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Bible de Jérusalem

2 Samuel 2-20

IV. David

1. DAVID ROI DE JUDA

Sacre de David à Hébron.

2 Après cela, David consulta Yahvé en ces termes : « Monterai-je dans l’une des villes de Juda ? », et Yahvé lui répondit « Monte ! » David dit : « Où monterai-je ? » Yahvé dit : « À Hébron. »f

f Hébron était la ville la plus importante de Juda. Lors de la conquête, elle avait été prise et occupée par les Calébites, Jos 15.13s ; Jg 1.20, mais ceux-ci avaient bientôt été assimilés par les Judéens.

2 David y monta et aussi ses deux femmes, Ahinoam de Yizréel et Abigayil, la femme de Nabal de Karmel. 3 Quant aux hommes qui étaient avec lui, David les fit monter chacun avec sa famille et ils s’établirent dans les villes d’Hébron.g

g Les villages dépendant d’Hébron.

4 Les hommes de Juda vinrent et là, ils oignirent David comme roi sur la maison de Juda.h

Message aux gens de Yabesh.

On informa David : « Les gens de Yabesh de Galaad ont enterré Saül. »

h David avait gagné des sympathies en Juda, 1 S 27.10-12 ; 30.26-31. Plus tard, David sera oint par les anciens d’Israël, 5.3. Cette tradition ignore l’onction de David enfant par Samuel, 1 S 16.1-13.

5 David envoya des messagers aux gens de Yabesh et leur fit dire : « Soyez bénis de Yahvé pour avoir accompli cet acte de fidélité envers Saül votre seigneur et pour l’avoir enterré. 6 Maintenant, que Yahvé agisse envers vous avec fidélité et loyauté. Moi aussi, j’agirai avec vous selon la même bonté puisque vous avez agi ainsi. 7 Et maintenant, que vos mains soient fermes. Soyez forts, car Saül votre seigneur est mort. Quant à moi, la maison de Juda m’a oint pour être son roi. »i

i David invite les Yabéshites à le reconnaître pour successeur de Saül. Nous n’avons pas leur réponse, mais ils ne pouvaient que rester dans l’orbite d’Israël.

Abner impose Ishboshet comme roi d’Israël.

8 Abner, fils de Ner, le chef d’armée de Saül, avait emmené Ishboshet,j fils de Saül, et l’avait fait passer à Mahanayim.k

j Ce fils de Saül est appelé tantôt Ishbaal (cf. 1 Ch 8.33 ; 9.39), tantôt, comme ici et au chap. 3, Ishboshet où le mot baal est remplacé par le mot boshet, honte, tantôt Ishyo, cf. 1 S 14.49, mais c’est le même individu.

k Ville de Transjordanie, cf. Gn 32.3 et 17.24.

9 Il l’avait établi roi sur Galaad, sur les Ashurites,l sur Yizréel, Éphraïm, Benjamin, et sur tout Israël.

l Gentilice d’origine inconnue, à moins qu’il ne faille lire « Ashérites », cf. Jg 1.32.

10 Ishboshet, fils de Saül, avait quarante ans lorsqu’il devint roi d’Israël et il régna deux ans. Seule la maison de Juda se rallia à David. 11 Le temps que David régna à Hébron sur la maison de Juda fut de sept ans et six mois.

Guerre entre Juda et Israël. Bataille de Gabaôn.

12 Abner, fils de Ner, et les serviteurs d’Ishboshet, fils de Saül, sortirent de Mahanayim en direction de Gabaôn. 13 Joab, fils de Çeruya, et les serviteurs de David sortirent aussi, et ils se rencontrèrent près du bassin de Gabaôn.m Ils firent halte, ceux-ci d’un côté du bassin, ceux-là de l’autre côté.

m Une dizaine de km au nord de Jérusalem, cf. Jr 41.12.

14 Abner dit à Joab : « Que les jeunes gens se lèvent et luttent devant nous ! »n Joab répondit : « Qu’ils se lèvent ! »

n Abner propose de régler l’affaire par un combat entre quelques guerriers des deux camps, cf. 1 S 17.8-9. Mais, tous les champions étant tombés ensemble, rien n’est décidé et une bataille générale s’engage, v. 17.

15 Ils se levèrent et furent dénombrés : douze pour Benjamin et pour Ishboshet, fils de Saül, et douze pris parmi les serviteurs de David. 16 Chacun saisit son adversaire par la tête et lui enfonça son épée dans le flanc, en sorte qu’ils tombèrent tous ensemble. C’est pourquoi on a appelé cet endroit le Champ des Rocs ; il se trouve à Gabaôn.

17 Le combat fut très dur ce jour-là. Abner et les hommes d’Israël furent battus devant les serviteurs de David. 18 Il y avait là les trois fils de Çeruya, Joab, Abishaï et Asahel. Or Asahel était agile à la course comme une gazelle sauvage.

19 Il se lança à la poursuite d’Abner et le suivit sans dévier ni à droite ni à gauche. 20 Abner se retourna et dit : « Est-ce toi, Asahel ? » Et celui-ci répondit : « C’est moi. » 21 Alors Abner dit : « Détourne-toi à droite ou à gauche, attrape l’un des jeunes gens et empare-toi de ses dépouilles. » Mais Asahel ne voulut pas s’écarter de lui. 22 Abner redit encore à Asahel : « Écarte-toi de moi. Faut-il que je te frappe à terre ? Mais comment pourrais-je regarder en face ton frère Joab ? »o

o Abner ne veut pas attirer sur lui la vengeance du sang. mais cf. 3.27.

23 Mais, comme il refusait de s’écarter, Abner le frappa au ventre avec le talon de sa lance et la lance sortit par derrière : il tomba là et mourut sur place. En arrivant à l’endroit où Asahel était tombé et était mort, tous s’arrêtaient.

24 Joab et Abishaï se mirent à la poursuite d’Abner et, au coucher du soleil, ils arrivèrent à la colline d’Amma, qui est à l’est de Giah sur le chemin du désert de Gabaôn. 25 Les Benjaminites se groupèrent derrière Abner, formèrent un seul bloc et s’arrêtèrent au sommet d’une colline. 26 Abner cria en direction de Joab et dit : « L’épée dévorera-t-elle toujours ? Ne sais-tu pas que cela finira dans l’amertume ? Qu’attends-tu pour dire à la troupe de cesser de poursuivre leurs frères ? » 27 Joab dit : « Par la vie de Dieu, si tu n’avais pas parlé, ce n’est qu’au matin que la troupe aurait renoncé à poursuivre chacun son frère. »p

p Joab accepte la trêve.

28 Joab fit sonner du cor ; toute la troupe s’arrêta ; on ne poursuivit plus Israël et on cessa le combat.

29 Abner et ses hommes marchèrent dans la Arabaq pendant toute cette nuit-là, ils passèrent le Jourdain et, après avoir parcouru tout le Bitrôn, ils arrivèrent à Mahanayim.

q Le terme désigne ici la vallée du Jourdain. — Bitrôn est un toponyme qui peut désigner la vallée du Yabboq.

30 Joab, ayant cessé de poursuivre Abner, rassembla toute la troupe ; parmi les serviteurs de David, il manquait à l’appel dix-neuf hommes, plus Asahel, 31 mais les serviteurs de David avaient frappé à mort, parmi les Benjaminites et chez les hommes d’Abner, trois cent soixante hommes. 32 On emporta Asahel et on l’ensevelit dans le tombeau de son père, qui est à Bethléem. Joab et ses gens marchèrent toute la nuit et, au lever du jour, ils étaient à Hébron.

3 La guerre se prolongea entre la maison de Saül et celle de David, mais David allait se fortifiant, tandis que s’affaiblissait la maison de Saül.

Fils de David nés à Hébron.

2 Des fils naquirent à David, à Hébron ; ce furent : son aîné Amnon, né d’Ahinoam de Yizréel ; 3 son cadet Kiléab, né d’Abigayil, la femme de Nabal de Karmel ; le troisième Absalom, fils de Maaka, la fille de Talmaï roi de Geshur,r

r À l’est du lac de Tibériade.

4 le quatrième Adonias, fils de Haggit ; le cinquième Shephatya, fils d’Abital ; 5 le sixième Yitréam, né d’Égla, femme de David. Ceux-là naquirent à David, à Hébron.

Rupture entre Abner et Ishboshet.

6 Or, pendant qu’il y avait la guerre entre la maison de Saül et celle de David, Abner renforçait de plus en plus sa position dans la maison de Saül. 7 Saül avait une concubine qui se nommait Riçpa, fille d’Ayya. Ishboshet, fils de Saül, dit à Abner :s « Pourquoi es-tu allé vers la concubine de mon père ? »

s Le sujet du verbe est rétabli à partir de quelques manuscrits et du grec qui ajoute « fils de Saül ». — En s’appropriant l’une des concubines de Saül, Abner fait figure de prétendant au trône, car le harem du roi défunt passait à son successeur, voir 12.8 ; 16.20-22 et 1 R 2.22.

8 Aux paroles d’Ishboshet, Abner entra dans une grande colère et dit : « Suis-je donc une tête de chien appartenant à Juda ?t Aujourd’hui j’agis avec fidélité envers la maison de Saül, ton père, envers ses frères et ses amis. Je ne t’ai pas laissé tomber aux mains de David. Et tu me fais grief d’une faute à cause de cette femme, aujourd’hui !

t Les mots « appartenant à Juda » sont peut-être une addition ; ils sont omis en grec.

9 Que Dieu fasse à Abner ceci et qu’il y ajoute cela si je n’agis pour David comme Yahvé le lui a juré : 10 enlever la royauté à la maison de Saül et établir le trône de David sur Israël et sur Juda depuis Dan jusqu’à Bersabée. »u

u On ne dit pas en quelle occasion cette promesse fut faite à David, mais cf. 5.2 et 1 S 28.3.

11 Ishboshet ne put répliquer un seul mot à Abner parce qu’il avait peur de lui.

Abner négocie avec David.

12 Abner envoya sur-le-champ des messagers à David pour dire : « À qui appartient le pays ? »v Et encore : « Fais alliance avec moi et je te soutiendrai pour rallier autour de toi tout Israël. »

v Par la première question, Abner laisse entendre qu’il est le vrai maître du royaume de Saül. La phrase suivante propose à David un pacte pour l’aider à s’emparer de ce royaume.

13 David répondit : « Bien ! Je ferai alliance avec toi. Je ne te demande qu’une chose : ne te présente devant moi que si tu m’amènes Mikal, fille de Saül, lorsque tu te présenteras devant moi. » 14 Et David envoya des messagers dire à Ishboshet, fils de Saül : « Rends-moi ma femme Mikal, que je me suis acquise pour cent prépuces de Philistins. » 15 Ishboshet l’envoya prendre chez son mari Paltiel, fils de Layish. 16 Son mari partit avec elle et la suivit en pleurant jusqu’à Bahurim. Alors Abner lui dit : « Retourne ! » et il s’en retourna.

17 w Abner avait eu des pourparlers avec les anciens d’Israël et leur avait dit : « Voici longtemps que vous désirez avoir David pour votre roi.

w Les vv. 17-19 sont d’une rédaction postérieure, mais il est vraisemblable que bien des cœurs en Israël se tournaient vers David, déjà du vivant de Saül, 1 S 18.7, 16, 28, et surtout sous son pâle héritier Ishboshet/Ishbaal.

18 Agissez donc maintenant, puisque Yahvé a dit ceci à propos de David : « Par la main de mon serviteur David je sauveraix mon peuple Israël de la main des Philistins et de tous ses ennemis. » »

x « Je sauverai » versions ; « il a sauvé » hébr.

19 Abner parla aussi à Benjamin, puis il alla à Hébron pour exposer à David tout ce qu’avaient approuvé Israël et toute la maison de Benjamin.

20 Abner, accompagné de vingt hommes, arriva chez David à Hébron et David offrit un festin à Abner et aux hommes qui étaient avec lui. 21 Abner dit ensuite à David : « Allons ! Je vais rassembler tout Israël auprès de Monseigneur le roi : ils concluront un pacte avec toi et tu régneras sur tout ce que tu souhaites. » David congédia Abner, qui partit en paix.

Meurtre d’Abner.

22 Mais voici que les serviteurs de David revinrent d’une expédition, ramenant un énorme butin. Abner n’était plus auprès de David à Hébron, puisque David l’avait congédié et qu’il était parti en paix. 23 Lorsque arrivèrent Joab et toute son armée, on informa Joab : « Abner, fils de Ner, est venu chez le roi et celui-ci l’a laissé partir en paix. » 24 Alors Joab entra chez le roi et dit : « Qu’as-tu fait ? Abner est venu chez toi, pourquoi donc l’as-tu laissé partir ? 25 Tu connais Abner, fils de Ner. C’est pour te tromper qu’il est venu, pour connaître tes allées et venues, pour savoir tout ce que tu fais ! »

26 Joab sortit de chez David et envoya derrière Abner des messagers qui le firent revenir depuis la citerne de Sira, à l’insu de David. 27 Quand Abner arriva à Hébron, Joab le prit à l’écart à l’intérieur de la porte, sous prétexte de parler tranquillement avec lui, et là il le frappa mortellement au ventre, à cause du sang d’Asahel son frère. 28 Lorsque David apprit ensuite la chose, il dit : « Que Yahvé nous acquitte pour toujours, moi et mon royaume, du meurtre d’Abner, fils de Ner : 29 qu’il rejaillisse sur la tête de Joab et sur toute sa famille ! Qu’il ne cesse d’y avoir dans la maison de Joab des gens atteints d’écoulement ou de lèpre, des hommes bons à tenir le fuseau ou qui tombent sous l’épée, ou qui manquent de pain ! » 30 Joab et son frère Abishaï avaient assassiné Abner parce qu’il avait fait mourir leur frère Asahel au combat de Gabaôn. 31 David dit à Joab et à toute la troupe qui l’accompagnait : « Déchirez vos vêtements, mettez des sacs et faites le deuil devant Abner », et le roi David marchait derrière la civière. 32 On ensevelit Abner à Hébron ; le roi éclata en sanglots sur la tombe et tout le peuple pleura aussi.

33 Le roi fit cette complainte sur Abner :

« Abner devait-il mourir comme meurt l’insensé ?
34 Tes mains n’étaient pas liées, tes pieds n’étaient pas mis aux fers,
tu es tombé comme on tombe devant des malfaiteurs ! »y
et les larmes de tout le peuple redoublèrent.

y Abner est mort sans se défendre, tout libre qu’il fût de ses mouvements — ce qui prouverait un manque de sens, s’il n’avait pas été assassiné par traîtrise.

35 Tout le peuple vint inviter David à prendre de la nourriture alors qu’il faisait encore jour, mais David fit ce serment : « Que Dieu me fasse ceci et y ajoute cela si je goûte à de la nourriture ou à quoi que ce soit avant le coucher du soleil. » 36 Tout le peuple remarqua cela et le trouva bien, car tout ce que faisait le roi était approuvé par le peuple.

