1 Paroles de Jérémie, fils de Hilqiyyahu, l’un des prêtres résidant à Anatot,a en territoire de Benjamin.
a Aujourd’hui Anata, village à 6 km au nord-est de Jérusalem, où fut exilé par Salomon le prêtre Ébyatar, cf. 1 R 2.26.
b Les vv. 2-3 nous conduisent de 626 environ à juillet 587. Ils ne couvrent donc pas les chap. 40 à 44.
4 La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes :
5 Avant même de te modeler au ventre maternel, je t’ai connu ;
avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré ;c
comme prophète des nations, je t’ai établi.
c « Connaître », de la part du Seigneur, équivaut à choisir et prédestiner : Am 3.2 ; Rm 8.29. « Consacrer » indique moins une sanctification intérieure qu’une mise à part pour le ministère prophétique.
6 Et je dis : « Ah ! Seigneur Yahvé, vraiment, je ne sais pas parler, car je suis un enfant ! »
7 Mais Yahvé répondit :
Ne dis pas : « Je suis un enfant ! »
car vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras,
et tout ce que je t’ordonnerai, tu le diras.
8 N’aie aucune crainte en leur présence
car je suis avec toi pour te délivrer,
oracle de Yahvé.
9 Alors Yahvé étendit la main et me toucha la bouche ;
et Yahvé me dit :
Voici que j’ai placé mes paroles en ta bouche.
10 Vois ! Aujourd’hui même je t’établis
sur les nations et sur les royaumes,
pour arracher et renverser,
pour exterminer et démolir,
pour bâtir et planter.
11 La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes : « Que vois-tu, Jérémie ? » Je répondis : « Je vois une branche de « veilleur ». »
d Le « veilleur » (sheqed) est l’amandier, qui guette le printemps pour fleurir le premier ; il évoque ici le Vigilant (shôqed), le Dieu toujours en éveil.
13 Une seconde fois, la parole de Yahvé me fut adressée en ces termes : « Que vois-tu ? » Je répondis : « Je vois une marmite qui bouillonne : sa gueule regarde depuis le Nord. »e
e Littéralement « sa face, (à partir) du côté du nord ». On peut aussi comprendre « son contenu (litt. « sa surface ») penche à partir du nord ».
C’est du Nord que va déborder le malheur
sur tous les habitants du pays ;
15 car voici que j’appelle
toutes les familles des royaumes du Nord,
oracle de Yahvé.
Ils viendront et chacun placera son trône
à l’entrée des portes de Jérusalem,
contre ses remparts, tout autour,
et contre toutes les villes de Juda.
16 Je prononcerai contre eux mes jugements
à cause de toute leur méchanceté,
car ils m’ont abandonné,
ils ont encensé d’autres dieux,
ils se sont prosternés devant l’œuvre de leurs mains.
17 Quant à toi, tu te ceindras les reins,
tu te lèveras, tu leur diras
tout ce que je t’ordonnerai, moi.
Ne tremble point devant eux,
sinon je te ferai trembler devant eux.
18 Voici que moi, aujourd’hui même, je t’ai établi
comme ville fortifiée,
colonne de fer et rempart de bronze
devant tout le pays :
les rois de Juda, ses princes,
ses prêtres et le peuple du pays.
19 Ils lutteront contre toi,
mais ne pourront rien contre toi,
car je suis avec toi
— oracle de Yahvé —
pour te délivrer.
2 La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes :
f Sauf exceptions rares, l’ensemble 2-6 représente la première activité de Jérémie, avant la réforme de Josias (621). Cet ensemble retrouvera son actualité sous Joiaqim, avec la rechute dans l’idolâtrie et la menace de Nabuchodonosor.
2 Va crier ceci aux oreilles de Jérusalem.
Ainsi parle Yahvé :
Je me rappelle l’affectiong de ta jeunesse,
l’amour de tes fiançailles,
alors que tu marchais derrière moi au désert,
dans une terre qui n’est pas ensemencée.
g Le mot hesed, cf. Os 2.21, désigne ici, avec une coloration affective, la loyauté des rapports à l’intérieur de l’alliance entre la nation israélite et Dieu son Époux.
3 Israël était une part sainte pour Yahvé,
les prémices de sa récolte ;
tous ceux qui en mangeaient étaient coupables,
le malheur fondait sur eux,
oracle de Yahvé.
4 Écoutez la parole de Yahvé, maison de Jacob
et toutes les familles de la maison d’Israël.
5 Ainsi parle Yahvé :
En quoi vos pères m’ont-ils trouvé injuste
pour s’être éloignés de moi,
pour marcher derrière la Vanitéh
et devenir eux-mêmes vanité ?
h Ici, une idole, comme en 10.15 ; 16.19 ; 51.18. Celui qui l’adore lui devient semblable, cf. Os 9.10.
6 Ils n’ont pas dit : « Où est Yahvé
qui nous fit monter du pays d’Égypte
et nous fit marcher dans le désert,
dans une terre aride et ravinée,
dans une terre desséchée et obscure,
terre que personne ne parcourt,
où nul homme ne se fixe ? »
7 Pourtant je vous ai conduits au pays du vergeri
pour vous rassasier de ses fruits et de ses biens ;
vous êtes entrés et vous avez souillé mon pays,
mon héritage, vous l’avez changé en abomination.
i En hébreu karmel le nom du mont Carmel.
8 Les prêtres n’ont pas dit : « Où est Yahvé ? »
Les dépositaires de la Loi ne m’ont pas connu ;
les pasteurs se sont révoltés contre moi ;
les prophètes ont prophétisé par Baal,
ils ont suivi des Impuissants.j
j Toujours les idoles, que suivent même les responsables de la nation, y compris les « pasteurs », guides politiques et religieux du peuple.
9 Aussi vais-je encore plaider contre vous
— oracle de Yahvé —
et plaider contre les fils de vos fils :
10 Passez donc aux îles des Kittim et voyez,k
envoyez enquêter à Qédar et examinez bien,
voyez si chose semblable s’est produite !
k « Kittim », les habitants de Citium, à Chypre, Gn 10.4 ; Nb 24.24 ; ici, globalement, les insulaires de la Méditerranée occidentale. Le mot en viendra à désigner les Romains, cf. Dn 11.30. — « Qédar », tribu nomade de Transjordanie, Gn 25.13 ; Isa 21.16.
11 Une nation change-t-elle de dieux ?
Or ce ne sont pas même des dieux !
Et mon peuple a échangé sa Gloirel
contre l’Impuissance !
l C’est-à-dire son Dieu, Yahvé. « Sa Gloire » est une correction des scribes (tiqqun sopherîm) pour « ma Gloire », qui devait sembler trop choquant.
12 Cieux, soyez-en étonnés,
horrifiés, saisis d’une grande épouvante,
oracle de Yahvé.
13 Car mon peuple a commis deux crimes :
Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive,
pour se creuser des citernes,
citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau.
14 Israël est-il un esclave ?
Est-il un domestique
pour qu’on en fasse un butin ?
15 Contre lui des lions ont rugi,
poussé leur hurlement.
Ils ont réduit sa terre en solitude,
ses villes incendiées n’ont plus d’habitants.
16 Même ceux de Noph et de Tahpanhès
t’ont rasé le crâne !m
m « t’ont rasé » ye `arûk conj. ; « t’ont brouté » yir `ûk hébr. — Noph (ou Moph, Os 9.6) est Memphis, capitale de la Basse-Égypte. Tahpanhès, ou Daphné, aujourd’hui Tell Défenneh, est une ville à l’est du Delta. — Allusion à l’intervention égyptienne de 608-605.
17 N’as-tu pas provoqué cela
pour avoir abandonné Yahvé ton Dieu,
alors qu’il te guidait sur ta route ?
18 Et maintenant, à quoi bon partir en Égypte
pour boire l’eau du Nil ?
À quoi bon partir en Assyrie
pour boire l’eau du Fleuve ?n
n Le « Nil » litt. « le Shihor », un des bras du Nil. Le « Fleuve » est l’Euphrate. Ces métaphores désignent l’appel aux grandes puissances ; les prophètes s’y sont constamment opposés.
19 Que ta méchanceté te châtie
et que tes infidélités te punissent !
Comprends et vois
comme il est mauvais et amer
d’abandonner Yahvé ton Dieu
et de ne plus trembler devant moi,
oracle du Seigneur Yahvé Sabaot.
20 Oui, depuis longtemps tu as brisé ton joug,
rompu tes liens,
tu as dit : « Je ne servirai pas. »
Et pourtant, sur toute colline élevée
et sous tout arbre vert,
tu t’es couchée comme une prostituée.o
o Refusant le service de Dieu, Israël s’enfonce dans la servitude des idoles. La « prostitution » désigne l’idolâtrie, cf. Os 1.2, accompagnée ici effectivement de prostitution sacrée, cf. Dt 23.19.
21 Moi, cependant, je t’avais plantée comme un cep de choix,
tout entier d’excellente semence.
Comment t’es-tu changée pour moi en sauvageons
d’une vigne étrangère ?
22 Quand tu te lessiverais à la potasse,
en y mettant beaucoup de savon,
ton iniquité resterait marquée devant moi,
oracle du Seigneur Yahvé.
23 Comment oses-tu dire : « Je ne suis pas souillée,
après les Baals je n’ai pas couru ? »
Regarde tes traces dans la Vallée,p
reconnais ce que tu as fait.
Chamelle écervelée, courant en tout sens,
p Sans doute la vallée de Ben-Hinnom, ou Géhenne, où se trouvait Tophèt, cf. 7.31 ; Lv 18.21.
24 ânesse sauvage, habituée au désert,
dans l’ardeur de son désir, elle aspire le vent ;
son rut, qui le freinera ?
Quiconque veut la chercher n’a aucune peine :
il la trouve en son mois.
25 Prends garde ! Ton pied va se déchausser
et ta gorge se dessécher.
Mais tu dis : « Non ! Inutile !
car j’aime les Étrangers
et je veux courir après eux. »
26 Tel un voleur honteux d’être pris,
ainsi seront honteux les gens de la maison d’Israël :
eux, leurs rois, leurs princes,
leurs prêtres et leurs prophètes,
27 qui disent au bois : « Tu es mon père ! »
et à la pierre : « Toi, tu m’as enfanté ! »
Car ils tournent vers moi leur dos
et non leur face ;
mais au temps de leur malheur ils crient :
« Lève-toi ! Sauve-nous ! »
28 Où sont-ils, les dieux que tu t’es fabriqués ?
Qu’ils se lèvent s’ils peuvent te sauver
au temps de ton malheur !
Car aussi nombreux que tes villes
sont tes dieux, ô Juda !q
q Ici le grec et la Vet. Lat. ajoutent « et autant Jérusalem a de rues, autant il y a d’autels pour Baal », cf. 11.13.
29 Pourquoi me faites-vous un procès ?
Vous m’avez tous été infidèles,
oracle de Yahvé.
30 En vain j’ai frappé vos fils :
ils n’ont pas accueilli la leçon ;
votre épée a dévoré vos prophètes,
comme un lion destructeur.
31 Et vous, de cette génération, voyez la parole de Yahvé :
Ai-je été un désert pour Israël,
ou une terre ténébreuse ?
Pourquoi mon peuple dit-il :
« Nous vagabondons,
nous n’irons plus à toi ? »
32 Une vierge oublie-t-elle ses parures,
une fiancée sa ceinture ?
Mais mon peuple m’a oublié
depuis des jours sans nombre.
33 Ah ! comme tu t’es tracé un bon chemin
pour quêter l’amour !
Aussi, même avec le crime
tu as familiarisé tes voies.
34 Jusque sur les pans de ta robe on trouve
le sang des pauvres,
des innocents que tu n’as pas surpris à forcer des portes !r
Et malgré tout cela,
r La seule excuse de l’homicide était le flagrant délit d’effraction, Ex 22.1.
35 tu dis : « Je suis innocente,
que sa colère se détourne de moi ! »
Me voici pour te juger
puisque tu dis : « Je n’ai pas péché. »
36 Que tu mets de légèretés à changer de voie !
Pourtant tu auras honte de l’Égypte
comme tu as eu honte de l’Assyrie.
s En changeant légèrement la vocalisation, avec les versions. TM, litt. « comme tu vas beaucoup (?) » que l’on pourrait à la rigueur comprendre « Comment as-tu été si loin pour changer de voie ? »
37 De là aussi tu devras sortir
les mains sur la tête,
car Yahvé a rejeté ceux auxquels tu te fies,
tu n’auras pas de chance avec eux !
3 Si un homme répudie sa femme,
et que celle-ci le quitte
et appartient à un autre,
a-t-il encore le droit de revenir à elle ?u
N’est-elle pas totalement profanée,
cette terre-là ?
Et toi qui t’es prostituée à de nombreux amants,
tu prétends revenir à moi !
Oracle de Yahvé.
t Ce poème, interrompu par les deux morceaux 3.6-13 et 3.14-18, se poursuit en 3.19 — 4.4. — Au début du v. 1, on supprime « en ces termes », avec grec et syr.
u Dt 24.1-4 interdit un tel remariage. Pour qu’Israël, épouse infidèle de Yahvé, se retourne vers lui et soit reprise, il faut un miracle de grâce, cf. vv. 19s ; 31.23 ; Os 1-3.
2 Lève les yeux vers les monts chauves et regarde.
Où ne t’es-tu pas livrée ?
Tu étais là, pour eux, le long des chemins,
comme l’Arabe au désert.
Tu as profané le pays
par tes prostitutions et tes forfaits ;
3 aussi les pluies furent-elle retenues
et l’ondée tardive ne vint plus.
Mais tu conservais un front de prostituée,
refusant de rougir.
4 Dès maintenant, ne me cries-tu pas : « Mon père !
L’ami de ma jeunesse, c’est toi !
5 Gardera-t-il toujours sa rancune,
va-t-il éterniser son courroux ? »
Tu parles ainsi en commettant tes crimes,
obstinée que tu es.
6 Yahvé me dit au temps du roi Josias : As-tu vu ce qu’a fait Israël la rebelle ? Elle se rendait sur toute montagne élevée, sous tout arbre vert, et s’y prostituait.
v Ce morceau date du règne de Josias et doit se situer après la réforme de 621. Il atteste l’espoir qu’a toujours gardé Jérémie à l’endroit du royaume du Nord, cf. 30.1 — 31.22. Il semble avoir inspiré Ez 23.
w Avec 1 ms hébr., des mss grecs et le syr. ; « j’ai vu » hébr.
11 Et Yahvé me dit : Israël la rebelle est juste, comparée à Juda la perfide.
12 Va donc crier ces paroles du côté du Nord ; tu diras :
Reviens, rebelle Israël,
oracle de Yahvé.
Je n’aurai plus pour vous un visage sévère,
car je suis miséricordieux — oracle de Yahvé —,
je ne garde pas toujours ma rancune.
13 Reconnais seulement ta faute :
tu t’es révoltée contre Yahvé ton Dieu,
tu as couru en tous sens vers les Étrangers,x
sous tout arbre vert,
et vous n’avez pas écouté ma voix,
oracle de Yahvé.
x Toujours les faux dieux ; allusion au syncrétisme religieux sous Manassé et Amon.
14 Revenez, fils rebelles — oracle de Yahvé —, car c’est moi votre Maître. Je vous prendrai, un d’une ville, deux d’une famille, pour vous amener à Sion.
y Ce passage suppose les événements de 587.
z L’arche dut être brûlée en 587 par les Chaldéens. Mais la Jérusalem future sera tout entière le « trône de Yahvé », comme était l’arche, Ex 25.10 ; 2 S 6.7.
18 En ces jours-là, la maison de Juda ira vers la maison d’Israël ; ensemble elles viendront du pays du Nord, vers le pays que j’ai donné en héritage à vos pères.a
a Avec la restauration messianique, les prophètes annoncent l’unité future du Royaume, renouant la tradition de David et de Salomon, 23.5-6 ; 31.1 ; Isa 11.13-14 ; Ez 37.15-27 ; Os 2.2 ; Mi 2.12 ; Za 9.10.
19 Et moi qui m’étais dit :
Comment te placerai-je au rang des fils ?
Je te donnerai une terre de délices,
l’héritage le plus précieux d’entre les nations.
Je me disais : Vous m’appellerez « Mon Père »
et vous ne vous séparerez pas de moi.
b Suite des vv. 1-5. Ce qui était juridiquement impossible, v. 1, devient possible par grâce.
20 Mais comme une femme qui trahit son compagnon,
ainsi m’avez-vous trahi, maison d’Israël,
oracle de Yahvé.
21 Sur les monts chauves, un cri s’est fait entendre :c
pleurs et supplications des enfants d’Israël ;
car ils ont gauchi leur voie,
oublié Yahvé leur Dieu.
c En contraste avec 3.2.
22 — Revenez, fils rebelles,
je veux guérir vos rébellions !
— Nous voici, nous venons à toi,
car tu es Yahvé notre Dieu.
23 En vérité, les collines ne sont que duperie,d
ainsi que le tumulte des montagnes.
En vérité, c’est en Yahvé notre Dieu
qu’est le salut d’Israël.
d On suit grec, syr. et Vulg. ; hébr. corrompu, litt. « pour la duperie d’au-delà des collines tumulte des montagnes ».
24 La Hontee a dévoré le travail de nos pères
depuis notre jeunesse,
leur petit et leur gros bétail, leurs fils et leurs filles.
e Désignation de Baal, cf. 11.13 ; la suite vise les sacrifices qu’on lui offrait.
25 Couchons-nous dans notre honte,
que nous couvre notre confusion !
Car contre Yahvé notre Dieu, nous avons péché,
nous et nos pères, depuis notre jeunesse jusqu’à ce jour même,
et nous n’avons pas écouté la voix de Yahvé notre Dieu.
4 — Si tu reviens, Israël,
oracle de Yahvé,
si tu reviens à moi,
si tu ôtes de devant moi tes Horreurs,
si tu ne vagabondes plus,
2 si tu jures par Yahvé vivant,
en vérité, droiture et justice,
alors les nations se béniront en lui,
en lui elles se glorifieront.
3 Car ainsi parle Yahvé
aux gens de Juda et à Jérusalem :
Défrichez pour vous ce qui est en friche,
ne semez rien parmi les épines.
4 Circoncisez-vous pour Yahvé,f
ôtez le prépuce de votre cœur,
gens de Juda et habitants de Jérusalem,
sinon ma colère jaillira comme un feu,
elle brûlera sans personne pour éteindre,
à cause de la méchanceté de vos actions.
f La circoncision, Gn 17.10, était en Israël le signe de l’Alliance. Pour Jérémie, ce signe n’est rien si ne lui correspond la fidélité intérieure, la « circoncision du cœur », cf. Dt 10.16. Israël refuse d’écouter Yahvé, il a les « oreilles incirconcises », 6.10 ; il refuse de se convertir, il a le « cœur incirconcis », 9.24-25 ; cf. Lv 26.41. C’est Yahvé qui, convertissant Israël, circoncira son cœur, Dt 30.6. Les étrangers, eux, sont incirconcis de cœur et de chair, Ez 44.7. Le NT reprendra cette image, Ac 7.51, et S. Paul enseignera que la vraie circoncision, celle qui fait le véritable Israël, est celle du cœur, Rm 2.25-29 ; cf. 1 Co 7.19 ; Ga 5.6 ; 6.15 ; Ph 3.3 ; Col 2.11 ; 3.11.
5 Publiez-le dans Juda,
annoncez-le dans Jérusalem, dites-le !
Sonnez du cor dans le pays,
criez à pleine voix et dites :
Rassemblement !
Gagnons les villes fortifiées !
g Comme en 1.15, l’ennemi du Nord n’est pas un peuple déterminé. Peut-être évoque-t-il à la fois les Scythes (parus sur les côtes de Syrie-Palestine entre 630 et 625) et l’armée assyrienne. L’oracle prendra en 605 une actualité terrifiante en s’appliquant aux Chaldéens.
6 Dressez un signal à Sion !
Fuyez ! Pas d’arrêt !
Car c’est un malheur que j’amène du Nord,
un immense désastre.
7 Le lion est monté de son fourré,
le destructeur des nations s’est mis en marche,
il est sorti de sa demeure
pour transformer ton pays en solitude ;
tes villes seront détruites et dépeuplées.
8 Aussi, revêtez-vous de sacs,
lamentez-vous, poussez des hurlements,
car elle ne s’est pas écartée de nous,
l’ardente colère de Yahvé.
9 En ce jour-là — oracle de Yahvé —,
le cœur manquera au roi,
il manquera aux chefs ;
les prêtres seront frappés de stupeur
et les prophètes d’effroi.
10 Et je dis : « Ah ! Seigneur Yahvé,
tu as vraiment trompé ce peuple et Jérusalem
quand tu disais :h « Vous aurez la paix »,
alors que l’épée nous a frappés à mort ! »
h Allusion aux promesses des faux prophètes, 14.13 et 23.17 ; cf. 28.8-9.
11 En ce temps-là on dira
à ce peuple et à Jérusalem :
le vent brûlant des hauteurs, au désert,
arrive sur la fille de mon peuple.
— Ce n’est ni pour vanner ni pour épurer !
12 Un vent impétueux me vient de là-bas.
Maintenant c’est moi qui vais prononcer
sur eux le jugement !
13 Voici qu’il s’avance comme les nuées,
ses chars sont comme l’ouragan,
ses chevaux vont plus vite que des aigles.
Malheur à nous ! Nous sommes perdus !
14 Purifie ton cœur du mal, Jérusalem,
afin d’être sauvée.
Jusques à quand abriteras-tu en ton sein
tes coupables pensées ?
15 Car une voix crie la nouvelle depuis Dan,
depuis la montagne d’Éphraïm elle annonce la calamité.i
i Dan, aux frontières septentrionales de la Palestine ; Gn 14.14 ; Jos 19.47 ; Jg 18.29 ; 20.1, etc. Éphraïm désigne ici la partie montagneuse, de Sichem à Béthel, où s’étaient établis les descendants de la tribu d’Éphraïm, fils de Joseph Jos 16.1s ; 17.15 ; 1 S 1.1.
16 Faites savoir ceci aux nations,
proclamez-le contre Jérusalem :
les ennemisj arrivent d’un lointain pays
et poussent leur cri contre les villes de Juda ;
j « les ennemis » çarîm conj. ; « les gardes » noçrîm hébr.
17 comme les gardiens d’un champ, ils l’entourent,
car elle s’est révoltée contre moi,
oracle de Yahvé.
18 Ta conduite et tes actions t’ont valu cela :
Voilà ton malheur, comme il est amer !
comme il te frappe au cœur !
19 Mes entrailles ! Mes entrailles ! Que je souffre !k
Parois de mon cœur !
Mon cœur s’agite en moi !
Je ne puis me taire
car j’ai entendu l’appel du cor,
le cri de guerre.
k Plaintes de Jérémie, qui s’identifie à son pays.
20 On annonce désastre sur désastre :
tout le pays est dévasté,
d’un coup mes tentes sont détruites,
mes abris, en un clin d’œil.
21 Jusques à quand verrai-je le signal,
entendrai-je l’appel du cor ?
22 — C’est que mon peuplel est stupide,
ils ne me connaissent pas,
ce sont des enfants sans réflexion,
ils n’ont pas d’intelligence ;
ils sont sages pour faire le mal,
mais ne savent pas faire le bien.
l Yahvé reprend la parole.
23 J’ai regardé la terre : un chaos ;
les cieux : leur lumière a disparu.
24 J’ai regardé les montagnes : elles tremblent,
toutes les collines sont secouées.
25 J’ai regardé : plus d’hommes ;
tous les oiseaux du ciel ont fui.
26 J’ai regardé : le verger est un désert,
toutes ses villes sont détruites
devant Yahvé,
devant l’ardeur de sa colère.
27 Oui, ainsi parle Yahvé :
Tout le pays sera désolé,
mais je ne l’exterminerai pas totalement.
28 À cause de cela, la terre sera en deuil
et le ciel, là-haut, s’assombrira !
Car j’ai parlé, j’ai décidé,
je ne m’en repentirai ni n’en reviendrai.
29 Devant la clameur du cavalier et de l’archer,
toute la ville est en fuite :
on s’enfonce dans les taillis,
on escalade les rochers ;
toute villem est abandonnée,
plus personne n’y habite.
m « toute ville » grec ; hébr. répète « toute la ville ».
30 Et toi, la dévastée, que vas-tu faire ?
Même si tu t’habilles de pourpre,
te pares de joyaux d’or
et t’agrandis les yeux à force de fard,
c’est en vain que tu te fais belle !
Ceux qui étaient épris de toi te dédaignent,
ils en veulent à ta vie.
31 Oui, j’entends les cris comme d’une femme en travail,
c’est comme l’angoisse de celle qui accouche ;
ce sont les cris de la fille de Sion qui s’essouffle et qui tend les mains :
« Malheur à moi, je succombe
sous les coups des meurtriers ! »
5 Parcourez les rues de Jérusalem,
regardez donc, renseignez-vous,
cherchez sur ses places
si vous découvrez un homme,
un qui pratique le droit,
qui recherche la vérité :
alors je pardonnerai à cette ville,
n Au grief essentiel qu’est la contamination idolâtrique du culte de Yahvé, Jérémie ajoute l’athéisme pratique et l’indocilité (vv. 3, 12-13), la luxure (vv. 7-8), l’oppression sociale (vv. 26-29). Il dénonce la responsabilité des classes dirigeantes (vv. 4-5), des prêtres et des prophètes (v. 31).
2 Mais s’ils disent : « Par Yahvé vivant »,
c’est pour un mensonge qu’ils jurent.
3 N’est-ce pas la vérité que tes yeux veulent voir, Yahvé ?
Tu les as frappés : ils n’ont rien senti.
Tu les as exterminés : ils ont refusé la leçon.
Ils ont rendu leur visage plus dur que le roc,
ils ont refusé de se convertir.
4 Je me disais : « Ce ne sont que de pauvres gens,
ils agissent follement
parce qu’ils ne connaissent pas la voie de Yahvé
ni le droit de leur Dieu.
5 J’irai donc vers les grands
et je leur parlerai,
car ils connaissent, eux, la voie de Yahvé
et le droit de leur Dieu ! »
Or eux aussi ont brisé le joug,
rompu les liens !
6 Voilà pourquoi le lion de la forêt les attaque,
le loup des steppes les dévaste,
la panthère est aux aguets devant leurs villes :
quiconque en sort est mis en pièces.
C’est que leurs crimes sont nombreux,
multiples leurs rébellions.
7 Pourquoi te pardonnerais-je ?
Tes fils m’ont abandonné,
jurant par des dieux qui n’en sont pas.o
Je les rassasiais et ils devenaient adultères ;
ils se précipitaient à la maison de la prostituée.
o Alors qu’ils disent du vrai Dieu « Il n’est pas ! » (v. 12).
8 Ce sont des chevaux repus et vagabonds,
chacun hennit après la femme du voisin.
9 Et je ne châtierais pas ces actions
— oracle de Yahvé —,
d’une nation comme celle-là
je ne tirerais pas vengeance ?
10 Escaladez ses terrasses ! Détruisez !
Mais ne l’exterminez pas complètement !
Arrachez ses sarments,
car ils n’appartiennent pas à Yahvé !
11 Oui, elles m’ont vraiment trahi,
la maison d’Israël et la maison de Juda,p
oracle de Yahvé.
p Le nom de « maison d’Israël » désigne peut-être ici le royaume du Sud, cf. le chap. 2, et « maison de Juda » pourrait être une glose. Ce terme a connu plusieurs significations il a d’abord désigné les douze tribus du peuple de l’Alliance, Jos 24, puis, prenant un sens profane, il a servi à désigner le royaume du Nord, 2 S 5.5. Cependant sa valeur religieuse n’a pas été oubliée et Isaïe parle des « deux maisons d’Israël », Isa 8.14, et après la chute du royaume de Samarie (721) ce nom est appliqué au royaume du Sud, cf. Isa 5.7 ; Mi 2.1 ; Ez 4.3 ; 5.4.
