les contradictions, Paul n’entend pas condamner, mais réveiller et montrer que les privilèges (Loi, circoncision) ne protègent pas contre la colère divine : la fonction de 2 est de niveler les statuts du juif et du non-juif. L’argumentation se développe en deux temps, vv. 1-16 et 17-29.

2 et nous savons que le jugement de Dieu s’exerce selon la vérité sur les auteurs de pareilles actions. 3 Et tu comptes, toi qui juges ceux qui les commettent et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu ?

4 Ou bien méprises-tu ses richesses de bonté, de patience, de longanimité, sans reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse au repentir ? 5 Par ton endurcissement et l’impénitence de ton cœur, tu amasses contre toi un trésor de colère, au jour de la colère où se révélera le juste jugement de Dieu, 6 qui rendra à chacun selon ses œuvres :c

c Le « Jour de Yahvé » annoncé par les prophètes comme jour de colère et de salut, Am 5.18, trouvera sa pleine réalisation eschatologique dans le « Jour du Seigneur », lors du retour glorieux du Christ, 1 Co 1.8. En ce « Jour du Jugement » (cf. Mt 10.15 ; 11.22, 24 ; 12.36 ; 2 P 2.9 ; 3.7 ; 1 Jn 4.17), les morts ressusciteront, 1 Th 4.13-18 ; 1 Co 15.12-23, 51s, et tous les hommes comparaîtront devant le tribunal de Dieu, 14.10, et du Christ, 2 Co 5.10 ; cf. Mt 25.31s. Jugement inévitable, 2.3 ; Ga 5.10 ; 1 Th 5.3, et impartial, v. 11 ; Col 3.25 ; cf. 1 P 1.17, qui n’appartient qu’à Dieu, 12.19 ; 14.10 ; 1 Co 4.5 ; cf. Mt 7.1. Dieu par son Christ, v. 16 ; 2 Tm 4.1 ; cf. Jn 5.22 ; Ac 17.31, jugera les vivants et les morts, 2 Tm 4.1 ; cf. Ac 10.42 ; 1 P 4.5. Lui qui scrute les cœurs, v. 16 ; Jr 11.20 ; 1 Co 4.5 ; cf. Ap 2.23, et éprouve par le feu, 1 Co 3.13-15, rendra à chacun selon ses œuvres, 1 Co 3.8, 13-15 ; 2 Co 5.10 ; 11.15 ; Ep 6.8 ; cf. Mt 16.27 ; 1 P 1.17 ; Ap 2.23 ; 20.12 ; 22.12. On moissonnera ce qu’on aura semé, Ga 6.7-9 ; cf. Mt 13.39 ; Ap 14.15. Colère et perdition, 9.22, pour les Puissances du Mal, 1 Co 15.24-26 ; 2 Th 2.8, et les impies, 2 Th 1.7-10 ; cf. Mt 13.41 ; Ep 5.6 ; 2 P 3.7 ; Ap 6.17 ; 11.18. Pour les élus, qui auront accompli le bien, délivrance, Ep 4.30 ; cf. 8.23, répit, Ac 3.20 ; cf. 2 Th 1.7 ; He 4.5-11, récompense, cf. Mt 5.12 ; Ap 11.18, salut, 1 P 1.5, exaltation, 1 P 5.6, louange, 1 Co 4.5, et gloire, 8.18s ; 1 Co 15.43 ; Col 3.4 ; cf. Mt 13.43.

7 à ceux qui par la constance dans le bien recherchent gloire, honneur et incorruptibilité : la vie éternelle ; 8 aux autres, âmes rebelles, indociles à la vérité et dociles à l’injustice : la colère et l’indignation. 9 Tribulation et angoisse à toute âme humaine qui s’adonne au mal, au Juif d’abord, puis au Grec ; 10 gloire, honneur et paix à quiconque fait le bien, au Juif d’abord, puis au Grec ; 11 car Dieu ne fait pas acception des personnes.