37 Ce jour-là, tout le peuple et tout Israël comprirent que le roi n’était pour rien dans la mort d’Abner, fils de Ner.

38 Le roi dit à ses serviteurs : « Ne savez-vous pas qu’un chef et un grand homme est tombé aujourd’hui en Israël ? 39 Pour moi, je suis faible maintenant, tout roi que je sois par l’onction,z et ces hommes, les fils de Çeruya, sont plus violents que moi. Que Yahvé rende au méchant selon sa méchanceté ! »

z Sens incertain. David semble s’excuser de ne pouvoir, si tôt après son sacre, agir contre les meurtriers, et il remet le châtiment à Dieu ; il léguera finalement ce soin à Salomon, 1 R 2.5-6, cf. 31-34.

Meurtre d’Ishboshet.

4 Lorsque le fils de Saül apprit qu’Abner était mort à Hébron, les mains lui en tombèrent et tout Israël fut consterné. 2 Or le fils de Saül avait deux chefs de bandes, qui s’appelaient l’un Baana et le second Rékab. Ils étaient les fils de Rimmôn de Béérot et Benjaminites, car Béérot aussi est attribuée à Benjamin. 3 Les gens de Béérot s’étaient réfugiés à Gittayim, où ils sont demeurés jusqu’à ce jour comme immigrés. 4 a Il y avait un fils de Jonathan, fils de Saül, qui était perclus des deux pieds. Il avait cinq ans lorsque arriva de Yizréel la nouvelle concernant Saül et Jonathan. Sa nourrice l’emporta et s’enfuit, mais dans la précipitation de la fuite, l’enfant tomba et s’estropia. Il s’appelait Mephiboshet.b

a Notice étrangère au contexte. Peut-être a-t-on voulu rappeler ici qu’en dehors d’Ishbaal, il ne restait que cet infirme pour prendre la succession de Saül.

b Comme pour Ishbaal, souvent nommé Ishboshet (2.8 note), le fils de Jonathan est ici appelé Mephiboshet, nom qui supprime la référence au Baal cananéen, mais son véritable nom est Mephibaal, « de la bouche du Maître ». En 1 Ch 8.34 ; 9.40 le même personnage est appelé Meribbaal.

5 Les fils de Rimmôn de Béérot, Rékab et Baana, s’étant mis en route, arrivèrent à l’heure la plus chaude du jour à la maison d’Ishboshet, quand celui-ci faisait la sieste. 6 Ils pénétrèrent au milieu de la maison, chargés de blé, et ils le frappèrent au ventre. Rékab et son frère Baana s’échappèrent. 7 Ils entrèrent dans la maison alors qu’il était étendu sur le lit dans la chambre à coucher. Ils le frappèrent à mort et le décapitèrent, puis, emportant sa tête, ils marchèrent toute la nuit par la route de la Araba.c

c La vallée du Jourdain, cf. 2.29.

8 Ils apportèrent la tête d’Ishboshet à David, à Hébron, et dirent au roi : « Voici la tête d’Ishboshet, fils de Saül, ton ennemi qui en voulait à ta vie. Yahvé a accordé aujourd’hui à Monseigneur le roi pleine vengeance sur Saül et sur sa race. »

9 Mais David répondit à Rékab et à son frère Baana, les fils de Rimmôn de Béérot, et leur dit : « Par la vie de Yahvé, qui m’a délivré de toute détresse ! 10 Celui qui m’annonçait : « Saül est mort » se croyait un messager de bonne nouvelle ; je l’ai fait arrêter et tuer à Çiqlag, pour le payer de sa bonne nouvelle !

11 À plus forte raison lorsque des bandits ont tué un homme honnête dans sa maison, sur son lit ! Ne dois-je pas vous demander compte de son sang et vous faire disparaître de la terre ? »d

d L’indignation de David n’est pas feinte. Pourtant la mort d’Ishbaal, après celle d’Abner, va lui livrer le trône d’Israël, 5.1-3.

12 David donna un ordre aux jeunes gens. Ceux-ci les tuèrent, leur coupèrent les mains et les pieds et les suspendirent près du bassin d’Hébron. Quant à la tête d’Ishboshet, on la prit et on l’ensevelit dans le tombeau d’Abner à Hébron.

2. DAVID ROI DE JUDA ET D’ISRAËL

Sacre de David comme roi d’Israël.

5 Alors toutes les tribus d’Israël vinrent auprès de David à Hébron et dirent : « Nous voici, nous sommes tes os et ta chair. 2 Autrefois déjà, quand Saül régnait sur nous, c’était toi qui sortais et rentrais avec Israël, et Yahvé t’a dit : C’est toi qui paîtras mon peuple Israël et c’est toi qui deviendras chef d’Israël. » 3 Tous les anciens d’Israël vinrent donc auprès du roi à Hébron, le roi David conclut un pacte avec eux à Hébron, en présence de Yahvé, et ils oignirent David comme roi sur Israël.

4 David avait trente ans à son avènement et il régna pendant quarante ans. 5 À Hébron, il régna sept ans et six mois sur Juda ;e à Jérusalem, il régna trente-trois ans sur tout Israël et sur Juda.

e David d’abord sacré par les Judéens, 2.4, est maintenant reconnu par les Israélites, mais les deux groupes restent distincts David est roi « sur tout Israël et sur Juda ». C’est une monarchie dualiste, un royaume uni, tiraillé par les luttes intérieures jusqu’à la scission, 1 R 12.

Prise de Jérusalem.f

6 Le roi et ses hommes marchèrent sur Jérusalem contre les Jébuséens qui habitaient le pays, et ceux-ci dirent à David : « Tu n’entreras ici qu’en écartant les aveugles et les boiteux »,g comme pour dire : David n’entrera pas ici.

f Cette conquête se situe chronologiquement après les victoires sur les Philistins racontées aux vv. 17-25.

g La position est si forte, pensent-ils, que des infirmes suffiront à la défendre.

7 Mais David s’empara de la forteresse de Sion ; c’est la Cité de David. 8 Ce jour-là, David dit : « Quiconque frappera le Jébuséen doit atteindre le canal. »h Quant aux boiteux et aux aveugles, ils dégoûtent David. C’est pourquoi l’on dit : « Aveugle et boiteux n’entreront pas dans la Maison. »i

h Le texte est incertain. Le « canal », si tel est bien le sens du mot, serait le puits creusé dans la colline de Jérusalem pour descendre à la source de Gihôn (1 R 1.33s) sans sortir de la ville. Rien n’est moins sûr, et le v. 8 peut être traduit et interprété autrement ; 1 Ch 11.6 a un texte simple « Quiconque frappera le premier les Jébuséens sera chef et prince. Le premier qui monta fut Joab. »

i Cette phrase qui concerne le Temple, sans lien avec le contexte, manque dans Ch.

9 David s’installa dans la forteresse et l’appela Cité de David.j David construisit tout autour depuis le Millo vers l’intérieur.k

j La situation de Jérusalem entre les tribus du Sud et celles du Nord explique le choix de David. Le nom de la ville est attesté depuis l’an 2000. L’ancienne ville des Jébuséens (Dt 7.1) occupait la colline d’Ophel ou Mont Sion entre les vallées du Cédron et du Tyropéon (voir la carte) ; elle était dominée au nord par le sommet où David élèvera un autel, 24.16s, et Salomon le Temple, 1 R 6 ; les palais de Salomon se dresseront au sud du sanctuaire, 1 R 7. La ville ne s’étendra que beaucoup plus tard sur la grande colline occidentale, et son rempart septentrional devra par deux fois être reporté plus au nord, 2 R 14.13. Le système des eaux (v. 8) fut perfectionné, surtout par Ézéchias, 2 R 20.20. Nabuchodonosor détruisit la ville en 587, 2 R 25, mais le Temple fut relevé dès 515, Esd 6.15, et les murailles en 445, Ne 2-6. Antiochus Épiphane fit construire l’Akra, face au Temple, 1 M 1.33, et les Asmonéens transformèrent cette citadelle en un palais, auquel Hérode substituera une résidence officielle plus à l’ouest. Hérode transforma l’ancienne citadelle du Temple, Ne 7.2, en une vaste forteresse, l’Antonia, et reconstruisit le Temple, Jn 2.20. Enfin la ville sera détruite en 70 ap. J.-C. par Titus, cf. Lc 21.20. — Apparue pour la première fois dans la Bible avec son prêtre-roi Melchisédech, Gn 14.18 ; Ps 76.3, devenue sous David la capitale politique et religieuse d’Israël, Jérusalem (ou Sion) en viendra à personnifier le peuple élu, Ez 23 ; Isa 62. Elle est la demeure de Yahvé, Ps 76.3, et de son Oint, Ps 2 et 110, le rendez-vous futur des nations, Isa 2.1-5 ; 60. C’est sur la vision de la Jérusalem nouvelle, Isa 54.11, que s’achève la Bible, Ap 21s.

k Sur le « Millo », voir 1 R 9.15.

10 David allait grandissant et Yahvé, Dieu Sabaot, était avec lui.

11 Hiram, roi de Tyr, envoya des messagers à David, avec du bois de cèdre, des charpentiers et des tailleurs de pierres, qui construisirent une maison pour David. 12 Alors David sut que Yahvé l’avait confirmé comme roi sur Israël et qu’il exaltait sa royauté à cause d’Israël son peuple.

Fils de David à Jérusalem.

13 Après son arrivée d’Hébron, David prit encore des concubines et des femmes à Jérusalem, et il naquit encore à David des fils et des filles. 14 Voici les noms des enfants qu’il eut à Jérusalem : Shammua, Shobab, Natân, Salomon,

15 Yibhar, Élishua, Népheg, Yaphia, 16 Élishama, Elyada, Éliphélèt.

Victoires sur les Philistins.l

17 Les Philistins apprirent qu’on avait oint David comme roi sur Israël. Tous les Philistins montèrent à la recherche de David. David l’apprit et descendit au refuge.m

l David, roi de Juda à Hébron, restait nominalement vassal des Philistins, 1 S 27.5-6. Maintenant, ils s’inquiètent de son pouvoir grandissant.

m Peut-être celui d’Adullam ; 1 S 22.1-5 ; Jérusalem n’est pas encore conquise.

18 Les Philistins arrivèrent et se déployèrent dans le val des Rephaïm.n

n Plaine encaissée au sud-ouest de Jérusalem, Jos 15.8 ; 18.16, cf. Dt 1.28.

19 Alors David consulta Yahvé : « Monterai-je contre les Philistins ? Les livreras-tu entre mes mains ? » Yahvé dit à David : « Monte ! Oui, je livrerai sûrement les Philistins entre tes mains. » 20 David arriva à Baal-Peraçim et là David les battit. Et il dit : « Yahvé m’a ouvert une brèche chez mes ennemis comme une brèche faite par les eaux. » C’est pourquoi on appela cet endroit Baal-Peraçim.o

o Pérèç signifie « brèche », cf. Gn 38.29.

21 Ils avaient abandonné là leurs idoles ; David et ses hommes les emportèrent.

22 Les Philistins montèrent de nouveau et se déployèrent dans le val des Rephaïm. 23 David consulta Yahvé, et celui-ci répondit : « Ne les attaque pas en face, tourne-les par derrière et arrive sur eux du côté des micocouliers. 24 Quand tu entendras un bruit de pasp à la cime des micocouliers, alors dépêche-toi : c’est que Yahvé sort devant toi pour battre l’armée philistine. »

p Les pas de Yahvé qui s’avance.

25 David fit comme Yahvé lui avait ordonné et il battit les Philistins depuis Géba jusqu’à l’entrée de Gézer.q

q Gézer est à la limite nord du territoire philistin l’ennemi est donc rejeté chez lui.

L’arche à Jérusalem.r

6 David rassembla encore toute l’élite d’Israël, trente mille hommes.

r Ce récit reprend l’histoire de l’arche où l’avait laissée 1 S 7.1, mais il est d’une autre main. — Jérusalem, recevant l’arche où Yahvé se rend présent, Ex 25.8 ; Dt 4.7, devient ainsi la capitale religieuse et non plus seulement politique d’Israël, la ville sainte.

2 S’étant mis en route, David et tout le peuple qui était avec lui partirent de Baalas de Juda afin de faire monter de là l’arche de Dieu sur laquelle est invoqué un nom, le nom de Yahvé Sabaot, siégeant sur les chérubins.

s Ancien nom de Qiryat-Yéarim, Jos 15.9, cf. Jos 15.60 ; 18.14.

3 On chargea l’arche de Dieu sur le chariot neuf et on l’emporta de la maison d’Abinadab, qui est sur la colline. Uzza et Ahyo, les fils d’Abinadab, conduisaient le chariot. 4 Uzza marchaitt avec l’arche de Dieu et Ahyo marchait devant.

t L’hébr. répète le début du v. 3 jusqu’au mot « colline ».

5 David et toute la maison d’Israël dansaient devant Yahvé au son de tous les instruments en bois de cyprès, des cithares, des harpes, des tambourins, des sistres et des cymbales. 6 Comme on arrivait à l’aire de Nakôn, Uzza étendit la main vers l’arche de Dieu et la retint, car les bœufs allaient la renverser. 7 Alors la colère de Yahvé s’enflamma contre Uzza : là, Dieu le frappa pour cette folie,u et il mourut, là, à côté de l’arche de Dieu.

u L’arche était terrible pour les ennemis d’Israël, 1 S 5, ou pour ceux qui la méprisaient, 1 S 6.19. Il y a plus ici la sainteté de l’arche, sur laquelle trône Yahvé, la rend intangible. Cette conception primitive du sacré, cf. Lv 17.1, décèle un sens profond de la majesté redoutable de Dieu, cf. Ex 33.20. La loi sacerdotale codifie ce sentiment les Lévites eux-mêmes ne peuvent, sans danger de mort, s’approcher de l’arche avant qu’elle ne soit couverte par les prêtres, Nb 4.5, 15, 20. Ils ne la touchent pas, mais la portent avec des barres, Ex 25.15.

8 David s’enflamma parce que Yahvé avait fait une brèche en fonçant sur Uzza et on donna à ce lieu le nom de Pérèç-Uzza,v qu’il a gardé jusqu’à maintenant.

v « La brèche d’Uzza », cf. 5.20. Explication populaire du nom.

9 Ce jour-là, David eut peur de Yahvé et dit : « Comment l’arche de Yahvé entrerait-elle chez moi ? » 10 David ne voulut pas transférer chez lui l’arche de Dieu dans la Cité de David. David la conduisit dans la maison d’Obed-Édom le Gittite. 11 L’arche de Yahvé demeura trois mois chez Obed-Édom le Gittite et Yahvé bénit Obed-Édom et toute sa maison.

12 On rapporta au roi David : « Yahvé a béni la maison d’Obed-Édom et tout ce qui lui appartient à cause de l’arche de Dieu. » Alors David partit et fit monter l’arche de Dieu de la maison d’Obed-Édom à la Cité de David dans la joie.

13 Quand les porteurs de l’arche de Yahvé eurent fait six pas, il offrit en sacrifice un taureau et un veau gras. 14 David tournoyait de toutes ses forces devant Yahvé. David avait ceint un éphod de lin.w

w David, qui vient de sacrifier et qui va bénir, v. 18, porte un vêtement sacerdotal, mais cf. 1 S 2.18.