12 Ils ont renié Yahvé,
ils ont dit : « Il n’est pas !q
Aucun malheur ne nous atteindra,
nous ne verrons ni épée ni famine !
q Littéralement « pas lui ». L’impie n’affirme pas un athéisme théorique, mais selon lui Yahvé n’agira pas ; il n’existe pas, pratiquement, à ses yeux ; cf. Ps 14.1. On peut encore comprendre « (nous ne voulons) pas de lui ».
13 Quant aux prophètes, ils ne sont que du vent
et la parole n’est pas en eux ;
que leur arrive tout cela ! »
14 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé,
le Dieu Sabaot :
Puisque vous avez parlé ainsi,
moi je ferai de mes paroles
un feu dans ta bouche,
et de ce peuple du bois
que ce feu dévorera.
15 Moi, j’amènerai sur vous
de très loin une nation,
maison d’Israël — oracle de Yahvé.
C’est une nation durable,
c’est une nation très ancienne,
une nation dont tu ne sais pas la langue
et ne comprends pas ce qu’elle dit.
16 Son carquois est un sépulcre béant ;
c’est une nation de héros.
17 Elle dévorera ta moisson et ton pain,
elle dévorera tes fils et tes filles,
elle dévorera ton petit et ton gros bétail,
elle dévorera ta vigne et ton figuier ;
par l’épée, elle viendra à bout de ces villes fortes
en lesquelles tu mets ta confiance.r
r L’oracle va se poursuivre au v. 26.
18 Pourtant, même en ces jours-là — oracle de Yahvé — je ne vous exterminerai pas complètement.
19 Et quand vous demanderez : « Pourquoi Yahvé, notre Dieu, nous a-t-il fait tout cela ? » tu leur répondras : « De même que vous m’avez abandonné pour servir en votre pays des dieux étrangers, de même vous servirez des étrangers en un pays qui n’est pas le vôtre. »
20 Faites cette annonce dans la maison de Jacob,
proclamez-la dans Juda en ces termes :
s On se demande si l’occasion de ces reproches ne serait pas la conduite du peuple lors d’une famine 8.18-23 ; 14.
21 Écoutez donc ceci,
peuple stupide et sans cervelle !t
Avec leurs yeux ils ne voient rien,
avec leurs oreilles ils n’entendent rien.
t Littéralement « sans cœur », cf. Os 7.11 ; Gn 8.21.
22 Moi, ne me craindrez-vous pas ?
— oracle de Yahvé —
ne tremblerez-vous pas devant moi
qui ai posé le sable pour limite à la mer,
barrière éternelle qu’elle ne franchira point :
ses flots s’agitent, mais sont impuissants,
ils mugissent, mais ne la franchissent pas.
23 Mais ce peuple possède
un cœur dévoyé et rebelle ;
ils se sont dévoyés et ils s’en sont allés !
24 Ils n’ont pas dit en leur cœur :
« Craignons donc Yahvé notre Dieu,
qui donne la pluie, celle de l’automne
et celle du printemps, selon son temps,
et qui nous réserve
des semaines fixes pour la moisson. »
25 Vos fautes ont dérangé cet ordre,
vos péchés ont écarté de vous ces biens.
26 Oui, il se trouve en mon peuple des malfaisants,
ils guettent comme un oiseleur à l’affût ;u
ils posent des pièges
et ils attrapent des hommes.
u L’hébr. porte le singulier. — « comme un oiseleur à l’affût » trad. incertaine le verbe signifie normalement « s’humilier » d’où peut-être « se baisser, s’accroupir » (pour l’affût).
27 Telle une cage pleine d’oiseaux,
ainsi leurs maisons sont-elles pleines de rapines ;
de la sorte ils sont devenus importants et riches,
28 ils sont gras, ils sont reluisants,
ils ont même passé la mesure du mal :
ils ne respectent pas le droit,
le droit des orphelins, pourtant ils réussissent !
Ils n’ont pas rendu justice aux indigents,
29 et je ne châtierais pas ces actions
— oracle de Yahvé —,
ou d’une nation comme celle-là
je ne tirerais pas vengeance ?
30 Des choses horribles, abominables,
se passent dans ce pays :
31 les prophètes prophétisent le mensonge,
les prêtres font du profit.v
Et mon peuple aime cela !
Mais que ferez-vous quand viendra la fin ?
v Littéralement « recueillent sur leurs mains », avec le verbe radah II employé en Jg 14.9 ; plutôt que « gouvernent » (radah I) pour leurs mains, c’est-à-dire à leur profit.
6 Fuyez, gens de Benjamin,
du milieu de Jérusalem !
À Téqoa sonnez du cor !
Sur Bet-ha-Kérem dressez un signal !w
Car du Nord survient un malheur,
un grand désastre.
w Les Benjaminites installés au nord de Juda sont peut-être censés s’être réfugiés à Jérusalem. — Téqoa, patrie d’Amos, à 8 km au sud de Bethléem ; Bet-ha-Kérem, cf. Ne 3.14, est de localisation incertaine ; peut-être Ramat Rahel, à 5 km au sud de Jérusalem.
2 La belle, la délicate,
je la détruis, la fille de Sion !
3 Vers elle arrivent des pasteurs
avec leurs troupeaux !
Tout autour d’elle ils ont dressé des tentes,
chacun broute sa part.
4 Préparez contre elle le saint combat !x
Debout ! Montons à l’assaut en plein midi !
Malheur à nous ! déjà le jour décline,
les ombres du soir s’allongent.
x Littéralement « sanctifiez contre elle la guerre », celle-ci ayant été jusque-là considérée comme un devoir sacré, cf. de même 22.7. Mais, malgré le vocabulaire, on est à l’opposé de l’idéal de la guerre sainte dans laquelle Yahvé combat avec son peuple, cf. Dt 1.30 ; 20.4 ; Isa 31.4, ou au moins, contre ses ennemis, Isa 13.3. Pour Jérémie, la guerre n’est plus un acte religieux, car Yahvé a quitté le camp d’Israël qu’il a décidé de châtier, cf. 21.5 ; 34.22.
5 Debout ! Montons de nuit à l’assaut,
que nous détruisions ses palais !
6 Car ainsi parle Yahvé Sabaot :
Abattez des arbres,
devant Jérusalem, construisez une levée :
c’est la ville qui va recevoir ma visite,y
elle en qui il n’y a qu’oppression.
y La « visite » de Dieu, soit pour délivrer, 15.15 ; Ex 3.16 ; Lc 1.68 ; soit pour livrer au châtiment, 6.15 ; 8.12 ; 9.24, cf. Isa 10.3, etc.
7 Comme un puits qui fait sourdre son eau,
ainsi fait-elle sourdre sa méchanceté.
Violence et dévastation, voilà ce qu’on y entend ;
devant moi, constamment, maladies et blessures.
8 Corrige-toi, Jérusalem,
sinon mon âme se détournera de toi,
sinon je te réduirai en solitude,
en pays inhabité.
9 Ainsi parle Yahvé Sabaot :
On va grappiller, grappiller comme sur une vigne, ce qui reste d’Israël ;z
repasse la main, comme le vendangeur
sur les pampres !
z Le « reste d’Israël », ici comme en 8.3, n’est pas encore une expression technique. Elle le sera en 23.3 et 31.7, pour désigner le peuple fidèle, bénéficiaire du salut. Cf. Isa 4.3.
10 — À qui dois-je parler, devant qui témoignera
pour qu’ils écoutent ?
Voici : leur oreille est incirconcise,
ils ne peuvent pas être attentifs.
Voici : la parole de Yahvé leur est un objet de raillerie,
ils n’y ont plus goût.
a Jérémie, invité à recueillir les restes, déclare, aux vv. 10-11a, ne plus trouver d’auditeurs attentifs. Dieu lui répond.
11 Je suis rempli de la colère de Yahvé,
je suis las de la contenir !
— Déverse-la donc sur l’enfant dans la rue,
et aussi sur les réunions des jeunes gens.
Ils seront pris, le mari comme la femme
et le vieillard, l’homme plein de jours.
12 Leurs maisons passeront à d’autres,
leurs champs et leurs femmes ensemble.
Oui, j’étendrai la main
sur les habitants de ce pays — oracle de Yahvé !
13 Car du plus petit au plus grand,
tous sont avides de rapine ;
prophète comme prêtre,
tous ils pratiquent le mensonge.
14 Ils pansent à la légère la blessure de mon peuple
en disant : « Paix ! Paix ! »
alors qu’il n’y a point de paix.b
b Promesses mensongères des faux prophètes, cf. 4.10, avec qui Jérémie entrera en conflit violent par ses annonces de malheur. Eux annoncent la « paix » (shalôm), mot qui exprime non seulement l’absence de danger extérieur (sens qui apparaît au premier plan à l’époque de Jérémie), mais tout un idéal de bonheur dans la prospérité individuelle et collective, dans les bons rapports avec Dieu et dans l’harmonie sociale. C’est l’idéal que doit réaliser la paix messianique, cf. Isa 11.6.
15 Les voilà dans la honte pour leurs actes abominables,
mais déjà ils ne sentent plus la honte,
ils ne savent même plus rougir.
Aussi tomberont-ils parmi ceux qui tombent,
ils trébucheront quand je les visiterai,
dit Yahvé.
16 Ainsi parle Yahvé :
Arrêtez-vous sur les routes et voyez,
renseignez-vous sur les chemins de jadis :c
quelle était la voie du bien ? Suivez-la
et vous trouverez le repos pour vos âmes.
Mais ils ont dit : « Nous ne la suivrons pas ! »
c Tantôt ceux des ancêtres pécheurs, Jb 22.15, tantôt, comme ici, ceux des ancêtres fidèles, cf. 18.15 ; Ps 139.14.
17 Je vous ai installé des guetteurs :
« Attention au signal du cor ! »
Mais ils ont dit : « Nous n’y prêterons pas attention ! »
18 Alors, nations, écoutez,
assemblée, connais ce qui va leur arriver !
19 Terre, écoute !
Voici que j’amène un malheur sur ce peuple-là :
c’est le fruit de leurs pensées,
car ils n’ont pas fait attention à mes paroles
et ils ont méprisé ma loi.
20 Que m’importe l’encens importé de Sheba,d
le roseau odorant qui vient d’un lointain pays ?
Vos holocaustes ne me plaisent pas,
vos sacrifices ne m’agréent pas.
d Ou Saba, 1 R 10.1.
21 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé :
Voici, je vais dresser devant ce peuple
des obstacles où ils trébucheront.
Père et fils, tous ensemble,
voisin et ami, ils périront.
22 Ainsi parle Yahvé :
Voici qu’un peuple arrive du Nord,
une grande nation se lève des confins de la terre ;
23 ils tiennent fermement l’arc et le javelot,
ils sont barbares et impitoyables ;
leur bruit est comme le mugissement de la mer ;
ils montent des chevaux,
ils sont prêts à combattre comme un seul homme
contre toi, fille de Sion.
24 Nous avons appris la nouvelle,
nos mains ont défailli,
l’angoisse nous a pris,
une douleur comme pour celle qui enfante.
25 Ne sortez pas dans la campagne,
ne vous risquez pas sur les routes,
car l’ennemi porte l’épée :
terreur de tous côtés !
26 Fille de mon peuple, revêts le sac,
roule-toi dans la cendre,
fais un deuil comme pour un fils unique,
une lamentation amère,
car soudain il arrive
sur nous, le dévastateur.
27 Je t’ai établi comme celui qui éprouve mon peuple,e
pour que tu connaisses et éprouves leur conduite.
e L’hébr. ajoute « (comme une) forteresse » le mot de 1.18.
28 Tous, ils sont totalement rebelles,
semeurs de calomnies,
durs comme bronze et fer,f
ce sont tous des destructeurs.
f Littéralement « (ils sont) bronze et fer ».
29 Le soufflet est haletant,
pour que le plomb soit dévoré par le feu.g
Vainement le fondeur s’emploie à
fondre,
les scories ne se détachent point.
g Comparaison tirée du raffinage des métaux et ici spécialement du traitement de la galène, dont il faut extraire séparément plomb et argent. Mais Israël, pourtant mis au creuset de l’épreuve, ne se purifie pas.
30 « Argent de rebut », voilà comme on les nomme !
Oui, Yahvé les a mis au rebut !
7 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé en ces termes :
h Les discours qui suivent, rapprochés les uns des autres par leur relation au culte, doivent être rapportés au règne de Joiaqim.
i Le Temple, sanctifié par la présence de Yahvé, 1 R 8.10s ; cf. Dt 4.7, pouvait apparaître comme inviolable, et l’échec de Sennachérib en 701 Sous les murs de Jérusalem avait illustré la protection de Yahvé sur la Ville sainte, 2 R 19.32-34 ; Isa 37.33-35. On en tirait l’assurance trop facile que cette protection jouerait de nouveau à coup sûr. Jérémie va scandaliser le peuple, en affirmant, après Michée (Mi 3.12), qu’une telle confiance est illusoire Dieu peut déserter son Temple. Ézéchiel verra de même la Gloire de Yahvé quitter le sanctuaire, cf. Ez 11.23. Le chap. 26 raconte les incidents que provoquera cette diatribe qui date des débuts du règne de Joiaqim, vers 608.
2 Tiens-toi à la porte du Temple de Yahvé, proclames-y cette parole et dis : Écoutez la parole de Yahvé, vous tous les Judéens qui entrez par ces portes pour vous prosterner devant Yahvé.
12 Allez donc au lieu qui fut le mien, à Silo :j autrefois j’y fis habiter mon Nom ; regardez ce que j’en ai fait, à cause de la perversité de mon peuple Israël.
j Le sanctuaire de Silo, pourtant résidence de l’Arche, avait été détruit par les Philistins, 1 S 4 ; on évitait de parler de ce deuil national ; le Ps 78.60 est le seul à le faire, après Jérémie. — Silo se trouve à une quarantaine de km au nord de Jérusalem.
16 Et toi, n’intercède pas pour ce peuple-là, n’élève en leur faveur ni plainte ni prière, n’insiste pas auprès de moi, car je ne veux pas t’écouter.
k Ishtar (Astarté), déesse de la fécondité dans le panthéon mésopotamien ; on l’identifiait à la planète Vénus. — La forme du mot « reine » est anormale et ne se trouve qu’en Jr, cf. 44.17-25.
21 Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël : Ajoutez vos holocaustes à vos sacrifices et mangez-en la chair !
l Il est exact que le Décalogue, charte de l’Alliance, ne contient aucune prescription rituelle. Certes, il n’est pas question de condamner purement et simplement les sacrifices d’animaux, cf. 33.11, mais Jérémie rejoint ici tout un courant prophétique pour qui le culte n’est pas l’élément essentiel de la religion, cf. Os 6.6 ; Am 5.21 ; Mi 6.6-8.
m « Chaque jour » syr. ; « jour » hébr.
29 Coupe tes longs cheveux, jette-les.
Entonne sur les monts chauves une complainte.
Car Yahvé a dédaigné et repoussé
la génération qui le met en fureur !
30 Oui, les fils de Juda ont fait ce qui me déplaît — oracle de Yahvé. Ils ont installé leurs Horreursn dans le Temple qui porte mon nom, pour le souiller ;
n Toujours les faux dieux.
o Sur « Tophèt », le « brûloir » où étaient sacrifiés des enfants en l’honneur de Molek (32.35) cf. Lv 18.21 ; Isa 30.33.
8 En ce temps-là — oracle de Yahvé — on tirera de leurs tombes les ossements des rois de Juda, les ossements de ses princes, les ossements des prêtres, les ossements des prophètes et les ossements des habitants de Jérusalem.
p Les cultes astraux avaient été en grande faveur sous Manassé et Amon.
q L’hébr. répète ici « qui resteront »; omis par grec et syr.
4 Tu leur diras : Ainsi parle Yahvé.
Fait-on une chute sans se relever ?
Se détourne-t-on sans retour ?
r Cet ensemble 8.4—10.25 réunit des oracles prononcés au début du règne de Joiaqim, aux environs de 605. Les trois poèmes 8.4-7, 13-17 ; 9.1-8 poursuivent et élargissent les reproches à Israël. La lamentation 9.9-21 se continue en 10.17-22 et se conclut par une prière de Jérémie, 10.23-24 ; on a enfin ajouté d’autres poèmes de Jérémie 8.8-9, 10-12, 18-23 ; 9.22-23, 24-25. Le fragment 10.1-16 semble être d’une autre main.
5 Pourquoi ce peuple-là est-il rebelle,
pourquoi Jérusalem est-elle continuellement rebelle ?
Ils tiennent fermement à la tromperie,
ils refusent de se convertir.
6 J’ai écouté attentivement :
ils ne parlent pas dans ce sens-là.
Nul ne déplore sa méchanceté
en disant : « Qu’ai-je fait ? »
Tous retournent à leur course,
tel un cheval qui fonce au combat.
7 Même la cigogne dans le ciel
connaît sa saison,
la tourterelle, l’hirondelle et le martinet
observent le temps de leur migration.
Mais mon peuple ne connaît pas
le droit de Yahvé !
8 Comment pouvez-vous dire : « Nous sommes sages
et la Loi de Yahvé est avec nous ! »
Vraiment c’est en mensonge que l’a changée
le calame mensonger des scribes !s
s Ici les prêtres, gardiens de la tradition incorporée dans les textes. La « parole », au v. 9, désigne sans doute le message des prophètes et la loi, sous une forme orale et peut-être déjà partiellement écrite.
9 Les sages seront honteux,
consternés et pris au piège.
Voilà qu’ils ont méprisé la parole de Yahvé !
Qu’est donc la sagesse pour eux ?
10 Aussi donnerai-je leurs femmes à d’autres,
leurs champs à de nouveaux maîtres.
Car du plus petit au plus grand,
tous sont avides de rapines ;
prophète comme prêtre,
tous ils pratiquent le mensonge.
t Ce fragment, doublet de 6.12-15, n’est pas reproduit par le grec.
11 Ils pansent à la légère
la blessure de la fille de mon peuple,
en disant : « Paix ! Paix ! »
alors qu’il n’y a point de paix.
12 Les voilà dans la honte par leurs actes abominables,
mais déjà ils ne sentent plus la honte,
ils ne savent plus rougir.
Aussi tomberont-ils parmi ceux qui tombent,
ils trébucheront quand je les visiterai,
dit Yahvé.
13 Je vais les supprimer — oracle de Yahvé —,
plus de raisins à la vigne,
plus de figues au figuier,
même le feuillage se flétrit :
je leur ai fourni des gens qui les piétinent !
14 — « Pourquoi restons-nous tranquilles ?
Rassemblement !u
Gagnons nos villes fortifiées
pour y être réduits au silence,v
puisque Yahvé notre Dieu nous réduit au silence
et nous abreuve d’eau empoisonnée,
parce que nous avons péché contre lui.
u Le même verbe hébreu signifie « rassembler » et « supprimer », v. 13.
v Il s’agit ici du silence de la mort.
15 Nous espérions la paix : rien de bon !
le temps de la guérison : voici l’épouvante !
16 Depuis Dan on perçoit
le hennissement de ses chevaux ;
au cri retentissant de ses étalons
toute la terre est ébranlée :
ils viennent dévorer le pays et ses biens,
la ville et ses habitants. »
17 — Oui, voici que j’envoie contre vous
des serpents venimeux,
contre lesquels il n’existe pas de charme,
et ils vous mordront,
oracle de Yahvé.
18 Sans remède, la peine m’envahit,w
le cœur me manque.
w « sans remède » grec ; « ma gaieté (?) » hébr. — « (la peine) m’envahit », litt. « monte (sur moi) » `alah conj. ; « sur (la peine, sur moi) » `aley hébr. On pourrait à la rigueur comprendre, avec seulement la deuxième correction « une source de gaieté est pour moi peine ».
19 Voici l’appel au secours de la fille de mon peuple,
depuis une terre aux vastes étendues.
« Yahvé n’est donc plus en Sion ?
Son Roi n’y est-il plus ?
(Pourquoi m’ont-ils irrité par leurs idoles,
par ces vanités venues de l’étranger ?)
20 La moisson est passée, l’été est fini,
et nous ne sommes pas sauvés ! »
21 De la blessure de la fille de mon peuple je suis blessé,
je reste accablé, l’épouvante me tient.
22 N’y a-t-il plus de baume en Galaad ?x
N’y a-t-il là aucun médecin ?
Oui, pourquoi ne fait-elle aucun progrès,
la guérison de la fille de mon peuple ?
x Galaad, à l’est du Jourdain, au nord du Yabboq, pays des baumes et aromates, Gn 37.25 ; 43.11 ; cf. aussi 46.11.
23 Qui changera ma tête en fontaine
et mes yeux en source de larmes,
que je pleure jour et nuit
les tués de la fille de mon peuple !
9 Qui me fournira au désert
un gîte de voyageurs,
que je puisse quitter mon peuple
et loin d’eux m’en aller ?
Car tous ils sont des adultères,
un ramassis de traîtres.
2 Ils bandent leur langue comme un arc ;
c’est le mensonge et non la vérité
qui prévauty en ce pays.
Oui, ils vont de crime en crime,
mais moi, ils ne me connaissent pas,
oracle de Yahvé !
y « et non la vérité qui prévaut » grec ; « et non pour la vérité, ils sont forts » hébr.
3 Que chacun soit en garde contre son ami,
méfiez-vous de tout frère ;
car tout frère ne pense qu’à supplanter,z
tout ami répand la calomnie.
z Littéralement « supplantant, supplante », en hébr. `aqob ya `eqob, qui fait jeu de mots avec Ya `aqob, Jacob, et allusion à son rôle de « supplanteur », Gn 25.26. On pourrait traduire « tout frère joue le rôle de Jacob ».
4 Chacun dupe son ami,
ils ne disent pas la vérité,
ils ont habitué leur langue à mentir,
ils se fatiguent à mal agir.
5 Tu habites au milieu de la mauvaise foi !
C’est par mauvaise foi qu’ils refusent de me connaître,
oracle de Yahvé !
6 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot :
Voici, je vais les épurer et les éprouver,
rien d’autre à faire pour la fille de mon peuple !
7 Leur langue est une flèche meurtrière,
leurs paroles sont de mauvaise foi ;
de bouche, on souhaite à son prochain la paix,
mais de cœur on lui prépare un piège.
8 Et pour ces actions je ne les châtierais pas ?
— oracle de Yahvé.
D’une pareille nation
je ne tirerais pas vengeance ?
9 Sur les montagnes, j’élève plaintes et lamentations,
sur les pacages du désert, une complainte.
Car ils sont incendiés,a nul n’y passe,
on n’y entend plus les cris des troupeaux.
Depuis les oiseaux du ciel jusqu’au bétail,
tout a fui, tout a disparu.
a Peut-être est-on en 605, à la première campagne de Nabuchodonosor, 2 R 24.1. Jérusalem est menacée.
10 — Je vais faire de Jérusalem un tas de pierres,
un repaire de chacals ;
des villes de Juda une solitude
où nul n’habite.
11 Quel est le sage qui comprendra ces événements ?
À qui la bouche de Yahvé a-t-elle parlé pour qu’il l’annonce ?
Pourquoi le pays est-il perdu,
incendié comme le désert où nul ne passe ?
12 Yahvé dit : C’est qu’ils ont abandonné ma Loi, que je leur avais donnée ; ils n’ont pas écouté ma voix, ils ne l’ont pas suivie ;
16 Ainsi parle Yahvé Sabaot :
Pensez à appeler les pleureuses, qu’elles viennent !
Envoyez chercher les plus habiles, qu’elles arrivent !
17 Vite, qu’elles entonnent sur nous une lamentation !
Que nos yeux versent des larmes,
que nos paupières laissent ruisseler de l’eau !
18 Oui, une lamentation se fait entendre de Sion :
« Ah ! Nous sommes ruinés, couverts de honte !
car il nous faut quitter le pays,
on a démoli nos demeures. »
19 Femmes, écoutez donc la parole de Yahvé,
que votre oreille reçoive sa parole ;
apprenez à vos filles cette lamentation,
enseignez-vous l’une à l’autre cette complainte :
20 « La mort a grimpé par nos fenêtres,
elle est entrée dans nos palais,
elle a fauché l’enfant dans la rue,
les jeunes gens sur les places.
21 Parle ! Tel est l’oracle de Yahvé :
Les cadavres des hommes gisent
comme du fumier en plein champ,
comme une gerbe derrière le moissonneur,
et personne pour la ramasser ! »
22 Ainsi parle Yahvé :
Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse,
que le vaillant ne se glorifie pas de sa vaillance,
que le riche ne se glorifie pas de sa richesse !
23 Mais qui veut se glorifier, qu’il trouve sa gloire en ceci :
avoir de l’intelligence et me connaître,b
car je suis Yahvé qui exerce la bonté,c
le droit et la justice sur la terre.
Oui, c’est en cela que je me complais,
oracle de Yahvé !
b La « connaissance de Yahvé », en laquelle se résume la religion véritable, cf. Os 2.22, est un des grands thèmes de la prédication de Jérémie, cf. 2.8 ; 22.15-16 ; 24.7 ; 31.34.
c La hesed, cf. Os 2.21.
24 Voici venir des jours — oracle de Yahvé — où je visiterai tout circoncis qui ne l’est que dans sa chair :
d Les Arabes.
e « ces nations-là » haggôyim ha ’elleh conj. ; « ces nations (sont) des incirconcis » haggôyim `arelîm hébr., mais cf. v. 24.
10 Écoutez la parole que Yahvé vous adresse, maison d’Israël !
f Ce passage, qui ne semble pas être de la main du prophète, développe des thèmes proches de la seconde partie d’Isaïe néant des faux dieux, cf. Isa 40.20, exaltation de Yahvé Créateur, cf. Isa 42.8. Le texte est surchargé. Les vv. 6-8 et 10 manquent dans le grec, dont l’ordre est différent. Le v. 11 est une glose araméenne du v. 12. Les vv. 12-16 sont repris en 51.15-19.
2 Ainsi parle Yahvé :
N’apprenez pas la voie des nations,
ne soyez pas terrifiés par les signes du ciel,
même si les nations en éprouvent de la terreur.
3 Oui, les coutumesg des peuples ne sont que vanité ;
ce n’est que du bois coupé dans une forêt,
travaillé par le sculpteur, ciseau en main,
g Littéralement « les décrets », ou « les lois », mais le mot est pris ici en mauvaise part ce sont les règles auxquelles obéissent les peuples païens, cf. 2 R 17.8.
4 puis enjolivé d’argent et d’or.
Avec des clous, à coups de marteau, on le fixe,
pour qu’il ne bouge pas.
5 Comme un épouvantail dans un champ de concombres, ils ne parlent pas ;
il faut les porter, car ils ne marchent pas !
N’en ayez pas peur : ils ne peuvent faire de mal,
et de bien, pas davantage.
6 Nul n’est comme toi, Yahvé,
tu es grand,
ton Nom est grand dans sa puissance.
7 Qui ne te craindrait, roi des nations ?
C’est bien cela qui te convient !
Car parmi tous les sages des nations
et dans tous leurs royaumes,
nul n’est comme toi.
8 Tous tant qu’ils sont, ils sont bêtes, stupides :
l’instruction que donnent les Vanités, c’est du bois !
9 C’est de l’argent en feuilles, importé de Tarsis,
c’est de l’or d’Ophir,h
une œuvre de sculpteur ou d’orfèvre ;
on les revêt de pourpre violette et écarlate,
ce sont tous œuvre d’artisan.
h Hébr. « Ouphaz »; ce mot revient dans Dn 10.5, mais il est sans doute une mauvaise graphie de Ophir, lu par syr. et Targ. Ophir, site incertain de la côte occidentale de l’Arabie, est le pays de l’or, Gn 10.29 ; 1 R 9.28, etc. Sur Tarsis qu’on a parfois voulu identifier à Tartessos, au sud de l’Espagne, cf. 1 R 10.22.
10 Mais Yahvé est le Dieu véritable,
il est le Dieu vivant et le Roi éternel.
Quand il s’irrite, la terre tremble,
les nations ne peuvent soutenir sa colère.
11 (Voici ce que vous direz d’eux : « Les dieux qui n’ont pas fait le ciel et la terre seront exterminés de la terre et de dessous le ciel. »)
12 Il a fait la terre par sa puissance,
établi le monde par sa sagesse
et par son intelligence étendu les cieux.