12 En effet, quiconque aura péché sans la Loi, périra aussi sans la Loi ; et quiconque aura péché sous la Loi, par la Loi sera jugé ; 13 ce ne sont pas les auditeurs de la Loi qui sont justes devant Dieu, mais les observateurs de la Loi qui seront justifiés. 14 En effet, quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, se tiennent à eux-mêmes lieu de Loi ;d

d C’est-à-dire agissent selon leur conscience, 1 Co 4.4, sans le secours d’une Loi positivement révélée. La Loi n’est pas un principe de salut, mais un guide : à ce titre, la loi naturelle, inscrite au cœur de tout homme, peut en tenir lieu.

15 ils montrent la réalité de cette loi inscrite en leur cœur, à preuve le témoignage de leur conscience, ainsi que les jugements intérieurs de blâme ou d’éloge qu’ils portent les uns sur les autres...e

e Ou : « qu’ils portent sur leurs propres actions ».

16 au jourf où Dieu jugera les pensées secrètes des hommes, selon mon Évangile, par le Christ Jésus.

f Anacoluthe : le v. 16 continue grammaticalement le v. 13. Autre traduction : « en ce tribunal où Dieu juge... », cf. 1 Co 4.3.

Apostrophe au juif inobservant.

17 Mais si toi, qui arbores le nom de Juif, qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, 18 qui connais sa volonté, qui discernes le meilleur, instruit par la Loi, 19 et ainsi te flattes d’être toi-même le guide des aveugles, la lumière de qui marche dans les ténèbres, 20 l’éducateur des ignorants, le maître des simples, parce que tu possèdes dans la Loi l’expression même de la science et de la vérité... 21 eh bien ! l’homme qui enseigne autrui, tu ne t’enseignes pas toi-même ! tu prêches de ne pas dérober et tu dérobes ! 22 tu interdis l’adultère et tu commets l’adultère ! tu abhorres les idoles, et tu pilles leurs temples ! 23 Toi qui te glorifies dans la Loi, en transgressant cette Loi, c’est Dieu que tu déshonores, 24 car le nom de Dieu, à cause de vous, est blasphémé parmi les païens, dit l’Écriture.

25 La circoncision, en effet, te sert si tu pratiques la Loi ; mais si tu transgresses la Loi, avec ta circoncision, tu n’es plus qu’un incirconcis. 26 Si donc l’incirconcis garde les prescriptions de la Loi, son incirconcision ne vaudra-t-elle pas une circoncision ? 27 Et celui qui physiquement incirconcis accomplit la Loi te jugera, toi qui avec la lettre et avec la circoncision es transgresseur de la Loi. 28 Car le Juif n’est pas celui qui l’est au-dehors, et la circoncision n’est pas au-dehors dans la chair, 29 le vrai Juif l’est au-dedans et la circoncision dans le cœur, selon l’esprit et non pas selon la lettre : voilà celui qui tient sa louange non des hommes, mais de Dieu.

Dieu n’est-il plus juste ?

3 Quelle est donc la supériorité du Juif ?g Quelle est l’utilité de la circoncision ?

g Le nivellement radical auquel Paul arrive soulève évidemment la question des privilèges du juif et des décisions divines, de sa justice. Mais pour ne pas embarrasser une argumentation qui arrive à son sommet (tous pécheurs et objets de la colère), Paul répond brièvement à ces difficultés, quitte à y revenir ensuite sous une autre forme (en 9).

2 Grande à tous égards. D’abord c’est à eux que furent confiés les oracles de Dieu. 3 Quoi donc si d’aucuns furent infidèles ? Leur infidélité va-t-elle annuler la fidélité de Dieu ? 4 Certes non ! Il faut que Dieu soit véridique et tout homme menteur, comme dit l’Écriture : Afin que tu sois justifié dans tes paroles, et triomphes si l’on te met en jugement. 5 Mais si notre injustice met en relief la justice de Dieu,h que dire ? Dieu serait-il injuste en nous frappant de sa colère ? Je parle en homme.

h L’argumentation repose sur le parallélisme : fidélité, vérité (véracité), justice — infidélité, mensonge, injustice.