15 David et toute la maison d’Israël faisaient monter l’arche de Yahvé en poussant des acclamations et en sonnant du cor. 16 Or, comme l’arche de Yahvé entrait dans la Cité de David, la fille de Saül, Mikal, regardait par la fenêtre, et elle vit le roi David qui sautait et tournoyait devant Yahvé, et, dans son cœur, elle le méprisa. 17 On fit entrer l’arche de Yahvé et on l’installa à sa place, au milieu de la tente que David avait faite pour elle, et David offrit des holocaustes en présence de Yahvé, ainsi que des sacrifices de communion. 18 Lorsque David eut achevé d’offrir des holocaustes et des sacrifices de communion, il bénit le peuple au nom de Yahvé Sabaot. 19 Puis il fit distribuer à tout le peuple, à toute la foule, hommes et femmes, pour chacun une galette de pain, une portion de viandex et un gâteau, puis tout le peuple s’en alla, chacun chez soi.

x Traduction conjecturale.

20 Comme David s’en retournait pour bénir sa maison, Mikal, fille de Saül, sortit à sa rencontre et dit : « Comme il s’est fait honneur aujourd’hui, le roi d’Israël, lui qui s’est découvert aux yeux des servantes de ses serviteurs comme se découvrirait un homme de rien ! »y

y En ne portant qu’un pagne, David laisse voir sa nudité, cf. Ex 20.26 et 28.42-43.

21 Mais David dit à Mikal : « C’est devant Yahvé qui m’a choisi de préférence à ton père et à toute sa maison pour m’instituer chef sur le peuple de Yahvé, sur Israël, c’est devant Yahvé que je danse. 22 Je m’abaisserai encore plus, et je serai vil à tes yeux, mais auprès des servantes dont tu parles, auprès d’elles je serai en honneur. »z

z Tout le récit cherche à montrer la simplicité et la profondeur de la religion de David.

23 Et Mikal, fille de Saül, n’eut pas d’enfant jusqu’au jour de sa mort.

Prophétie de Natân.a

7 Quand le roi habita sa maison et que Yahvé eut accordé le repos alentour face à ses ennemis,

a La prophétie est construite sur une opposition ce n’est pas David qui fera une maison (un temple) à Yahvé, v. 5, c’est Yahvé qui fera une maison (une dynastie) à David, v. 11. La promesse concerne essentiellement la permanence de la lignée davidique sur le trône d’Israël, vv. 12-16. C’est ainsi qu’elle est comprise par David, vv. 19, 25, 27, 29, cf. 23.5, et par les Ps 89.30-38 ; 132.11-12. C’est le texte de l’alliance de Yahvé avec David et sa dynastie. L’oracle dépasse donc la personne du premier successeur de David, Salomon, à qui il est appliqué par le v. 13, par 1 Ch 17.11-14 ; 22.10 ; 28.6 et par 1 R 5.19 ; 8.16-19. Mais le clair-obscur de la prophétie laisse entrevoir un descendant privilégié en qui Dieu se complaira. C’est le premier chaînon des prophéties sur le Messie, fils de David, Isa 7.14 ; Mi 4.14 ; Ag 2.23, et Ac 2.30 appliquera le texte au Christ.

2 le roi dit au prophète Natân : « Vois donc ! J’habite une maison de cèdre et l’arche de Dieu habite sous une tente de toile ! » 3 Natân répondit au roi : « Va et fais tout ce qui te tient à cœur, car Yahvé est avec toi. »

4 Mais, cette même nuit, la parole de Yahvé fut adressée à Natân en ces termes :

5 « Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle Yahvé. Est-ce toi qui me construiras une maison pour que j’y habite ? 6 Je n’ai jamais habité de maison depuis le jour où j’ai fait monter d’Égypte les Israélites jusqu’à aujourd’hui, mais je cheminais sous une tente et sous un abri. 7 Pendant tout le temps où j’ai voyagé avec tous les Israélites, ai-je dit à un des jugesb d’Israël, que j’avais institués comme pasteurs de mon peuple Israël : « Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdre ? »c

b « tribus » hébr. On pourrait aussi comprendre le mot comme « sceptres » et y voir une référence aux chefs.

c On a cherché dans les vv. 6-7 la première expression d’un courant hostile au Temple, qui s’exprime effectivement dans 1 R 8.27 ; Isa 66.1-2 ; Ac 7.48. En fait, Natân est pour le maintien de la vieille tradition représentée par l’arche, et contre la nouveauté d’un temple à la manière de Canaan. Le problème sera résolu par l’installation de l’arche dans le Temple construit par Salomon, 1 R 8.1, 10-12.

8 Maintenant donc, tu parleras ainsi à mon serviteur David : Ainsi parle Yahvé Sabaot. C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour être chef de mon peuple Israël. 9 J’ai été avec toi partout où tu allais ; j’ai supprimé devant toi tous tes ennemis. Je te donnerai un grand nom comme le nom des plus grands de la terre. 10 Je fixerai un lieu à mon peuple Israël, je l’y planterai, il demeurera en cette place, il ne sera plus ballotté et des scélérats ne continueront plus à l’opprimer comme auparavant,

11 depuis le temps où j’instituais des juges sur mon peuple Israël. Je t’ai accordé le repos face à tous tes ennemis. Yahvé t’annonce qu’il te fera une maison. 12 Et quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta descendance après toi, celui qui sera issu de tes entrailles, et j’affermirai sa royauté. 13 C’est lui qui bâtira une maison pour mon Nomd et j’affermirai pour toujours son trône royal.

d Ce v., qui se réfère évidemment à Salomon, est souvent considéré comme une addition, car la promesse divine porte d’abord sur la descendance.

14 Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils :e s’il se fourvoie, je le châtierai avec une verge d’homme et par les coups que donnent les humains.

e C’est une formule d’adoption, comme dans Ps 2.7 ; 110.3 (grec), mais c’est aussi la première expression du messianisme royal chaque roi de la lignée davidique sera une image (imparfaite, cf. la fin du v. et Ps 89.31-34) du roi idéal de l’avenir. L’appliquant au Messie, 1 Ch 17.13 a supprimé la seconde partie du v.

15 Ma fidélité ne s’écartera pas de lui comme je l’ai écartée de Saül que j’ai écarté de devant toi. 16 Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant toi ; ton trône sera affermi à jamais. »

17 C’est selon toutes ces paroles et selon toute cette vision que Natân parla à David.

Prière de David.f

18 Alors le roi David entra et s’assit devant Yahvé,g et il dit : « Qui suis-je, Seigneur Yahvé, et quelle est ma maison, pour que tu m’aies mené jusque-là ?

f C’est une prière de louange et d’action de grâces en réponse à la promesse des vv. 8-15.

g Dans la tente où se trouvait l’arche.

19 Mais cela est encore trop peu à tes yeux, Seigneur Yahvé. Tu as parlé aussi en faveur de la maison de ton serviteur pour un temps lointain. Telle est la loi de l’homme, Seigneur Yahvé. 20 Que David pourrait-il te dire de plus, alors que toi tu connais ton serviteur, Seigneur Yahvé !h

h Il s’agit sans doute de la loi divine qui fixe le destin de chaque homme, spécialement ici de David et de ses descendants.

21 À cause de ta parole et selon ton cœur, tu as eu cette magnificence d’instruire ton serviteur.

22 C’est pourquoi tu es grand, Seigneur Yahvé : il n’y a personne comme toi et il n’y a pas d’autre Dieu que toi seul, comme l’ont appris nos oreilles. 23 Y a-t-il, comme ton peuple Israël, un autre peuple sur la terre qu’un dieu soit allé racheter pour en faire son peuple, pour lui accorder un nom et accomplir pour nous cette grande œuvre et des choses redoutables, pour chasser, devant ton peuple que tu as racheté d’Égypte des nations et leurs dieux ? 24 Tu as établi ton peuple Israël pour qu’il soit à jamais ton peuple, et toi, Yahvé, tu es devenu leur Dieu. 25 Maintenant, Yahvé Dieu, garde toujours la parole que tu as dite au sujet de ton serviteur et de sa maison, établis-la à jamais et agis comme tu l’as dit. 26 Ton nom sera exalté à jamais et l’on dira : Yahvé Sabaot est Dieu sur Israël. La maison de ton serviteur David subsistera en ta présence. 27 Car c’est toi, Yahvé Sabaot, Dieu d’Israël, qui as fait cette révélation à ton serviteur : « Je te bâtirai une maison. » Aussi ton serviteur a-t-il trouvé le courage de te faire cette prière. 28 Et maintenant, Seigneur Yahvé, c’est toi qui es Dieu, tes paroles sont vérité et tu as dit à ton serviteur cette bonne parole. 29 Consens donc à bénir la maison de ton serviteur, pour qu’elle demeure toujours en ta présence. Car c’est toi, Seigneur Yahvé, qui as parlé, et par ta bénédiction la maison de ton serviteur sera bénie à jamais. »

Les guerres de David.i

8 Il advint après cela que David battit les Philistins et les abaissa. David enleva des mains des Philistins leur hégémonie.j

i Résumé des campagnes militaires du règne. La guerre ammonite est omise car elle sera racontée, 10-12, en liaison avec l’histoire de Bethsabée.

j Littéralement « la bride du coude ». Peut-être s’agit-il d’une métaphore pour désigner le pouvoir philistin exigeant un tribut ou s’emparant des richesses des pays voisins.

2 David battit les Moabites et les mesura au cordeau en les faisant coucher à terre : il en mesura deux cordeaux à mettre à mort et un plein cordeau à laisser en vie, et les Moabites devinrent sujets de David et lui payèrent tribut.

3 David battit Hadadézer, fils de Rehob, roi de Çoba, lorsque celui-ci alla pour étendre son pouvoir sur le Fleuve.k

k Ce roi araméen cherche à étendre son pouvoir jusqu’à l’Euphrate (le Fleuve). David l’arrête dans ses conquêtes. On a peut être ici une autre version de la campagne du chap. 10.

4 David lui prit mille sept cents cavaliers et vingt mille fantassins. David coupa les jarrets de tous les attelages, il n’en garda que cent.l

l L’armée israélite n’aura pas de charrerie avant Salomon.

5 Les Araméens de Damas vinrent au secours de Hadadézer, roi de Çoba, mais David abattit vingt-deux mille hommes parmi les Araméens. 6 David établit des préfets dans l’Aram de Damas, et les Araméens devinrent sujets de David et lui payèrent tribut. Partout où David allait, Yahvé lui donna la victoire. 7 David prit les rondaches d’or que portaient les serviteurs de Hadadézer et les emporta à Jérusalem. 8 De Tébah et de Bérotaï, villes de Hadadézer, le roi David enleva une énorme quantité de bronze.

9 Toï, roi de Hamat,m apprit que David avait battu toute l’armée de Hadadézer.

m Ville sur l’Oronte, au nord des territoires contrôlés par Hadadézer.

10 Toï envoya son fils Yoramn au roi David pour le saluer et le féliciter d’avoir fait la guerre à Hadadézer et de l’avoir battu, car Hadadézer était en guerre avec Toï. Yoram apportait des objets d’argent, d’or et de bronze.

n Personnage appelé Hadoram en 1 Ch 18.10.

11 Le roi David les consacra aussi à Yahvé, avec l’argent et l’or qu’il avait consacrés, provenant de toutes les nations qu’il avait soumises, 12 d’Aram, de Moab, des Ammonites, des Philistins et d’Amaleq, ainsi que du butin pris à Hadadézer, fils de Rehob, roi de Çoba.

13 David se fit un nom lorsqu’il revint de battre les Araméenso dans la vallée du Sel,p au nombre de dix-huit mille.

o On propose parfois de lire « Édomites » avec 1 Ch 18, 12, mais Ps 60.2 cite à la suite Aram et Édom.

p La Araba, la vallée qui prolonge au sud la mer Morte.

14 Il établit des préfets en Édom ;q dans tout Édom il établit des préfets et tous les Édomites devinrent sujets de David. Partout où David allait, Yahvé lui donna la victoire.

q Le v. insiste sur la prise en charge administrative de tout le territoire d’Édom.

L’administration du royaume

15 David régna sur tout Israël, faisant droit et justice à tout son peuple. 16 Joab, fils de Çeruya, commandait l’armée ; Yehoshaphat, fils d’Ahilud, était héraut ; 17 Sadoq, fils d’Ahitub, et Ahimélek, fils d’Ébyatar étaient prêtres ;r Serayas était secrétaire ;

r Le texte cherche à donner à Sadoq une ascendance dont il était dépourvu et on retrouve ce même souci en 1 Ch 5.34 ; 6.37-38. Cependant Sadoq est un « homme nouveau ». On a proposé de lire ici à partir de 1 S 22.20 « Ébyatar, fils d’Ahimélek, fils d’Ahitub ». Il est préférable de garder l’hébr. tel qu’il est.

s Le nom semble original dans cette liste ancienne. Mais il devient Shiya ou Shuwa, 20.25 ; Shisha, 1 R 4.3 ; Shavsha 1 Ch 18.16, peut-être des corruptions de son titre égyptien de « scribe ».

18 Benayahu, fils de Yehoyada commandait les Kérétiens et les Pelétiens ;t les fils de David étaient prêtres.u

t Mercenaires étrangers, originaires de Philistie, qui composent la garde personnelle de David, 15.18 ; 20.7, 23 ; 1 R 1.38, 44. La liste est à comparer à 20.23-25.

u Indication étrange qui ne se trouve pas en 1 Ch 18.17.

3. LA FAMILLE DE DAVID ET LES INTRIGUES POUR LA SUCCESSIONv

A. MEPHIBAAL

Bonté de David envers le fils de Jonathan.

9 David dit : « Y a-t-il encore un survivant de la maison de Saül, pour que j’agisse envers lui avec fidélité à cause de Jonathan ? »

v Les chap. 9-20, qui se continuent par 1 R 1-2, proviennent pour l’essentiel d’un récit ancien, utilisé non sans retouches par les rédacteurs de Samuel. On y racontait comment la succession de David était échue à Salomon, malgré la survivance d’un descendant de Saül, Mephibaal, 9, et l’opposition de Shéba, 20, à travers la tragique histoire de la famille royale adultère de David et naissance de Salomon, 10-12, meurtre d’Amnon, 13, révolte d’Absalom, 15-18, intrigues d’Adonias, 1 R 1-2.

2 La maison de Saül avait un serviteur, qui se nommait Çiba. On l’appela auprès de David et le roi lui dit : « Est-ce toi, Çiba ? » Il dit : « Ton serviteur. » 3 Le roi lui dit : « N’y a-t-il plus un homme de la maison de Saül, pour que j’agisse envers lui avec la fidélité voulue par Dieu ? » Çiba répondit au roi : « Il y a encore un fils de Jonathan qui est perclus des deux pieds. » 4 Le roi lui dit : « Où est-il ? ». Et Çiba dit au roi : « Il est dans la maison de Makir, fils d’Ammiel, à Lo-Debar. » 5 Le roi David l’envoya donc chercher à la maison de Makir, fils d’Ammiel, de Lo-Debar.

6 En arrivant auprès de David, Mephibaal,w fils de Jonathan, fils de Saül, tomba sur sa face et se prosterna. David dit : « Mephibaal ! » Il dit : « Voici ton serviteur. »

w Ici et dans la suite du récit « Mephibaal » corr. ; « Mephiboshèt » hébr., cf. 4.4.