13 Quand il donne de la voix,
c’est un mugissement d’eaux dans le ciel ;
il fait monter les nuages du bout de la terre,
il produit les éclairs pour l’averse
et tire le vent de ses réservoirs.
14 Alors tout homme se tient stupide, sans comprendre,
chaque orfèvre rougit de ses idoles ;
ce qu’il a coulé n’est que mensonge,
en elles, pas de souffle !
15 Elles sont vanité, œuvre ridicule ;
au temps de leur châtiment, elles disparaîtront.
16 La Part de Jacob n’est pas comme elles,
car il a façonné l’univers
et Israël est la tribu de son héritage.
Son nom est Yahvé Sabaot.
17 Ramasse à terre ton bagage,
toi l’assiégée !i
i La nation israélite personnifiée est de nouveau interpellée. La menace semble plus proche qu’en 9.9-21.
18 Car ainsi parle Yahvé :
Voici, je vais lancer au loin
les habitants du pays,
cette fois-ci,
et les mettre dans l’angoisse
pour qu’ils me trouvent.j
j « me trouvent » syr. ; « trouvent » hébr. Une correction dans la vocalisation permettrait de lire « pour qu’ils soient trouvés », c’est-à-dire atteints par leurs ennemis, mais le thème du retour à Dieu provoqué par la souffrance est courant chez les prophètes, cf. 29.12-13 ; 31.16-19 ; Isa 17.4-7 ; 30.20 ; Ba 2.30-32 ; Os 5.14-15 ; Mi 4.10-11 ; Za 10.9, cf. aussi Dt 4.29.
19 — « Malheur à moi !k Quelle blessure !
ma plaie est inguérissable.
Et moi qui disais :
Ce n’est que cela ma souffrance ? Je la supporterai !
k Lamentation de la nation personnifiée.
20 Or ma tente est détruite,
toutes mes cordes sont coupées.
Mes fils m’ont quitté : ils ne sont plus ;
plus personne pour remonter ma tente,
pour tendre mes toiles. »
21 — C’est que les pasteurs furent stupides :
ils n’ont pas cherché Yahvé.
Aussi n’ont-ils point réussi
et tout le troupeau a été dispersé.
22 Un bruit se fait entendre ! Le voici !
Un grand vacarme vient du pays du Nord
pour réduire les villes de Juda
en solitude, en repaire de chacals.
23 Je le sais, Yahvé,
la voie des humains n’est pas en leur pouvoir,
et il n’est pas donné à l’homme qui marche
de diriger ses pas !
24 Corrige-moi, Yahvé, mais dans une juste mesure,
sans t’irriter, pour ne pas trop me réduire.
25 Déverse ta fureur sur les nations
qui ne te connaissent pas,
et sur les familles
qui n’invoquent pas ton nom.
Car elles ont dévoré Jacob,
elles l’ont dévoré et achevé,
elles ont dévasté son domaine.
l En 622, le roi Josias entreprit une réforme religieuse, 2 R 22.3—23.27, appuyée par les partis sacerdotal et prophétique. Jérémie y prit, semble-t-il, une part active, dont ce passage conserve le souvenir. Il contient de nombreuses expressions propres au Deutéronome, dont la découverte, 2 R 22.8, fut à la base de la réforme. Le noyau formé par les vv. 6, 8b, 9-12 doit être attribué à Jérémie ; le reste représente des adjonctions secondaires ; les vv. 7-8 manquent dans le grec.
9 Yahvé me dit : On s’est vraiment donné le mot chez les gens de Juda et chez les habitants de Jérusalem !
13 Car aussi nombreux que tes villes,
sont tes dieux, ô Juda !
Et autant Jérusalem a de rues,
autant vous avez érigé d’autels pour la Honte,
des autels qui fument pour Baal !
14 Quant à toi, n’intercède pas pour ce peuple-là, n’élève en leur faveur ni plainte ni prière. Car je ne veux pas écouter, quand ils crieront vers moi à cause de leur malheur !
15 Que vient faire en ma Maison ma bien-aimée ?
Elle a accompli ses mauvais desseins.
Est-ce que les vœuxn et la viande sacrée
te débarrasseront de ton mal,o
pour que tu puisses exulter ?
m Oracle probablement prononcé au Temple, à la même époque que ceux du chap. 7. Le v. 17 rejoint 11.1-14.
n « ma bien-aimée » grec ; « mon bien-aimé » hébr. — « les vœux » grec ; « les nombreux » hébr.
o « te débarrasseront de ton mal » (litt. « feront passer ton mal de dessus toi ») grec ; « passeront de dessus toi, car ton mal » hébr.
16 « Olivier verdoyant orné de fruits superbes »,
ainsi Yahvé t’avait nommée.
Avec un bruit fracassant
il y a mis le feu,
ses rameaux sont atteints.
17 Et Yahvé Sabaot qui t’avait plantée a décrété contre toi le malheur à cause du mal que se sont fait la maison d’Israël et la maison de Juda en m’irritant, en encensant Baal.
p En se faisant le champion de la réforme qui entraînait la suppression du sanctuaire local, Dt 12.5 ; cf. 2 R 23, Jérémie s’était aliéné ses compatriotes.
19 Et moi, comme un agneau confiant qu’on mène à l’abattoir, j’ignorais qu’ils tramaient contre moi des machinations : « Détruisons l’arbre dans sa vigueur,q arrachons-le de la terre des vivants, qu’on ne se souvienne plus de son nom ! »
q « dans sa vigueur » belehô conj. ; « dans son pain » belahmô hébr. Grec « nous voulons mettre du bois (c’est-à-dire du poison, d’après Targ.) dans son pain ». — Ce v. a été appliqué par la liturgie chrétienne à la Passion du Christ.
20 Yahvé Sabaot, qui juges avec justice,
qui scrutes les reins et les cœurs,
je verrai ta vengeance contre eux,
car c’est à toi que j’ai exposé ma cause.
21 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot contre les gens d’Anatot qui en veulent à ma vier et qui me disent : « Tu ne prophétiseras pas au nom de Yahvé, sinon tu mourras de notre main ! » —
r « à ma vie » grec ; « à ta vie » hébr. (peut-être, passage maladroit au style direct).
12 Tu es trop juste, Yahvé,
pour que j’entre en contestation avec toi.
Cependant je parlerai avec toi de questions de droit :
Pourquoi la voie des méchants est-elle prospère ?
Pourquoi tous les traîtres sont-ils en paix ?
s Ce problème est ici posé pour la première fois dans l’AT. Voir l’Introduction aux livres sapientiaux.
2 Tu les plantes, ils s’enracinent,
ils vont bien, ils portent du fruit.
Tu es près de leur bouche,
mais loin de leurs reins.
3 Mais toi, Yahvé, tu me connais, tu me vois,
tu éprouves mon cœur qui est avec toi.
Enlève-les comme des brebis pour l’abattoir,
consacre-les pour le jour du massacre.
4 (Jusques à quand le pays sera-t-il en deuil et l’herbe de toute la campagne desséchée ? C’est par la perversité de ses habitants que périssent bêtes et oiseaux.)
Car ils disent :
ilt ne voit pas notre destinée.
t « il » le grec précise Dieu.
5 — Si la course avec des piétons t’épuise,
comment lutteras-tu avec des chevaux ?
Dans un pays en paix tu te sens en sécurité,
mais que feras-tu dans les halliersu du Jourdain ?
u Littéralement « la hauteur », c’est-à-dire les berges, recouvertes de végétation et dangereuses parce qu’elles servent de repaire à toutes sortes d’animaux. On peut aussi comprendre « la crue » (litt. « la montée »), mais cf. 49.19 ; 50.44. — Loin d’accorder la vengeance demandée, cette réponse de Yahvé annonce au prophète d’autres persécutions ; au lieu de répondre à sa question, elle laisse dans son mystère la rétribution des bons et des méchants, cf. Jb 38.1s ; 40.1-5 ; 42.1-6.
6 Car même tes frères et la maison de ton père, même eux te trahiront ! Même eux crieront après toi à pleine voix. N’aie pas confiance en eux quand ils te diront de bonnes paroles !
7 J’ai abandonné ma maison,
quitté mon héritage ;
ce que je chérissais, je l’ai livré
aux mains de ses ennemis.
8 Mon héritage s’est comporté envers moi
comme un lion de la brousse,
il a poussé contre moi ses rugissements,
aussi l’ai-je pris en aversion.
9 Mon héritage serait-il un rapace bigarré,
que les rapaces l’encerclent de toutes parts ?v
Allez ! Rassemblez toutes les bêtes sauvages,
faites-les venir à la curée !
v Allusion aux incursions des Moabites, Ammonites et Édomites en Palestine après 602, cf. 2 R 24.1-2.
10 Des pasteurs en grand nombre ont saccagé ma vigne,
piétiné mon domaine,
réduit mon domaine préféré
en solitude désertique.
11 Ils en ont faitw une région désolée,
en deuil, désolée devant moi.
Tout le pays est désolé
et personne ne prend cela à cœur !
w « ils en ont fait » versions ; « il en a fait » hébr.
12 Sur tous les monts chauves du désert
sont arrivés des dévastateurs
(car Yahvé tient une épée dévorante) :
d’un bout du pays jusqu’à l’autre
il n’y a de paix pour aucune chair.
13 Ils ont semé du blé, ils moissonnent des épines :
ils se sont épuisés sans profit.
Ils ont honte de leurs récoltes,x
à cause de l’ardente colère de Yahvé.
x « leurs récoltes » mittebû ’oteykem conj. ; « vos récoltes » mittebû ’oteyhem hébr.
14 Ainsi parle Yahvé : C’est au sujet de tous mes mauvais voisins, qui ont touché à l’héritage que j’avais donné à mon peuple Israël ; voici, je vais les arracher de leur sol. (Mais la maison de Juda, je l’arracherai du milieu d’eux.)
13 Ainsi me parla Yahvé : « Va t’acheter une ceinture de lin et mets-la sur tes reins. Mais ne la trempe pas dans l’eau. »
y Action symbolique, cf. 18.1 ; Isa 20 ; Ez 4 ; 12 ; 24.15s, etc. Si elle n’est pas à interpréter comme une vision, elle doit se dérouler au wadi Fara, 6 km au nord d’Anatot (cf. la ville de Para, Jos 18.23) dont le nom évoque celui de l’Euphrate (en hébreu Perat). Le sens en tout cas est clair Israël, que Yahvé s’était attaché comme une ceinture aux reins (Ps 76.11), s’est détaché de lui et est allé pourrir au contact de l’idolâtrie babylonienne.
12 Tu leur diras aussi cette parole : Ainsi parle Yahvé, le Dieu d’Israël. « Toute cruche peut se remplir de vin ! » Et s’ils te répondent :z « Ne savons-nous pas que toute cruche peut se remplir de vin ? »
z « s’ils te répondent » grec ; « ils te répondront », hébr.
15 Écoutez, tendez l’oreille, plus d’orgueil :
c’est Yahvé qui parle !
16 Rendez gloire à Yahvé votre Dieu,
avant que ne viennent les ténèbres,
avant que vos pieds ne se heurtent
aux montagnes de la nuit.
Vous comptez sur la lumière,
mais il la réduira en obscurité,
il la changera en ombre épaisse.
17 Si vous n’écoutez pas cet avertissement,
je pleurerai en secret pour votre orgueil ;
mes yeux laisseront couler des larmes, ils verseront des larmes,
car le troupeau de Yahvé part en captivité.
18 Dis au roi et à la reine mère :
Asseyez-vous bien bas,
car elle est tombée de votre tête,
votre couronne de splendeur.
a Joiakîn ne régna que trois mois et fut déporté avec sa mère à Babylone en 598.
19 Les villes du Négeb sont bloquées :b
personne n’y donne accès !
Tout Juda est déporté,
déporté tout entier.
b Sans doute par les Édomites, dont les razzias ont été pratiquement incessantes depuis 602.
20 Lève les yeux et regardec
ceux qui arrivent du Nord.
Où est-il le troupeau qui te fut confié,
les brebis qui faisaient ta splendeur ?
c Avec le grec, qui ajoute « Jérusalem »; hébr. ketib « lève vos yeux et regarde »; qeré « levez vos yeux et regardez ».
21 Que diras-tu quand ils viendront te châtier,
toi qui les avais formés ?
Contre toi, en tête, viendront les familiers ;
alors les douleurs ne vont-elles pas te saisir
comme une femme en travail ?
22 Et si tu dis en ton cœur :
Pourquoi de tels malheurs m’arrivent-ils ?
C’est pour l’immensité de ta faute qu’on t’a relevé les robes,
qu’on t’a violentée.d
d Littéralement « on a violenté tes talons » euphémisme.
23 Un Éthiopien peut-il changer de peau ?
une panthère de pelage ?
Et vous, pouvez-vous bien agir,
vous les habitués du mal ?
24 Je vouse disperserai donc comme paille légère
au souffle du désert.
e « vous » conj. ; « les » hébr.
25 Tel est ton lot, la part qui t’est allouée.
Cela vient de moi — oracle de Yahvé —,
puisque c’est moi que tu as oublié
en te confiant au Mensonge.
26 Moi-même je remonte tes robes jusqu’à ton visage,
pour qu’on voie ton ignominie.
27 Oh ! Tes adultères et tes cris de plaisir,
ta honteuse prostitution !
Sur les collines et dans la campagne
j’ai vu tes Horreurs.f
Malheur à toi, Jérusalem, qui restes impure !
Combien de temps encore ?
f « Mensonge », v. 25, et « Horreurs » désignent toujours les faux dieux.
14 Parole de Yahvé qui fut adressée à Jérémie à l’occasion de la sécheresse.
g Sans doute sous Joiaqim. Le dialogue du prophète avec Yahvé emprunte des traits à une liturgie de lamentations (cf. Jl 1-2 ; Ps 74 et 79) description du fléau, 14.2-6 ; lamentation du peuple, 7-9 ; réponse de Yahvé, 10-12 ; plaidoyer de Jérémie, 13-16 ; nouvelle description du fléau, 17-18 ; nouvelle lamentation du peuple, 19-22 ; nouvelle réponse de Yahvé, 15.1-4. Mais à la confession collective comme à l’intercession de Jérémie, Yahvé oppose une réponse négative et ajoute à la menace de la famine celle de l’invasion.
2 Juda est dans le deuil
et ses villesh languissent :
elles s’abîment vers la terre,
le cri de Jérusalem s’élève.
h Littéralement « ses portes », cf. Dt 12.17 ; 16.5, etc.
3 Les riches envoient les petites gens chercher de l’eau :
ils arrivent aux citernes,
ils ne trouvent point d’eau,
ils reviennent avec leurs cruches vides.
Ils sont honteux et humiliés et se voilent la tête.
4 Parce que le sol est tout crevassé,
car la pluie manque au pays,
les laboureurs, honteux, se voilent la tête.
5 Même la biche, dans la campagne,
a mis bas et abandonné son petit,
tant l’herbe fait défaut ;
6 les onagres, dressés sur les hauteurs,
hument l’air comme des chacals :
leurs yeux s’obscurcissent
faute de verdure.
7 Si nos fautes parlent contre nous,
agis, Yahvé, pour l’honneur de ton Nom !
Oui, nombreuses furent nos rébellions,
nous avons péché contre toi.
8 Espoir d’Israël, Yahvé,i
son Sauveur en temps de détresse,
pourquoi es-tu comme un étranger en ce pays,
comme un voyageur qui fait un détour pour la nuit ?
i « Yahvé » 13 mss, grec, Vet. Lat. ; omis par TM.
9 Pourquoi ressembles-tu à un homme hébété,
à un guerrier incapable de sauver ?
Pourtant tu es au milieu de nous, Yahvé,
et nous sommes appelés par ton nom.
Ne nous délaisse pas !
10 Ainsi parle Yahvé au sujet de ce peuple : Ils aiment courir en tous sens, ils n’épargnent point leurs jambes ! Mais Yahvé ne les agrée pas ; maintenant il va se souvenir de leur faute et châtier leur péché.
11 Et Yahvé me dit : « N’intercède pas en faveur de ce peuple, pour son bonheur.
13 Et je répondis : « Ah ! Seigneur Yahvé ! Voici que les prophètes leur disent : Vous ne verrez pas l’épée, la famine ne vous atteindra pas ; mais je vous octroierai une paix véritable en ce lieu. »
14 Alors Yahvé me dit : « C’est le mensonge que ces prophètes prophétisent en mon nom ; je ne les ai pas envoyés, je ne leur ai rien ordonné, je ne leur ai point parlé. Visions de mensonge, divinations creuses, rêveries de leur cœur, voilà ce qu’ils vous prophétisent.
Ces prophètes qui prophétisent en mon nom, alors que je ne les ai pas envoyés, et qui racontent qu’il n’y aura en ce pays ni épée ni famine, eh bien ! c’est par épée et famine qu’ils disparaîtront, ces prophètes-là !
17 Tu leur diras cette parole :j
Que mes yeux versent des larmes,
jour et nuit sans tarir,
car d’une grande blessure est blessée la vierge fille de mon peuple,
d’une plaie très grave.
j Raccord rédactionnel qui introduit maladroitement ce qui suit.
18 Si je sors dans la campagne,
voici des victimes de l’épée ;
si je rentre dans la ville,
voici des torturés par la faim ;
tant le prophète que le prêtre
sillonnent le pays : ils ne comprennent plus !
19 — As-tu pour de bon rejeté Juda ?
Ou es-tu dégoûté de Sion ?
Pourquoi nous avoir frappés sans aucune guérison ?
Nous attendions la paix : rien de bon !
Le temps de la guérison : voici l’épouvante !
20 Nous connaissons, Yahvé, notre impiété,
la faute de nos pères :
oui, nous avons péché contre toi.
21 Pour l’honneur de ton Nom, cesse de rejeter.
Ne déshonore point le trône de ta gloire.k
Souviens-toi, ne romps pas ton alliance avec nous.
k Sion.
22 Parmi les Vanités des païens, en est-il qui fassent pleuvoir ?
Est-ce le ciel qui donne l’ondée ?
N’est-ce pas toi, Yahvé, notre Dieu ?
En toi nous espérons,
car c’est toi qui fais tout cela.
15 Yahvé me dit : Même si Moïse et Samuell se tenaient devant moi, je n’aurais pas pitié de ce peuple-là ! Chasse-les loin de moi : qu’ils s’en aillent !
l Les grands intercesseurs, cf. Ex 32.11 ; 1 S 7.8-12 ; Ps 99.6. La tradition postérieure leur adjoindra Jérémie lui-même, 2 M 15.14.
Qui est pour la peste, à la peste !
qui est pour l’épée, à l’épée !
qui est pour la famine, à la famine !
qui est pour la captivité, à la captivité !
3 Je vais préposer sur eux quatre sortes de choses — oracle de Yahvé : l’épée pour tuer ; les chiens pour traîner ; les oiseaux du ciel et les bêtes de la terre pour dévorer et détruire.
m Le principal responsable de la contamination idolâtrique qui affecta le culte yahviste durant près de trois quarts de siècle, cf. 2 R 21.
5 Qui donc a compassion de toi, Jérusalem ?
Qui donc te plaint ?
Qui donc fait un détour pour demander comment tu vas ?
n Ce poème a dû être prononcé juste avant le siège de 598.
6 Toi-même m’as repoussé — oracle de Yahvé —
tu m’as tourné le dos.
Alors, j’ai étendu la main contre toi et t’ai détruite :
Je suis fatigué de consoler !
7 Avec un van je les ai vannés,
aux portes du pays.
J’ai dépeuplé, j’ai anéanti mon peuple ;
de leurs voies, ils ne se détournent pas.
8 Leurs veuves sont devenues plus nombreuses
que le sable de la mer.
Sur la mère du jeune guerrier,
j’amène le dévastateur en plein midi,
je fais tomber sur elle, soudain,
terreur et épouvante.
9 Elle languit, la mère de sept fils,
elle défaille.
Son soleil s’est couché avant la fin du jour :
la voilà honteuse et consternée ;
et ce qui reste d’eux, je le livrerai à l’épée,
face à leurs ennemis, oracle de Yahvé.
10 Malheur à moi, ma mère, car tu m’as enfanté
homme de querelle et de discorde pour tout le pays !
Jamais je ne prête ni n’emprunte,
pourtant tout le monde me maudit.
o Nouveau dialogue avec Dieu (cf. 11.8—12.5), qui atteste une crise intérieure au milieu du ministère du prophète. Ici, comme en 12.5, Yahvé, loin d’apaiser la détresse de Jérémie, la condamne comme « vile » et exige du prophète une nouvelle « conversion », qu’il sanctionne en renouvelant, presque dans les mêmes termes, les ordres et les promesses de la vocation, vv. 19-20 ; cf. 1.9, 17-19. Sur ces « confessions de Jérémie », 11.18—12.6 ; 15.10-21 ; 17.14-18 ; 18.18-23 ; 20.7-18, voir l’Introduction.
11 En vérité, Yahvé, ne t’ai-je pas servi de mon mieux ?
Ne t’ai-je pas supplié
au temps du malheur et de la détresse ?p
p « En vérité » ’amen grec ; « (Yahvé) dit » ’amar hébr. — « servi » sherattika conj. ; « fortifié » sharatika hébr. ketib ; « dégagé » sherîtîka qeré. — L’hébr. ajoute à la fin du v. « l’ennemi » qui peut être une glose expliquant le « temps du malheur ». — Ce v. est très obscur. En suivant le grec, on le met dans la bouche de Jérémie, ce qui s’accorde mieux avec le contexte. L’hébr. pourrait à la rigueur se traduire « Yahvé dit Ne t’ai-je pas délivré pour ton bien ? N’ai-je pas fait que l’ennemi vienne t’implorer, au temps du malheur et de la détresse ? » En ce cas, il faudrait sans doute comprendre le v. 12 non pas comme une menace contre Israël, en le liant à ce qui suit, mais comme une promesse de donner à Jérémie la solidité du bronze (cf. 1.18 ; 15.20), en le rattachant au v. 11.
12 q Le fer brisera-t-il le fer du Nord et le bronze ?
q Les vv. 12-14 (ou 13-14, cf. note précédente), en grande partie doublet de 17.3-4, sont ici hors de leur contexte.
13 Ta richesse et tes trésors, je vais les livrer au pillage, sans contrepartie,
à cause de tous les péchés, sur tout ton territoire.
14 Je te rendrai esclave de tes ennemisr
dans un pays que tu ne connais pas,
car ma fureur a allumé un feu
qui va brûler sur vous.
r Avec plusieurs mss hébr., grec, syr. et Vet. Lat., et en accord avec 17.4 ; hébr. « je ferai passer tes ennemis ».
15 Toi, tu le sais, Yahvé !
Souviens-toi de moi, visite-moi
et venge-moi de mes persécuteurs.
Dans la lenteur de ta colère ne m’entraîne pas.
Reconnais que je subis l’opprobre pour ta cause.
16 Quand tes paroles se présentaient, je les dévorais :
ta parole était mon ravissement
et l’allégresse de mon cœur.
Car c’est ton Nom que je portais,s
Yahvé, Dieu Sabaot.
s Expression employée à propos du Temple, 7.10s ; cf. 1 R 8.43.
17 Jamais je ne m’asseyais dans une réunion de railleurst
pour m’y divertir.
Sous l’emprise de ta main, je me suis tenu seul,
car tu m’avais empli de colère.
t Railleurs, riches et orgueilleux vont de pair c’est la catégorie maudite par les psaumes, les écrits sapientiaux et l’Évangile, Lc 6.25 ; Mt 5.3s.
18 Pourquoi ma souffrance est-elle continue,
ma blessure incurable, rebelle aux soins ?
Vraiment tu es pour moi comme un ruisseau trompeur
aux eaux décevantes !
19 Alors Yahvé répondit :
Si tu reviens, et que je te fais revenir,u
tu te tiendras devant moi.
Si de ce qui est vil tu tires ce qui est noble,
tu seras comme ma bouche.
Eux reviendront vers toi,
mais toi, tu n’as pas à revenir vers eux !
u Expression typique du style jérémien, cf. 17.14 ; 20.7. Le prophète souligne ainsi le lien très étroit entre action humaine et action divine. On peut également traduire « Si tu reviens, je te ferai revenir », cf. de même 1.17 ; c’est la même idée mais avec une insistance plus nette sur la bonne volonté de l’homme rendant possible l’action de Dieu sur lui. Inversement, l’homme doit reconnaître que si Dieu n’agit pas en lui, il ne peut rien, cf. 31.18.
20 Je ferai de toi, pour ce peuple-là,
un rempart de bronze fortifié.
Ils lutteront contre toi
mais ne pourront rien contre toi,
car je suis avec toi
pour te sauver et te délivrer,
oracle de Yahvé.
21 Je veux te délivrer de la main des méchants
et te racheter de la poigne des violents.
16 La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes :
v Non seulement des actions symboliques, cf. 18.1, soulignent la prédication des prophètes, mais parfois leur vie même devient symbole et signe, cf. Os 1 et 3 Isa 8.18 ; Ez 24.15-24.
w L’absence de rites funéraires et de sépulture représente une terrible malédiction, 22.18-19 ; 1 R 14.11 ; Ez 29.5.
5 Oui, ainsi parle Yahvé : N’entre pas dans une maison où l’on fait le deuil, ne va pas pleurer ni plaindre les gens, car j’ai retiré ma paix de ce peuple — oracle de Yahvé — ainsi que la pitié et la miséricorde.
x Rites funèbres, interdits par la Loi, cf. Lv 19.27-28 ; Dt 14.1, mais pourtant pratiqués en Israël, 7.29 ; 41.5.
y « le pain » grec ; « pour eux » hébr. — « pour qui est dans le deuil » Vulg. ; « pour le deuil » hébr. — « lui (offrira) » grec ; « leur » hébr. — Il s’agit du repas funèbre.
8 N’entre pas non plus dans une maison où l’on festoie, pour t’asseoir avec eux à manger et à boire.
10 Quand tu auras annoncé à ce peuple toutes ces paroles et qu’on te demandera : « Pourquoi Yahvé a-t-il proclamé contre nous tout cet immense malheur ? Quelle est notre faute ? Quel péché avons-nous commis contre Yahvé notre Dieu ? »
z « Servir d’autres dieux » vieille locution qui signifie parfois « être exilé » (1 S 26.19 ; cf. 2 R 5.17) hors de la Palestine considérée comme le seul territoire de Yahvé.
14 Aussi, voici venir des jours — oracle de Yahvé — où l’on ne dira plus : « Yahvé est vivant, qui a fait monter les Israélites du pays d’Égypte ! »,
16 Voici : Je vais envoyer quantité de pêcheurs — oracle de Yahvé — qui les pêcheront ; puis j’enverrai quantité de chasseurs qui les chasseront de toute montagne, de toute colline et des creux des rochers.
a Prophétie prononcée avant 598.
b Horreurs et Abominations les faux dieux, qui souillent la terre sainte comme autant de cadavres, cf. Lv 18.25s ; 26.30.
19 Yahvé, ma force et ma forteresse,
mon refuge au jour de détresse !
À toi viendront les nations
des extrémités de la terre. Elles diront :
Nos pères n’ont eu en héritage que Mensonge,
Vanité qui ne sert à rien.
c Ce morceau, proche du Second Isaïe, n’est probablement pas du prophète Jérémie.
20 Un homme pourrait-il se fabriquer des dieux ?
Mais ce ne sont pas des dieux !
21 Voici donc, je vais leur faire connaître,
cette fois-ci, je leur ferai connaître
ma main et ma puissance,
et ils sauront que mon Nom est Yahvé.
17 Le péché de Juda est écrit
avec un stylet de fer,
avec une pointe de diamant il est gravé
sur la tablette de leur cœur
et aux cornes de leurs autels,e
d Les vv. 1-4 manquent dans le grec.
e « leurs autels » Vulg. ; « les autels » hébr.
2 car leurs fils se souviennent
de leurs autels et de leurs pieux sacrés,f
près des arbres verts, sur les collines élevées.
f Littéralement « leurs ashéras », cf. Ex 34.13 ; Jg 2.13.