6 Certes non ! Sinon, comment Dieu jugera-t-il le monde ? 7 Maisi si mon mensonge a rehaussé la vérité de Dieu pour sa gloire, de quel droit suis-je jugé moi aussi comme un pécheur ?

i Var. : « En effet ».

8 Ou bien, comme certains nous accusent outrageusement de le dire,j devrions-nous faire le mal pour qu’en sorte le bien ? Ceux-là méritent leur condamnation.

j Par une interprétation abusive d’assertions comme Ga 3.22 ; 5.20 ; cf. 6.1, 15.

Tous sont passibles du jugement.k

9 Quoi donc ? Sommes-nous défaits ? Pas du tout.l Car nous avons établi que Juifs et Grecs, tous sont soumis au péché,

k Noter que Paul finit par un recours à l’Écriture : ce n’est pas lui qui déclare tout homme pécheur, mais la Parole par excellence, celle de Dieu, dont l’autorité ne tolère aucune objection (à la différence des développements précédents).

l Traduction discutée. Ces expressions peuvent être interprétées de deux façons au moins : 1° Paul imaginerait la réaction de son interlocuteur juif, sûr d’avoir encore une préséance eu égard au jugement et à la rétribution, et la lui refuserait. Il faut alors traduire : « L’emportons-nous ? Pas du tout » (ou « pas totalement »). 2° Mais Paul peut aussi parler de son argumentation et des conclusions aberrantes auxquelles elle pourrait mener (cf. le v. 8). Lui faudrait-il s’avouer vaincu ? Il répond par la négative.

10 comme il est écrit :

Il n’est pas de juste, pas un seul,
11 il n’en est pas de sensé,
pas un qui recherche Dieu.
12 Tous ils sont dévoyés, ensemble pervertis ;
il n’en est pas qui fasse le bien,
non, pas un seul.
13 Leur gosier est un sépulcre béant,
leur langue trame la ruse.
Un venin d’aspic est sous leurs lèvres
,
14 la malédiction et l’aigreur emplissent leur bouche.
15 Agiles sont leurs pieds à verser le sang ;
16 ruine et misère sont sur leurs chemins.
17 Le chemin de la paix, ils ne l’ont pas connu,
18 nulle crainte de Dieu devant leurs yeux.

19 Or, nous le savons, tout ce que dit la Loi, elle le dit pour ceux qui sont sous la Loi, afin que toute bouche soit fermée, et le monde entier reconnu coupable devant Dieu, 20 puisque personne ne sera justifié devant lui par la pratique de la Loi :m la Loi ne fait que donner la connaissance du péché.

m Selon le Ps 143, l’homme ne sera jamais absous si Dieu le juge selon ses œuvres ; aussi invoque-t-on un autre principe de justification, la « fidélité » de Dieu aux promesses de salut faites à son peuple, 1 Co 1.9, et, d’un autre mot, « sa justice ». Cette justice promise pour les temps messianiques, Paul va précisément déclarer qu’elle s’est manifestée en Jésus Christ, v. 22. Quant à la Loi, norme de conduite, elle a pour rôle paradoxal dans le plan divin, non pas d’effacer le péché, mais de le révéler à la conscience de l’homme pécheur, cf. 1.16 ; 7.7.

B. LA JUSTICE DE DIEU PAR LA FOI SEULE

Révélation de la justice de Dieu.n

21 Mais maintenant, sans la Loi, la justice de Dieu s’est manifestée, attestée par la Loi et les Prophètes,

n Les vv. 21-22 reprennent, en la précisant, la thèse de 1.16-17. Si la section précédente partait de la justice distributive, telle que la voyait le judaïsme, pour montrer que tous pouvaient également encourir la colère divine, il revient maintenant sur la situation inverse, Dieu a voulu grâcier toute l’humanité, juifs et non-juifs, de la même manière : par la foi seule.

22 justice de Dieu par la foi en Jésus Christ, à l’adresse de tous ceux qui croient — car il n’y a pas de différence : 23 tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieuo

o La gloire, au sens biblique, Ex 24.16, présence de Dieu se communiquant à l’homme de façon de plus en plus intime, bien par excellence des temps messianiques, cf. Ps 85.10 ; Isa 40.5, etc.