7 David lui dit : « N’aie pas peur, car je veux agir envers toi avec fidélité par égard pour ton père Jonathan. Je te restituerai toutes les terres de Saül ton aïeul et tu mangeras toujours à ma table. » 8 Il se prosterna et dit : « Qu’est-ce que ton serviteur pour que tu tournes ton regard vers un chien crevé ? »

9 Le roi appela Çiba, le serviteur de Saül, et lui dit : « Tout ce qui appartient à Saül et à sa maison, je le donne au fils de ton maître. 10 Tu travailleras le sol pour lui, toi, tes fils et tes serviteurs, tu apporteras pour la maisonx de ton maître la nourriture qu’elle mangera. Mephibaal, le fils de ton maître, prendra toujours ses repas à ma table. » Or Çiba avait quinze fils et vingt serviteurs.

x « la maison » grec luc. ; « le fils » hébr.

11 Çiba dit au roi : « Ton serviteur fera tout ce que Monseigneur le roi a ordonné à son serviteur. Mais Mephibaal mange à ma table comme l’un des fils du roi... »y

y La réponse de Çiba peut être comprise comme une sorte de protestation à moins qu’il ne faille suivre le grec « Donc Mephiboshèt mangeait à la table de David ».

12 Mephibaal avait un jeune fils qui se nommait Mika. Tous ceux qui habitaient chez Çiba étaient au service de Mephibaal. 13 Mephibaal habita à Jérusalem, car il mangeait toujours à la table du roi. Il était boiteux des deux jambes.

B. LA GUERRE AMMONITE. NAISSANCE DE SALOMON

Insulte aux ambassadeurs de David.

10 Après cela, il advint que le roi des Ammonites mourut et que son fils Hanûn régna à sa place. 2 David dit : « J’agirai avec fidélité envers Hanûn, fils de Nahash, comme son père a agi envers moi avec fidélité. » David envoya ses serviteurs lui présenter des condoléances au sujet de son père. Mais lorsque les serviteurs de David arrivèrent au pays des Ammonites, 3 les chefs des Ammonites dirent à Hanûn leur maître : « T’imagines-tu que David veuille honorer ton père, parce qu’il t’a envoyé des porteurs de condoléances ? N’est-ce pas pour explorer la ville,z l’espionner et la renverser que David t’a envoyé ses serviteurs ? »

z C’est la capitale Rabba, 11.1 ; 12.26, aujourd’hui Amman.

4 Alors Hanûn se saisit des serviteurs de David, il leur fit raser la moitié de la barbe, et couper les vêtements à mi-hauteur jusqu’aux fesses, puis il les congédia. 5 Lorsque David en fut informé, il envoya quelqu’un à leur rencontre, car ces hommes étaient très humiliés. Le roi leur fit dire : « Restez à Jéricho jusqu’à ce que votre barbe ait repoussé, et vous reviendrez. »

Première campagne ammonite.

6 Les Ammonites virent bien qu’ils s’étaient rendus odieux à David. Les Ammonites envoyèrent prendre à leur solde les Araméens de Bet-Rehob et les Araméens de Çoba,a vingt mille fantassins, le roi de Maaka, mille hommes, et le chef de Tob, douze mille hommes.

a Çoba et Bet-Rehob, au nord des sources du Jourdain, étaient unies sous le pouvoir de Hadadézer. Maaka et Tob étaient au nord de la Transjordanie.

7 David l’apprit et il envoya Joab avec toute l’armée, les preux.b

b L’apposition indique une distinction entre le groupe des preux et l’armée levée sur les tribus ; celle-ci n’interviendra qu’ensuite, v. 17 et 11.11.

8 Les Ammonites sortirent et se rangèrent en bataille à l’entrée de la porte, tandis que les Araméens de Çoba et de Rehob et les gens de Tob et de Maaka étaient à part en rase campagne. 9 Voyant qu’il avait un front de combat à la fois devant et derrière lui, Joab choisit des hommes dans toute l’élite d’Israël et il les mit en ligne face aux Araméens. 10 Il confia le reste de la troupe à son frère Abishaï et le mit en ligne face aux Ammonites. 11 Il dit : « Si les Araméens sont plus forts que moi, tu viendras à mon secours, mais si les Ammonites sont plus forts que toi, j’irai à ton secours. 12 Sois fort, montrons-nous forts pour notre peuple et pour les villes de notre Dieu. Que Yahvé fasse ce qui lui semblera bon ! » 13 Joab et la troupe qui était avec lui s’avancèrent pour combattre les Araméens. Ceux-ci s’enfuirent devant lui. 14 Quand les Ammonites virent que les Araméens avaient fui, ils s’enfuirent devant Abishaï et rentrèrent dans la ville. Alors Joab revint de la guerre contre les Ammonites et rentra à Jérusalem.

Victoire sur les Araméens.c

15 Voyant qu’ils avaient été battus devant Israël, les Araméens se réunirent tous ensemble.

c Ce petit récit paraît venir d’une source différente.

16 Hadadézer envoya des messagers et mobilisa les Araméens qui sont de l’autre côté du Fleuve. Ceux-ci arrivèrent à Hélam, ayant à leur tête Shobak, le chef de l’armée de Hadadézer. 17 On l’annonça à David qui rassembla tout Israël, passa le Jourdain et arriva à Hélam. Les Araméens se mirent en ligne face à David et lui livrèrent bataille. 18 Les Araméens s’enfuirent devant Israël. David tua aux Araméens sept cents attelages et quarante mille cavaliers. Quant à Shobak, chef de leur armée, David le frappa et il mourut. 19 Lorsque tous les rois vassaux de Hadadézer virent qu’ils avaient été battus devant Israël, ils firent la paix avec Israël et le servirent. Les Araméens craignirent de porter encore secours aux Ammonites.

Seconde campagne ammonite. Faute de David.d

11 Au retour de l’année,e au temps où les rois se mettent en campagne, David envoya Joab et ses serviteurs avec lui ainsi que tout Israël : ils massacrèrent les Ammonites et mirent le siège devant Rabba. Cependant David restait à Jérusalem.

d Dans l’ensemble littéraire que forment les chap. 9-20, la guerre ammonite n’est que le cadre de l’histoire de David et de Bethsabée.

e L’équinoxe de printemps.

2 Il arriva que, vers le soir, David, s’étant levé de son lit, alla se promener sur la terrasse de la maison du roi et aperçut, de la terrasse, une femme qui se baignait. Cette femme était très belle. 3 David fit prendre des informations sur cette femme, et on répondit : « Mais c’est Bethsabée, fille d’Éliam et femme d’Urie le Hittite ! »f

f Un mercenaire étranger. Les Hittites, voir Dt 7.1.

4 Alors David envoya des émissaires pour la prendre. Elle vint chez lui et il coucha avec elle, alors qu’elle venait de se purifier de ses règles. Puis elle retourna dans sa maison. 5 La femme conçut. Elle en fit informer David : « Je suis enceinte ! »

6 David envoya dire à Joab : « Envoie-moi Urie le Hittite », et Joab envoya Urie à David. 7 Lorsque Urie fut arrivé auprès de lui, David demanda comment allaient Joab et le peuple et la guerre. 8 Puis David dit à Urie : « Descends chez toi et lave-toi les pieds. » Urie sortit de la maison du roi, suivi d’un présent du roi. 9 Mais Urie coucha à la porte de la maison du roi avec tous les serviteurs de son maître et ne descendit pas chez lui.

10 On en informa David : « Urie, lui dit-on, n’est pas descendu chez lui. » David demanda à Urie : « N’arrives-tu pas de voyage ? Pourquoi n’es-tu pas descendu chez toi ? » 11 Urie répondit à David : « L’arche, Israël et Juda logent sous les huttes, mon maître Joab et les serviteurs de Monseigneur campent en rase campagne, et moi j’irais chez moi pour manger, boire et coucher avec ma femme !g Par ta vie, par ta propre vie, je ne ferai pas cette chose-là ! »

g La continence était une loi religieuse de la guerre, cf. 1 S 21.6.

12 Alors David dit à Urie : « Reste encore aujourd’hui ici, et demain je te donnerai congé. » Urie resta donc à Jérusalem ce jour-là et le lendemain. 13 David l’invita. Il mangea et il but en sa présence. David l’enivra. Le soir Urie sortit et se recoucha sur son lit avec les serviteurs de son maître, mais il ne descendit pas chez lui.

14 Le matin suivant, David écrivit une lettre à Joab et la fit porter par Urie.

15 Il écrivait dans la lettre : « Mettez Urie en première ligne, au plus fort de la bataille, puis reculez derrière lui : qu’il soit frappé et qu’il meure. » 16 Joab, qui surveillait la ville, plaça Urie à l’endroit où il savait que se trouvaient de vaillants guerriers. 17 Les gens de la ville firent une sortie et attaquèrent Joab. Il y eut des victimes parmi la troupe, parmi les serviteurs de David, et Urie le Hittite mourut aussi.

18 Joab envoya informer David de tous les détails du combat. 19 Il donna cet ordre au messager : « Quand tu auras fini de raconter au roi tous les détails du combat, 20 si la colère du roi s’élève et qu’il te dise : « Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour livrer bataille ? Ne saviez-vous pas qu’on tire du haut du rempart ? 21 Qui a frappé Abimélek, le fils de Yerubbaal ?h N’est-ce pas une femme, qui a lancé une meule sur lui, du haut du rempart, et il est mort à Tébèç ? Pourquoi vous êtes-vous approchés du rempart ? », tu diras : Ton serviteur Urie le Hittite est mort lui aussi. »

h « Yerubbaal » grec, cf. Jg 7.1s ; « Yerubbeshèt » hébr., cf. 2.8 ; 4.4.

22 Le messager partit et vint rapporter à David ce dont Joab l’avait chargé. David s’emporta contre Joab et dit au messager : « Pourquoi vous êtes-vous approchés du rempart de la ville pour livrer bataille ? Ne saviez-vous pas qu’on tire du haut des remparts ? Qui a tué Abimélek, le fils de Yerubbaal ? N’est-ce pas une femme qui a jeté une meule sur lui du haut du rempart, et il est mort à Tébèç ? Pourquoi vous êtes-vous approchés du rempart ? » 23 Le messager dit à David : « Ces hommes l’avaient emporté sur nous et étaient sortis vers nous en rase campagne ; mais nous avons contre-attaqué jusqu’à l’entrée de la porte,

24 mais les tireurs ont tiré sur tes serviteurs du haut du rempart ; certains des serviteurs du roi sont morts et ton serviteur Urie le Hittite est mort lui aussi. »

25 David dit au messager : « Tu parleras ainsi à Joab : « Ne prends pas trop mal cette affaire ! L’épée dévore d’une façon ou de l’autre. Renforce ton attaque contre la ville et détruis-la. » Réconforte-le ainsi. »

26 Lorsque la femme d’Urie apprit que son époux, Urie, était mort, elle pleura son mari. 27 Quand le deuil fut achevé, David l’envoya chercher et la recueillit chez lui, et elle devint sa femme. Elle lui enfanta un fils. Mais l’action que David avait commise déplut à Yahvé.

Reproches de Natân. Repentir de David.i

12 Yahvé envoya auprès de David Natân. Celui-ci entra chez lui et lui dit :

« Il y avait deux hommes dans la même ville,
l’un riche et l’autre pauvre.

i L’intervention de Natân, 12.1-15a, peut ne pas avoir figuré dans le récit le plus ancien :au v. 22, David paraît ignorer que l’enfant est condamné. Mais ce récit et le suivant témoignent d’un même sens religieux le crime de David est dénoncé comme une faute grave mais son repentir lui vaut le pardon de Dieu.

2 Le riche avait petit et gros bétail
en très grande abondance.
3 Le pauvre n’avait rien si ce n’est une agnelle,
une seule petite qu’il avait achetée.
Il la nourrissait et elle grandissait avec lui en même temps que ses enfants,
mangeant de sa pitance, buvant dans sa coupe,
dormant dans son sein : elle était pour lui comme une fille.
4 Un hôte se présenta chez l’homme riche
qui n’eut pas le cœur de prendre sur son petit ou gros bétail
de quoi servir au voyageur arrivé chez lui.
Il prit l’agnelle de l’homme pauvre
et l’apprêta pour l’homme arrivé chez lui. »

5 David entra en grande colère contre cet homme et dit à Natân : « Par la vie de Yahvé, il mérite la mort, l’homme qui a fait cela. 6 Pour l’agnelle, il donnera compensation au quadruple, pour avoir commis cette action et n’avoir pas eu de pitié. » 7 Natân dit alors à David : « Cet homme, c’est toi ! Ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël : Je t’ai oint comme roi d’Israël, je t’ai délivré de la main de Saül,

8 je t’ai donné la maison de ton maître, j’ai mis dans tes bras les femmes de ton maître, je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si c’est trop peu, j’ajouterai pour toi n’importe quoi. 9 Pourquoi as-tu méprisé Yahvéj et fait ce qui lui déplaît ? Tu as frappé par l’épée Urie le Hittite, sa femme tu l’as prise pour ta femme, lui tu l’as fait périr par l’épée des Ammonites.

j L’hébr. a lu « la parole de Yahvé », très probablement pour éviter que le nom divin ne soit directement l’objet du verbe.

10 Maintenant l’épée ne se détournera plus jamais de ta maison,k parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour qu’elle devienne ta femme.

k Allusion à la mort sanglante d’Amnon, d’Absalom et d’Adonias, les trois fils de David.

11 « Ainsi parle Yahvé : Je vais, de ta propre maison, faire surgir contre toi le malheur. Je prendrai tes femmes sous tes yeux et je les livrerai à ton prochain, qui couchera avec tes femmes à la vue de ce soleil. 12 Toi, tu as agi dans le secret, mais moi j’accomplirai cela à la face de tout Israël et à la face du soleil ! »

13 David dit à Natân : « J’ai péché contre Yahvé ! » Alors Natân dit à David : « De son côté, Yahvé pardonne ta faute, tu ne mourras pas. 14 Seulement, parce que tu as outragé Yahvél en cette affaire, l’enfant qui t’est né mourra. »

l « outragé Yahvé » corr. L’hébr. a « outragé les ennemis de Yahvé », pour éviter un blasphème. — Le péché n’est pas seulement la violation d’un certain ordre moral ou social, mais d’abord la rupture d’une relation personnelle entre l’homme et Dieu, cf. Gn 39.9 ; Ps 51.6 ; 59.2, que Dieu seul peut rétablir, Ps 65.4 ; cf. Mc 2.5.

15 Et Natân s’en alla chez lui.

Mort de l’enfant de Bethsabée. Naissance de Salomon.

Yahvé frappa l’enfant que la femme d’Urie avait enfanté à David, et il tomba malade. 16 David implora Dieu pour le garçon : il jeûnait strictement, rentrait chez lui et passait la nuit couché par terre. 17 Les dignitaires de sa maison se tenaient debout autour de lui pour le relever de terre, mais il refusa et ne prit avec eux aucune nourriture. 18 Le septième jour, l’enfant mourut. Les serviteurs de David craignaient de lui annoncer que l’enfant était mort. Ils se disaient en effet : « Quand l’enfant était vivant, nous lui avons parlé et il ne nous a pas écoutés. Comment pourrons-nous lui dire que l’enfant est mort ? Il fera un malheur ! » 19 David s’aperçut que ses serviteurs chuchotaient entre eux ; David comprit que l’enfant était mort. Il dit à ses serviteurs : « L’enfant est-il mort ? », et ils répondirent : « Il l’est. »

20 Alors David se leva de terre, se baigna, se parfuma et changea de vêtements. Puis il entra dans la maison de Yahvé et se prosterna. Ensuite il rentra dans sa maison et demanda qu’on lui servît de la nourriture et il mangea.