3 Ô ma montagne dans la plaine,
ta richesse et tous tes trésors,
je vais les livrer au pillage
à cause du péché de tes hauts lieuxg
sur tout ton territoire.
g Cf. 15.13. Nous transposons « à cause du péché de » avant « tes hauts lieux »; intervertis dans l’hébr.
4 Tu devras te dessaisirh de ton héritage
que je t’avais donné ;
je te rendrai esclave de tes ennemis
dans un pays que tu ne connais pas.
Car le feu de ma colère que vous avez allumé
brûlera pour toujours.i
h « te dessaisir », litt. « relâcher ta main », yadeka conj. ; « relâcher et par toi » ûbeka hébr.
i Variante par rapport à 15.14.
5 Ainsi parle Yahvé :
Maudit l’homme qui se confie en l’homme,
qui fait de la chair son appui
et dont le cœur s’écarte de Yahvé !
6 Il est comme un chardon dans la steppe :
il ne ressent rienj quand arrive le bonheur,
il se fixe aux lieux brûlés du désert,
terre salée où nul n’habite.
j Littéralement « il ne voit rien », verbe graphiquement très semblable à celui qui est employé dans le parallèle du v. 8, « il ne redoute rien », ce qui a entraîné pour ce dernier une erreur de vocalisation.
7 Béni l’homme qui se confie en Yahvé
et dont Yahvé est la foi.
8 Il ressemble à un arbre planté au bord des eaux,
qui tend ses racines vers le courant :
il ne redoute rien quand arrive la chaleur,
son feuillage reste vert ;
dans une année de sécheresse
il est sans inquiétude
et ne cesse pas de porter du fruit.
9 Le cœur est rusé plus que tout,
et pervers, qui peut le pénétrer ?
10 Moi, Yahvé, je scrute le cœur,
je sonde les reins,
pour rendre à chacun d’après sa conduite,
selon le fruit de ses œuvres.
11 Une perdrix couve ce qu’elle n’a pas pondu.
Ainsi celui qui se fait des richesses injustes :
au milieu de ses jours elles l’abandonnent
et en fin de compte il n’est qu’un insensé.
12 Un trône glorieux, sublime dès l’origine,
tel est notre lieu saint.
k Ces deux vv. ne semblent pas être de Jérémie cf. 7.1-15.
13 Espoir d’Israël, Yahvé,
tous ceux qui t’abandonnent seront honteux,
ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre,l
car ils ont abandonné la source d’eaux vives, Yahvé.
l « (Ceux qui se détournent) de toi » conj. ; « de moi » hébr. — « inscrits dans la terre », c’est-à-dire au shéol, parmi les morts.
14 Guéris-moi, Yahvé, et je serai guéri,
sauve-moi et je serai sauvé,
car tu es ma louange !
15 Les voici qui me disent :
Où est-elle, la parole de Yahvé ? Qu’elle s’accomplisse donc !m
m Les menaces de Jérémie ne se réalisent pas. On est donc avant 598.
16 Pourtant je ne t’ai pas poussé au pire,n
je n’ai pas désiré le jour fatal,
toi, tu le sais ;
ce qui sort de mes lèvres est à découvert devant toi.
n « (je ne t’ai pas poussé) au pire » litt. « je ne me suis pas pressé derrière toi pour le malheur » (lera`ah) conj. ; « je ne me suis pas pressé plus qu’un berger (mero`eh) derrière toi » hébr.
17 Ne sois pas pour moi une cause d’effroi,
toi, mon refuge au jour du malheur.
18 Qu’ils soient honteux, mes persécuteurs, et que je ne sois pas honteux, moi !
Qu’ils soient effrayés, eux, et que je ne sois pas effrayé, moi !
Fais venir sur eux le jour du malheur,
brise-les, brise-les deux fois !
19 Ainsi m’a parlé Yahvé : Va te poster à la porte des Enfants du peuple, par où entrent et sortent les rois de Juda, et à toutes les portes de Jérusalem.
o L’importance donnée ici au sabbat, inhabituelle chez Jérémie, fait généralement rejeter l’authenticité de ce passage.
18 Parole qui fut adressée à Jérémie par Yahvé en ces termes :
p D’après le v. 12, cette parabole en action se situe avant l’arrivée du malheur, donc avant 598. — Déjà les anciens prophètes, ainsi Samuel, 1 S 15.27-28, Ahiyya de Silo, 1 R 11.29-33 (ou le faux prophète Sédécias, 1 R 22.11-12), accompagnaient leur prophétie de gestes symboliques, non pas tant par un besoin d’expressivité que par l’exigence d’un réalisme religieux un lien est établi entre le geste significatif et la réalité dont il est le signe, en sorte que la réalité annoncée est désormais aussi irrévocable que le geste accompli. Ce procédé se retrouve chez les grands prophètes chez Osée dont toute la mission se confond avec une action symbolique qui est son drame personnel, Os 1-3 ; plus rarement chez Isaïe, cf. pourtant Isa 20 et les noms symboliques qu’il donne à ses enfants, Isa 7.3 (cf. 10.21) ; Isa 8.1-4, 18 ; cf. 1.16. Jérémie accomplit ou interprète beaucoup de gestes symboliques déjà la branche d’amandier et la marmite, 1.11-14 ; la ceinture cachée à l’Euphrate, 13.1-11 (bien que cette action semble n’avoir été accomplie qu’en vision) ; le potier, 18.1-12 ; la cruche, 19 ; les figues, 24 ; le joug, 27-28 ; le champ acheté, 32. On peut ajouter que sa vie même est un symbole, 16.1-8, et que sa « passion » (bien qu’il ne le souligne pas) l’identifie par avance à la nation châtiée, faisant de lui comme une figure du Serviteur souffrant, cf. Isa 42.1. Plus tard, Ézéchiel accomplira encore des gestes symboliques la brique assiégée, Ez 4.1-3 ; la nourriture rationnée, 4.9-17 ; les cheveux, 5 ; le mime du déporté, 12.1-20 ; la marmite, 24.3-14 ; les deux bâtons, 37.15-28, et, à la manière d’Osée, il interprétera comme des événements symboliques ses propres épreuves la maladie, 4.4-8, la mort de sa femme, 24.15-24, le mutisme et sa guérison, 24.27 ; 33.22. Des actions symboliques se retrouvent encore dans le NT le figuier maudit par le Seigneur, Mt 21.18-19p, la prophétie d’Agabus, Ac 21.10-14.
q Littéralement « aux deux roues » le tour était formé de deux plateaux circulaires, montés sur un essieu vertical, et que l’artisan faisait mouvoir avec les pieds.
r « comme (cela arrive à) l’argile » kahomer, d’après quelques mss ; « avec l’argile » bahomer TM.
13 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé :
Enquêtez donc chez les nations,
qui entendit rien de pareil ?
Elle a commis trop d’horreurs,
la Vierge d’Israël.
s Le rédacteur a inséré ici, en commentaire de 18.12, ce développement caractéristique des débuts de Jérémie, cf. 2.10-32, mais bien en situation sous Joiaqim, alors que l’idolâtrie a refleuri.
14 La neige du Liban abandonne-t-elle
le rocher de la campagne ?
Tarissent-elles, les eaux des pays étrangers,
les eaux fraîches et courantes ?t
t « tarissent-elles » ’im yinnashetû conj. ; « sont-elles arrachées » ’im yinnateshû hébr. — Le texte de tout ce v. est incertain et on en a proposé diverses corrections ; au lieu de « de la campagne » (saday), Aquila lit « du Tout-Puissant » (Shadday) ; à la place de « les eaux des pays étrangers (litt. « étrangères »), fraîches », on propose parfois de lire, avec une légère correction « les sources d’Égypte », mais ce n’est qu’une conjecture que n’appuie aucun témoin ancien du texte. — Ces eaux étrangères peuvent représenter les grands fleuves de Mésopotamie et d’Égypte.
15 Or mon peuple m’a oublié !
Au Néant ils offrent l’encens ;
on les fait trébucher dans leurs voies,u
dans les sentiers de jadis,
pour prendre des chemins,
une route non tracée ;
u Les chefs du peuple l’ont égaré — à moins qu’il ne faille lire avec le grec « ils (les gens du peuple) ont trébuché ».
16 pour faire de leur pays un objet de stupeur,
une dérision perpétuelle.
Quiconque y passe est stupéfait
et hoche la tête.
17 Tel le vent d’Orient, je les disperserai face à l’ennemi.
C’est mon dos et non ma face que je leur montreraiv
au jour de leur ruine.
v Littéralement « je leur ferai voir », versions ; « je les verrai » hébr.
18 Ils ont dit : « Venez ! Machinons un attentat contre Jérémie, car la Loi ne périra pas faute de prêtre, ni le conseil faute de sage, ni la parole faute de prophète.w Venez ! Dénigrons-le et ne prêtons attention à aucune de ses paroles. »
w L’activité normale des trois catégories de chefs spirituels, prêtres, sages et prophètes, ne sera pas arrêtée par la disparition d’un trublion.
19 Prête-moi attention, Yahvé,
et entends ce que disent mes adversaires.
20 Rend-on le mal pour le bien ?
Or ils creusent une fosse à mon intention.
Rappelle-toi comme je me suis tenu devant toi
pour te dire du bien d’eux,
pour détourner loin d’eux ta fureur.
21 Abandonne donc leurs fils à la famine,
livre-les à la merci de l’épée !
Que leurs femmes deviennent stériles et veuves !
Que leurs maris meurent de la peste !
Que leurs jeunes soient frappés de l’épée, au combat !
22 Qu’on entende des cris sortir de leurs maisons,
quand, soudain, tu amèneras contre eux des bandes armées.
Car ils ont creusé une fosse pour me prendre
et sous mes pas camouflé des pièges.
23 Mais toi, Yahvé, tu connais
tout leur dessein meurtrier contre moi.
Ne pardonne pas leur faute,
n’efface pas leur péché de devant toi.
Qu’ils s’effondrent devant toi,
au temps de ta colère, agis contre eux !
19 Ainsi parle Yahvé : Va t’acheter une cruche de potier. Prends avec toiy des anciens du peuple et des anciens des prêtres.
x Ce morceau ne semble pas d’une seule venue. Il comprend : 1° une action symbolique qui a lieu, devant quelques témoins, près de la porte des Tessons et qui est commentée ensuite au Temple, d’où les démêlés avec Pashehur : 19.1, 2, 10-11, 14-15 ; 20.1-6 ; l’événement doit se situer vers 605, avant les faits racontés au chap. 36 ; 2° un discours prononcé à Tophèt et adressé aux rois de Juda et aux habitants de Jérusalem 19.2a, 3-9, 11b-13 ; il reprend de vieux thèmes jérémiens, redevenus actuels sous Joiaqim ; il fait allusion, v. 7, au morceau précédent.
y « Prends avec toi » syr., Targ. ; omis par hébr.
z La porte des Tessons ou porte de la Poterie ne peut être située avec certitude. La direction donnée (Géhenne) fait penser qu’elle pouvait se trouver à l’est de la porte du Fumier, peut-être non loin du « jardin du roi », cf. 39.4, mais on a parfois aussi voulu identifier ces deux portes.
a « Vider », baqaq, fait jeu de mots avec « cruche », baqbuq.
10 Tu briseras cette cruche sous les yeux des gens qui t’auront accompagné
On enterrera à Tophèt faute de place pour enterrer.
b Impureté due aux cadavres, Lv 18.25s ; 26.30.
14 Jérémie revint de Tophèt où Yahvé l’avait envoyé prophétiser, il se posta dans le parvis du Temple de Yahvé et dit à tout le peuple :
20 Or le prêtre Pashehur, fils d’Immer, qui était le chef de la police dans le Temple de Yahvé, entendit Jérémie qui proférait cet oracle.
7 Tu m’as séduit, Yahvé, et je me suis laissé séduire ;
tu m’as maîtrisé, tu as été le plus fort.c
Je suis prétexte continuel à la moquerie,
la fable de tout le monde.
c Ces images de séduction et de lutte marquent l’emprise de Yahvé sur le prophète. Ce dernier semble ici se rebeller contre un Dieu qu’il tient pour responsable de son malheur. L’expression d’un tel désespoir est rare dans la Bible (cf. pourtant Jb 3.1s ; Ps 88). Mais Jérémie garde la certitude que Yahvé est le Dieu de la Grâce, et, au cœur même de son angoisse, il pousse un cri d’espérance, vv. 11-13.
8 Chaque fois que j’ai à parler, je dois crier
et proclamer : « Violence et dévastation ! »
La parole de Yahvé a été pour moi
source d’opprobre et de moquerie tout le jour.
9 Je me disais : « Je ne penserai plus à lui,
je ne parlerai plus en son Nom »;
mais c’était en mon cœur comme un feu dévorant,
enfermé dans mes os.
Je m’épuisais à le contenir,
mais je n’ai pas pu.
10 J’entendais les calomnies de beaucoup :
« Terreur de tous côtés !d
Dénoncez ! Dénonçons-le ! »
Tous ceux qui étaient en paix avec moi
guettaient ma chute :
« Peut-être se laissera-t-il séduire ?
Nous serons plus forts que lui
et tirerons vengeance de lui ! »
d Expression chère à Jérémie, et que ses adversaires auront parodiée, cf. 6.25 ; 20.3 ; 46.5 ; 49.29.
11 Mais Yahvé est avec moi comme un héros puissant ;
mes adversaires vont trébucher, vaincus :
les voilà tout confus de leur échec ;
honte éternelle, inoubliable.
12 Yahvé Sabaot, qui scrutes le justee
et vois les reins et le cœur,
je verrai la vengeance que tu tireras d’eux,
car c’est à toi que j’ai exposé ma cause.
e Ou bien « avec justice », si l’on suit 2 mss hébr., syr., arabe. Cf. 11.20.
13 Chantez Yahvé,
louez Yahvé,
car il a délivré l’âme du malheureuxf
de la main des malfaisants.
f Le malheureux (’ebiôn), ou le pauvre (`anaw), cf. 22.16, avec ici un sens religieux éprouvé au milieu des hommes, confiant en Dieu. Les « pauvres de Yahvé », cf. So 2.3, seront la postérité spirituelle de Jérémie.
14 Maudit soit le jour où je suis né !
Le jour où ma mère m’enfanta, qu’il ne soit pas béni !g
g Jérémie, appelé dès le sein de sa mère, 1.5, maudit le jour de sa naissance. Cette malédiction, qui sera reprise par Jb 3, marque le point extrême de la détresse intérieure du prophète.
15 Maudit soit l’homme qui annonça à mon père cette nouvelle :
« Un fils, un garçon t’est né ! »
et le combla de joie.
16 Que cet homme soit pareil aux villes
que Yahvé a renversées sans pitié ;
qu’il entende le cri d’alarme au matin
et le cri de guerre en plein midi,
17 car il ne m’a pas fait mourir dès le sein,
pour que ma mère soit un tombeau
et que ses entrailles me portent à jamais.
18 Pourquoi donc suis-je sorti du sein ?
Pour voir tourment et peine
et finir mes jours dans la honte.
21 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, quand le roi Sédécias lui envoya Pashehur, fils de Malkiyya, et le prêtre Çephanya, fils de Maaséya, pour lui dire :
h C’est un épisode du siège de Jérusalem en 588. Il a pu être placé ici à cause du contraste entre le Pashehur du v. 1 et celui de 20.1. Le grec présente plusieurs omissions.
8 Et à ce peuple tu diras : « Ainsi parle Yahvé. Voici, je place devant vous le chemin de la vie et le chemin de la mort.
11 À la Maison royale de Juda.i Écoutez la parole de Yahvé,
i Ce titre (cf. 23.9) couvre la section 21.11 — 23.8 et indique un recueil qui a pu exister séparément.
Rendez chaque matin droite justice
et tirez l’exploité des mains de l’oppresseur.
Sinon ma fureur va jaillir comme un feu
et brûler, sans personne pour l’éteindre,
à cause de la méchanceté de vos actions.
13 C’est à toi que j’en ai, toi qui habites la vallée,
Roc-dans-la-plainej
— oracle de Yahvé —,
ô vous qui dites : « Qui oserait fondre sur nous
et pénétrer en nos repaires ? »
j Jérusalem est ici interpellée, avec sa vallée (Cédron ou Tyropéon), et le roc qui la domine, l’Ophel, socle du palais royal. L’image de la forêt (v. 14) est reprise en 22.6s, où elle s’applique aux bois précieux du palais, cf. 1 R 7.2.
14 Je vous châtierai comme le méritent vos actions — oracle de Yahvé.
Je mettrai le feu à sa forêt
et il dévorera tous ses alentours !
22 Ainsi parle Yahvé : Descendsk au palais du roi de Juda ; là, tu prononceras cette parole :
k Du Temple, qui dominait le palais, cf. 26.10 ; 36.12.
6 Oui, ainsi parle Yahvé au sujet du palais du roi de Juda :
Tu es pour moi Galaad
et la cime du Liban.
Pourtant je vais te réduire en désert,
en villes inhabitées.
7 Je vouel contre toi des destructeurs,
chacun avec ses armes ;
ils abattront les plus beaux de tes cèdres
et les jetteront au feu.
l Littéralement « je sanctifie », cf. 6.4.
8 Et quand des nations nombreuses passeront près de cette ville, les gens se diront entre eux : « Pourquoi Yahvé a-t-il traité de la sorte cette grande cité ? »
10 Ne pleurez pas celui qui est mort,
ne le plaignez pas.
Pleurez plutôt celui qui est parti,
car il ne reviendra plus,
il ne verra plus son pays natal.m
m « celui qui est mort » Josias, tué en 609, cf. 2 R 23.29 ; « celui qui est parti » Joachaz (appelé aussi Shallum, v. 11), déporté en Égypte la même année, cf. 2 R 24.33-34.
11 Car ainsi a parlé Yahvé au sujet de Shallum, fils de Josias, roi de Juda, qui régna à la place de son père Josias et dut quitter ce lieu : il n’y reviendra plus,
13 Malheur à qui bâtit sa maison sans la justice
et ses chambres hautes sans le droit,
qui fait travailler son prochain pour rien
et ne lui verse pas de salaire,
14 qui se dit : « Je vais me bâtir un palais spacieux
avec de vastes chambres hautes »,
qui y perce des ouvertures,
le recouvre de cèdre et le peint en rouge.
15 Règnes-tu parce que tu as la passion du cèdre ?
Ton père ne mangeait-il et ne buvait-il pas ?
Mais il pratiquait le droit et la justice !
Alors, pour lui tout allait bien.
16 Il jugeait la cause du pauvre et du malheureux.
Alors, tout allait bien.
Me connaître, n’est-ce pas cela ?
— oracle de Yahvé —
17 Mais rien ne captive tes yeux et ton cœur
sinon ton intérêt propre,
le sang innocent à répandre,
oppression et violence à perpétrer.
18 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé
au sujet de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda.
Pour lui, point de lamentation :
« Hélas ! mon frère ! Hélas ! ô sœur ! »
Pour lui, point de lamentation :
« Hélas ! Seigneur ! Hélas ! sa Majesté ! »
19 Il sera enterré comme on enterre un âne !
Il sera traîné et jeté
loin des portes de Jérusalem !
20 Monte sur le Liban pour crier,
sur le Bashân donne de la voix,
crie du haut des Abarim,o
car tous tes amantsp sont écrasés !
n Jérémie s’adresse d’abord à Jérusalem personnifiée, vv. 20-23, et interprète durement les événements de 598 sur lesquels elle se lamente.
o Le Liban au nord ; le Bashân, au nord-est, au-delà du Jourdain (cf. Dt 3.10) ; les Abarim, à l’est, avec pour sommet le mont Nébo (Nb 33.47).
p Non point ici les faux dieux, cf. 3.13, ni les alliés, cf. 4.30, mais les rois et les chefs de Juda, cf. v. 22.
21 Je t’ai parlé au temps de ta sécurité ;
tu as dit : « Je n’écouterai pas ! »
Ce fut ton comportement depuis ta jeunesse
de ne pas écouter ma voix.
22 Tous tes pasteurs, le vent les enverra paître
et tes amants partiront en exil.
Oui, tu seras alors honteuse et rougissante
de toute ta perversité.
23 Toi qui as établi ta demeure sur le Liban,
ton nid parmi les cèdres,
comme tu vas gémirq quand des douleurs te viendront,
des affres, comme à celle qui accouche !
q Avec grec, syr., Vulg. L’hébr. porte le passif, inusité, du verbe « faire grâce », qui pourrait à la rigueur se traduire « comme tu seras pitoyable ».
24 Par ma vie — oracle de Yahvé —, même si Konias,r fils de Joiaqim, roi de Juda, était un anneau à ma main droite, je t’arracherais de là !
r Autre nom de Joiakîn.
28 Est-ce un ustensile vil et cassé
cet homme, ce Konias,
est-ce un objet dont personne ne veut ?
Pourquoi sont-ils chassés, lui et sa race,
jetés dans un pays qu’ils ne connaissaient point ?
29 Terre ! terre ! terre !
écoute la parole de Yahvé.
30 Ainsi parle Yahvé :
Inscrivezs cet homme : « Sans enfants,
quelqu’un qui n’a pas réussi en son temps. »
Car nul de sa race ne réussira
à siéger sur le trône de Davidt
et à dominer en Juda.
s Sur les registres généalogiques des rois, cf. Isa 4.3.
t De fait Zorobabel, petit-fils de Joiakîn, ne fut que gouverneur de Juda au retour de l’Exil.
23 Malheur aux pasteurs qui perdent et dispersent les brebis de mon pâturage — oracle de Yahvé !
5 Voici venir des jours — oracle de Yahvé —
où je susciterai à David un germe juste ;u
un roi régnera et sera intelligent,
exerçant dans le pays droit et justice.
u « Germe » sera un jour un nom propre, désignation du Messie, cf. Za 3.8 ; 6.12.
6 En ses jours, Juda sera sauvé
et Israël habitera en sécurité.
Voici le nom dont on l’appellera :
« Yahvé-notre-Justice. »v
v Ce nom symbolique donné au Messie, cf. Isa 1.26, fait contraste avec celui de Sédécias, qui signifie « Yahvé-ma-justice ».
7 Aussi voici venir des jours — oracle de Yahvé — où l’on ne dira plus : « Yahvé est vivant, qui a fait monter les Israélites du pays d’Égypte »,
pour qu’ils demeurent sur leur propre sol. »
w « il les avait » grec ; « je les avais » hébr.
9 Sur les prophètes.x
Mon cœur en moi est brisé,y
je tremble de tous mes membres.
Je suis comme un homme ivre,
comme quelqu’un que le vin a dompté,
à cause de Yahvé et de ses paroles saintes.
x Titre (comme 21.11) d’un livret composite et surchargé, vv. 9-40. Le premier morceau, vv. 9-12, où Jérémie semble découvrir la perversité des faux prophètes, pourrait dater du temps de Josias. Les morceaux suivants conviennent aussi bien au temps de Joiaqim qu’à celui de Sédécias. Sur cette polémique contre les faux prophètes, voir l’Introduction.
y C’est ici Jérémie qui parle, mais aux vv. 10-12 la parole est à Yahvé lui-même.
10 Car le pays est rempli d’adultères ;
oui, à cause d’une malédiction, le pays est en deuil
et les pacages du désert sont desséchés ;
les hommes courent au mal,
ils dépensent leur force pour l’injustice.
11 Oui, même le prophète et le prêtre sont des impies,
jusqu’en ma Maison j’ai trouvé leur iniquité,
oracle de Yahvé.
12 Aussi leur voie va se changer pour eux en fondrière ;
engagés là, dans les ténèbres,
ils y culbuteront.
Car je vais amener sur eux un malheur,
l’année de leur châtiment,
oracle de Yahvé.
13 Chez les prophètes de Samarie,
j’ai vu l’insanité ;
ils prophétisaient au nom de Baal
et égaraient mon peuple Israël.
14 Mais chez les prophètes de Jérusalem,
j’ai vu l’horreur :
l’adultère, l’obstination dans le mensonge,
le soutien donné aux méchants
pour que nul ne revienne de sa méchanceté.
Ils sont tous pour moi comme Sodome
et ses habitants comme Gomorrhe !
15 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot contre les prophètes :
Voici, je vais leur faire manger de l’absinthe
et leur faire boire de l’eau empoisonnée,
car, venant des prophètes de Jérusalem,
l’impiété s’est répandue dans tout le pays.
16 Ainsi parle Yahvé Sabaot :
N’écoutez pas les paroles de ces prophètes qui vous prophétisent ;
ils vous dupent,
ils débitent les visions de leur cœur,
rien qui vienne de la bouche de Yahvé ;
17 ils osent dire à ceux qui me méprisent :
« Yahvé a parlé ; vous aurez la paix ! »
et à tous ceux qui suivent l’obstination de leur cœur :
« Aucun mal ne vous arrivera ! »
18 Mais qui donc a assisté au conseil de Yahvé pour voir et entendre sa parole ?
Qui a fait attention à sa parole et l’a entendue ?z
z Ce v. est peut-être une glose sur le v. 22, mal insérée.
19 Voici un ouragan de Yahvé, sa fureur qui éclate,
un ouragan se déchaîne,
sur la tête des impies, il fait irruption ;
20 la colère de Yahvé ne se détournera pas
qu’il n’ait accompli et réalisé
les desseins de son cœur :
à la fin des jours, vous comprendrez cela clairement !
21 Je n’ai pas envoyé ces prophètes,
et ils courent !
Je ne leur ai rien dit,
et ils prophétisent !
22 S’ils avaient assisté à mon conseil,
ils auraient fait entendre mes paroles à mon peuple,
ils les auraient fait revenir de leur voie mauvaise
et de la perversité de leurs actions !a
a Sur les critères du vrai prophétisme, voir l’Introduction, pp. 1263-1264.
23 Ne serais-je un Dieu que de près — oracle de Yahvé —,
de loin ne serais-je plus un Dieu ?
24 Un homme peut-il se terrer dans des
lieux cachés
sans que je le voie ? — oracle de Yahvé.
Est-ce que le ciel et la terre
je ne les remplis pas ? — oracle de Yahvé.
25 J’ai entendu comment parlent les prophètes qui prophétisent en mon nom le mensonge en disant : « J’ai eu un songe ! J’ai eu un songe ! »b
b Certes les songes peuvent être le moyen d’une communication divine, Nb 12.6 ; mais il faut en discerner le contenu et l’origine.
Qu’ont de commun la paille et le froment ?
— oracle de Yahvé.
29 Ma parole n’est-elle pas comme un feu ?
— oracle de Yahvé.
N’est-elle pas comme un marteau qui fracasse le roc ?
30 Aussi vais-je m’en prendre aux prophètes — oracle de Yahvé — qui se dérobent mutuellement mes paroles.
33 Et quand ce peuple, ou un prophète, ou un prêtre, te demandera : « Quel est le fardeau de Yahvé ? » tu leur répondras : « C’est vous le fardeau, vous dont je vais me délester, oracle de Yahvé ! »c
c « C’est vous le fardeau » grec ; « Quel fardeau » hébr. (vocalisation et coupure des mots fautives). — Jérémie refuse le terme reçu massa’ , « fardeau », « charge » et, au sens figuré, « oracle » (pesant sur quelqu’un), cf. Isa 13.1 ; 14.28 ; 19.1 ; Za 9.1 ; 12.1 ; Ml 1.1.
34 Et le prophète, le prêtre ou celui du peuple qui dira : « Fardeau de Yahvé », je le visiterai cet homme-là, ainsi que sa maison.
d Avec les versions et 5 mss hébr. ; ce verbe (en hébr. nasa’ d’où vient massa’) continue le jeu de mots avec fardeau. Le TM a le verbe nashah « oublier » ou « prêter à gage ».