24 et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemptionp accomplie dans le Christ Jésus :

p Yahvé avait « racheté » Israël en le libérant de la captivité d’Égypte pour s’en faire un peuple qui lui appartînt comme son héritage, Dt 7.6. En annonçant la « rédemption » de la captivité de Babylone, Isa 41.14, les prophètes avaient laissé entrevoir un affranchissement plus profond et plus universel, par le pardon des péchés, Isa 44.22 ; cf. Ps 130.8 ; 49.8-9. Cette rédemption messianique s’est accomplie dans le Christ, 1 Co 1.30 ; cf. Lc 1.68 ; 2.38. Dieu le Père par le Christ — ou le Christ lui-même — a « délivré » l’Israël nouveau de la servitude de la Loi, Ga 3.13 ; 4.5, et du péché, Col 1.14 ; Ep 1.7 ; He 9.15, en se l’acquérant, Ac 20.28, en se l’appropriant, Tt 2.14, en l’achetant, Ga 3.13 ; 4.5 ; 1 Co 6.20 ; 7.23 ; cf. 2 P 2.1. Le prix de ce rachat et de cette acquisition a été le sang du Christ, Ac 20.28 ; Ep 1.7 ; He 9.12 ; 1 P 1.18s ; Ap 1.5 ; 5.9. Inaugurée au Calvaire et déjà garantie par les arrhes de l’Esprit, Ep 1.14 ; 4.30, cette rédemption ne s’achèvera qu’à la Parousie, Lc 21.28, avec l’affranchissement de la mort par la résurrection des corps, 8.23.

25 Dieu l’a exposé,q instrument de propitiationr par son propre sang moyennant la foi ; il voulait montrer sa justice, du fait qu’il avait passé condamnation sur les péchéss commis jadis

q Autre traduction : « l’a destiné à être ».

r Littéralement « propitiatoire », Ex 25.17 ; cf. He 9.5. Au grand Jour des Expiations, Lv 16.1, le propitiatoire était aspergé de sang, Lv 16.15. Le sang du Christ a accompli en réalité la purification du péché que ce rite ne pouvait que signifier. Cf. encore le sang de l’Alliance, Ex 24.8 ; Mt 26.28.

s Ce demi-pardon, une sorte de non-imputation (paresis), n’avait de sens qu’en vue du pardon définitif, destruction totale du péché par la justification de l’homme. — Autre trad. : « en vue de remettre les péchés ».

26 au temps de la patience de Dieu ; il voulait montrer sa justice au temps présent,t afin d’être justeu et de justifier celui qui se réclame de la foi en Jésus.

t Ce « temps présent », c’est le temps « fixé » par Dieu dans son plan de salut, Ac 1.7, pour l’œuvre rédemptrice du Christ, 5.6 ; 11.30 ; 1 Tm 2.6 ; Tt 1.3, qui se produit à la « plénitude des temps », Ga 4.4, une fois pour toutes, He 7.27, et inaugure l’ère eschatologique. Cf. Mt 4.17 ; 16.3 ; Lc 4.13 ; 19.44 ; 21.8 ; Jn 7.6, 8.

u C’est-à-dire d’exercer sa justice (salvifique, cf. 1.17), conformément à ses promesses, en justifiant l’homme.

27 Où donc est le droit de se glorifier ?v Il est exclu. Par quel genre de loi ? Celle des œuvres ? Non, par une loi de foi.w

v Le mot grec définit l’attitude de l’homme qui se fait un mérite de ses œuvres, s’appuie sur elles et prétend accomplir sa destinée surnaturelle par ses propres forces. Attitude blâmable, car on ne conquiert pas la justice, on la reçoit comme un don. Et l’acte de foi, plus que n’importe quel autre, exclut une telle suffisance, parce que l’homme y atteste explicitement sa radicale insuffisance.

w C’est-à-dire : par une loi qui consiste à croire. Paul oppose la Loi, « écrite sur des tables », 2 Co 3.3, et la foi, 1.16, loi intérieure gravée sur le cœur, cf. Jr 31.33, « opérant par l’amour », Ga 5.6, et qui est la « loi de l’Esprit », 8.2.