21 Ses serviteurs lui dirent : « Que fais-tu donc ? Tant que l’enfant était vivant, tu as jeûné et pleuré, et maintenant que l’enfant est mort, tu te lèves et tu prends de la nourriture ! »m

m David n’obéit pas aux règles du deuil et il étonne son entourage. Sa religion est spontanée et non conformiste, vv. 22-23 et 6.21-22.

22 Il répondit : « Tant que l’enfant était vivant, j’ai jeûné et j’ai pleuré, car je me disais : Qui sait ? Yahvé aura peut-être pitié de moi et l’enfant vivra. 23 Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Pourrais-je le faire revenir ? C’est moi qui m’en vais le rejoindre,n mais lui ne reviendra pas vers moi. »

n Au séjour des morts, le shéol, cf. Nb 16.33.

24 David consola Bethsabée, sa femme. Il alla vers elle et coucha avec elle. Elle enfanta un fils auquel elle donna le nom de Salomon. Yahvé l’aima 25 et le fit savoir par le prophète Natân. Celui-ci le nomma Yedidya à cause de Yahvé.o

o La naissance de Salomon, fils de Bethsabée, « aimé de Yahvé » (c’est la signification de Yedidya), est l’assurance du pardon de Dieu. Et c’est Salomon, de préférence aux héritiers mieux pourvus de titres, que le choix gratuit de Dieu portera au trône de son père.

Prise de Rabba.

26 Joab donna l’assaut à Rabba des Ammonites et il s’empara de la ville royale.

27 Joab envoya alors des messagers à David pour dire : « J’ai attaqué Rabba, je me suis emparé de la ville des eaux.p

p L’expression vise sans doute une fortification qui protégeait l’alimentation en eau de la ville.

28 Maintenant, rassemble le reste de l’armée, dresse ton camp contre la ville et prends-la ; sinon je m’en emparerai moi-même et elle portera mon nom. » 29 David rassembla toute l’armée et alla à Rabba, il donna l’assaut à la ville et s’en empara. 30 Il enleva de la tête de Milkomq la couronne qui pesait un talent d’or ainsi qu’une pierre précieuse. Celleci fut placée sur la tête de David. Il emporta le butin de la ville en énorme quantité.

q L’hébr. en lisant « leur roi » (malkam) considère qu’il s’agit d’une couronne surmontant la statue du roi des Ammonites, couronne dont le poids est énorme, plus de 30 kg. On doit plutôt penser à la statue du dieu Milkom, dieu des Ammonites (1 R 11.5) comme l’a compris le grec.

31 Quant à sa population, il la fit sortir, la mit à manier la scie, les pics et les haches de fer. Il les affectait au moulage des briques.r Il agissait de même pour toutes les villes des Ammonites. David et toute l’armée revinrent à Jérusalem.

r Travail pénible auquel on affectait les prisonniers de guerre ou les esclaves, cf. Ex 5.

C. HISTOIRE D’ABSALOMs

Amnon outrage sa sœur Tamar.

13 Voici ce qui arriva ensuite. Absalom, fils de David, avait une sœur qui était belle et qui se nommait Tamar, et Amnon, fils de David, en devint amoureux.

s Absalom, assassin de son frère, révolté contre son père, est le personnage central du grand drame de la famille de David, 13-20. Ce drame de famille provoque une série de crises politiques, qui mettent à vif les dissentiments de la nation et compromettent l’avenir du royaume.

2 Amnon était tourmenté au point de se rendre malade à cause de sa sœur Tamar, car elle était vierge et aux yeux d’Amnon il lui paraissait difficile de lui faire quoi que ce soit. 3 Mais Amnon avait un ami nommé Yonadab, fils de Shiméa, frère de David, et Yonadab était un homme très avisé. 4 Il lui dit : « D’où vient, fils du roi, que tu sois si languissant chaque matin ? Ne m’expliqueras-tu pas ? » Amnon lui répondit : « C’est que j’aime Tamar, la sœur de mon frère Absalom. » 5 Alors Yonadab lui dit : « Mets-toi au lit, fais le malade et quand ton père viendra te voir, tu lui diras : « Permets que ma sœur Tamar vienne me donner à manger ; elle apprêtera le plat sous mes yeux pour que je le voie et je mangerai, servi par elle. » » 6 Donc, Amnon se coucha et fit le malade. Le roi vint le voir et Amnon dit au roi : « Permets que ma sœur Tamar vienne et que, sous mes yeux, elle prépare deux gâteaux, et je me restaurerai, servi par elle. » 7 David envoya dire à Tamar chez elle : « Va donc chez ton frère Amnon et prépare-lui un plat. » 8 Tamar se rendit à la maison de son frère Amnon. Il était couché. Elle prit de la pâte, la pétrit, confectionna des gâteaux sous ses yeux et les fit cuire. 9 Puis elle prit la poêle et la vida devant lui, mais il refusa de manger. Amnon dit : « Faites sortir tout le monde d’auprès de moi. » Et tout le monde sortit d’auprès de lui. 10 Alors Amnon dit à Tamar : « Apporte le plat dans la chambre et je mangerai, servi par toi. » Tamar prit les gâteaux qu’elle avait faits et les apporta à son frère Amnon dans la chambre.

11 Comme elle lui présentait à manger, il la saisit et lui dit : « Viens, couche avec moi, ma sœur ! » 12 Mais elle lui répondit : « Non, mon frère ! Ne me violente pas, car on n’agit pas ainsi en Israël, ne commets pas cette infamie.

13 Moi, où irais-je porter ma honte ? Et toi, tu serais comme un infâme en Israël ! Maintenant parle donc au roi : il ne refusera pas de me donner à toi. »t

t D’après l’usage ancien, comparer Gn 20.12, Amnon pouvait épouser Tamar qui n’était que sa demi-sœur. Ces unions furent interdites par les lois de Lv 18.11 ; 20.17 ; Dt 27.22.

14 Mais il ne voulut pas l’entendre, il la maîtrisa et, lui faisant violence, il coucha avec elle.

15 Alors Amnon se prit à la haïr très fort — la haine qu’il lui voua surpassait l’amour dont il l’avait aimée — et Amnon lui dit : « Lève-toi ! Va-t-en ! » 16 Elle lui dit : « Non, mon frère, me chasser serait pire que l’autre mal que tu m’as fait. »u Mais il ne voulut pas l’écouter.

u Le v., mal conservé, est de traduction difficile.

17 Il appela le garçon qui le servait et lui dit : « Débarrasse-moi de cette fille, jette-la dehors et verrouille la porte derrière elle ! » 18 Elle portait une tunique de luxe qui était autrefois le vêtement des filles qui n’étaient pas mariées. Le serviteur la mit dehors et verrouilla la porte derrière elle.

19 Tamar se couvrit la tête de cendre, elle déchira la tunique de luxe qu’elle portait, mit la main sur sa tête et s’en alla, poussant des cris en marchant.v

v Gestes de deuil et de douleur, 1.2 ; Est 4.1 ; Jr 2.37.

20 Son frère Absalom lui dit : « Serait-ce que ton frère Amnon a été avec toi ? Maintenant, ma sœur, tais-toi ; c’est ton frère : ne prends pas cette affaire à cœur. » Tamar demeura abandonnée, dans la maison de son frère Absalom.

21 Lorsque le roi David apprit toute cette histoire, il en fut très irrité. 22 Quant à Absalom, il n’adressa plus la parolew à Amnon, car Absalom s’était pris de haine pour Amnon à cause de la violence qu’il avait faite à sa sœur Tamar.

w Littéralement « il ne parla ni en mal ni en bien ». Absalom rompt avec son frère.

Absalom fait assassiner Amnon et prend la fuite.

23 Deux ans plus tard, comme Absalom avait les tondeurs à Baal-Haçor, qui est près d’Éphraïm, il invita tous les fils du roi. 24 Absalom se rendit auprès du roi et dit : « Voici que ton serviteur a les tondeurs. Que le roi et ses serviteurs daignent venir avec ton serviteur. » 25 Le roi répondit à Absalom : « Non, mon fils, il ne faut pas que nous allions tous et te soyons à charge. » Absalom insista, mais il ne voulut pas venir et il le bénit. 26 Absalom dit : « Si c’est non, que du moins mon frère Amnon nous accompagne. » Et le roi dit : « Pourquoi irait-il avec toi ? » 27 Mais Absalom insista et il laissa partir avec lui Amnon et tous les fils du roi.x

Absalom ordonna à ses domestiques :

x Le grec précise « Absalom offrit un festin, un vrai festin de roi. » Ce peut être une indication ancienne.

28 « Faites attention ! Lorsque le cœur d’Amnon sera mis en gaieté par le vin et que je vous dirai : « Frappez Amnon ! », vous le mettrez à mort. N’ayez pas peur ; n’est-ce pas moi qui vous l’ai ordonné ? Prenez courage et montrez-vous vaillants. » 29 Les domestiques d’Absalom agirent à l’égard d’Amnon comme Absalom l’avait ordonné. Alors tous les fils du roi se levèrent, enfourchèrent chacun son mulet et s’enfuirent.

30 Comme ils étaient en chemin, la nouvelle parvint à David : « Absalom a tué tous les fils du roi, il n’en reste pas un seul ! » 31 Le roi se leva, déchira ses vêtements et se coucha par terre ; tous ses serviteurs se tenaient debout, les vêtements déchirés. 32 Mais Yonadab, le fils de Shiméa, frère de David, prit ainsi la parole : « Que Monseigneur ne dise pas qu’on a fait périr tous les jeunes gens, les fils du roi, car seul Amnon est mort : Absalom s’était promis cela depuis le jour où Amnon avait outragé sa sœur Tamar. 33 Que maintenant Monseigneur le roi ne se mette pas dans l’idée que tous les fils du roi ont péri. Non, Amnon seul est mort 34 et Absalom s’est enfui. »

Le guetteur leva les yeux et aperçut une troupe nombreuse en marche sur la route de Horonaïm,y au flanc de la montagne, dans la descente. Le guetteur vint en informer le roi. Il dit : « J’ai vu de mes yeux des gens qui arrivaient par la route de Horonaïm, au flanc de la montagne. »

y Le v. est restitué d’après le grec. L’hébr. a omis ce passage par inadvertance à cause de la répétition « sur la route d’Horonaïm ».

35 Alors Yonadab dit au roi : « Ce sont les fils du roi qui arrivent : il en a été comme ton serviteur l’avait dit. » 36 Il achevait à peine de parler que les fils du roi entrèrent, et ils se mirent à crier et à pleurer ; le roi et ses serviteurs pleurèrent eux aussi à chaudes larmes. 37 Absalom s’était enfui et s’était rendu chez Talmaï, fils d’Ammihur, roi de Geshur. Le roi garda tout le temps le deuil de son fils.

Joab négocie le retour d’Absalom.

38 Absalom s’était enfui et s’était rendu à Geshur ; il y resta trois ans. 39 Le roi Davidz cessa de s’emporter contre Absalom, car il s’était consolé de la mort d’Amnon.

z Le grec a lu « L’esprit du roi cessa de s’emporter », ce qui pourrait être le texte ancien.

14 Joab, fils de Çeruya, reconnut que le cœur du roi se tournait vers Absalom. 2 Alors Joab envoya quelqu’un à Téqoaa qui en ramena une femme avisée. Il lui dit : « Je t’en prie, feins d’être en deuil, mets des habits de deuil, ne te parfume pas, sois comme une femme qui, depuis bien des jours, porte le deuil d’un mort.

a Patrie du prophère Amos, à 18 km au sud de Jérusalem.

3 Tu iras chez le roi et tu lui tiendras ce discours. » Joab lui mit dans la bouche les paroles qu’il fallait.b

b Comme avait fait Natân, 12.1s, Joab va amener le roi à se prononcer en simulant une affaire de justice.

4 La femme de Téqoa parla au roi. Elle tomba la face contre terre et se prosterna, puis elle dit : « Au secours, ô roi ! »c

c C’était une formule de l’appel au roi.

5 Le roi lui demanda : « Qu’as-tu ? » Elle répondit : « Hélas ! je suis veuve. Mon mari est mort 6 et ta servante avait deux fils. Ils se sont querellés ensemble dans la campagne, il n’y avait personne pour les séparer, l’un a frappé l’autre et l’a tué. 7 Voilà que tout le clan s’est dressé contre ta servante et dit : « Livre le fratricide : nous le mettrons à mort pour prix de la vie de son frère qu’il a tué, et nous détruirons en même temps l’héritier. » Ils vont ainsi éteindre la braise qui me reste, pour ne plus laisser à mon mari ni nom ni survivant sur la face de la terre. » 8 Le roi dit à la femme : « Va à ta maison, je donnerai moi-même des ordres à ton sujet. » 9 La femme de Téqoa dit au roi : « Monseigneur le roi ! Que la faute retombe sur moi et sur ma famille ; le roi et son trône en sont innocents. » 10 Le roi reprit : « Celui qui t’a menacée, amène-le-moi et il cessera de te malmener. » 11 Elle dit : « Que le roi daigne prononcer le nom de Yahvé ton Dieu, afin que le vengeur du sang n’augmente pas la ruine et ne fasse pas périr mon fils ! » Il dit alors : « Aussi vrai que Yahvé est vivant, il ne tombera pas à terre un seul cheveu de ton fils ! »

12 La femme reprit : « Qu’il soit permis à ta servante de dire un mot à Monseigneur le roi », et il répondit : « Parle. » 13 La femme dit : « Pourquoi as-tu décidé cela contre le peuple de Dieu ? En prononçant cette parole, le roi n’est-il pas comme un coupable en ne faisant pas revenir celui qui est exilé ? 14 Nous sommes mortels et comme les eaux qui s’écoulent à terre et qu’on ne peut recueillir, et Dieu ne relève pas un cadavre ; pourtant il prend des décisions pour que l’exilé ne reste pas exilé loin de lui.d

d On ne peut plus rien faire pour Amnon, qui est mort ; il convient donc qu’Absalom revienne.

15 e « Maintenant, si je suis venue parler de cette affaire à Monseigneur le roi, c’est que les gens m’ont fait peur et ta servante s’est dit : Je parlerai au roi et peut-être le roi exécutera-t-il la parole de sa servante.

e La femme, après avoir ouvert les yeux du roi en faisant l’application au cas d’Absalom, reprend son rôle. Le v. 17 s’applique également au cas fictif et au cas réel.

16 Car le roi consentira à délivrer sa servante des mains de l’homme qui cherche à nous retrancher, moi et mon fils ensemble, de l’héritage de Dieu. 17 Ta servante a dit : Puisse la parole de Monseigneur le roi donner l’apaisement. Car Monseigneur le roi est comme l’Ange de Dieuf pour saisir le bien et le mal.g Que Yahvé ton Dieu soit avec toi ! »

f Dans les textes anciens, Gn 16.7, l’Ange de Dieu, c’est Dieu lui-même, dans la forme visible où il apparaît aux hommes David a une sagesse divine, de même au v. 20

g C’est-à-dire absolument tout, cf. 13.22.