24 Voilà que Yahvé me fit voir deux corbeilles de figues disposées devant le sanctuaire de Yahvé.f C’était après que Nabuchodonosor, roi de Babylone, eut emmené captifs, loin de Jérusalem, Jékonias, fils de Joiaqim, roi de Juda, ainsi que les princes de Juda, les forgerons et les serruriers, et qu’il les eut amenés à Babylone.
e La vision, cf. 13.1, rappelle celle d’m Amos, 8.1-2. On peut la dater d’environ 593, sous Sédécias. Au jugement de Jérémie, cf. encore 29.1-23, correspond celui d’Ézéchiel Ez 11.14-21 c’est parmi les exilés que Dieu va se refaire un peuple qui le cherche, cf. Isa 4.3.
f « disposées » grec ; « désignées » hébr. — Les paysans apportaient au Temple les prémices de leurs récoltes.
g Peut-être les compagnons de captivité de Joachaz, 2 R 23.34, peut-être des Israélites réfugiés en Égypte.
25 Parole concernant tout le peuple de Juda, qui fut adressée à Jérémie la quatrième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda (c’est-à-dire la première année de Nabuchodonosor, roi de Babylone).
h Ce morceau récapitule le ministère prophétique de Jérémie depuis son appel, et annonce le danger chaldéen imminent, qui donne une actualité nouvelle à toutes les menaces antérieures. On peut le considérer comme le sommaire récapitulatif, cf. v. 13, du rouleau dicté à Baruch par Jérémie en 605, cf. 36.2, puis récrit et complété, 36.32, voir l’Introduction. — L’hébr. et le grec présentent ici de grandes différences. On suit l’hébr., sauf exception. Les parenthèses indiquent un texte qui ne semble pas primitif (souvent omis par le grec).
8 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé Sabaot : Puisque vous n’avez pas écouté mes paroles,
i Ceci correspond à la conception religieuse de l’histoire propre aux prophètes les païens eux-mêmes sont au service de Dieu, cf. 42.9 ; Isa 10.5.
j Chiffre rond pour la durée de l’Exil, repris en 29.10 et sous une autre forme en 27.7. Le thème se retrouve en 2 Ch 36.21 et est à la base de Dn 9.
Ce qu’a prophétisé Jérémie contre toutes les nations.
14 (Car elles aussi seront asserviesl à des nations puissantes et à de grands rois, et je leur rendrai selon leurs actes et selon l’œuvre de leurs mains.)
k C’est une sorte de préface aux oracles contre les nations, 46-51, dont les plus anciens devaient faire partie du rouleau dicté en 605. Le grec donne ces oracles à la suite du chap. 25, l’hébreu les relègue à la fin du livre. — Ici encore l’hébreu et le grec présentent des différences.
l « seront asservies » conj. ; « furent asservies » hébr.
15 Car Yahvé, Dieu d’Israël, me parla ainsi : Prends de ma main cette coupe de vin de colère et fais-la boire à toutes les nations vers lesquelles je vais t’envoyer ;
m La liste des peuples menacés comprend quatre groupes, nommés ici dans l’ordre où ils apparaissent en 46-51. 1° l’Égypte ; 2° à l’ouest, les Philistins ; 3° à l’est, Édom, Moab, Ammon ; 4° au sud-est, Dédân, Téma et Buz. On a surchargé les vv. 18-29 à mesure que le recueil des oracles contre les nations prenait sa figure actuelle, en ajoutant les Phéniciens, cf. 47.4 ; Élam, cf. 49.34 ; Babylone, cf. 50-51. — Ce qui ne semble pas primitif et se trouve omis par le grec est mis entre parenthèses.
n Uç, entre l’Arabie du nord-ouest et le pays d’Édom, cf. Gn 36.28 ; Jb 1.1.
o Chypre, mais les autres colonies phéniciennes sont peut-être sous-entendues.
p Dédân, tribu nord-arabe, aux confins d’Édom, cf. 49.8 ; Isa 21.13 ; Téma, clan apparenté, Isa 21.14 ; Buz, également au nord-ouest de la presqu’île arabique, est apparenté à Uç, Gn 22.21 ; les « hommes aux tempes rasées » sont d’autres Arabes, cf. 9.25.
q Peut-être Zimki, qui en écriture cryptographique désignerait l’Élam (cette écriture étant postérieure à Jérémie, il s’agirait d’une glose). À moins qu’il ne faille lire Gimri, à rapprocher de Gomer fils de Japhet, 10.2-3 ; il s’agirait alors des Cimmériens.
r Sans doute écriture cryptographique pour Babel.
27 Tu leur diras : Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël : Buvez ! Enivrez-vous ! Vomissez ! Tombez sans pouvoir vous relever, devant l’épée que je vais envoyer au milieu de vous.
30 Et toi, tu leur annonceras toutes ces paroles, tu leur diras :
Yahvé rugit d’en haut,
de sa demeure sainte il élève la voix,
il rugit avec vigueur contre son pacage,
il pousse le cri des fouleurs à la cuve
contre tous les habitants de la terre.
31 Le tumulte en parvient jusqu’au bout de la terre.
Car Yahvé ouvre le procès des nations,
il institue le jugement de toute chair ;
les impies, il les livre à l’épée,
oracle de Yahvé.s
s Les vv. 30-31, qui décrivent le jugement universel de Dieu, comme Isa 66, sont peut-être postexiliques.
32 Ainsi parle Yahvé Sabaot.
Voici : le malheur s’étend
de nation en nation,
un grand ouragan s’élève
des extrémités de la terre.
33 Il y aura des victimes de Yahvé en ce jour-là, d’un bout de la terre à l’autre ; on ne les pleurera pas, on ne les ramassera pas, on ne les enterrera pas. Ils resteront sur le sol en guise de fumier.
34 Hurlez, pasteurs, criez,
roulez-vous à terre, chefs du troupeau,
car vos jours sont à point pour le massacre
et pour votre dispersion,
vous tomberez comme un vase de choix.
35 Plus de refuge pour les pasteurs,
ni d’évasion pour les chefs du troupeau.
36 Clameur des pasteurs,
hurlement des chefs du troupeau !
Car Yahvé a dévasté leur pacage,
37 les paisibles pâturages sont réduits au silence
à cause de l’ardente colère de Yahvé !
38 Le liont a quitté son repaire
et leur pays est devenu un objet de stupeur,
à cause de l’ardeur dévastatrice,
à cause de l’ardeur de sa colère.
t « Le lion » conj. ; « Comme le lion » hébr. — Ce terme peut désigner Yahvé, cf. Isa 31.4, ou l’ennemi (Nabuchodonosor) prêt à ravager le pays, cf. 2.15. À moins qu’il ne faille comprendre « Comme un lion, on quitte son repaire, car leur pays... » mais le passage du singulier au pluriel n’est pas en faveur de cette interprétation.
26 Au début du règne de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda, cette parole fut adressée à Jérémiev de la part de Yahvé :
u Baruch, à qui l’on peut attribuer ces passages biographiques, a résumé ici le discours contre le Temple, 7.1-15, dont il raconte les conséquences.
v « à Jérémie » syr., Vet. Lat. ; omis par hébr. et grec.
w « la porte Neuve du Temple de Yahvé » mss, versions ; « la porte de Yahvé » hébr. — Il s’agit d’un jugement régulier par des fonctionnaires royaux.
11 Alors prêtres et prophètes dirent aux princes et à tout le peuple : « C’est la mort que mérite cet homme, car il a prophétisé contre cette ville, ainsi que vous l’avez entendu de vos oreilles ! »
Sion sera une terre de labour,
Jérusalem un amoncellement de pierres
et la montagne du Temple une hauteur boisée ! »x
x La prophétie de Michée était une menace conditionnelle. Elle a peut-être eu une influence sur la réforme tentée par Ézéchias, 2 R 18.4s.
19 Est-ce que pour cela Ézéchias, roi de Juda, et tout Juda l’ont fait mourir ? N’ont-ils pas plutôt ressenti la crainte de Yahvé et ne l’ont-ils pas imploré, de telle sorte que Yahvé se repentit du malheur qu’il avait prononcé contre eux ? Et nous, nous nous chargerions d’un si grand crime ! »
20 Il y eut encore un homme qui prophétisait au nom de Yahvé ; c’était Uriyyahu, fils de Shemayahu, originaire de Qiryat-Yéarim. Il prophétisa contre cette ville et ce pays dans les mêmes termes que Jérémie.
y Après « envoya », l’hébr. ajoute « des gens en Égypte ».
z La famille de Shaphân, scribe royal qui avait soutenu la réforme de Josias, 2 R 22.8s, a toujours été amie de Jérémie. Le petit-fils de Shaphân, Godolias, le protégera encore, cf. 40.5-6.
27 (Au début du règne de Sédécias,b fils de Josias, roi de Juda, cette parole fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé.)
a Des particularités linguistiques font des chap. 27-29 un ensemble bien caractérisé. Ces chap. ont peut-être fourni un recueil destiné aux exilés. — Le chap. 27, notablement plus court dans la version grecque, a subi l’addition de nombreuses gloses.
b « Sédécias » conj. d’après les vv. 3, 12 et 28.1 ; « Joiaquim » hébr.
2 Yahvé me parla ainsi : Fais-toi des cordes et un joug et mets-les sur ta nuque.
c L’avènement de Psammétique II en Égypte amena une coalition contre Babylone (593-592) de tous ces petits États, auxquels se joignit Juda.
d Formule inhabituelle ; il faut peut-être corriger, avec syr. et Targ., pour lire « jusqu’à ce que je l’aie livrée en sa main ».
e « songe-creux », litt. « songeurs », grec, Vulg. ; « songes » hébr.
12 Et à Sédécias, roi de Juda, je parlai exactement de la même manière ; je lui dis : « Offrez vos nuques au joug du roi de Babylone ; servez-le ainsi que son peuple, et vous vivrez.
16 Et aux prêtres et à tout ce peuple, je parlai en ces termes : « Ainsi parle Yahvé. N’écoutez pas les paroles de vos prophètes qui vous prophétisent ainsi : « Voici, les ustensiles du Temple de Yahvé vont être ramenés bientôt et rapidement de Babylone »; c’est le mensonge qu’ils vous prophétisent.
28 Cette même année, au début du règne de Sédécias, roi de Juda, la quatrième année, au cinquième mois, le prophète Hananya, fils de Azzur, originaire de Gabaôn, me parla dans le Temple de Yahvé, en présence des prêtres et de tout le peuple :
f Ce nouveau chap. biographique raconte des faits contemporains de ceux du chap. précédent. On est en 593.
5 Alors le prophète Jérémie répondit au prophète Hananya, devant les prêtres et tout le peuple présents dans le Temple de Yahvé.
g En affirmant que le vrai prophète annonce le malheur, Jérémie, implicitement, évoque le fait du péché, qui est la cause de ce malheur, et que dénoncèrent toujours les prophètes. Sur les critères du prophétisme, voir l’Introduction.
10 Alors le prophète Hananya enleva le joug de la nuque du prophète Jérémie et le brisa.
12 Or après que le prophète Hananya eut brisé le joug qu’il avait enlevé de la nuque du prophète Jérémie, la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie :
15 Et le prophète Jérémie dit au prophète Hananya : « Écoute bien, Hananya : Yahvé ne t’a point envoyé et tu as fait que ce peuple se confie au mensonge.
17 Et le prophète Hananya mourut cette année même, au septième mois.h
h L’accomplissement d’une prophétie à brève échéance est un signe qui authentifie le message d’un prophète, cf. 20.6 ; 29.32 ; 44.29-30 ; 45.5 ; Dt 18.21.
29 Voici le texte de la lettre que le prophète Jérémie expédia de Jérusalem à ceux qui restaient des anciens en déportation, aux prêtres, aux prophètes et à tout le peuple, que Nabuchodonosor avait déportés de Jérusalem à Babylone.
i C’est peut-être la même mission qu’en 51.59.
4 « Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël, à tous les exilés, déportés de Jérusalem à Babylone :
15 « Puisque vous dites : « Yahvé nous a suscité des prophètes à Babylone » —
j Les vv. 16-20, qui manquent dans le grec, sont une addition, d’autant plus nette que la suite du v. 15 se trouve au v. 21.
k « ils ne les ont pas écoutés » conj. d’après le contexte ; « vous ne les avez pas écoutés » hébr.
21 « Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël, au sujet d’Ahab, fils de Qolaya, et de Çidqiyyahu, fils de Maaséya, qui vous prophétisent en mon nom des mensonges : Voici, je vais les livrer entre les mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui les frappera sous vos yeux.
24 Et à Shemayahu de Nahlam, tu parleras ainsi :
l La phrase qui commence, v. 25, par « Puisque » reste en suspens. Les vv. 24-25 paraissent altérés. Le grec, assez différent, semble avoir été embarrassé par ce texte et n’est pas plus satisfaisant.
29 (Or le prêtre Çephanya avait lu la lettre au prophète Jérémie.)
30 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé en ces termes :
m La majeure partie du « livre de la consolation », 30.1-31.22, a été écrite entre la réforme de 622 et la mort de Josias (609). La réforme deutéronomique, cf. 2 R 22.3 — 23.24, avait relevé en même temps la foi yahviste, en rompant avec le syncrétisme religieux inauguré par Manassé, et l’espérance nationale le déclin de l’Assyrie avait permis à Josias d’entreprendre la reconquête de la Samarie et de la Galilée, 2 R 23.15, 19 ; 2 Ch 35.18. L’espoir naquit d’un retour des exilés de 721 dans le royaume de David restauré. Les poèmes qui suivent expriment cet espoir Yahvé aime encore l’Israël du Nord, 31.3, 15-20, cf. Os 11.8-9 ; il ramènera ses exilés sur leurs terres, 30.3 ; 31.2-14, cf. Os 10.11, dans l’unité religieuse retrouvée autour de Sion, 31.6, cf. Isa 11.10-16. Cette annonce du retour fut ensuite étendue à Juda, à son tour conquis et déporté. Des oracles postérieurs, 30.8-9 ; 31.1, 23-26, 27-28, et des gloses en 30.3, 4 ; 31.31, associent Juda à Israël, donnant ainsi au « livre de la consolation » de Jérémie sa portée définitive et messianique Israël et Juda seront rassemblés, cf. 3.18, pour servir sur leur terre « Yahvé leur Dieu et David leur roi », 30.9. Ce rassemblement d’Israël dispersé deviendra l’un des thèmes majeurs des prophètes de l’Exil, Isa 43.5s ; 49.5-6, 12, 18-23, etc. ; Ez 11.17 ; 20.34 ; 28.25 ; 34.12-13, etc., et d’après l’Exil, Za 10.6-12, cf. encore Jn 11.52.
4 Voici les paroles qu’a prononcées Yahvé à l’adresse d’Israël (et de Juda) :
5 Ainsi parle Yahvé :
Nous avons perçu un cri d’effroi,
c’est la terreur, non la paix.
6 Interrogez donc et regardez.
Est-ce qu’un mâle enfante ?
Pourquoi vois-je tout homme
les mains sur les reins comme celle qui enfante ?
Pourquoi tous les visages sont-ils devenus livides ?
7 Malheur ! C’est le grand jour !
Il n’a pas son pareil !
Temps de détresse pour Jacob,
mais dont il sera sauvé.
8 (Ce jour-là — oracle de Yahvé Sabaot — je briserai le joug qui pèse sur ta nuque et je romprai tes chaînes. Alors les étrangers ne t’asserviront plus,
n « le joug » grec, Vet. Lat. ; « son joug » hébr. — « t’asserviront » conj. ; « l’asserviront » hébr. ; « les asserviront » grec (qui lit « leur nuque... leurs chaînes »). — « Israël et Juda » est suppléé ; en hébr. le sujet est sous-entendu. — Ces deux vv. sont une addition qui, comme les mots « et Juda » des vv. 2 et 4, tend à étendre à tout le peuple les promesses messianiques (cf. la mention d’un nouveau David).
10 Toi donc, ne crains pas, mon serviteur Jacob
— oracle de Yahvé —,
ne sois pas terrifié, Israël.
Car voici que je vais te sauver des terres lointaines
et tes descendants du pays de leur captivité.
Jacob reviendra et sera paisible,
tranquille, sans personne qui l’inquiète.
11 Car je suis avec toi pour te sauver
— oracle de Yahvé —,
je vais en finir avec toutes les nations
où je t’ai dispersé ;
avec toi je ne veux pas en finir,
mais te châtier selon le droit,
ne te laissant pas impuni.
12 Oui, ainsi parle Yahvé.
Incurable est ta blessure,
inguérissable ta plaie.
13 Personne pour plaider ta cause ;
pour un ulcère, il y a des remèdes,
pour toi, pas de guérison.
14 Tous tes amantso t’ont oubliée,
ils ne te recherchent plus !
Oui, je t’ai frappée comme frappe un ennemi,
d’un rude châtiment
(pour ta faute si grande, tes péchés si nombreux).
o Ici, les nations sur lesquelles s’appuyait Israël, cf. Ez 16 et 23.
15 Pourquoi crier à cause de ta blessure ?
Incurable est ton mal !
C’est pour ta faute si grande, pour tes péchés si nombreux,
que je t’ai ainsi traitée !
16 Maisp tous ceux qui te dévoraient seront dévorés,
tous tes adversaires, absolument tous, iront en captivité,
ceux qui te dépouillaient seront dépouillés,
et tous ceux qui te pillaient seront livrés au pillage.
p « Mais » conj. ; « c’est pourquoi » hébr.
17 Car je vais te porter remède, guérir tes plaies
— oracle de Yahvé —,
toi qu’on appelait : « la Répudiée »,
« Sion dont nul ne prend soin. »q
q Littéralement « c’est Sion, celle dont nul ne prend soin »; il s’agit sans doute d’une relecture faisant de l’« Israël » de ce chap. l’ensemble du peuple de Dieu, et non simplement le royaume du Nord. À la place de « Sion » le grec a « votre butin », sans doute pour « notre butin », pourrait refléter le texte primitif (çâdenû , corrigé en çîyôn).
18 Ainsi parle Yahvé :
Voici que je vais rétablir les tentes de Jacob,
je prendrai en pitié ses habitations ;
la ville sera rebâtie sur son tell,
la maison forte restaurée à sa vraie place.
19 Il en sortira l’action de grâces et les cris de joie.
Je les multiplierai : ils ne diminueront plus.
Je les glorifierai : ils ne seront plus abaissés.
20 Ses fils seront comme jadis,
son assemblée devant moi sera stable,
je châtierai tous ses oppresseurs.
21 Son chef sera issu de lui,
son souverain sortira de ses rangs.r
Je lui donnerai audience et il s’approchera de moi ;
qui donc en effet aurait l’audace
de s’approcher de moi ? — Oracle de Yahvé.
r Par opposition à la période de vassalité assyrienne, où le gouverneur représentait le pouvoir étranger.
22 Vous serez mon peuple et moi, je serai votre Dieu.s
s Ce v., qui est une addition, contient la formule de l’Alliance, cf. Dt 26.17-18 ; 27.9 ; 28.9, etc., souvent rappelée par Jérémie, cf. 31.31.
23 Voici l’ouragan de Yahvé, sa fureur qui éclate,
c’est un ouragan qui gronde,
sur la tête des impies il fait irruption.
24 L’ardente colère de Yahvé ne se détournera pas
qu’il n’ait accompli et réalisé les desseins de son cœur.
À la fin des jours, vous comprendrez cela.
31 En ce temps-là — oracle de Yahvé — je serai le Dieu de toutes les familles d’Israël, et elles seront mon peuple.
2 Ainsi parle Yahvé :
Il a trouvé grâce au désert,t
le peuple échappé à l’épée.
Israël marche vers son repos.
t Sur la conversion au désert, cf. Os 2.16. Le thème du nouvel Exode, qui ramènera Israël de l’exil, amorcé ici et vv. 8-9, 21, sera repris et développé dans la seconde partie d’Isaïe, cf. Isa 40.3.
3 De loin Yahvé m’est apparu :
D’un amour éternel je t’ai aimée,
aussi t’ai-je maintenu ma faveur.
4 De nouveau je te bâtirai et tu seras rebâtie,
vierge d’Israël.
De nouveau tu te feras belle,
avec tes tambourins,
tu sortiras au milieu des danses joyeuses.
5 De nouveau tu seras plantée de vignes
sur les montagnes de Samarie
(ils planteront, les planteurs, et ils cueilleront).
6 Oui, ce sera le jour où les veilleurs crieront
sur la montagne d’Éphraïm :
« Debout ! Montons à Sion,
vers Yahvé notre Dieu ! »u
u Unité religieuse retrouvée autour du sanctuaire de Sion.
7 Car ainsi parle Yahvé :
Criez de joie pour Jacob,
acclamez la première des nations !
Faites-vous entendre ! Louez ! Proclamez :
« Yahvé sauve son peuple,v
le reste d’Israël ! »
v « sauve son » grec, Targ. ; « sauve ton » hébr.
8 Voici que moi je les ramène
du pays du Nord,
je les rassemble des extrémités du monde.
Parmi eux l’aveugle et le boiteux,
la femme enceinte et la femme qui enfante,
tous ensemble : c’est une grande assemblée qui revient ici !
9 En larmes ils reviennent,
dans les supplications je les ramène.w
Je vais les conduire aux cours d’eau,
par un chemin tout droit où ils ne trébucheront pas.
Car je suis un père pour Israël
et Éphraïm est mon premier-né.
w Texte surprenant. On serait tenté de corriger comme l’a fait le grec pour lire « en larmes ils étaient partis, dans les consolations je les ramène » cf. Ps 126.5-6, mais il s’agit sans doute d’une correction de facilité. On peut comprendre qu’il s’agit de larmes de repentir.
10 Nations, écoutez la parole de Yahvé !
Annoncez-la dans les îles lointaines ; dites :
« Celui qui dispersa Israël le rassemble,
il le garde comme un pasteur son troupeau. »
11 Car Yahvé a racheté Jacob,
il l’a délivré de la main d’un plus fort.
12 Ils viendront, criant de joie, sur la hauteur de Sion,
ils afflueront vers les biens de Yahvé :
le blé, le vin nouveau et l’huile,
les brebis et les bœufs ;
ils seront comme un jardin bien arrosé,
ils ne languiront plus.
13 Alors la vierge prendra joie à la danse,
et, ensemble, les jeunes et les vieux ;
je changerai leur deuil en allégresse,
je les consolerai, je les réjouirai après leurs peines.
14 Je fournirai aux prêtres abondance de graisse
et mon peuple sera rassasié de mes biens,
oracle de Yahvé.
15 Ainsi parle Yahvé :
À Rama, une voix se fait entendre,
une plainte amère ;
c’est Rachel qui pleure ses fils.x
Elle ne veut pas être consolée pour ses fils,
car ils ne sont plus.y
x Rachel, épouse de Jacob, mère de Joseph, qui engendra à son tour Éphraïm et Manassé, et de Benjamin. Sa tombe était à Rama, 1 S 10.2, aujourd’hui er-Ram, à 9 km au nord de Jérusalem, non loin d’une Éphrata, cf. Gn 35.19, dans les frontières de Benjamin, Jos 18.25. Bethléem, possédant un clan d’Éphratéens, a été surnommée aussi Éphrata, Mi 5.1, d’où la tradition qui a voulu situer près de Bethléem le tombeau de Rachel (cf. la glose sur Gn 35.19), et qui a conduit S. Matthieu à appliquer au massacre des Innocents le texte de 31.15, cf. Mt 2.17-18.
y « ils ne sont plus » versions ; « nous ne sommes plus », ou « il n’est plus » hébr.
16 Ainsi parle Yahvé.
Cesse ta plainte,
sèche tes yeux !
Car il est une compensation pour ta peine :
— oracle de Yahvé —,
ils vont revenir du pays ennemi.
17 Il y a donc espoir pour ton avenir :
— oracle de Yahvé —,
ils vont revenir, tes fils, sur leur territoire.
18 J’ai bien entendu le gémissement d’Éphraïm :
« Tu m’as corrigé, j’ai subi la correction,
comme un jeune taureau non dressé.
Fais-moi revenir, que je revienne,
car tu es Yahvé, mon Dieu !
19 Car après m’être détourné je me suis repenti,
j’ai compris et je me suis frappé la poitrine.z
J’étais plein de honte et je rougissais ;
oui, je portais sur moi l’opprobre de ma jeunesse ! »
z Littéralement « la cuisse »; geste de dépit, tristesse, douleur ou remords, cf. Ez 21.17.
20 — Éphraïm est-il donc pour moi un fils si cher,
un enfant tellement préféré,
que chaque fois que j’en parle
je veuille encore me souvenir de lui ?
C’est pour cela que mes entrailles s’émeuvent pour lui,
que pour lui déborde ma tendresse,
oracle de Yahvé.
21 Dresse-toi des jalons,
mets en place des bornes ;
remarque bien la route,
la voie où tu as marché.
Reviens, vierge d’Israël,
reviens vers ces villes qui sont tiennes !
22 Jusques à quand tourneras-tu de-ci, de-là,
fille rebelle ?
Car Yahvé crée du nouveau sur la terre :
la Femme recherche son Mari.a
a Reprise des relations d’amour entre Israël et son Époux Yahvé, cf. Os 1.2. Ce texte a la même portée messianique qu’Isa 54.5s.
23 Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël. On dira encore cette parole au pays de Juda et dans ses villes quand je ramènerai leurs captifs :
Que Yahvé te bénisse,
toi, demeure de justice,
toi, sainte montagne !
b Cet oracle et le suivant ont été prononcés vers 587, cf. 30.1.
24 Dans ce pays s’installeront Juda et toutes ses villes ensemble, les laboureurs et ceux qui conduisent le troupeau.
26 Sur ce, je me suis éveillé et je vis
que mon sommeil avait été agréable.c
c Propos du prophète, qui s’exprime peut-être à l’aide d’un refrain connu.
27 Voici venir des jours — oracle de Yahvé — où j’ensemencerai la maison d’Israël et la maison de Juda d’une semence d’hommes et d’une semence de bétail.
29 En ces jours-là on ne dira plus :
Les pères ont mangé des raisins verts,
et les dents des fils sont agacées.
d Jérémie prend ici le contre-pied d’un dicton (auquel s’en prend également Ézéchiel, cf. 18.2), qui exprimait le principe de la responsabilité collective ici, la solidarité dans la peine des membres d’une même famille. Il annonce pour l’avenir l’application d’un principe nouveau, qu’Ézéchiel revendiquera pour l’immédiat, celui du châtiment personnel du pécheur, cf. Ez 14.12 ; 18.
30 Mais chacun mourra pour sa propre faute. Tout homme qui aura mangé des raisins verts, ses propres dents seront agacées.
31 Voici venir des jours — oracle de Yahvé — où je conclurai avec la maison d’Israël (et la maison de Juda) une alliance nouvelle.
e Les vv. 31-34 sont le sommet spirituel du livre de Jérémie. Après l’échec de l’antique alliance, v. 32 ; Ez 16.59, et la tentative avortée de Josias pour la restaurer, le dessein de Dieu apparaît sous un jour nouveau. Après une catastrophe qui ne laissera subsister qu’un « Reste », Isa 4.3, une alliance éternelle sera à nouveau conclue, v. 31, comme aux jours de Noé, Isa 54.9-10. Les anciennes perspectives demeurent fidélité des hommes à la Loi, présence divine qui assure aux hommes la paix et la prospérité matérielle, Ez 36.29-30, cet idéal s’exprimant par la formule « Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple », v. 33, 7.23 ; 11.4 ; 30.22 ; 31.1 ; 32.38 ; Ez 11.20 ; 36.28 ; 37.27 ; Za 8.8 ; cf. Dt 7.6. La nouveauté de l’alliance porte sur trois points : 1° l’initiative divine du pardon des péchés, v. 34 ; Ez 36.25, 29 ; Ps 51.3-4, 9 ; 2° la responsabilité et la rétribution personnelle, v. 29, cf. Ez 14.12 ; 3° l’intériorisation de la religion la Loi cessant d’être appliquée de façon extérieure pour devenir une inspiration affectant le « cœur » de l’homme, v. 33 ; 24.7 ; 32.39, sous l’influence de l’esprit de Dieu qui donne à l’homme un cœur nouveau, Ez 36.26-27 ; Ps 51.12, cf. 4.4, capable de « connaître » Dieu, Os 2.22. Pour le N.T., cette alliance nouvelle et éternelle, proclamée de nouveau par Ézéchiel, Ez 36.25-28, par les derniers chapitres d’Isaïe, Isa 55.3 ; 59.21 ; 61.8, cf. Ba 2.35, vécue dans le Ps 51, sera inaugurée par le sacrifice du Christ, Mt 26.28, et les Apôtres en annonceront l’accomplissement, 2 Co 3.6 ; Rm 11.27 ; He 8.6-13 ; 9.15s ; 1 Jn 5.20.