28 Car nous estimons que l’homme est justifié par la foi sans la pratique de la Loi. 29 Ou alors Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement, et non point des nations ? Certes, également des nations ; 30 puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, qui justifiera les circoncis en vertu de la foi comme les incirconcis par le moyen de cette foi. 31 Alors, par la foi nous privons la Loi de sa valeur ? Certes non ! Nous la lui conférons.x

x Littéralement « Nous établissons (la) Loi »:seule la foi, qui opère par l’amour, Ga 5.6, permet à la Loi d’atteindre le but qu’elle se proposait, à savoir la justice et la sainteté de l’homme, cf. 7.7.

Preuve par l’Écriture.y

4 Que dirons-nous donc d’Abraham, notre ancêtre selon la chair ?z

y Paul doit montrer que l’Écriture confirme son Évangile, en particulier l’affirmation selon laquelle la foi est la seule condition requise par Dieu pour justifier l’homme. Abraham constitue un cas exemplaire, qui souligne à l’envi la constance des voies divines.

z La tradition manuscrite de ce verset est incertaine. Avec d’autres témoins, on peut lire : « Que dirons-nous qu’a trouvé Abraham notre ancêtre selon la chair ? »; la réponse étant : il a trouvé justice par sa seule foi. Il faut exclure une autre leçon manuscrite : « Qu’est-ce qu’Abraham notre ancêtre a trouvé selon la chair ? », car elle ignore totalement ce que Paul veut montrer et qu’indiquent 3.21-22, 28 : on ne trouve justice auprès de Dieu que par la foi seule.
  L’argumentation comporte quatre étapes. Vv 2-8 : justification par la foi seule, c’est-à-dire totalement gracieuse ; vv. 9-12:comme cette justification advint à Abraham encore incirconcis, elle en fait le père de tous les croyants, y compris les non-circoncis ; vv. 13-17:la venue de la Loi n’a rien changé à ce régime de la justice par la foi seule ; vv. 18-22:description de la foi qui justifie. Les vv. 23-25 forment la conclusion.

2 Si Abraham tint sa justice des œuvres, il a de quoi se glorifier.a Mais non au regard de Dieu !

a Certains livres juifs du temps de Paul font d’Abraham un observant de la loi mosaïque, et pour cela reconnu juste par Dieu. Pour Paul, ce n’est pas au nom d’une telle observance fidèle qu’il fut reconnu juste, mais pour avoir cru en la promesse divine, alors qu’il était encore un incirconcis, et donc un sans-Loi, un impie (cf. le v. 5).

3 Que dit en effet l’Écriture ? Abraham crut à Dieu, et ce lui fut compté comme justice.b

b Grammaticalement, diverses interprétations sont possibles : en vertu de la foi, Dieu tient Abraham pour juste, sans qu’il le soit réellement ; ou bien : en vertu de cette même foi, Dieu confère gratuitement à Abraham une justice qu’il n’avait point quand il croyait ; ou enfin : au regard de Dieu, et donc en vérité, la foi se confond concrètement avec la justice. Mais l’ensemble de la doctrine paulinienne exclut la première interprétation ; elle paraît exclure aussi la seconde, et s’accorde parfaitement avec la troisième.

4 À qui fournit un travail on ne compte pas le salaire à titre gracieux : c’est un dû ; 5 mais à qui, au lieu de travailler, croit en celui qui justifie l’impie, on compte sa foi comme justice. 6 Exactement comme David proclame heureux l’homme à qui Dieu attribue la justice indépendamment des œuvres :

7 Heureux ceux dont les offenses ont été remises, et les péchés couverts.
8 Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute aucun péché.

9 Cette déclaration de bonheur s’adresse-t-elle donc aux circoncis ou bien également aux incirconcis ? Nous disons, en effet, que la foi d’Abraham lui fut comptée comme justice.