18 Alors le roi, prenant la parole, dit à la femme : « Je t’en prie, ne te dérobe pas à la question que je vais te poser. » La femme répondit : « Que Monseigneur le roi parle ! » 19 Le roi demanda : « La main de Joab n’est-elle pas avec toi en tout cela ? » La femme répliqua : « Aussi vrai que tu es vivant, Monseigneur le roi, on ne peut pas aller à droite ni à gauche de tout ce qu’a dit Monseigneur le roi : oui, c’est ton serviteur Joab qui m’a donné l’ordre, c’est lui qui a mis toutes ces paroles dans la bouche de ta servante. 20 C’est pour déguiser l’affaire que ton serviteur Joab a agi ainsi, mais Monseigneur a la sagesse de l’Ange de Dieu, il sait tout ce qui se passe sur la terre. »

21 Le roi dit alors à Joab : « Eh bien, je fais la chose : Va, ramène le jeune homme Absalom. » 22 Joab tomba la face contre terre, il se prosterna et bénit le roi. Puis Joab dit : « Ton serviteur sait aujourd’hui qu’il a trouvé grâce à tes yeux, Monseigneur le roi, puisque le roi a exécuté la parole de son serviteur. »

23 Joab se mit en route, il alla à Geshur et ramena Absalom à Jérusalem. 24 Cependant le roi dit : « Qu’il se retire dans sa maison, il ne sera pas reçu par moi. » Absalom se retira dans sa maison et ne fut pas reçu par le roi.

Quelques détails sur Absalom.h

25 Dans tout Israël, il n’y avait personne d’aussi beau qu’Absalom, à qui on pût faire tant d’éloges : de la plante des pieds au sommet de la tête, il était sans défaut.

h Les vv. 25-27 interrompent le récit et viennent d’une autre source.

26 Lorsqu’il se rasait la tête — il se rasait chaque année parce que c’était trop lourd, alors il se rasait —, il pesait sa chevelure : soit deux cents sicles, poids du roi. 27 Il naquit à Absalom trois fils et une fille, qui se nommait Tamar ; c’était une belle femme.

Absalom obtient son pardon.

28 Absalom demeura deux ans à Jérusalem, sans être reçu par le roi. 29 Absalom envoya chercher Joab pour l’envoyer chez le roi, mais Joab ne consentit pas à venir chez lui. Il l’envoya chercher encore une seconde fois, mais il ne consentit pas à venir. 30 Absalom dit à ses serviteurs : « Voyez le champ de Joab qui est à côté du mien et où il y a de l’orge, allez y mettre le feu. » Les serviteurs d’Absalom mirent le feu au champ. 31 Joab vint trouver Absalom dans sa maison et lui dit : « Pourquoi tes serviteurs ont-il mis le feu au champ qui m’appartient ? » 32 Absalom répondit à Joab : « C’est que j’avais envoyé te dire : Viens ici, je veux t’envoyer auprès du roi avec ce message : « Pourquoi suis-je revenu de Geshur ? Il vaudrait mieux pour moi y être encore. » Je veux maintenant être reçu par le roi et, si je suis coupable, qu’il me mette à mort ! »

33 Joab se rendit près du roi et lui rapporta ces paroles. Puis il appela Absalom. Celui-ci alla chez le roi, se prosterna devant lui et se jeta la face contre terre devant le roi. Et le roi embrassa Absalom.

Les intrigues d’Absalom.

15 Il arriva après cela qu’Absalom se procura un char et des chevaux, et cinquante hommes couraient devant lui. 2 Levé de bonne heure, Absalom se tenait au bord du chemin qui mène à la porte, et chaque fois qu’un homme, ayant un procès, devait venir au tribunal du roi, Absalom l’interpellait et lui demandait : « De quelle ville es-tu ? » Il répondait : « Ton serviteur est de l’une des tribus d’Israël. »i

i Sans doute ici les tribus du Nord par opposition à Juda. Absalom exploite l’opposition latente des deux groupes qui composaient la nation, voir 19.42s.

3 Alors Absalom lui disait : « Vois ! Ta cause est bonne et juste, mais tu n’auras personne qui t’écoute de la part du roi. » 4 Absalom continuait : « Ah ! qui m’établira juge dans le pays ? Tous ceux qui ont un procès et un jugement viendraient à moi et je leur rendrais justice ! » 5 Et lorsque quelqu’un s’approchait pour se prosterner devant lui, il tendait la main, l’attirait à lui et l’embrassait. 6 Absalom agissait de la sorte envers tous les Israélites qui en appelaient au tribunal du roi et Absalom captait le cœur des gens d’Israël.

Révolte d’Absalom.

7 Au bout de quatre ans,j Absalom dit au roi : « Permets que j’aille m’acquitter à Hébronk du vœu que j’ai fait à Yahvé.

j « quatre » grec luc. ; « quarante » hébr.

k Après avoir travaillé le Nord, Absalom cherche des appuis dans le Sud : Hébron, la première capitale, 2.1s, pouvait avoir gardé rancune à David de lui avoir préféré Jérusalem.

8 Car, lorsque j’étais à Geshur en Aram, ton serviteur a fait ce vœu : Si Yahvé me ramène à Jérusalem, je rendrai un culte à Yahvé. » 9 Le roi lui dit : « Va en paix. » Il se mit donc en route et alla à Hébron.

10 Absalom envoya des émissaires à toutes les tribus d’Israël pour dire : « Quand vous entendrez le son du cor, vous pourrez dire : Absalom est devenu roi à Hébron. » 11 Avec Absalom étaient partis deux cents hommes de Jérusalem ; c’étaient des invités qui étaient venus en toute innocence, n’étant au courant de rien. 12 Absalom chargea d’une mission Ahitophel le Gilonite, conseiller de David, à partir de sa ville de Giloh, alors qu’il offrait des sacrifices. La conjuration devint puissante et, autour d’Absalom, la foule des partisans allait en augmentant.

Fuite de David.

13 Un informateur vint dire à David : « Le cœur des gens d’Israël est tourné vers Absalom. » 14 Alors David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem : « En route, et fuyons ! Autrement nous n’échapperons pas à Absalom. Hâtez-vous de partir ; sinon il pourrait foncer, nous rattraper, nous infliger le pire et frapper la ville au fil de l’épée. »l

l David ne croit pas tout perdu, puisqu’il laisse dans la place des partisans, vv. 27s et 34s. Mais, pris entre les révoltés du Nord et ceux du Sud, il opère une retraite stratégique.

15 Les serviteurs du roi lui dirent : « Quelque choix que fasse Monseigneur le roi, tes serviteurs sont là. »

16 Le roi sortit à pied avec toute sa famille ; cependant le roi laissa dix concubines pour garder le palais. 17 Le roi sortit à pied avec tout le peuple et ils s’arrêtèrent à la dernière maison. 18 Tous ses serviteurs défilaient près de lui. Tous les Kérétiens, tous les Pelétiens, tous les Gittites, six cents hommes venus de Gat à sa suite, défilaient devant le roi. 19 Le roi dit à Ittaï le Gittite : « Pourquoi viens-tu aussi avec nous ? Retourne et demeure avec le roi, car tu es un étranger, tu es même exilé de ton pays. 20 Tu es arrivé d’hier, et aujourd’hui je te ferais errer avec nous, quand je m’en vais à l’aventure ! Retourne et remmène tes frères avec toi, et que Yahvé te témoignem miséricorde et bonté. »

m « et que Yahvé te témoigne » grec ; omis par hébr.

21 Mais Ittaï répondit au roi : « Par la vie de Yahvé et par la vie de Monseigneur le roi, partout où sera Monseigneur le roi, pour la mort et pour la vie, là aussi sera ton serviteur. » 22 David dit alors à Ittaï : « Va et passe. » Et Ittaï le Gittite passa avec tous ses hommes et toute sa smala. 23 Tout le monde pleurait à grands sanglots et le roi défilait dans le torrent du Cédron, et tout le peuple défilait face au chemin qui longe le désert.

Le sort de l’arche.

24 Et voici qu’arrivèrent aussi Sadoq et tous les lévites portant l’arche de l’alliance de Dieu. On déposa l’arche de Dieu, et Ébyatar était là,n jusqu’à ce que tout le peuple eût fini de défiler hors de la ville.

n La mention du prêtre Ébyatar à cet endroit est curieuse, car en 15.27-29 ; 19.12 il est cité à côté de Sadoq. L’entrée des lévites comme porteurs de l’arche a pu entraîner un déplacement d’Ébyatar à l’intérieur du v.

25 Le roi dit à Sadoq : « Rapporte en ville l’arche de Dieu. Si je trouve grâce aux yeux de Yahvé, il me ramènera et me permettra de le revoir ainsi que sa demeure, 26 et s’il dit : « Tu me déplais », me voici : qu’il me fasse comme bon lui semble. » 27 Le roi dit au prêtre Sadoq : « Vois-tu la situation ? Retourne en paix à la ville. Ton fils Ahimaaç et Yehonatân, le fils d’Ébyatar, vos deux fils sont avec vous. 28 Voyez, moi je m’attarderai dans les passes du désert jusqu’à ce que vienne un mot de vous qui m’apporte des nouvelles. » 29 Sadoq et Ébyatar ramenèrent donc l’arche de Dieu à Jérusalem et ils y demeurèrent.

David s’assure le concours de Hushaï.

30 David montait par la Montée des Oliviers, il montait en pleurant, la tête voilée et les pieds nus,o et tout le peuple qui l’accompagnait avait la tête voilée et montait en pleurant.

o Coutumes de deuil, 19.5 ; Ez 24.17, devenues marques de douleur, Jr 14.3s ; Est 6.12 ; Mi 1.8.

31 On avertit alors Davidp qu’Ahitophel était parmi les conjurés avec Absalom, et David dit : « Rends fous, Yahvé, les conseils d’Ahitophel ! »

p « On avertit alors David » grec ; « David avertit » hébr.

32 Comme David arrivait au sommet, là où l’on se prosterne devant Dieu,q il vit venir à sa rencontre Hushaï l’Arkite, la tunique déchirée et de la terre sur la tête.

q Peut-être le sanctuaire de Nob, 1 S 21.2. — Après « hushai l’arkite », grec ajoute « le familier de David », cf. v. 37.

33 David lui dit : « Si tu pars avec moi, tu me seras à charge. 34 Mais si tu retournes en ville et si tu dis à Absalom : « Je serai ton serviteur, Monseigneurr le roi ; auparavant je servais ton père, maintenant je te servirai », alors tu déjoueras à mon profit les conseils d’Ahitophel.

r « Monseigneur » conj. ; « moi » hébr.

35 Sadoq et Ébyatar, les prêtres, ne seront-ils pas avec toi ? Tout ce que tu entendras du palais, tu le rapporteras aux prêtres Sadoq et Ébyatar. 36 Il y a avec eux leurs deux fils, Ahimaaç pour Sadoq, et Yehonatân pour Ébyatar : vous me communiquerez par leur intermédiaire tout ce que vous aurez appris. » 37 Hushaï, le familier de David, rentra en ville au moment où Absalom arrivait à Jérusalem.

David et Çiba.

16 Lorsque David eut un peu dépassé le sommet, Çiba, le domestique de Meribbaal, vint à sa rencontre avec une paire d’ânes bâtés qui portaient deux cents pains, cent grappes de raisins secs, cent fruits de saison et une outre de vin. 2 Le roi demanda à Çiba : « Que veux-tu faire de cela ? » Et Çiba répondit : « Les ânes serviront de monture à la famille du roi, le pain et les fruits de nourriture pour les cadets, et le vin servira de breuvage pour qui sera fatigué dans le désert. » 3 Le roi demanda : « Où donc est le fils de ton maître ? » Et Çiba dit au roi : « Voici qu’il est resté à Jérusalem, car il s’est dit : Aujourd’hui la maison d’Israël me restituera le royaume de mon père. » 4 Le roi dit alors à Çiba : « Tout ce que possède Meribbaal est à toi. » Çiba dit : « Je me prosterne ! Puissé-je être digne de faveur à tes yeux, Monseigneur le roi ! »

Shiméï maudit David.

5 Comme David atteignait Bahurim, il en sortit un homme du même clan que la famille de Saül. Il s’appelait Shiméï, fils de Géra, et il sortait en proférant des malédictions. 6 Il lançait des pierres à David et à tous les serviteurs du roi David, et pourtant tout le peuple et tous les preux encadraient le roi à droite et à gauche. 7 Voici ce que Shiméï disait en le maudissant : « Va-t’en, va-t’en, homme de sang, vaurien ! 8 Yahvé a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül,s dont tu as usurpé la royauté ; aussi Yahvé a-t-il remis la royauté entre les mains de ton fils Absalom. Te voilà livré à ton malheur, parce que tu es un homme de sang. »

s Une allusion au massacre raconté en 21.1-14, qui se réfère au début du règne, cf. 9.1.

9 Abishaï, fils de Çeruya, dit au roi : « Faut-il que ce chien crevé maudisse Monseigneur le roi ? Laisse-moi traverser et lui trancher la tête. » 10 Mais le roi répondit : « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Çeruya ? S’il maudit et si Yahvé lui a ordonné : « Maudis David », qui donc pourrait lui dire : « Pourquoi as-tu agi ainsi ? » » 11 David dit à Abishaï et à tous ses serviteurs : « Voyez : le fils qui est sorti de mes entrailles en veut à ma vie. À plus forte raison maintenant ce Benjaminite ! Laissez-le maudire, si Yahvé le lui a commandé. 12 Peut-être Yahvé considérera-t-il ma misère et me rendra-t-il le bien au lieu de sa malédiction d’aujourd’hui. » 13 David et ses hommes continuèrent leur route. Quant à Shiméï, il s’avançait au flanc de la montagne, parallèlement à lui, et tout en marchant il proférait des malédictions, lançait des pierrest et jetait de la terre.

t Après « lançait des pierres », hébr. répète « parallèlement à lui ».

14 Le roi et tout le peuple qui l’accompagnait arrivèrent exténuésu et là, on reprit haleine.

u On attendrait ici un nom géographique qui fait défaut. David semble bien avoir atteint le Jourdain.

Hushaï rejoint Absalom.

15 Absalom entra à Jérusalem avec tous les hommes d’Israël, et Ahitophel se trouvait avec lui. 16 Lorsque Hushaï l’Arkite, familier de David, arriva auprès d’Absalom, Hushaï dit à Absalom : « Vive le roi ! Vive le roi ! » 17 Et Absalom dit à Hushaï : « Est-ce la fidélité à l’égard de ton ami ? Pourquoi n’es-tu pas parti avec ton ami ? » 18 Hushaï répondit à Absalom : « Non, car celui que Yahvé a choisi ainsi que ce peuple et tous les hommes d’Israël je veux être à lui et avec lui je demeurerai ! 19 En second lieu, qui vais-je servir ? N’est-ce pas son fils ? Comme j’ai servi ton père, ainsi je te servirai. »

Absalom et les concubines de David.