35 Ainsi parle Yahvé,
lui qui établit le soleil pour éclairer le jour,
commandef à la lune et aux étoiles pour éclairer la nuit,
qui brasse la mer et fait mugir ses flots,
lui dont le nom est Yahvé Sabaot :
f « Commande » hoqeq conj. ; « les lois de » huqqot hébr.
36 Si jamais cet ordre venait à faillir
devant moi — oracle de Yahvé —
alors la race d’Israël cesserait aussi
d’être une nation devant moi pour toujours !
37 Ainsi parle Yahvé :
Qu’on parvienne à mesurer le ciel là-haut
et à sonder en bas les fondations de la terre,
alors moi aussi je rejetterai toute la race d’Israël
pour tout ce qu’ils ont fait, oracle de Yahvé.
38 Voici venir des jours — oracle de Yahvé — où la Ville sera reconstruite pour Yahvé, depuis la tour de Hananéel jusqu’à la porte de l’Angle.
g On relèvera les ruines laissées par les Babyloniens la tour de Hananéel, au nord-est des remparts, Ne 3.1 ; la porte de l’Angle, au nord-ouest, 2 R 14.13 ; la porte des Chevaux au sud-est, Ne 3.28. Gareb est inconnu par ailleurs ; Goa, qui n’apparaît également qu’ici, pourrait se trouver à la jonction des trois vallées Géhenne, Tyropéon et Cédron ; la vallée des cadavres et des cendres (litt. de la « cendre grasse » des victimes, cf. Lv 1.16 ; 4.12 ; 6.3-4) est la Géhenne, 7.31 ; 19.6, qui se trouve au sud-ouest de Jérusalem, tandis que le Cédron est à l’est. Cette présentation de Jérusalem reconstruite annonce Ézéchiel.
h « attenant au ravin » `al conj. ; « jusqu’au ravin » `ad hébr.
32 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, dans la dixième année de Sédécias, roi de Juda, c’est-à-dire la dix-huitième année de Nabuchodonosor.
i Cet épisode, qui reçoit une portée symbolique, cf. 18.1, se situe en 587, après la reprise du siège, vv. 2, 24, annoncée en 34.21-22. L’achat du champ se rattache sans doute au partage pour lequel Jérémie avait voulu se rendre à Anatot, 37.12. Le texte primitif, autobiographique, vv. 6b-17a, 24-29, 42-44, paraît avoir été développé par une introduction, vv. 1-6a, une prière, vv. 17-23, qui rappelle Ne 9, et par un développement messianique, vv. 29-41, qui reprend des thèmes jérémiens.
6 Or Jérémie dit : La parole de Yahvé m’a été adressée en ces termes :
j « mon cousin » (litt. « le fils de mon oncle ») mss, grec, syr., cf. vv. 7-9 ; « mon oncle » hébr. — Baruch est le secrétaire de Jérémie, cf. 36.45.
16 Après avoir confié l’acte d’acquisition à Baruch, fils de Nériyya, j’adressai cette prière à Yahvé :
k Littéralement « sur le sein »; il semble que cette expression soit à comprendre en tenant compte de l’habitude de transporter des provisions dans le repli du vêtement, 2 R 4.39 ; Rt 3.15 ; cf. Isa 65.6. Autre traduction possible « en plein cœur ».
26 Or la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes :
28 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé : Je vais livrer cette ville aux mains des Chaldéens et aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui la prendra ;
l « je les instruisais » versions ; « d’instruire » hébr.
36 C’est pourquoi, maintenant, ainsi parle Yahvé, le Dieu d’Israël, à propos de cette ville dont tu viens de dire :m « Par l’épée, la famine et la peste, elle est livrée au roi de Babylone. »
m « tu viens » grec ; « vous venez » hébr. De même au v. 43.
33 Pendant que Jérémie était encore enfermé dans la cour de garde, la parole de Yahvé lui fut adressée une seconde fois en ces termes :
n Cette prophétie date de la même époque que celle du chap. 32.
o « qui a fait la terre » grec ; « qui l’a faite ; Yahvé » hébr.
p « remplir la ville » d’après le grec (« pour la remplir ») ; « les remplir » hébr.
q « leur porte » versions ; « lui porte (à la ville) » hébr.
r Littéralement « elle ».
10 Ainsi parle Yahvé. En ce lieu dont vous dites : « C’est une ruine, sans hommes ni bêtes », dans les villes de Juda et les rues désolées de Jérusalem où il n’y a ni hommes ni bêtes, on entendra de nouveau
12 Ainsi parle Yahvé Sabaot. Il y aura encore dans ce lieu en ruines, privé d’hommes et de bêtes, et dans toutes ses villes, des pâturages où les bergers feront reposer leurs brebis.
14 Voici venir des jours — oracle de Yahvé — où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai prononcée sur la maison d’Israël et sur la maison de Juda.
s Ce passage, qui n’est pas de Jérémie et manque dans le grec, décrit les institutions du peuple messianique de la même manière que Za 4.1-14 ; 6.13. Au temps du salut, les pouvoirs royaux et sacerdotaux seront associés.
15 En ces jours-là, en ce temps-là,
je ferai germer pour David un germe de justice
qui exercera droit et justice dans le pays.
16 En ces jours-là, Juda sera sauvé
et Jérusalem habitera en sécurité.
Voici le nom dont on appellera la Ville :
« Yahvé-notre-Justice. »t
t « le nom » Théod., Vulg. ; omis par hébr. (sauf 5 mss). — Les vv. 15-16 reprennent 23.4-6, mais la finale magnifie Jérusalem. Sur le nom messianique de Jérusalem, cf. Ez 48.35 ; Isa 1.26.
17 Car ainsi parle Yahvé : Jamais David ne manquera d’un descendant qui prenne place sur le trône de la maison d’Israël.
19 Puis la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes :
23 La parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes :
u « créé le jour » bara’tî yôm conj. ; « mon alliance de jour » berîtî yômam hébr.
34 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, à l’époque où Nabuchodonosor, roi de Babylone, et toute son armée, tous les royaumes de la terre soumis à sa domination et tous les peuples étaient en lutte contre Jérusalem et contre toutes ses villes.
v Cet épisode doit dater du début du siège de 588-587, la guerre n’étant pas encore concentrée à Jérusalem, mais continuant au sud et au sud-ouest, v. 7. Sédécias pourrait donc encore conjurer la catastrophe en se soumettant, comme Joiaquim en 605.
6 Le prophète Jérémie rapporta toutes ces paroles à Sédécias, roi de Juda, à Jérusalem ;
w Azéqa, localisée au Tell Zakariah, à une trentaine de km au sud-ouest de Jérusalem, et Lakish, Tell ed-Duweir à 20 km au sud-ouest d’Azéqa, furent en effet les deux villes fortifiées qui résistèrent le plus longtemps à Nabuchodonosor. Un ostracon de cette époque retrouvé à Tell ed-Duweir témoigne de cette résistance.
8 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, après que le roi Sédécias eut conclu avec tout le peuple de Jérusalem une alliancey pour proclamer un affranchissement :
x L’épisode se situe pendant l’interruption du siège, cf. vv. 21-22.
y Ou plutôt un « pacte » ou un « traité », mais le même terme hébreu, berît , est employé pour un simple accord entre deux parties sur une question quelconque, cf. par exemple 2 R 11.4 ; Jb 31.1, et pour l’Alliance entre Dieu et son peuple, prise ici comme terme de comparaison, v. 13.
17 C’est pourquoi, ainsi parle Yahvé. Vous ne m’avez pas obéi en rendant la liberté chacun à son frère, chacun à son prochain. Eh bien, moi, je vais rendre la liberté contre vous — oracle de Yahvé — à l’épée, à la peste et à la famine, et faire de vous un objet d’épouvante pour tous les royaumes de la terre.
z Sur ce vieux rite d’alliance, selon lequel les contractants passent entre les morceaux d’une victime, cf. Gn 15.17.
35 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, au temps de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda :
a L’épisode se situe à la fin du règne de Joiaqim, et au moment où Jérusalem va être assiégée pour la première fois par les Babyloniens (598) ; depuis 602 environ, les incursions de bandes armées en Palestine ont été pratiquement incessantes, cf. 2 R 24.2, si bien que beaucoup de gens abandonnent la campagne et se réfugient à Jérusalem, 35.11.
b « de Ben-Yohanân » d’après 1 ms hébr., 1 ms grec, arabe et Targ. ; « des fils de Hanân » hébr.
6 Mais ils répondirent : « Nous ne buvons pas de vin, car notre ancêtre Yonadab, fils de Rékab, nous a donné cet ordre : « Vous ne boirez jamais de vin, ni vous, ni vos fils ;
c Le groupement rékabite représentait une réaction contre la civilisation urbaine et un rappel de la vieille religion du désert, cf. Os 2.16.
12 Alors la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie en ces termes :
18 Alors Jérémie dit au groupe rékabite : « Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël. Puisque vous avez obéi à l’ordre de votre ancêtre Yonadab, que vous avez observé tous ses ordres et pratiqué tout ce qu’il vous a ordonné,
d L’expression désigne ordinairement le service cultuel du prêtre, mais elle peut s’appliquer au simple fidèle. On se tient en la présence de Yahvé, quand on vit sur la terre.
36 La quatrième année de Joiaqim,f fils de Josias, roi de Juda, la parole que voici fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé :
e Sur ce rouleau contenant les oracles que Jérémie avait dictés à son secrétaire, Baruch, cf. l’Introduction.
f 605. Joiaqim vient de se soumettre à Nabuchodonosor et se sent en sécurité.
g Certains critiques proposent de transposer ici le v. 9.
5 Alors Jérémie donna cet ordre à Baruch : « Je suis empêché, je ne peux plus entrer au Temple de Yahvé.
h Décembre 604.
11 Or Mikayehu, fils de Gemaryahu, fils de Shaphân, ayant écouté les paroles de Yahvé tirées du livre,
i « et Shélémyahu » conj. ; « fils de Shélémyahu » hébr.
j L’hébr. ajoute « de sa bouche », omis par grec ; il s’agit probablement d’une dittographie, cf. note sur le v. suivant.
k Littéralement « Il me les disait toutes de sa bouche ». — Ce sont à la fois les « paroles de Jérémie », v. 10, et les « paroles de Yahvé » vv. 6, 8, 11, cf. v. 4. Le prophète est vraiment la « bouche de Dieu », 1.9 ; 15.19. Cf. Ex 4.15-16.
21 Le roi envoya Yehudi chercher le rouleau ; celui-ci l’apporta de la salle du scribe Élishama et en fit lecture devant le roi et devant tous les princes, debout autour du roi.
l « le feu d’un brasero » versions ; « et avec un brasero » hébr.
m Le titre de « fils du roi », cf. 38.6 ; 1 R 22.26-27, indique une fonction à la cour, peut-être, d’après le contexte, celle d’officier de police.
27 Alors la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie, après que le roi eut brûlé le rouleau avec les paroles qu’avait écrites Baruch sous la dictée de Jérémie :
32 Jérémie prit un autre rouleau et le remit au scribe Baruch, fils de Nériyya, qui y écrivit, sous la dictée de Jérémie, toutes les paroles du livre qu’avait brûlé Joiaqim, roi de Juda. De plus, beaucoup de paroles du même genre y furent ajoutées.
37 Le roi Sédécias, fils de Josias, devint roi à la place de Konias, fils de Joiaqim : Nabuchodonosor, roi de Babylone, l’avait établi roi au pays de Juda.
3 Le roi Sédécias envoya Yukal, fils de Shélémya, et le prêtre Çephanyahu, fils de Maaséya, vers le prophète Jérémie avec ce message : « Adresse donc une prière pour nous à Yahvé notre Dieu ! »
n Hophra, cf. 44.30, qui régna de 589 à 569.
6 Alors la parole de Yahvé fut adressée au prophète Jérémie en ces termes :
11 À l’époque où l’armée des Chaldéens dut lever le siège de Jérusalem à cause de l’armée de Pharaon,
o C’est sans doute la même affaire que celle qui occupera Jérémie quelque temps plus tard, et qui se trouve rapportée au chap. 32.
17 Le roi Sédécias l’envoya chercher. Et secrètement, dans son palais, le roi lui demanda : « Y a-t-il une parole de Yahvé ? » Jérémie répondit : « Oui ! » Et il ajouta : « Entre les mains du roi de Babylone, tu seras livré ! »
38 Mais Shephatya, fils de Mattân, Gedalyahu, fils de Pashehur, Yukal, fils de Shélémyahu, et Pashehur, fils de Malkiyya, entendirent les paroles que Jérémie adressait à tout le peuple :
4 Alors les princes dirent au roi : « Que cet individu soit mis à mort ! En vérité, il décourage les combattants, qui sont restés dans cette ville, et tout le peuple, en leur tenant semblables propos. Oui, cet individu ne cherche nullement la paix pour ce peuple, mais son malheur. »
p « en face de vous » ’ittekem conj. ; « (à savoir) vous » ’etkem hébr.
7 Or le Kushiteq Ébed-Mélek, un eunuque attaché au palais royal, apprit qu’on avait mis Jérémie dans la citerne. Comme le roi s’était arrêté à la porte de Benjamin,
q C’est-à-dire Nubien.
r « au vestiaire » meltahat conj., cf. 2 R 10.22 ; « au-dessous » tahat hébr.
14 Le roi Sédécias envoya chercher le prophète Jérémie à la troisième entrée du Temple de Yahvé. Le roi dit à Jérémie : « Je veux te réclamer une parole ; ne me la cèle pas ! »
22 Voici : toutes les femmes qui demeurent encore au palais du roi de Juda seront menées aux officiers du roi de Babylone ; et elles diront :
Ils t’ont séduit, ils t’ont dupé,
tes bons amis !s
Tes pieds pataugent dans le bourbier,
eux sont partis !
s Littéralement « les hommes de ta paix ». — Ces lignes doivent être empruntées à une chanson populaire.
23 Oui, toutes tes femmes et tes enfants, on les mènera aux Chaldéens. Et toi, tu n’échapperas pas à leurs mains, mais tu seras prisonnier, dans la poigne du roi de Babylone. Quant à cette ville, elle sera incendiée. »t
t « elle sera incendiée », quelques mss hébreux et grec ; « tu incendieras » (masc.), ou « elle (la main de Nabuchodonosor) incendiera » hébr.
24 Sédécias dit à Jérémie : « Que nul n’ait connaissance de ces paroles, sinon tu mourrais.
u « et ce que t’a dit le roi » est rejeté par l’hébr. à la fin du v. ; on suit le syr.
27 Tous les princes vinrent en effet trouver Jérémie et l’interroger. Il les renseigna exactement comme le roi avait ordonné. Ils le laissèrent donc tranquille, car l’entretien n’avait pas été entendu.
39 La neuvième année de Sédécias, roi de Juda, le dixième mois,w Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint attaquer Jérusalem avec toute son armée et ils en firent le siège.
v Le texte de ce passage est formé d’éléments disparates mal raccordés entre eux. 38.28 et 39.4-13 manquent en grec. Il semble qu’à la biographie primitive de Jérémie, 38.28 ; 39.3, 14, on ait ajouté d’abord 39.1-2, récit du siège depuis le début jusqu’à l’ouverture de la brèche, qui reprend 2 R 25.1-4 (52.4-7) et se trouve aussi dans le grec ; puis 39.4-10, qui raconte la fin du règne et ses conséquences en abrégeant 2 R 25.4, 7, 9-12 (52.7-16) ; et 39.11-13, qui donne des détails sur la libération du prophète.
w Décembre 589 — janvier 588, fin de la 9e année de Sédécias.
x Juin—juillet 587.
3 Tous les officiers du roi de Babylone, ayant fait leur entrée, établirent leurs quartiers à la porte du Milieu : Nergalsaréser, Samgar-Nébo, Sar-Sekim, haut dignitaire, Nergalsaréser, grand mage, et tous les autres officiers du roi de Babylone.y
y V. difficile ; le texte semble troublé ; la répétition du nom de Nergalsaréser est suspecte, le « haut dignitaire » (litt. « grand eunuque », mais le terme a souvent le sens large de fonctionnaire de la cour) s’appelle Nebushazbân au v. 13. D’autre part, les noms de Samgar-Nebo et Sar-Sekim, qui n’apparaissent qu’ici, sont douteux. On a proposé de corriger Samgar en « prince de Sin-Magir » (d’après une liste babylonienne) et Nebo en « Nebushazbân », ainsi que de supprimer Sar-Sekim (qui pouvait être un titre, doublet de « haut fonctionnaire ») et l’une des mentions de Nergalsaréser. Mais ces corrections, qui donneraient plus de cohérence à tout ce passage, n’ont aucun appui textuel.
4 Dès qu’ils les virent, Sédécias, roi de Juda, et tous ses guerriers s’enfuirent et sortirent de la ville, de nuit, vers le jardin du roi, par la porte entre les deux murs ; ils prirent le chemin de la Araba.z
z « Ils prirent » syr., Vulg., cf. 52.7 ; l’hébr. a le sing. — Le jardin du roi est près de la piscine de Siloé, cf. Ne 3.15 ; 2 R 25.4, au sud-est de Jérusalem. La Araba (litt. « steppe ») est la dépression du Jourdain au sud de la mer Morte, jusqu’au golfe d’Aqaba ; ici, plus généralement, c’est la région, « steppe » ou « plaine », voisine de la mer Morte, cf. v. 5.
a Ribla, aujourd’hui Rablé, à 75 km au sud de Hamat, aujourd’hui Hama, ville syrienne sur l’Oronte.
b Littéralement « les maisons du peuple » syr. ; « la maison du peuple » hébr. ; peut-être faudrait-il lire « la Maison (de Yahvé et les maisons) du peuple », en accord avec 52.13 et 2 R 25.9.
c « des artisans » conj. d’après 52.15 ; « du peuple » hébr., qui ajoute « qui avait été laissé ».
11 Au sujet de Jérémie, Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait donné cet ordre à Nebuzaradân, commandant de la garde :
13 Il avait confié cette missiond à (Nebuzaradân, commandant de la garde,) Nebushazbân, haut dignitaire, Nergalsaréser, grand mage, et tous les officiers du roi de Babylone.
d Trad. incertaine litt. « il envoya », mais il faut peut-être comprendre « Nebuzaradân... Nebushazbân, etc. ... envoyèrent (des gens) ». Ce serait un raccord maladroit avec le v. 14 qui devait primitivement faire suite au v. 3. — Nebuzaradân n’entra en réalité à Jérusalem qu’un mois après la chute de la ville, cf. 2 R 25.8.
14 — Ils envoyèrent des gens pour tirer Jérémie de la cour de garde et le confièrent à Godolias, fils d’Ahiqam, fils de Shaphân, pour le conduire à la maison, et il demeura au milieu du peuple.
15 Tandis que Jérémie était enfermé dans la cour de garde, la parole de Yahvé lui avait été adressée en ces termes :
e Ce passage se rattache à 38.13.
40 Parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahvé, après que Nebuzaradân, commandant de la garde, l’eut renvoyé de Rama, l’ayant pris alors qu’il se trouvait enchaîné au milieu de tous les captifs de Jérusalem et de Juda qu’on déportait à Babylone.f
f L’ensemble des récits sur le sort de Jérémie doit comporter des lacunes. Délivré à Jérusalem, 39.14, on apprend ici qu’il s’est trouvé dans les rangs des captifs à Rama (cf. 31.15). Il faut rapprocher ce second récit de 39.11-12.
2 Le commandant de la garde prit donc Jérémie et lui dit : « Yahvé, ton Dieu, avait prédit ce malheur pour ce pays
g Miçpa (probablement l’actuel Tell en-Nasbeh), à 13 km au nord de Jérusalem, ancien sanctuaire d’Israël, cf. Jg 20.1 ; 1 S 7.5 ; 10.17. — Godolias est d’une famille de hauts fonctionnaires judéens, amie de Jérémie, cf. 26.24.
7 Tous les officiers de l’armée qui, avec leurs hommes, étaient dans la campagne, apprirent que le roi de Babylone avait institué Godolias, fils d’Ahiqam, comme gouverneur du pays et lui avait confié hommes, femmes et enfants, et ceux du petit peuple qui n’avaient pas été déportés à Babylone.
11 Pareillement, tous les Judéens qui se trouvaient en Moab, chez les Ammonites, en Édom et en tout autre pays, avaient appris que le roi de Babylone avait laissé un reste à Juda et avait préposé sur lui Godolias, fils d’Ahiqam, fils de Shaphân.
13 Yohanân, fils de Qaréah, et tous les officiers de l’armée qui étaient dans la campagne vinrent trouver Godolias à Miçpa
h Baalis résistait encore à Nabuchodonosor et la soumission de Godolias devait le gêner. — Yishmaël, officier d’ascendance davidique, cf. v. 8, ne pouvait que considérer Godolias comme un parvenu de la politique.
41 Or au septième mois, Yishmaël, fils de Netanya, fils d’Élishama, qui était de souche royale, vint avec des grands du roi et dix hommes trouver Godolias, fils d’Ahiqam, à Miçpa. Et tandis qu’ils prenaient ensemble leur repas, là, à Miçpa,
i L’anniversaire de ce jour (septembre 587) fut célébré les années suivantes, cf. Za 7.5 ; 8.19.
4 Le deuxième jour après le meurtre de Godolias, alors que personne encore n’était au courant,
j Jérusalem était donc restée, ou redevenue depuis la réforme de Josias, 2 R 23.19-20, le grand sanctuaire pour nombre d’Israélites du Nord. En dépit du désastre, un culte s’y continuait.
k « les fit jeter » syr. ; omis par hébr., mais cf. v. 9 — Le motif du meurtre n’apparaît pas clairement peut-être le vol, cf. v. 8, ou le désir de cacher les derniers événements.
l « une grande citerne » bôr gadôl grec ; « par la main de Godolias » beyad gedaliahû hébr.
11 Quand Yohanân, fils de Qaréah, et tous les officiers qui se trouvaient avec lui apprirent tous les crimes de Yishmaël, fils de Netanya,
m Actuellement El-Djib, à une dizaine de km au nord-ouest de Jérusalem.
n « que (Yishmaël) avait emmené prisonniers » ’asher shabah ’otam conj., cf. v. 10s ; « qu’il (Yohanân) avait ramené d’auprès (de Yishmaël) ’asher heshîb me ’et hébr.
42 Alors tous les officiers, notamment Yohanân, fils de Qaréah, et Azarya,o fils de Hoshaya, ainsi que tout le peuple, petits et grands, vinrent
o « Azarya » grec et 43.2 ; « Yezanya » hébr. ; mais il faut peut-être l’identifier à Yizanyahu de 40.8.
p Jérémie reprend ici, cf. 15.11, le rôle des grands intercesseurs, notamment de Moïse, Ex 32.11 ; cf. 2 M 15.14.
7 Au bout de dix jours, la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie.
17 Et tous les hommes résolus à aller en Égypte pour y séjourner y mourront par l’épée, la famine et la peste : pas un seul survivant ni rescapé n’échappera au malheur que je vais leur amener.
q Les vv. 19-22 sembleraient mieux à leur place après 43.3 (en supposant une liaison « Jérémie répondit » et en traduisant, plus normalement, le premier mot du v. 4 par « mais ») cependant aucun témoin du texte n’est en faveur de cette transposition.
43 Lorsque Jérémie eut achevé de dire à tout le peuple toutes les paroles de Yahvé leur Dieu, dont Yahvé leur Dieu l’avait chargé pour eux — toutes les paroles rapportées —
4 Aussi, ni Yohanân, fils de Qaréah, ni aucun des officiers, ni personne du peuple n’obéit à la voix de Yahvé en demeurant au pays de Juda.
r Ville frontière à l’est du Delta égyptien, cf. 2.16.
8 Or la parole de Yahvé fut adressée à Jérémie, à Tahpanhès, en ces termes :
9 Prends de grandes pierres et, en présence des Judéens, enfouis-les dans du ciment sur la terrasse qui se trouve à l’entrée du palais de Pharaon, à Tahpanhès.s
s Jérémie pose symboliquement (cf. 18.1) le soubassement du trône de Nabuchodonosor.
t « il installera » grec, syr ; « j’installerai » hébr.
Qui est pour la peste, à la peste !
Qui est pour la captivité, en captivité !
Qui est pour l’épée, à l’épée !
12 Il mettra le feuu aux temples des dieux de l’Égypte, il brûlera ces dieux ou les déportera, il s’enveloppera du pays d’Égypte comme le berger s’enveloppe de son manteau, puis il en sortira en paix.
u « il mettra le feu » versions ; « je mettrai le feu » hébr. — Ce raid victorieux eut lieu en 568/567 sous le Pharaon Amasis.
v Ici le grec porte « qui est à On » (Gn 41.45, 50 ; 46.20). On, nom égyptien, est en grec « Héliopolis », la « Ville-du-Soleil », non loin du Caire. Cette ville possédait effectivement un temple au dieu Soleil, Râ.
44 Parole qui fut adressée à Jérémie pour tous les Judéens installés au pays d’Égypte, en résidence à Migdol, Tahpanhès, Noph, et au pays de Patros.w
w Migdol, à l’est de Tahpanhès, 43.7 ; Noph ou Memphis, 2.16 ; Patros traduit l’égyptien « la terre du sud » et désigne la Haute-Égypte. Cette introduction fait donc du discours de Jérémie une adresse à toute la Diaspora israélite en Égypte (Éléphantine, une des îles en face d’Assouan, avait déjà une colonie juive, cf. 2 M 1.1).
2 Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël. Vous avez vu tout le malheur que j’ai amené sur Jérusalem et sur toutes les villes de Juda : les voilà en ruines aujourd’hui, et sans habitants.
x « vos princes » grec ; « ses femmes » hébr.
15 Alors tous les hommes qui savaient que leurs femmes encensaient des dieux étrangers et toutes les femmes présentes — une grande assemblée — (et tout le peuple établi au pays d’Égypte et à Patros) firent cette réponse à Jérémie :
y Ishtar (7.18) ; les gâteaux pétris en son honneur, v. 19, représentaient la déesse nue.
z Les femmes prennent ici la parole.
20 Mais Jérémie déclara à tout le peuple, aux hommes et aux femmes, à tous ceux qui lui avaient fait cette réponse :
24 Puis Jérémie s’adressa à tout le peuple, notamment à toutes les femmes : « Écoutez la parole de Yahvé, vous tous, Judéens qui êtes au pays d’Égypte :
25 Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël. Vous et vos femmes, de votre bouche vous avez promis et de vos mains vous avez réalisé ! Vous avez dit : « Nous accomplirons exactement les vœux que nous avons faits : offrir de l’encens à la Reine du Ciel et lui verser des libations. » Eh bien ! Acquittez-vous de vos vœux, accomplissez exactement vos vœux !
a Les gens qui vénéraient Ishtar prétendaient invoquer aussi Yahvé.
29 « Et voici pour vous — oracle de Yahvé —, le signe que je vous visiterai en ce lieu : alors vous reconnaîtrez que mes paroles de menace contre vous se réaliseront.
b En grec Apriès (589-569), cf. 37.7 ; successeur de Néko, il sera tué par Amasis, prince de Libye. Ce meurtre prochain est donné par Jérémie comme signe, cf. 28.17, pour confirmer l’annonce de l’invasion ultérieure de Nabuchodonosor en 568-567 ; cf. 43.12.
45 Parole qu’adressa le prophète Jérémie à Baruch, fils de Nériyya, quand celui-ci écrivit ces paroles dans un livre sous la dictée de Jérémie, la quatrième année de Joiaqim,d fils de Josias, roi de Juda.
c Ce passage, en conservant le souvenir d’un oracle personnellement adressé à Baruch, est comme la signature du secrétaire du prophète, à qui il faut attribuer, semble-t-il, les fragments biographiques des chap. 26-44.
d En 605 ; cf. 36.1.
46 Parole de Yahvé qui fut adressée au prophète Jérémie concernant les nations.
e Les oracles contre les nations, groupés par l’hébreu à la fin du livre, 46-51, ont gardé dans la version grecque leur place primitive, à la suite de l’introduction que constitue le chap. 25. Le recueil primitif de ces oracles paraît avoir été surchargé ; cf. 25.17.
2 Sur l’Égypte.
Contre l’armée du Pharaon Néko, roi d’Égypte, qui se trouvait près du fleuve Euphrate, vers Karkémish,f quand Nabuchodonosor, roi de Babylone, la battit ; c’était la quatrième année de Joiaqim, fils de Josias, roi de Juda.
f Actuellement la bourgade syrienne de Djerablus, au nord-est d’Alep, sur l’Euphrate. Sise sur un gué conduisant de Syrie en Mésopotamie, cette cité fut, en 605, le théâtre de la bataille entre Néko (609-594) venant au secours de l’empire assyrien agonisant (et qui, au passage, avait tué Josias à Megiddo, 2 Ch 35.19-25 ; cf. 22.10), et Nabuchodonosor (605-562). La victoire de ce dernier lui livra la Syrie et la Palestine, cf. 2 R 24.7.
3 Préparez petit et grand boucliers,
en avant pour la bataille !
4 Harnachez les chevaux,
en selle, cavaliers !
Alignez-vous, casque en tête,
affûtez les lances,
endossez vos cuirasses !
5 Pourquoi donc les ai-je vus
pris de panique,
lâchant pied ?
Leurs braves, battus,
s’enfuient éperdument
sans se retourner.
C’est la terreur de tous côtés,
oracle de Yahvé.
6 Que le plus rapide ne s’échappe pas,
que le plus valeureux ne s’enfuie pas !
Vers le Nord, aux rives de l’Euphrate,
ils ont trébuché, ils sont tombés.
7 Qui donc montait, pareil au Nil,
et comme des torrents bouillonnaient ses eaux ?
8 C’est l’Égypte qui montait, pareille au Nil,
et comme des torrents bouillonnaient ses eaux.
Elle disait : « Je monterai submerger la terre,
détruire les villes et leurs habitants !
9 Chevaux, chargez !
Chars, foncez !
Que s’avancent les guerriers,
gens de Kush et de Put, porteurs de boucliers,
Ludiens qui bandez l’arc ! »g
g Avant « qui bandez » l’hébr. ajoute « porteurs », dittographie probable. — Kush est la Nubie ; Put, la Somalie ; Lud, une peuplade africaine, citée généralement avec Put, cf. Isa 66.19 ; Ez 27.10 ; 30.5.
10 Or ce jour-là est pour le Seigneur Yahvé Sabaot
un jour de vengeance, pour se venger de ses adversaires :
l’épée dévore, elle se rassasie,
elle s’enivre de leur sang.
Car c’est un sacrifice pour le Seigneur Yahvé Sabaot,
au pays du Nord, sur le fleuve Euphrate.
11 Monte en Galaad et prends du baume,
vierge, fille de l’Égypte !
En vain tu multiplies les remèdes :
point de guérison pour toi !
12 Les nations ont appris ton déshonneur ;
de ta clameur la terre est remplie,
car le guerrier a trébuché contre le guerrier,
ils sont tombés tous les deux.
13 Parole que Yahvé adressa au prophète Jérémie quand Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint pour frapper le pays d’Égypte.
h Oracle postérieur au précédent. L’invasion annoncée eut lieu sous le Pharaon Amasis, en 568/567, cf. 43.12.
14 Publiez-le en Égypte,
faites-le entendre à Migdol,
faites-le entendre à Noph et à Tahpanhès !
Dites : Dresse-toi, tiens-toi prête,
car l’épée dévore autour de toi.
15 Pourquoi Apis a-t-il fui ?
Pourquoi ton Puissant n’a-t-il pas tenu ?i
Oui, Yahvé l’a culbuté,
i « Apis a-t-il fui » grec ; « a-t-il été renversé » hébr. — « ton Puissant », au sing. avec 65 ms hébr., grec et Vulg. ; le TM porte le pluriel. — Le taureau Apis, incarnation du dieu Ptah, était le protecteur de Memphis ; vivant, il était nourri dans un temple ; mort, il devenait un Osiris-Apis, ou Osar-Api, d’où le nom de Sérapeum, nécropole où il était embaumé et enseveli. En face de cette idole, le seul vrai Dieu est précisément le « Puissant de Jacob », cf. Gn 49.24 ; Ps 132.2, 5 ; Isa 1.24 ; 49.26 ; 60.16.
16 il en fait trébucher beaucoup !
Chacun tombe sur son compagnon ;
ils disent : « Debout ! Retournons à notre peuple
et à notre terre natale,
loin de l’épée dévastatrice. »
17 On a donné ce nom à Pharaon,j le roi d’Égypte :
« Du-bruit !-mais-il-manque-l’occasion ! »
j Littéralement « on a appelé de ce nom » grec et Vulg. ; « on a appelé là » hébr. Le Pharaon est Hophra, qui, en 588, avait donné à Sédécias un faux espoir, cf. chap. 37.
18 Aussi vrai que je vis
— oracle du Roi dont le nom est Yahvé Sabaot —,
il va venir, pareil au Tabor parmi les monts,
au Carmel surplombant la mer.
19 Prépare ton paquet d’exilée,
habitante, fille de l’Égypte ;
Nophk se changera en désolation,
dévastée et vidée d’habitants.
k C’est Memphis, cf. 2.16 ; 44.1.
20 L’Égypte était une génisse magnifique :
un taon venu du Nord s’est posé sur elle.
21 Ses mercenaires aussi, chez elle,
ressemblaient à des veaux à l’engrais :
eux aussi tournent les talons,
ils s’enfuient tous ensemble, ils ne peuvent tenir.
Car il arrive sur eux, le Jour de leur ruine,
le temps de leur châtiment.
22 Sa voix est comme le bruit du serpent qui siffle,l
car ils viennent en masse
se jeter sur elle avec des haches,
tels des bûcherons ;
l « qui siffle » grec ; « qui vient » (cf. stique suivant) hébr.
23 ils abattent sa forêt — oracle de Yahvé —,
alors qu’elle était impénétrable,
car ils sont plus nombreux que les sauterelles,
ils sont innombrables.
24 Elle est couverte de honte, la fille de l’Égypte,
livrée aux mains d’un peuple du Nord.
25 Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël, a dit : Voici que je vais visiter Amon de No,m le Pharaon, l’Égypte, ses dieux et ses rois, Pharaon et ceux qui se fient à lui.
m Amon, le dieu-bélier de Thèbes ; c’est cette ville dont le nom égyptien est transcrit par No, cf. Na 3.8 ; Ez 30.14-16.
26 Je les livrerai aux mains de ceux qui en veulent à leur vie, aux mains de Nabuchodonosor, roi de Babylone, et aux mains de ses serviteurs. Mais plus tard l’Égypte sera de nouveau habitée, comme aux jours d’autrefois, oracle de Yahvé.n
n Même annonce d’une restauration future des peuples châtiés par Yahvé en 48.47 ; 49.6, 39 ; cf. Isa 19.21s.
27 Mais toi, ne crains pas, mon serviteur Jacob,
ne sois pas terrifié, Israël !o
Car me voici pour te sauver des terres lointaines,
et tes descendants du pays de leur captivité.
Jacob reviendra et sera paisible,
il sera tranquille, sans personne qui l’inquiète.
o Les vv. 27-28, qui forment comme la contrepartie en faveur d’Israël de l’annonce de la restauration de l’Égypte au v. 26, réutilisent 30.10-11. Toutefois « Jacob » et « Israël » désignent non plus le royaume du Nord, mais tout le peuple de Yahvé, dans la perspective du Second Isaïe.
28 Toi, sois sans crainte, mon serviteur Jacob
— oracle de Yahvé —, car je suis avec toi :
Je ferai l’extermination de toutes les nations
où je t’ai dispersé ;
avec toi je ne ferai pas d’extermination,
mais je te châtierai selon le droit,
ne te laissant pas impuni.
47 Parole de Yahvé qui fut adressée au prophète Jérémie sur les Philistins, avant que Pharaon ne frappe Gaza :p
p Soit le Pharaon Néko, selon Hérodote (Histoire II, 159, où Magdolos serait Megiddo et Kadytis Gaza) ; soit le Pharaon Hophra qui, toujours selon Hérodote (II, 161), combattit Tyr et Sidon et à cette occasion attaqua peut-être leurs alliés philistins.
Voici les eaux qui montent du Nord,
elles deviennent un fleuve débordant
qui submerge le pays avec ce qu’il contient,
les villes avec leurs habitants.
Les hommes crient, ils gémissent
tous les habitants du pays,
3 au martèlement des sabots de ses chevaux,
au vacarme de ses chars, au fracas de ses roues.
Les pères ne regardent plus leurs enfants,
leurs mains défaillent,
4 à cause du Jour qui est arrivé
où tous les Philistins seront anéantis,
où Tyr et Sidon verront abattre
jusqu’à leurs derniers alliés.
Oui, Yahvé anéantit les Philistins,
le reste de l’île de Kaphtor.q
q La Crète ; on considérait que les Philistins en étaient originaires, Dt 2.23 ; Am 9.7. Sur les villes philistines, voir 25.20.
5 La tonsure a été infligée à Gaza,
Ashqelôn est réduite au silence.
Toi qui restes de leur vallée,
jusques à quand te feras-tu des incisions ?r
r Au lieu de « de leur vallée » une légère correction permettrait de lire, comme le grec, « des Anaqim », cf. Jos 11.22. — Tonsure et incisions sont des rites de deuil, cf. Lv 21.5 ; Mi 1.16, etc.
6 Hélas, épée de Yahvé,
jusques à quand seras-tu sans repos ?
Rentre en ton fourreau,
arrête, calme-toi !
7 — Comment se reposerait-elles
quand Yahvé lui a donné des ordres ?
Ashqelôn et le rivage de la mer,
voilà les buts fixés.
s « se reposerait-elle » versions, cf. la suite du v. ; « te reposerais-tu » hébr.
48 Sur Moab.u Ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël.
Malheur au Nébo, car il est saccagé,
Qiryatayim a eu honte, elle est prise,
honte et terreur sur la citadelle :
t Il est difficile de discerner exactement le noyau primitif de cet oracle, dont le texte réutilise plusieurs passages bibliques Isa 15-16 ; Nb 21.27-30 ; 24.17. Il a pu être prononcé après 605, cf. 25.21 ; ou après 593, cf. 27.3 ; ou après 587, cf. Ez 25.8-11.
u Moab est au sud d’Ammon, en Transjordanie ; on reconnaît ici le mont Nébo (Dt 34.1) ; Qiryatayim, peut-être vers le Khirbet el-Quraiyat, au sud-ouest de Madaba ; Heshbôn, aujourd’hui Hesbân, 12 km au nord de Madaba, et dont le nom fait ici jeu de mots avec hashab , « machiner »; Madmèn, aujourd’hui Khirbet Dimna, à 12 km au nord de Kérak, qui fait jeu de mots avec damam , « être réduit au silence »; Horonayim, vraisemblablement à l’est du pays, aux confins du désert ; Luhit, mal localisé, est à situer plutôt à l’ouest ; enfin si, avec le grec, on lit le v. 4 « annoncez-le jusqu’à Çoar » (au sud de la mer Morte, cf. Gn 14.2, 8), on se rend compte que l’effroi provoqué par l’invasion saisit le pays dans toute son étendue.
2 elle n’est plus, la fierté de Moab !
À Heshbôn on a machiné son malheur :
« Allons ! Supprimons-la d’entre les nations ! »
Toi aussi, Madmèn, tu seras réduite au silence,
l’épée te serre de près.
3 Des clameurs viennent de Horonayim :
« Dévastation ! Immense désastre ! »
4 Moab est terrassée,
ses petits font entendre un cri.
5 Oui, la montée de Luhit,
on la monte en pleurant.v
Oui, à la descente de Horonayim,
on entend une clameur de désastre :
v « (on) la (monte) » bô conj., cf. Isa 15.5 ; l’hébr. répète le mot « pleurs » bekê .
6 « Fuyez, sauvez votre vie,
imitez l’onagrew dans le désert ! »
w « l’onagre » (hébr. arod) grec ; « Aroër » hébr.
7 Oui, puisque tu t’es fiée à tes œuvres et à tes trésors,
tu seras prise, toi aussi.
Kemoshx partira en captivité,
avec ses prêtres et ses princes tous ensemble.
x Dieu national des Moabites vv. 13 et 46 ; cf. Nb 21.29 ; 1 R 11.7 et 33.
8 Un dévastateur va venir contre toute ville,
aucune ne réchappera :
la Vallée sera ravagée, le Plateau
saccagé,
comme Yahvé l’a dit.
9 Donnez des ailesy à Moab,
pour qu’elle puisse s’envoler !
Ses villes se changeront en désolation,
nul n’y habitant plus.
y Le mot hébr. (çîc) signifie normalement « fleur »; nous avons peut-être ici un sens inusité de ce mot, à moins qu’il ne faille corriger en noçah « plumage » « ailes », cf. Ez 17.3 ; Jb 39.13. Le grec a lu çiyûn « tombeau » et traduit « donnez un tombeau à Moab, car elle est dévastée ».
10 (Maudit celui qui fait avec négligence le travail de Yahvé !
Maudit qui prive de sang son épée !)
11 Tranquille était Moab depuis sa jeunesse,
il reposait sur sa lie,
n’ayant jamais été transvasé,
n’étant jamais parti en exil ;
aussi sa saveur lui était restée
et son parfum ne s’était pas altéré.z
z Moab, pays de vignoble, cf. vv. 32-33, était renommé pour son vin.
a C’est le nom d’un grand sanctuaire du Nord, qui devint après le schisme le rival de celui de Jérusalem, cf. 1 R 18.29 ; Am 7.13 ; mais c’est aussi un nom divin dans le culte hétérodoxe de la colonie juive d’Éléphantine.
14 Comment pouvez-vous dire : « Nous sommes des héros,
de vrais combattants ? »
15 Moab est ravagé ; on a escaladé ses villes,
l’élite de sa jeunesse descend à la boucherie,
oracle du Roi qui a pour nom Yahvé Sabaot.
16 La ruine de Moab est proche,
son malheur se précipite.
17 Plaignez-le, vous tous ses voisins,
vous tous qui connaissiez son nom.
Dites : « Quoi ! Il est brisé, ce bâton puissant,
ce sceptre magnifique ! »
18 Descends de ta gloire, assieds-toi sur un sol assoiffé,
habitante, fille de Dibôn,b
car le dévastateur de Moab est monté contre toi,
il a détruit tes forteresses.
b Littéralement « assieds-toi dans la soif ». — Dibôn, aujourd’hui Dibân, à 5 km environ au nord-ouest de Aroër (v. 19), aujourd’hui Araïr, sur l’Arnon. C’est à Dibân que fut découverte la stèle de Mésha, roi de Moab ; 2 R 3.4.
19 Poste-toi sur la route et guette,
habitante d’Aroër,
interroge fuyard et rescapé.
Demande : « Qu’est-il arrivé ? »c
c « rescapé » versions ; « rescapée » hébr. — La réponse est donnée aux vv. 20, 25 (où « oracle de Yahvé », omis par le grec, est peut-être une addition) et 28 ; les morceaux en prose sont des commentaires.
20 — « Moab est honteux de sa destruction ;
gémissez et criez !
Publiez sur l’Arnon que Moab est dévasté ! »
d La plupart des villes citées ici sont d’identification incertaine. Il s’agit d’ailleurs simplement, par cette longue énumération, d’exprimer l’ampleur du désastre.
25 « La force de Moab est abattue,
son bras est brisé, oracle de Yahvé. »
26 Enivrez-le, car il s’est dressé contre Yahvé : que Moab se roule dans sa vomissure et devienne, lui aussi, une risée.
28 « Abandonnez les villes, installez-vous dans les rochers,
habitants de Moab !
Imitez le pigeon qui fait son nid
aux parois d’une gorge béante ! »
29 Nous avons appris l’orgueil de Moab,
son arrogance excessive :
quelle superbe ! quel orgueil ! quelle arrogance !
quel cœur altier !
30 — Je connais bien sa présomption — oracle de Yahvé —,
son bavardage sans consistance,
ses actes sans consistance !
31 — Aussi je me lamente sur Moab,
sur Moab tout entier, j’élève mon cri ;
on gémit sur les gens de Qir-Hérès.
32 Plus que sur Yazèr, je pleure sur toi,
vignoble de Sibma.e
Tes sarments s’étendaient au-delà de la mer,
ils atteignaient jusqu’à Yazèr.
Sur ta vendange et ta récolte
est tombé le dévastateur.
e Qir-Hérès, « mur de tessons », est ici un sobriquet pour Qir-Moab, ancienne capitale des Moabites, aujourd’hui Kérak. Yazèr, probablement Khirbet Jazzir, au nord du pays de Moab. Sibma, entre Heshbôn (v. 2) et le Nébo ; la mer qu’est censé atteindre son vignoble est la mer Morte, à l’ouest.
33 L’allégresse et la gaîté ont disparu
des vergers et de la terre de Moab.
J’ai tari le vin des cuves,
le fouleur ne foule plus,
le cri de joie ne résonne plus.f
f « le fouleur » versions, cf. 1 S 16.10 ; « le cri de joie » hébr., dittographie ; — « résonne » herîm ou yehuddad , en supposant une forme non attestée du mot « cri de joie » hêdad , que répète l’hébr.
34 Les cris de Heshbôn et de Éléalé vont jusqu’à Yahaç. On élève la voix de Çoar jusqu’à Horonayim et à ÉglatShelishiyya, car même les eaux de Nimrim deviennent un lieu désolé.g
g « les cris » conj. ; « à cause des cris » hébr. — « et de Éléalé » conj. ; cf. 1 S 15.4 ; « jusqu’à Éléalé » hébr. — Seules Çoar, au sud, et Heshbôn et Éléalé à quelques km l’une de l’autre, au nord, cf. v. 1, sont identifiées de manière certaine. Les « eaux de Nimrim » sont sans doute à chercher au nord de la mer Morte (mais on a proposé aussi le wadi Numeira, au sud-est).
35 Et je ferai disparaître en Moab — oracle de Yahvé — celui qui fait une offrande
sur le haut lieu et celui qui encense ses dieux.
36 Aussi mon cœur hulule sur Moab à la manière des flûtes ; mon cœur hulule sur les gens de Qir-Hérès à la manière des flûtes ; parce qu’il est perdu, le trésor amassé !
40 Car ainsi parle Yahvé :
(Voici comme un aigle qui plane
et va déployer ses ailes sur Moab.)
41 Les villes sont prises,
les forteresses enlevées.
(Et le cœur des guerriers de Moab, en ce jour-là,
sera pareil au cœur d’une femme en travail.)
42 Moab, exterminé, cesse d’être un peuple,
pour s’être dressé contre Yahvé.
43 Frayeur, fosse, filet,
pour toi, habitant de Moab !
Oracle de Yahvé.
44 Qui fuira loin de la frayeur
tombera dans la fosse,
et qui remontera de la fosse
sera pris dans le filet.
Oui, je vais amener tout celah sur Moab,
l’année de leur châtiment,
oracle de Yahvé.
h « tout cela » grec, syr. ; « sur elle » hébr.
45 À l’abri de Heshbôn ont fait halte
les fuyards à bout de force.
Mais un feu est sorti de Heshbôn,
une flamme du palais de Sihôn,i
qui a dévoré les tempes de Moab
et le crâne d’une engeance de tumulte.
i « du palais » mibbêt avec 3 mss hébr. ; « du milieu » mibbên TM. — Sihôn est le roi des Amorites, qui avait pour capitale Heshbôn, Nb 21.27-28 ; Dt 2.26-37.
46 Malheur à toi, Moab !
Il est perdu, le peuple de Kemosh !
Car tes fils sont emmenés en exil
et tes filles en captivité.
47 Mais je ramènerai les captifs de Moab,
à la fin des jours, oracle de Yahvé.
Jusqu’ici le jugement de Moab.j
j Note d’un scribe, cf. 51.64.
49 Aux fils d’Ammon.
Ainsi parle Yahvé :
Israël n’a-t-il pas de fils,
n’a-t-il pas d’héritier ?
Pourquoi Milkom a-t-il hérité de Gad
et son peuple en occupe-t-il les villes ?l
k Oracle authentique, sauf le v. 2 sans doute plus tardif.
l Le territoire des Ammonites, en Transjordanie, au nord de Moab, avait pour capitale Rabba (v. 2) ou Rabbat-Ammon, aujourd’hui Amman. Lors de la conquête, ce territoire avait été attribué à la tribu de Gad, cf. Nb 32 ; Jos 13.24-28 ; en le prenant aux Israélites, après 734 puis de nouveau en 721, les Ammonites et avec eux Milkom, leur dieu national, avaient donc usurpé un droit. — Ici et au v. 3, on lit « Milkom », avec les versions et 1 R 11.5, 7, 33 ; 2 R 23.13, plutôt que malkam , « leur roi », de l’hébr.
2 Eh bien ! Voici venir des jours
— oracle de Yahvé —
où je ferai résonner pour Rabba des Ammonites
le cri de guerre.
Elle deviendra une ruine désolée,
ses fillesm seront incendiées.
Alors Israël héritera de ses héritiers,
dit Yahvé.
m Les villes qui dépendent de Rabba, leur métropole.
3 Gémis, Heshbôn, parce qu’Ar a été dévastée.n
Hurlez, filles de Rabba !
revêtez-vous de sacs, élevez la lamentation,
errez dans les enclos !
Car Milkom va partir en exil
avec ses prêtres et ses princes tous ensemble.
n Heshbôn, cité moabite, cf. 48.1, probablement conquise par les Ammonites. — « Ar » (en Transjordanie, cf. Nb 21.28) conj. ; l’hébr. porte « Aï », ville de Cisjordanie.
4 Comme tu te glorifiais de ta Vallée,o
fille rebelle,
tu te fiais à tes réserves :
« Qui osera venir contre moi ? »
o « de ta Vallée » conj. ; « des vallées, ta vallée ruisselle » hébr.—La vallée principale du pays ammonite est celle du Yabboq.
5 Voici, je vais amener contre toi l’épouvante
— oracle du Seigneur Yahvé Sabaot —
de tous les alentours ;
vous serez chassés, chacun devant soi,
et personne pour rassembler les fuyards.
6 (Mais ensuite je ramènerai les captifs des fils d’Ammon, oracle de Yahvé.)
7 À Édom.
Ainsi parle Yahvé Sabaot.
N’y a-t-il plus de sagesse dans Témân,
le conseil a-t-il disparu chez les gens intelligents ;q
leur sagesse s’est-elle évanouie ?
p Cet oracle doit être placé vers 605. Noter le parallèle avec Ab 1-9.
q « intelligents » grec ; « fils » hébr. (simple corr. vocalique). La sagesse édomite était célèbre, cf. 1 R 5.10-11 ; Jb 2.11 ; Ba 3.22-23, etc.
8 Fuyez ! Détournez-vous ! Cachez-vous bien,
habitants de Dédân,
car j’amène sur Ésaü sa ruine,r
le temps de son châtiment.
r Dédân l’oasis d’El-Éla en Arabie ; en Ez 25.13 Témân (peut-être l’actuelle Tawilân, proche de Pétra) et Dédân semblent représenter les limites (nord et sud) d’Édom. — Sur Ésaü ou Édom, cf. Gn 36.8.
9 Si des vendangeurs viennent chez toi,
ils ne laisseront rien à grappiller ;
si ce sont des voleurs nocturnes,
ils saccageront tout leur content.
10 Car c’est moi qui dénude Ésaü,
je mets à découvert ses cachettes :
il ne peut plus se dissimuler.
Sa race est anéantie,
de même ses frères et ses voisins ; il n’existe plus !
11 Laisse tes orphelins, je les ferai vivre,
et que tes veuves se confient en moi !
12 Car ainsi parle Yahvé : Vois, ceux qui n’auraient pas dû boire la coupe la boiront sûrement, et toi, tu resterais impuni ? Tu ne resteras pas impuni, mais tu la boiras pour de bon !
s Distincte de la Boçra de Moab (48.24), Boçra, capitale d’Édom, est à identifier avec la Buseira actuelle, une quarantaine de km au sud de la mer Morte.
14 J’ai reçu de Yahvé un message,
un héraut était dépêché parmi les nations :
« Rassemblez-vous ! Marchez contre ce peuple !
Debout pour le combat ! »
15 Car, vois, je te rends petit parmi les nations,
méprisé parmi les hommes.
16 Cela t’a égaré de répandre l’effroi,
de t’exalter en ton cœur,
toi qui habites au creux de la Rochet
et t’accroches au sommet de la hauteur !
Quand tu hausserais ton nid comme l’aigle,
je t’en précipiterais, oracle de Yahvé.
t La « Roche » d’Édom, cf. 2 R 14.7 ; Isa 16.1, longtemps identifiée avec la ville de Pétra, serait plutôt à chercher plus au nord, dans la région de Boçra.
17 Édom deviendra un objet de stupeur ; tous ceux qui passeront près d’elle, stupéfaits, siffleront devant toutes ses blessures.
19 Voici que, tel un lion, il monte des halliers du Jourdain
vers le pâturage toujours vert.
En un clin d’œil, je les en ferai déguerpir,
pour y établir celui que je choisirai.
Qui en effet est mon égal ?
Qui pourrait m’assigner en justice ?
Quel est donc le pasteur
qui tiendrait devant moi ?
20 Aussi apprenez le dessein
que Yahvé a formé contre Édom,
et le plan qu’il a résolu
contre les habitants de Témân :
Certainement on les traînera comme les plus petits du troupeau !
Certainement on va saccager leur prairie devant eux !
21 Au bruit de leur chute, la terre tremble,
l’écho en retentit jusqu’à la mer des Roseaux.u
u L’hébr. répète ici « son bruit », omis par grec. — Il s’agit ici de la mer Rouge.
22 Voici comme un aigle qui monte et plane
et va déployer ses ailes sur Boçra.
Le cœur des guerriers d’Édom, en ce jour-là,
sera pareil au cœur d’une femme en travail.
23 À Damas.
Hamat et Arpad sont honteuses
car elles ont reçu une mauvaise nouvelle.
Elles sont soulevées par l’inquiétude
comme la merw qui ne peut se calmer.
v Cet oracle, qui n’est pas annoncé en 25.13-26, peut se rapporter à la panique qui, en Syrie, alors possession égyptienne, aurait suivi la défaite de l’Égypte à Karkémish en 605 ; cf. 46.2.
w « comme la mer » kay conj. ; « dans la mer » bayyam hébr. — Hamat, cf. 39.5. Arpad, actuellement Tell Erfad, au nord d’Alep.
24 Damas est découragée et s’apprête à la fuite,
un tremblement l’a saisie
(angoisse et douleurs l’ont prise comme une femme en couches).
25 Comment ne serait-elle pas abandonnée, la fière cité,
la ville joyeuse ?x
x « ville joyeuse » syr., Targ., Vulg. ; « ville de ma joie » hébr.
26 Aussi ses jeunes hommes tomberont sur ses places et tous ses hommes de guerre périront, en ce jour-là — oracle de Yahvé Sabaot.
27 J’allumerai le feu dans les remparts de Damas
et il dévorera les palais de Ben-Hadad.y
y Ben Hadad III, fils de Hazaël et roi à Damas vers 840, cf. 2 R 13.24 ; Am 1.4.
28 À Qédar et aux royaumes de Haçor,z que vainquit Nabuchodonosor, roi de Babylone. Ainsi parle Yahvé.
Levez-vous, montez contre Qédar,
anéantissez les fils de l’Orient !
z Haçor, nom collectif désignant les Arabes semi-sédentaires par opposition aux Bédouins du désert. « royaume » est à prendre ici au sens large de groupement sous l’autorité d’un chef de tribu.