20 Absalom dit à Ahitophel : « Consultez-vous : qu’allons-nous faire ? » 21 Ahitophel répondit à Absalom : « Approche-toi des concubines de ton père, qu’il a laissées pour garder le palais : tout Israël apprendra que tu t’es rendu odieux à ton père et le courage de tous tes partisans en sera affermi. »v

v L’action d’Absalom est beaucoup plus qu’une parade impure ; en prenant possession du harem de son père, il affirme son droit à la succession, cf. 3.7.

22 On dressa donc pour Absalom une tente sur la terrasse et Absalom s’approcha des concubines de son père aux yeux de tout Israël. 23 Le conseil que donnait Ahitophel en ce temps-là était comme un oracle qu’on aurait obtenu de Dieu ; tel était, tant pour David que pour Absalom, tout conseil d’Ahitophel.

Hushaï déjoue les plans d’Ahitophel.

17 Ahitophel dit à Absalom : « Laisse-moi choisir douze mille hommes et me lancer, cette nuit même, à la poursuite de David. 2 Je tomberai sur lui quand il sera fatigué et sans courage, je l’épouvanterai et tout le peuple qui est avec lui prendra la fuite. Alors je frapperai le roi seul 3 et je ramènerai à toi tout le peuple ; ce sera comme le retour de tous vers l’homme que tu recherches,w tout le peuple sera en paix. »

w Ahitophel se fait fort de ramener le peuple vers Absalom. Une fois David tué, tous ceux qui le suivaient ne manqueront pas de reconnaître Absalom comme roi.

4 La proposition plut à Absalom et à tous les anciens d’Israël.

5 Cependant Absalom dit : « Appelez encore Hushaï l’Arkite, que nous entendions ce qu’il a à dire lui aussi. » 6 Hushaï arriva auprès d’Absalom, et Absalom lui dit : « Ahitophel a parlé de telle manière. Devons-nous faire ce qu’il a dit ? Sinon, parle toi-même. » 7 Hushaï répondit à Absalom : « Pour cette fois le conseil qu’a donné Ahitophel n’est pas bon. » 8 Et Hushaï poursuivit : « Tu sais que ton père et ses gens sont des preux et qu’ils sont exaspérés, comme une ourse sauvage à qui on a ravi ses petits. Ton père est un homme de guerre, il ne laissera pas l’armée se reposer la nuit. 9 Il se cache maintenant dans quelque creux ou dans quelque place. Si, dès l’abord, il y a des victimes dans notre troupe, la rumeur se répandra d’un désastre dans l’armée qui suit Absalom. 10 Alors, même le brave qui a un cœur semblable à celui du lion perdra courage, car tout Israël sait que ton père est un preux et que ceux qui l’accompagnent sont braves. 11 Pour moi, je donne le conseil suivant : que tout Israël, depuis Dan jusqu’à Bersabée, se rassemble autour de toi, aussi nombreux que les grains de sable au bord de la mer, et tu marcheras en personne au combat.w

x L’action proposée est telle qu’elle exige du temps. David, qui attend, 15.28, pourra se mettre en sûreté.

12 Nous l’atteindrons en quelque lieu qu’il se trouve, nous nous abattrons sur lui comme la rosée tombe sur le sol ; de lui et de tous les hommes qui sont avec lui nous n’en laisserons pas un seul. 13 Que s’il se retire dans une ville, tout Israël fera porter des cordes à cette ville et on le traînera jusqu’au torrent, jusqu’à ce qu’on n’y trouve plus un caillou. » 14 Absalom et tous les gens d’Israël dirent : « Le conseil de Hushaï l’Arkite est meilleur que celui d’Ahitophel. » Yahvé avait décidé de faire échouer le plan habile d’Ahitophel, afin d’amener le malheur sur Absalom.

15 Hushaï dit alors aux prêtres Sadoq et Ébyatar : « Ahitophel a donné tel et tel conseil à Absalom et aux anciens d’Israël, mais c’est telle et telle chose que moi j’ai conseillée. 16 Maintenant, envoyez vite avertir David et dites-lui : « Ne bivouaque pas cette nuit dans les passes du désert, mais traverse d’urgence de l’autre côté, de crainte que ne soient anéantis le roi et toute l’armée qui l’accompagne. » »

David, informé, passe le Jourdain.

17 Yehonatân et Ahimaaç étaient postés à la source du Foulon : une servante viendrait les avertir et eux-mêmes iraient avertir le roi David, car ils ne pouvaient pas se découvrir en entrant dans la ville. 18 Mais un jeune homme les aperçut et porta la nouvelle à Absalom. Alors ils partirent tous deux en hâte et arrivèrent à la maison d’un homme de Bahurim. Il y avait dans sa cour une citerne où ils descendirent. 19 La femme prit une bâche, elle l’étendit sur la bouche de la citerne et étala dessus du grain concassé, de sorte qu’on ne remarquait rien.

20 Les serviteurs d’Absalom entrèrent chez cette femme, dans la maison, et demandèrent : « Où sont Ahimaaç et Yehonatân ? », et la femme leur répondit : « Ils sont passés près d’un réservoir d’eau. »y Ils cherchèrent et, ne trouvant rien, revinrent à Jérusalem.

y L’indication est ironique, car les envoyés d’Absalom ignorent qu’il y a une citerne dans la cour.

21 Après leur départ, Ahimaaç et Yehonatân remontèrent de la citerne et allèrent avertir le roi David : « Mettez-vous en route et hâtez-vous de passer l’eau, car voilà le conseil qu’Ahitophel a donné à votre propos. » 22 David et toute l’armée qui l’accompagnait se mirent donc en route et passèrent le Jourdain ; à l’aube, il ne manquait personne qui n’eût passé le Jourdain.

23 Quant à Ahitophel, lorsqu’il vit que son conseil n’était pas suivi, il sella son âne et se mit en route pour aller chez lui dans sa ville. Il mit ordre à sa maison, puis il s’étrangla et mourut.z On l’ensevelit dans le tombeau de son père.

z Seul cas de suicide mentionné dans l’AT, en dehors de ceux où un guerrier se donne la mort pour échapper à l’ennemi, Jg 9.54 ; 1 S 31.4s ; 1 R 16.18 ; 2 M 14.41s, et le cas très particulier de Samson, Jg 16.28s.

Absalom franchit le Jourdain. David à Mahanayim.

24 David était arrivé à Mahanayim lorsqu’Absalom franchit le Jourdain avec tous les hommes d’Israël. 25 Absalom avait mis Amasa à la tête de l’armée à la place de Joab. Or Amasa était le fils d’un homme qui s’appelait Yitra l’Israélitea et qui s’était uni à Abigayil, fille de Nahash et sœur de Çeruya, la mère de Joab.

a Amasa est donc le cousin de Joab, mais la généalogie n’est pas très claire et le grec l’a transmise autrement.

26 Israël et Absalom dressèrent leur camp au pays de Galaad.

27 Lorsque David arriva à Mahanayim, Shobi, fils de Nahash, de Rabba des Ammonites, Makir, fils d’Ammiel, de Lo-Debar, et Barzillaï le Galaadite, de Roglim, 28 apportèrent du matériel de couchage, des lainages, ainsi que de la vaisselle, du blé, de l’orge, de la farine, des épis grillés, des fèves, des lentilles,b

b L’hébr. répète « des épis grillés » à la fin du v. 28. Certains termes de l’énumération au v. 29 sont de traduction incertaine.

29 du miel, du beurre, des moutons et des morceaux de bœuf, qu’ils offrirent à David et au peuple qui l’accompagnait pour qu’ils s’en nourrissent. En effet, ils s’étaient dit : « L’armée a souffert de la faim, de la fatigue et de la soif dans le désert. »

Défaite du parti d’Absalom.

18 David passa en revue la troupe qui était avec lui et il mit à sa tête des chefs de mille et des chefs de cent. 2 David divisa la troupe en trois :c un tiers aux mains de Joab, un tiers aux mains d’Abishaï, fils de Çeruya et frère de Joab, un tiers aux mains d’Ittaï le Gittite. Puis le roi dit à la troupe : « Je partirai en guerre avec vous moi aussi. »

c « divisa en trois » grec luc. ; « envoya » hébr.

3 Mais la troupe répondit : « Tu ne dois pas partir. Car, si nous prenions la fuite, on n’y ferait pas attention, et si la moitié d’entre nous mourait, on n’y ferait pas attention, tandis que toi tu es comme dix mille d’entre nous. Et puis, il vaut mieux que tu nous sois un secours prêt à venir de la ville. » 4 David leur dit : « Je ferai ce qui vous semble bon. » Le roi se tint à côté de la porte, tandis que l’armée sortait par unités de cent et de mille. 5 Le roi fit un commandement à Joab, à Abishaï et à Ittaï : « Par égard pour moi, ménagez le jeune Absalom ! » et toute l’armée entendit que le roi donnait à tous les chefs cet ordre concernant Absalom. 6 La troupe sortit en pleine campagne à la rencontre d’Israël et la bataille eut lieu dans la forêt d’Éphraïm.d

d Localisation incertaine.

7 Là, le peuple d’Israël fut battu devant les serviteurs de David, et ce fut ce jour-là une grande défaite, qui frappa vingt mille hommes. 8 Le combat s’éparpilla dans toute la région et, ce jour-là, la forêt fit dans l’armée plus de victimes que l’épée.

Mort d’Absalom.

9 Absalom se heurta par hasard à des serviteurs de David. Absalom montait un mulet et le mulet s’engagea sous la ramure d’un grand chêne. La tête d’Absalom se prit dans le chêne et il resta suspendue entre ciel et terre tandis que continuait le mulet qui était sous lui.

e « resta suspendu » versions ; « fut mis » hébr.

10 Quelqu’un l’aperçut et prévint Joab : « Je viens de voir, dit-il, Absalom suspendu à un chêne. » 11 Joab répondit à l’homme qui portait cette nouvelle : « Puisque tu l’as vu, pourquoi ne l’as-tu pas abattu sur place ? J’aurais pris sur moi de te donner dix sicles d’argent et une ceinture ! » 12 Mais l’homme répondit à Joab : « Quand même je soupèserais dans mes paumes mille sicles d’argent, je ne porterais pas la main sur le fils du roi ! C’est à nos oreilles que le roi t’a donné cet ordre ainsi qu’à Abishaï et à Ittaï : « Surveillez quiconque s’en prendrait au jeune Absalom. » 13 Que si je m’étais menti à moi-même, rien ne reste caché au roi, et toi, tu te serais tenu à distance. » 14 Alors Joab dit : « Je ne vais pas ainsi perdre mon temps avec toi. » Il prit en mains trois épieux et les planta dans le cœur d’Absalom encore vivant au milieu du chêne. 15 Dix jeunes gens, les écuyers de Joab, se disposèrent en cercle, frappèrent Absalom et le mirent à mort.

16 Joab fit alors sonner du cor et la troupe cessa de poursuivre Israël, car Joab retint l’armée. 17 On prit Absalom, on le jeta dans une grande fosse en pleine forêt et on dressa sur lui un énorme monceau de pierres. Tous les Israélites s’étaient enfuis, chacun à ses tentes.

18 De son vivant, Absalom avait entrepris de s’ériger la stèle qui est dans la vallée du Roi, car il s’était dit : « Je n’ai pas de fils pour commémorer mon nom », et il avait donné son nom à la stèle. On l’appelle encore aujourd’hui le monument d’Absalom.f

f Ce monument, litt. cette « main d’Absalom », n’est pas le tombeau hellénistique qu’on montre dans la vallée du Cédron. C’était une maççebah, une stèle funéraire, cf. Gn 35.20.

Les nouvelles sont portées à David.

19 Ahimaaç, fils de Sadoq, dit : « Je voudrais courir et annoncer au roi cette bonne nouvelle, que Yahvé lui a rendu justice en le délivrant de ses ennemis. »

20 Mais Joab lui dit : « Tu ne serais pas un porteur de bonne nouvelle aujourd’hui ; tu le seras un autre jour, mais aujourd’hui tu ne porterais pas une bonne nouvelle, puisque le fils du roi est mort. » 21 Et Joab dit au Kushite :g « Va rapporter au roi tout ce que tu as vu. » Le Kushite se prosterna devant Joab et partit en courant.

g Un esclave nubien (Kush est la région comprise entre l’Égypte et le Soudan), donc noir, peut-être choisi pour cela comme messager de mauvais augure.

22 Ahimaaç, fils de Sadoq, insista encore et dit à Joab : « Advienne que pourra, je veux courir moi aussi derrière le Kushite. » Joab dit : « Pourquoi courrais-tu, mon fils, sans bonne nouvelle qui te vaudrait une récompense ? »h

h Le porteur d’une bonne nouvelle reçoit une gratification, 4.10.

23 Il reprit : « Advienne que pourra, je courrai ! » Joab lui dit : « Cours donc. » Et Ahimaaç partit en courant par le chemin de la Plaine et il dépassa le Kushite.

24 David était assis entre les deux portes. Le guetteur étant monté à la terrasse de la porte, sur le rempart, leva les yeux et aperçut un homme qui courait seul.

25 Le guetteur cria et avertit le roi, et le roi dit : « S’il est seul, c’est qu’il a une bonne nouvelle sur les lèvres. » i Comme celui-là continuait d’approcher,

i Un désastre serait annoncé par une bande de fuyards.

26 le guetteur vit un autre homme qui courait et il appela le portier en lui disant : « Voici un autre homme, qui court seul. » Et David dit : « Celui-ci est encore un porteur de bonne nouvelle. » 27 Le guetteur dit : « Je reconnais la façon de courir du premier, c’est la façon de courir d’Ahimaaç, fils de Sadoq. » Le roi dit : « C’est un homme de bien, il vient pour une bonne nouvelle. »

28 Ahimaaç cria et dit au roi : « Tout va bien. » Il se prosterna face contre terre devant le roi et poursuivit : « Béni soit Yahvé ton Dieu qui a livré les hommes qui avaient levé la main contre Monseigneur le roi ! » 29 Le roi demanda : « En va-t-il bien pour le jeune Absalom ? » Et Ahimaaç répondit : « J’ai vu un grand tumulte quand Joab a envoyé un serviteur du roi et ton serviteur, mais je ne sais pas ce que c’était. »j

j Ahimaaç s’efforce de passer au second plan et laisse à l’autre messager le soin d’annoncer la mauvaise nouvelle.

30 Le roi dit : « Range-toi et tiens-toi là. » Il se rangea et attendit.

31 Alors arriva le Kushite et il dit : « Que Monseigneur le roi apprenne la bonne nouvelle. Yahvé t’a rendu justice aujourd’hui en te délivrant de tous ceux qui s’étaient dressés contre toi. » 32 Le roi demanda au Kushite : « Tout va-t-il bien pour le jeune Absalom ? » Et le Kushite répondit : « Qu’ils aient le sort de ce jeune homme, les ennemis de Monseigneur le roi et tous ceux qui se sont dressés contre toi pour le mal ! »

Douleur de David.