29 Leurs tentes et leurs moutons, qu’on les prenne,
leurs étoffes et tous leurs ustensiles ;
qu’on s’empare de leurs chameaux
et qu’on crie sur eux : « Terreur de tous côtés ! »
30 Fuyez, partez vite, cachez-vous bien,
habitants de Haçor — oracle de Yahvé —,
car Nabuchodonosor, roi de Babylone, a médité contre vous un projet,
formé contre vous un plan :
31 « Debout ! Montez contre une nation tranquille
qui demeure en sécurité — oracle de Yahvé —,
qui n’a ni portes ni verrous,
qui habite à l’écart.
32 Leurs chameaux seront une proie,
leurs moutons innombrables un butin ! »
Je vais les disperser à tout vent,
ces Tempes-rasées,
et de tous côtés je ferai venir leur ruine,
oracle de Yahvé.
33 Haçor deviendra un repaire de chacals,
une solitude pour toujours.
Personne n’y habitera plus,
aucun humain n’y séjournera plus.
34 Parole de Yahvé qui fut adressée au prophète Jérémie au sujet d’Élam, au commencement du règne de Sédécias, roi de Juda.
a Élam est le nom des hauts plateaux situés à l’est de la Mésopotamie, d’où déferleront les invasions mèdes et perses. Jérémie a pu, dès 597, pressentir la conquête d’Élam par les Perses.
35 Ainsi parle Yahvé Sabaot.
Voici, je vais briser l’arc d’Élam,
nerf de sa puissance.
36 J’amènerai sur Élam quatre vents,
des quatre extrémités du ciel,
et je disperserai les Élamites à tous ces vents ;
il n’y aura pas de nation où n’arrivent des gens chassés d’Élam.
37 Je ferai trembler les Élamites devant leurs ennemis,
devant ceux qui en veulent à leur vie.
J’amènerai sur eux le malheur,
ma colère ardente — oracle de Yahvé.
J’enverrai l’épée à leur poursuite,
jusqu’à ce que je les aie exterminés.
38 J’établirai mon trône en Élam,
j’en extirperai roi et princes,
oracle de Yahvé.
39 Mais à la fin des jours, je ramènerai les captifs d’Élam, oracle de Yahvé.
50 Parole qu’a prononcée Yahvé contre Babylone, contre le pays des Chaldéens, par le ministère du prophète Jérémie.
b Dans les oracles qui suivent, reviennent surtout deux thèmes la chute de Babylone et le retour de l’Exil. Jérémie attendait ces événements, mais non dans l’immédiat, cf. 27.7 ; 29.10, 28. Ici la perspective de la chute de Babylone (538) paraît proche, comme dans le Deuxième Isaïe.
2 Annoncez-le parmi les nations, publiez-le,
hissez un signal et publiez-le,
ne cachez rien, proclamez :
Babylone est prise, Bel honteux, Mérodak écroulé.c
(Ses idoles sont honteuses,
ses Saletés écroulées.)
c Bel, « le Maître » (cf. Baal), nom usuel de Marduk (ou Mérodak), dieu principal de Babylone, cf. 51.44 ; Isa 46.1 ; Ba 6.40 ; Dn 14.
3 Car du Nord monte contre elle une nation
qui fera de son pays une désolation ;
nul n’y habitera plus,
hommes et bêtes ont fui et disparu.
4 En ces jours et en ce temps — oracle de Yahvé —,
les enfants d’Israël reviendront
(eux et les enfants de Juda ensemble),d
ils feront route en pleurant
et chercheront Yahvé leur Dieu.
d Ici comme au v. 33 et à 51.5, ce sont sans doute des glossateurs qui ont ajouté la mention de Juda à côté d’Israël, cf. de même 31.3, 4, 31. En fait, ces gloses sont inutiles car « Israël » représente ici l’ensemble du peuple de Dieu.
5 Ils réclameront Sion,
vers elle, ils tourneront leur face :
« Venez ! Attachons-nouse à Yahvé
par une alliance éternelle que l’on n’oublie pas ! »
e « Attachons-nous » syr. ; « et ils s’attacheront » hébr.
6 Les gens de mon peuple étaient des brebis perdues.
Leurs bergers les égaraient, les montagnes les dévoyaient ;
de montagne en colline, ils allaient,
oubliant leur bercail.
7 Tous ceux qui les trouvaient les dévoraient,
leurs ennemis disaient : « Nous ne sommes pas en faute
puisqu’ils ont péché contre Yahvé, la demeure de justice,
et contre l’espoir de leurs pères — Yahvé ! »
8 Fuyez du milieu de Babylone
et du pays des Chaldéens, sortez !f
Soyez comme des boucs en tête d’un troupeau.
f « Sortez » qeré, versions ; « ils sortiront » ketib.
9 Car voici : je vais susciter et faire monter contre Babylone
une coalition de grandes nations ;
arrivant du pays du Nord, elles se rangeront contre elle :
c’est par là qu’on doit la prendre ;
les flèches sont celles d’un guerrier habile
qui ne revient jamais les mains vides.
10 La Chaldée sera mise au pillage,
tous ses pilleurs seront rassasiés, oracle de Yahvé.
11 Ah ! Réjouissez-vous ! Triomphez,
vous, les ravageurs de mon héritage !
Bondissez comme une génisse dans l’herbe !g
Hennissez comme des étalons !
g « dans l’herbe » baddeshe’ cf. grec (« des veaux dans l’herbe ») ; « qui foule » dashah hébr.
12 Votre mère est couverte de honte,
celle qui vous enfanta rougit de confusion.
Maintenant elle est la dernière des nations :
désert, aridité et steppe.
13 La colère de Yahvé fera qu’on n’y habite plus,
elle deviendra une solitude totale.
Quiconque passera près de Babylone en restera stupéfait
et sifflera devant toutes ses blessures.
14 Rangez-vous contre Babylone, encerclez-la,
vous tous qui bandez l’arc !
Tirez sur elle, ne ménagez pas les flèches,
car elle a péché contre Yahvé !
15 Poussez contre elle le cri de guerre, de tous côtés !
Elle tend la main, ses bastions croulent,
ses remparts sont renversés.
C’est la vengeance de Yahvé ! Vengez-vous d’elle !
Faites-lui ce qu’elle a fait !
16 Retranchez de Babylone celui qui sème
et celui qui tient la faucille
au temps de la moisson.
Loin de l’épée dévastatrice,
que chacun retourne à son peuple,
que chacun fuie vers son pays !
17 Israël était une brebis égarée
que pourchassaient des lions.
Le premier qui le dévora fut le roi d’Assur et celui qui, le dernier, lui brisa les os, ce fut Nabuchodonosor, roi de Babylone.
19 Et je vais ramener Israël à son pacage
pour qu’il paisse au Carmel et en Bashân ;
sur la montagne d’Éphraïm et en Galaad,h
il sera rassasié.
h Galaad et Bashân, en Transjordanie, étaient réputés pour leurs pâturages, cf. Nb 32 ; Am 4.1 ; Mi 7.14 ; le Carmel (dont le nom signifie « verger ») et les collines boisées d’Éphraïm (cf. Jos 17.18) évoquent sans doute aussi, pour ces exilés, l’image d’un pays fertile et accueillant.
20 En ces jours et en ce temps — oracle de Yahvé —,
on cherchera l’iniquité d’Israël : elle ne sera plus ;
les péchés de Juda : on ne les trouvera plus ;
car je pardonnerai au reste que je laisse.
21 « Monte au pays de Meratayim,
monte contre lui et contre les habitants de Peqod :i
massacre-les, extermine-les jusqu’au dernierj
— oracle de Yahvé.
Exécute tous mes ordres ! »
i L’ordre est donné au peuple qui attaque les Babyloniens. Meratayim, équivalent du mot babylonien marâtu , « lagunes », désigne la région de l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate. Peqod, cf. Ez 23.23, est le nom d’une population de l’est de la Babylonie.
j « jusqu’au dernier » (litt. « leur dernier ») ’aharîtam Targ. ; « derrière eux » ’aharêhem hébr.
22 Fracas de bataille dans le pays !
Désastre immense !
23 Comment a-t-il été brisé et mis en pièces,
le marteau du monde entier ?
Comment est-elle devenue un objet d’épouvante,
Babylone parmi les nations ?
24 Je t’ai tendu un piège et tu as été prise, Babylone,
sans t’en apercevoir.
Tu as été trouvée et maîtrisée,
car tu t’en prenais à Yahvé !
25 Yahvé a ouvert son arsenal
et sorti les armes de sa colère.
C’est qu’il y avait du travail pour le Seigneur Yahvé Sabaot
au pays des Chaldéens !
26 — « Venez-y de partout,k
ouvrez ses greniers,
entassez-la comme gerbes, exterminez-la,
que rien n’en reste !
k Sens incertain. Le mot signifie normalement « fin », « extrémité » mais peut parfois désigner un ensemble, une totalité (« sans exception », « de tous côtés »).
27 Massacrez tous ses taureaux,
qu’ils descendent à l’abattoir !
Malheur à eux, il est arrivé, leur Jour,
le temps de leur châtiment. »
28 Écoutez ! Fuyards et rescapés
du pays de Babylone
viennent annoncer dans Sion
la vengeance de Yahvé notre Dieu,
la vengeance de son Temple !
29 Convoquez les archers contre Babylone,
tous ceux qui bandent l’arc !
Campez contre elle tout autour,
qu’on ne lui laisse pas d’issue.
Payez-la selon ses œuvres,
tout ce qu’elle a fait, faites-le lui.
Car elle fut insolente contre Yahvé,
contre le Saint d’Israël.
l C’est le péché d’orgueil et de démesure (l’hybris en grec), cf. Gn 3 ; 11.1-9 ; Isa 14.12-13 ; Ez 28 ; Am 4.
30 Aussi ses jeunes gens tomberont sur ses places et tous ses hommes de guerre périront, en ce jour-là, oracle de Yahvé !
31 C’est contre toi que j’en ai, « Insolence »
— oracle du Seigneur Yahvé Sabaot —,
ton Jour est arrivé,
le temps où je te châtie.
32 « Insolence » va être culbutée, elle tombera,
nul ne la relèvera ;
je mettrai le feu à ses villes,
il dévorera tous ses alentours.
33 Ainsi parle Yahvé Sabaot :
Les enfants d’Israël sont opprimés
(et les enfants de Juda avec eux),
tous ceux qui les ont faits captifs les tiennent,
ils refusent de les lâcher.
34 Mais leur Rédempteur est puissant,
Yahvé Sabaot est son nom.
Il va prendre en main leur cause
afin de donner du repos au pays,
mais de faire trembler les habitants de Babylone.
35 Épée contre les Chaldéens — oracle de Yahvé —,
contre les habitants de Babylone,
contre ses princes et ses sages !
36 Épée contre ses devins : qu’ils déraisonnent !
Épée contre ses héros : qu’ils soient pris de panique !
37 Épée contre ses chevaux et ses chars,
et contre le ramassis qu’elle recèle : qu’ils soient comme des femmes !
Épée contre ses trésors : qu’on les pille !
38 Sécheresse contre ses eaux : qu’elles tarissent !
Car c’est un pays d’idoles, ils se passionnent pour leurs Épouvantails !
39 Aussi des lynx y gîteront avec des chacals,
des autruches y auront leur demeure.
Elle ne sera plus habitée, à jamais,
d’âge en âge elle ne sera plus peuplée.
40 Comme lorsque Dieu renversa Sodome,
Gomorrhe et les villes voisines
— oracle de Yahvé —,
personne n’y habitera plus,
aucun humain n’y séjournera plus.
41 Voici qu’un peuple arrive du Nord,
une grande nation et des rois nombreux
se lèvent des confins de la terre.
m Cet oracle reprend contre Babylone la menace d’un ennemi venant du Nord proférée contre Juda, 6.22-24, et l’oracle contre Édom, 49.19-21.
42 Ils tiennent fermement l’arc et le javelot,
ils sont barbares et impitoyables ;
leur bruit est comme le mugissement de la mer ;
ils montent des chevaux,
ils sont prêts à combattre comme un seul homme
contre toi, fille de Babylone.
43 Le roi de Babylone a appris la nouvelle,
ses mains ont défailli,
l’angoisse l’a pris,
une douleur comme pour celle qui enfante.
44 Voici que, tel un lion, il monte des halliers du Jourdain
vers le pâturage toujours vert.
En un clin d’œil, je les ferai déguerpir de là,
pour y établir celui que je choisirai.
Qui en effet est mon égal ?
Qui pourrait m’assigner en justice ?
Quel est donc le pasteur qui tiendrait devant moi ?
45 Aussi apprenez le dessein
que Yahvé a formé contre Babylone
et le plan qu’il a résolu
contre le pays des Chaldéens :
certainement on les traînera comme les plus petits du troupeau !
Certainement on va saccager leur prairie devant eux !
46 Au bruit de la prise de Babylone, la terre tremble,
un cri se fait entendre parmi les nations.
Je vais faire se lever contre Babylone et contre les habitants de Leb Qamaïn
un vent destructeur.
n Anagramme de Kasdîm (Chaldéens) dans la même écriture cryptographique qu’en 25.25-26.
2 J’enverrai à Babylone des vanneurso pour la vanner
et nettoyer son territoire,
car on va l’assiéger de tous côtés
au jour du malheur.
o « vanneurs » (hébr. zorîm) Aq., Sym., Vulg. ; « étrangers » (zarîm) hébr.
3 — Qu’aucun archer ne bande son arc !
Qu’on cesse de se pavaner dans sa cuirasse !p
— Pas de quartier pour ses jeunes !
Exterminez son armée entière !
p Cette double interdiction (’al ... ’al) lue avec 15 mss hébr. et les versions, alors que le TM porte ’el ... ’el « vers ... vers », s’adresse aux assiégés. La suite interpelle au contraire leurs assiégeants — L’hébr. (ketib) répète le mot « bande », dittographie omise par qeré et versions.
4 Des victimes tomberont au pays des Chaldéens,
des transpercés dans les rues de Babylone.
5 Car Israël et Juda ne sont pas veuves
de leur Dieu, Yahvé Sabaot,
bien que leur pays soit plein de péché
contre le Saint d’Israël.
6 Fuyez du milieu de Babylone
(et sauvez chacun votre vie) ;
ne périssez pas pour son crime
car c’est le temps de la vengeance pour Yahvé :
il va lui payer son dû !
7 Babylone était une coupe d’or aux mains de Yahvé,
elle enivrait la terre entière,
les nations s’abreuvaient de son vin
c’est pourquoi elles devenaient folles.q
q L’hébr. répète « les nations », omis par les versions.
8 Soudain Babylone est tombée, s’est
brisée :
hululez sur elle !
Prenez du baume pour son mal :
peut-être va-t-elle guérir !
9 — « Nous voulions guérir Babylone, elle n’a pas guéri ;
Laissez-la ! Allons-nous en, chacun dans son pays. »
— Oui, le jugement qui la frappe atteint jusqu’au ciel,
il s’élève jusqu’aux nues.
10 Yahvé a fait éclater notre justice.
Venez ! Racontons dans Sion
l’œuvre de Yahvé notre Dieu.
11 Affûtez les flèches,
emplissez les carquois !
Yahvé a excité l’esprit des rois des Mèdes,r car il a formé contre Babylone le projet de la détruire : c’est la vengeance de Yahvé, la vengeance de son Temple.
r « carquois » grec ; « boucliers » hébr. — Le poème parlait d’un ennemi du Nord, 50.3, 9, 41 ; 51.48. Le glossateur précise les Mèdes, identifiés aux Perses comme en Isa 13.17.
12 Contre les remparts de Babylone, levez l’étendard !
Renforcez la garde !
Postez des sentinelles !
Dressez des embuscades !
Car Yahvé a encore un projet, et il fait ce qu’il a dit contre les habitants de Babylone.
13 Toi qui sièges au bord des grandes eaux,
toi, riche en trésors,
ta fin est arrivée,
la mesure de tes rapines.
14 Yahvé Sabaot l’a juré par lui-même :
Je te remplirai d’hommes comme de sauterelles,
et contre toi, ils pousseront un cri de triomphe.
15 Il a fait la terre par sa puissance,
établi le monde par sa sagesse
et par son intelligence étendu les cieux.
16 Quand il donne de la voix,
c’est un mugissement d’eaux dans le ciel,
il fait monter les nuages du bout de la terre ;
il produit les éclairs pour l’averse
et tire le vent de ses réservoirs.
17 Alors tout homme se tient stupide, sans comprendre,
chaque orfèvre rougit de ses idoles.
Ce qu’il a coulé n’est que mensonge,
en elles, pas de souffle !
18 Elles sont vanité, œuvre ridicule,
au temps de leur châtiment, elles disparaîtront.
19 La « Part de Jacob » n’est pas comme elles,
car il a façonné l’univers
et la tribus de son héritage.
Son nom est Yahvé Sabaot.
s Grec. luc., Vulg., Targ et des mss hébr. ajoutent « Israël (est) » avant « la tribu ».
20 Tu fus un marteau à mon usage,
une arme de guerre.
Avec toi j’ai martelé des nations,
avec toi j’ai détruit des royaumes,
21 avec toi j’ai martelé cheval et cavalier,
avec toi j’ai martelé char et charrier,
22 avec toi j’ai martelé homme et femme,
avec toi j’ai martelé vieillard et enfant,
avec toi j’ai martelé adolescent et vierge,
23 avec toi j’ai martelé berger et troupeau,
avec toi j’ai martelé laboureur et attelage,
avec toi j’ai martelé gouverneurs et magistrats,
24 mais je ferai payer à Babylone et à tous les habitants de la Chaldée tout le mal qu’ils ont fait à Sion, sous vos yeux, oracle de Yahvé.
25 C’est à toi que j’en ai,
montagne de la destruction
— oracle de Yahvé —,
la destructrice de l’univers !
Je vais étendre contre toi ma main,
te faire rouler du haut des rochers,
te changer en montagne embrasée.
26 On ne tirera plus de toi ni pierre d’angle
ni pierre de fondation,
car tu deviendras une désolation pour toujours,
oracle de Yahvé.
27 Levez l’étendard sur la terre,
sonnez du cor parmi les nations !
Vouez les nations contre elle,
convoquez contre elle des royaumes
— Ararat, Minni et Ashkenazt —,
instituez contre elle l’officier d’enrôlement.
Faites donner la cavalerie, horde de sauterelles hérissées.
t Peuples du Nord, habitant la région arménienne et ses confins Ararat ou Urartu ; Minni, autour du lac de Van ; Ashkenaz ou les Scythes.
28 Vouez des nations contre elle : les rois de Médie, ses gouverneurs, tous ses magistrats et tout le pays en sa possession.
29 La terre trembla et frémit.
C’est que s’exécutait contre Babylone le plan de Yahvé :
changer le territoire de Babylone
en solitude sans habitants.
30 Les vaillants de Babylone ont cessé le combat,
ils se sont blottis dans les citadelles ;
leur vaillance est à bout,
ils sont devenus des femmes.
On a mis le feu à ses habitations,
ses verrous sont en pièces.
31 Le courrier court à la rencontre du courrier,
le messager à la rencontre du messager,
pour annoncer au roi de Babylone
que sa ville est enlevée de tous côtés,
32 les passages occupés,
les redoutes incendiées
et les hommes de guerre pris de panique.
33 Car ainsi parle Yahvé Sabaot, le Dieu d’Israël :
La fille de Babylone est pareille à une aire
au temps où on la foule :
encore un peu, et ce sera pour elle
le temps de la moisson.
34 Il m’a dévorée, consommée, Nabuchodonosor, le roi de Babylone,
il m’a laissée comme un plat vide,
il m’a engloutie tel le Dragon,
il a empli son ventre de mes bons morceaux, il m’a chassée.u
u « de mes bons morceaux » ma `adannay conj. ; « hors de mes délices » me `adanay hébr. — On pourrait comprendre aussi « de mon Éden il m’a chassée » en changeant légèrement la vocalisation et la liaison des mots. — C’est Jérusalem qui parle.
35 « Sur Babylone la violence et les blessures que j’ai subies ! »v
dit l’habitante de Sion.
« Sur les habitants de Chaldée mon sang ! »
dit Jérusalem.
v Littéralement « ma violence, ma chair sanglante ».
36 C’est pourquoi ainsi parle Yahvé :
Voici, je prends en main ta cause
et j’assure ta vengeance.
Je vais assécher son fleuve
et tarir ses sources.
37 Babylone deviendra un tas de pierres,
un repaire de chacals,
un objet d’épouvante et de dérision,
sans plus d’habitants.
38 Tels des lions, ils rugissent ensemble,
ils grondent pareils à des lionceaux.
39 Ils ont chaud ? Je leur apprête un breuvage,
je les ferai boire afin qu’ils soient en joie,
qu’ils s’endorment d’un sommeil éternel
et ne puissent plus s’éveiller
— oracle de Yahvé.
40 Je les ferai descendre comme des agneaux à l’abattoir,
comme des béliers et des boucs.
41 Comment Shéshak a-t-elle été prise,
comment a-t-elle été conquise, la fierté du monde entier ?
Comment est-elle devenue une épouvante,
Babylone parmi les nations ?
42 Contre Babylone la mer est montée,
ses flots tumultueux l’ont submergée.
43 Ses villes sont changées en désolation,
en terre aride et en steppe,
terre où personne n’habite
et où ne passe plus un homme.
44 Je visiterai Bel dans Babylone
et lui retirerai de la bouche ce qu’il a englouti.
Vers lui n’afflueront plus les nations, désormais.
Et même le rempart de Babylone tombera.
45 Sors de son enceinte, mon peuple !
Que chacun de vous sauve sa vie
devant l’ardente colère de Yahvé !
46 Mais que votre cœur ne défaille point ! Ne vous effrayez pas de la nouvelle colportée dans le pays : une année, tel bruit se répand, et puis l’année d’après, tel autre ; la violence triomphe sur la terre et un tyran succède au tyran.
47 En effet, voici venir des jours
où je visiterai les idoles de Babylone.
Son territoire entier sera dans la honte
et tous ses tués gisant dans son sein.
48 Alors pousseront des cris contre Babylone
le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment,
car du Nord arrivent contre elle
les dévastateurs, oracle de Yahvé !
49 Babylone à son tour doit tomber,
ô vous, tués d’Israël,
de même que par Babylone tombèrent
des tués de la terre entière.
50 Vous qui avez échappé à l’épée,
partez ! Ne vous arrêtez pas !
Au loin, souvenez-vous de Yahvé
et que Jérusalem soit présente à votre cœur !
51 — « Nous étions dans la honte, entendant l’insulte,
nous étions couverts de confusion,
car des étrangers étaient venus
dans les sanctuaires du Temple de Yahvé. »
52 — Eh bien ! Voici venir des jours
— oracle de Yahvé —
où je visiterai ses idoles,
et dans tout son territoire gémiront ceux qu’on tue.
53 Babylone escaladerait-elle le ciel,
renforcerait-elle sa citadelle inaccessible,
sur mon ordre lui viendront des dévastateurs
— oracle de Yahvé.
54 Bruit d’une clameur qui sort de Babylone,
d’un grand désastre, du pays des Chaldéens !
55 Car Yahvé dévaste Babylone,
il fait cesser son grand bruit,
celui des flots qui grondaient comme les grandes eaux
quand le tumulte de leur voix retentissait.
56 Car un dévastateur est venu contre elle,
contre Babylone,
ses héros sont faits captifs, leurs arcs sont brisés.
Oui, Yahvé est le Dieu des représailles :
il paie sûrement !
57 Je ferai boire ses princes et ses sages,
ses gouverneurs, ses magistrats et ses héros ;
ils s’endormiront d’un sommeil éternel
et ne s’éveilleront plus,
oracle du Roi dont le nom est Yahvé Sabaot !
58 Ainsi parle Yahvé Sabaot :
Les remparts de Babylone la grande
seront vraiment démantelés
et ses hautes portes brûlées.
Ainsi les peuples ont-ils peiné pour le néant,
les nations se sont épuisées pour du feu.
59 Voici l’ordre que donna le prophète Jérémie à Seraya, fils de Nériyya, fils de Mahséya, quand celui-ci partit pour Babylone avec Sédécias, roi de Juda, en la quatrième année de son règne. Seraya était grand chambellan.
w Cette action symbolique, cf. 18.1, qui devait rester secrète, fut accomplie vers 593. Elle atteste la foi du prophète en l’irrévocabilité de la parole divine, et aussi sa parfaite lucidité au moment même où Jérémie prêche la soumission à Babylone, il ne se dissimule pas pour autant les crimes des Babyloniens.
Jusqu’ici les paroles de Jérémie.x
x Cette phrase, omise par le grec, devait se trouver primitivement après le v. 58. Elle est précédée par le dernier mot de ce v. 58, « se sont épuisées », répété ici accidentellement.
52 Sédécias avait vingt et un ans à son avènement et il régna onze ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Hamital, fille de Yirmeyahu, et était de Libna.z
y Ce chap. reprend, avec quelques compléments, 2 R 24.18 — 25.30 (voir les notes), et correspond aussi à 39.1-10 ; une même source est à la base des trois passages. Il a été ajouté au livre de Jérémie, comme Isa 36-39 au livre d’Isaïe. Il montre l’accomplissement des menaces du prophète et s’achève, comme 2 R, par des perspectives d’espoir, également entrevues par Jérémie.
z Libna, ville de la tribu de Juda, Jos 15.42, à localiser probablement au Tell es-Sâfi, au nord de la ville philistine de Gat.
Sédécias se révolta contre le roi de Babylone.
a Fin décembre 589.
b Juin-juillet 587.
c « le roi » conj. d’après 39.4 et v. 8 ; omis par hébr.
12 Au cinquième mois,d le dix du mois — c’était en la dix-neuvième année du règne de Nabuchodonosor, roi de Babylone —, Nebuzaradân, commandant de la garde, un de l’entourage immédiat du roi de Babylone, fit son entrée à Jérusalem.
d Juillet-août 587.
e Une glose ajoute, ici et à 2 R 25.9, « il incendia aussi toute maison de grand personnage ».
15 Nebuzaradân, commandant de la garde, déporta (une partie des pauvres du peuple et)f le reste de la population laissée dans la ville, les transfuges qui étaient passés au roi de Babylone et ce qui restait des artisans.
f Les mots mis entre parenthèses, absents de 2 R 25.11 et 39.5, doivent provenir du v. 16.
17 Les Chaldéens brisèrent les colonnes de bronze du Temple de Yahvé, les bases roulantes et la Mer de bronze qui étaient dans le Temple de Yahvé ; ils en emportèrent tout le bronze à Babylone.
g Cette dernière mention manque en 2 R ; ces bœufs de bronze avaient déjà été enlevés au temps d’Achaz, 2 R 16.17.
h Sens incertain. Le mot est à rattacher à la racine qui signifie « vent », « souffle ». On peut comprendre aussi « qui pendaient librement » ou « en relief » (litt. « à l’air »), mais les « vents » désignent aussi les « côtés », Ez 42.20 (cf. Ez 39.7 où il s’agit de points cardinaux, les quatre « côtés » du monde).
24 Le commandant de la garde fit prisonniers Seraya, le prêtre en chef, Çephanya, le prêtre en second, et les trois gardiens du seuil.
28 Voici le nombre des gens déportés par Nabuchodonosor.i La septième année : 3 023 Judéens ;
i Cette courte notice, vv. 28-30, propre à Jérémie, doit reproduire un document babylonien. Elle paraît ne tenir compte que des adultes. Les années du règne sont comptées selon le comput babylonien, qui néglige l’année incomplète de l’avènement.
j Les dates de ces trois déportations sont donc : 598 ; 587 et enfin 582. La dernière eut peut-être lieu à l’occasion de la révolte ammonite-moabite, qui avait pu trouver des connivences en Juda.
31 Mais la trente-septième année de la déportation de Joiakîn, roi de Juda, au douzième mois, le vingt-cinq du mois, Évil-Mérodak, roi de Babylone, en l’année de son avènement,k fit grâce à Joiakîn, roi de Juda, et le tira de prison.
k En 562.
l C’est sur la grâce faite à Joiakîn, symbole de la fin de la captivité, que se clôt le livre de Jérémie.