19 Alors le roi frémit. Il monta dans la chambre au-dessus de la porte ; il parlait ainsi tandis qu’il s’en allait : « Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! que ne suis-je mort à ta place ! Absalom mon fils ! mon fils ! » 2 On prévint Joab : « Voici que le roi pleure et se lamente sur Absalom. » 3 La victoire, ce jour-là, se changea en deuil pour toute l’armée, car l’armée apprit ce jour-là que le roi était dans l’affliction à cause de son fils. 4 Et ce jour-là, l’armée rentra furtivement dans la ville, comme se dérobe une armée qui s’est couverte de honte en fuyant durant la bataille. 5 Le roi s’était voilé le visage et poussait de grands cris : « Mon fils Absalom ! Absalom mon fils ! mon fils ! »

6 Joab se rendit auprès du roi à l’intérieur et dit : « Tu couvres aujourd’hui de honte le visage de tous tes serviteurs qui ont sauvé aujourd’hui ta vie, celle de tes fils et de tes filles, celle de tes femmes et celle de tes concubines, 7 parce que tu aimes ceux qui te haïssent et que tu hais ceux qui t’aiment. En effet, tu as manifesté aujourd’hui que chefs et serviteurs n’étaient rien pour toi, car je sais maintenant que, si Absalom vivait et si nous étions tous morts aujourd’hui, tu trouverais cela très bien. 8 Allons, je t’en prie, sors et parle au cœur de tes serviteurs, car, je le jure par Yahvé, si tu ne sors pas, il n’y aura personne qui passe cette nuit avec toi, et ce sera pour toi un malheur plus grand que tous les malheurs qui te sont advenus depuis ta jeunesse jusqu’à présent. » 9 Le roi se leva et vint s’asseoir à la porte. On l’annonça à toute l’armée : « Voici, dit-on, que le roi est assis à la porte », et toute l’armée se rendit devant le roi.

On prépare le retour de David.

Israël s’était enfui chacun à ses tentes. 10 Dans toutes les tribus d’Israël, tout le peuple discutait. On disait : « C’est le roi qui nous a délivrés de la main de nos ennemis, c’est lui qui nous a sauvés de la main des Philistins et maintenant il a dû s’enfuir du pays, loin d’Absalom. 11 Quant à Absalom que nous avions oint pour qu’il régnât sur nous, il est mort dans la bataille. Qu’attendez-vous donc pour faire revenir le roi ? »

12 De son côté le roi David envoya dire aux prêtres Sadoq et Ébyatar : « Parlez ainsi aux anciens de Juda : “Pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi à la maison ? La parole de tout Israël est pourtant parvenue au roi.k

k David veut être rappelé d’abord par sa tribu c’est la voix du sang, et aussi le pressentiment que sa dynastie ne peut compter que sur la fidélité de Juda. — L’hébr. répète à la fin du v. 12 « à la maison ».

13 Vous êtes mes frères. Mes os et ma chair c’est vous. Pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi ?” » 14 Et vous direz à Amasal : “N’es-tu pas mes os et ma chair ? Que Dieu me fasse ce mal et qu’il ajoute cet autre si tu n’es pas chef de l’armée en ma présence pour toujours à la place de Joab.” »

l Le chef militaire de la révolte, 17.25 ; c’est lui surtout qu’il faut gagner. David supporte mal les violences de Joab et voudrait l’écarter, mais Joab se débarrassera de son rival, 20.8-13, et restera à son poste juqu’à la mort de David, 1 R 2.5s, 28s.

15 Il rallia ainsi le cœur de tous les hommes de Juda comme d’un seul homme et ils envoyèrent dire au roi : « Reviens, toi et tous tes serviteurs. »

Épisodes du retour : Shiméï.

16 Le roi revint donc et atteignit le Jourdain. Juda était arrivé à Gilgal, venant à la rencontre du roi, pour aider le roi à passer le Jourdain. 17 En hâte, Shiméï, fils de Géra, le Benjaminite de Bahurim, descendit avec les gens de Juda au-devant du roi David. 18 Il avait avec lui mille hommes de Benjamin et Çiba, le domestique de la maison de Saül, ses quinze fils et ses vingt serviteurs avec lui. Ils se précipitèrent au Jourdain au-devant du roi. 19 Le bac allait d’un bord à l’autre pour faire traverser la famille du roi et satisfaire son bon plaisir.

Shiméï fils de Géra se jeta aux pieds du roi quand il traversait le Jourdain, 20 et il dit au roi : « Que Monseigneur ne m’impute pas de faute ! Ne te souviens pas du mal que ton serviteur a commis le jour où Monseigneur le roi est sorti de Jérusalem. Que le roi ne le prenne pas à cœur ! 21 Oui, ton serviteur le sait : j’ai péché, et voici que je suis venu aujourd’hui le premier de toute la maison de Josephm pour descendre au-devant de Monseigneur le roi. »

m À laquelle est quelquefois rattaché Benjamin.

22 Abishaï fils de Çeruya prit alors la parole et dit : « Shiméï ne mérite-t-il pas la mort pour avoir maudit l’oint de Yahvé ? » 23 Mais David dit : « Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Çeruya, pour que vous deveniez aujourd’hui mes adversaires ? Quelqu’un pourrait-il aujourd’hui être mis à mort en Israël ? N’ai-je pas l’assurance qu’aujourd’hui je suis roi sur Israël ? » 24 Le roi dit à Shiméï : « Tu ne mourras pas », et le roi le lui jura.n

n Mais il se réserve une vengeance posthume, 1 R 2.8s, 36-46.

Mephibaal.

25 Mephibaal, le fils de Saül, était descendu aussi au-devant du roi. Il n’avait pris soin ni de ses pieds ni de sa moustache, il n’avait pas lavé ses vêtements depuis le jour où le roi était parti jusqu’au jour où il revint en paix à Jérusalem.o

o La mention « à Jérusalem » qui se trouve dans l’hébr. au début du v. 26 est mieux en place ici et a été déplacée au cours de la transmission du texte.

26 Or, lorsqu’il vint au-devant du roi, celui-ci lui demanda : « Pourquoi n’es-tu pas venu avec moi, Mephibaal ? » 27 Il répondit : « Monseigneur le roi, mon serviteur m’a trompé. Ton serviteur s’était dit : « Je vais seller mon ânesse pour la monter et partir avec le roi », car ton serviteur est boiteux. 28 Il a calomnié ton serviteur auprès de Monseigneur le roi. Mais Monseigneur le roi est comme l’Ange de Dieu : agis comme il te semble bon. 29 Car toute la famille de mon père méritait seulement la mort de la part de Monseigneur le roi, et pourtant tu as admis ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table. Quel droit puis-je avoir d’implorer encore le roi ? » 30 Le roi dit : « Pourquoi parles-tu encore de ton affaire ? Je le déclare : toi et Çiba vous partagerez les terres. » 31 Mephibaal dit au roi : « Qu’il prenne donc tout puisque Monseigneur le roi est rentré en paix chez lui ! »

Barzillaï.

32 Barzillaï le Galaadite était descendu de Roglim et avait continué avec le roi vers le Jourdain pour prendre congé de lui au Jourdain. 33 Barzillaï était très âgé, il avait quatre-vingts ans. Il avait pourvu à l’entretien du roi pendant son séjour à Mahanayim, car c’était un homme très riche. 34 Le roi dit à Barzillaï : « Continue avec moi et je prendrai soin de toi auprès de moi à Jérusalem. » 35 Mais Barzillaï répondit au roi : « Combien d’années me reste-t-il à vivre, pour que je monte avec le roi à Jérusalem ? 36 J’ai maintenant quatre-vingts ans : puis-je distinguer ce qui est bon et ce qui est mauvais ? Ton serviteur a-t-il le goût de ce qu’il mange et de ce qu’il boit ? Puis-je entendre encore la voix des chanteurs et des chanteuses ? Pourquoi ton serviteur serait-il encore à charge à Monseigneur le roi ? 37 Pour un peu ton serviteur passerait le Jourdain avec le roi. Mais pourquoi le roi m’accorderait-il une telle récompense ? 38 Permets à ton serviteur de s’en retourner : je mourrai dans ma ville près du tombeau de mon père et de ma mère. Mais voici ton serviteur Kimhâm,p qu’il continue avec Monseigneur le roi, et agis comme bon te semble à son égard. »

p Le fils de Barzillaï.

39 Le roi dit : « Que Kimhâm continue donc avec moi, je ferai pour lui ce qui te plaira et tout ce que tu solliciteras de moi, je le ferai pour toi. » 40 Tout le peuple passa le Jourdain, le roi passa, il embrassa Barzillaï et le bénit, et celui-ci s’en retourna chez lui.

Juda et Israël se disputent le roi.

41 Le roi continua vers Gilgal. Kimhâmq continua avec lui ainsi que tout le peuple de Juda. Ils firent passer le roi et aussi la moitié du peuple d’Israël.

q L’hébr. donne ici de ce nom propre une orthographe différente de celle que l’on a aux vv. 38-39.

42 Et voici que tous les hommes d’Israël vinrent auprès du roi et lui dirent : « Pourquoi nos frères, les hommes de Juda, t’ont-ils enlevé et ont-ils fait passer le Jourdain au roi et à sa famille, et à tous les hommes de David avec lui ? » 43 Tous les hommes de Juda répondirent aux hommes d’Israël : « C’est que le roi m’est plus apparenté ! Pourquoi t’irriter à ce propos ? Avons-nous mangé quelque chose qui vienne du roi ? A-t-on prélevé quelque chose pour nous ? »

44 Les hommes d’Israël répliquèrent aux hommes de Juda et dirent : « J’ai dix parts sur le roi et même sur David j’ai plus de droits que toi. Pourquoi m’as-tu méprisé ? N’ai-je pas parlé le premier de faire revenir mon roi ? » Mais les propos des hommes de Juda furent plus violents que ceux des hommes d’Israël.

Révolte de Shéba.r

20 Là se trouva par hasard un vaurien. Il se nommait Shéba, fils de Bikri, un Benjaminite. Il sonna du cor et dit :

« Nous n’avons pas de part avec David,
nous n’avons pas d’héritage sur les fils de Jessé !
Chacun à ses tentes, Israël ! »

r Dans cette révolte soulevée par un Benjaminite, il n’y a pas seulement la rancune de la tribu de Saül. En elle éclate l’inimitié entre Israël et Juda.

2 Tous les hommes d’Israël remontèrent, quittant David pour suivre Shéba fils de Bikri, mais les hommes de Juda s’attachèrent aux pas de leur roi, depuis le Jourdain jusqu’à Jérusalem.

3 David rentra dans son palais à Jérusalem. Le roi prit les dix concubines qu’il avait laissées pour garder le palais et les mit sous surveillance. Il pourvut à leur entretien mais il n’approcha plus d’elles et elles furent séquestrées jusqu’à leur mort, comme les veuves d’un vivant.

Assassinat d’Amasa.

4 Le roi dit à Amasa : « Convoque-moi les hommes de Juda dans les trois jours et toi, tiens-toi ici. » 5 Amasa partit pour convoquer Juda, mais il tarda au-delà du terme que David lui avait fixé. 6 Alors David dit à Abishaï : « Shéba, fils de Bikri, va nous faire plus de mal qu’Absalom. Toi, prends les serviteurs de ton maître et pars à sa poursuite ; sinon il pourrait gagner des villes fortifiées et échapper à nos regards. » 7 Derrière lui sortirent les hommes, Joab, les Kérétiens, les Pelétiens et tous les preux ; et ils sortirent de Jérusalem à la poursuite de Shéba fils de Bikri. 8 Ils étaient près de la grande pierre qui se trouve à Gabaôn, quand Amasa arriva en face d’eux. Or Joab était vêtu de sa tenue militaire sur laquelle il avait ceint une épée attachée à ses reins dans son fourreau ; celle-ci sortit et tomba. 9 Joab demanda à Amasa : « Tu vas bien, mon frère ? » Et, de la main droite, il saisit la barbe d’Amasa pour l’embrasser.

10 Amasa ne prit pas garde à l’épée que Joab avait en main, et celui-ci l’en frappa au ventre et répandit ses entrailles à terre. Il n’eut pas à lui donner un second coup et Amasa mourut, tandis que Joab et son frère Abishaï se lançaient à la poursuite de Shéba, fils de Bikri.

11 L’un des cadets de Joab resta en faction près d’Amasa et il disait : « Quiconque aime Joab et est pour David, qu’il suive Joab ! » 12 Cependant Amasa s’était roulé dans son sang au milieu du chemin. Voyant que tout le monde s’arrêtait, cet homme tira Amasa du chemin dans le champ et jeta un vêtement sur lui, parce qu’il voyait s’arrêter tous ceux qui arrivaient près de lui.

13 Lorsqu’Amasa eut été écarté du chemin, tous les hommes passèrent outre, suivant Joabs à la poursuite de Shéba fils de Bikri.

s Par son prestige, Joab s’impose comme chef contre la volonté du roi et l’armée se rallie à lui.

Fin de la révolte.

14 Celui-ci parcourut toutes les tribus d’Israël jusqu’à Abel-Bet-Maaka.t Tous ces alliés se rassemblèrent et allèrent même à sa suite.u

t Ville forte voisine de Dan, v. 18, à l’extrême nord du territoire isréalite.

u Le verset n’est pas très clair, mais il semble que ce soit Joab qui parcourt le territoire d’Israël, renforce sa troupe et fait le siège d’Abel-Bet-Maaka.

15 Ils vinrent l’assiéger dans Abel-Bet-Maaka et ils entassèrent contre la ville un remblai qui s’adossait à l’avant-mur, et toute l’armée qui accompagnait Joab sapait le rempart pour le faire tomber. 16 Une femme avisée cria de la ville : « Écoutez ! Écoutez ! Dites à Joab : « Approche ici, que je te parle. » » 17 Il s’approcha et la femme demanda : « Est-ce toi Joab ? » Il répondit : « Oui. » Elle lui dit : « Écoute la parole de ta servante. » Il répondit : « J’écoute. » 18 Elle parla ainsi : « Jadis, on avait coutume de dire : Qu’on procède donc à une consultation à Abel et, de cette façon, l’affaire est close. 19 Alors que moi je suis composée d’hommes d’Israël intègres et loyaux,v toi tu cherches à faire périr une ville et une métropole en Israël. Pourquoi veux-tu anéantir l’héritage de Yahvé ? »

v La femme parle au nom de la ville dont la réputation en matière de jugement est proverbiale.

20 Joab répondit : « Loin, loin de moi ! Je ne veux ni anéantir ni ruiner. 21 Il ne s’agit pas de cela, mais un homme de la montagne d’Éphraïm, du nom de Shéba fils de Bikri, s’est insurgé contre le roi David. Livrez-le tout seul et je lèverai le siège de la ville. » La femme dit à Joab : « Eh bien, on va te jeter sa tête par-dessus la muraille. »

22 La femme affronta tout le peuple avec sa seule sagesse : on trancha la tête de Shéba, fils de Bikri, et on la jeta à Joab. Celui-ci fit sonner du cor et on s’éloigna de la ville, chacun vers ses tentes. Quant à Joab, il revint à Jérusalem auprès du roi.

Les grands officiers de David.

23 Joab commandait à toute l’armée d’Israël ; Benayahu fils de Yehoyada commandait les Kérétiens et les Pelétiens ; 24 Adoram était chef de la corvée ; Yehoshaphat fils d’Ahilud était héraut ; 25 Shiya était secrétaire ; Sadoq et Ébyatar étaient prêtres. 26 De plus, Ira le Yaïrite était prêtre de David.